Entre mère et fille, dignité féminine, responsabilité parentale et réalité économique

Changer d’ère aujourd’hui et demain

Par Nita Chicooree-Mercier

Les sciences de la vie et de la Terre cristallisent l’attention tant la menace d’une minuscule entité biologique se révèle toute puissante et pèse sur les mouvements des humains à l’intérieur des terres et au-delà des frontières. Tous préoccupés à assurer la survie au quotidien et à garnir le porte-monnaie pour l’avenir, les discours et écrits se sont concentrés davantage sur l’économie. Et voilà que la biologie a détrôné toute autre considération et s’est imposée comme réalité incontournable de l’anatomie humaine et animale, des cellules, organes, protéines et bactéries engagés dans une relation multilatérale, une entente cordiale, un conflit sournois menant parfois à une guerre froide qui, par un fâcheux concours de circonstances, éclate au grand jour avec perte et fracas. Le regard se tourne vers le corps, non dans sa forme plastique et esthétique, mais vers la vie et les globules à l’intérieur de l’enveloppe charnelle. Moins esthétique, celui-là.

« La société gagnerait à ce qu’il y ait une sensibilisation sur la responsabilité des jeunes ainsi que de leurs parents afin d’éviter des situations difficiles pour les principaux concernés et pour la société qui est amenée à contribuer à l’aide sociale de manière indirecte. Dans l’ère du tout ‘online’, une école des parents en ligne ou à la MBC ne ferait de mal à personne… »


Mais c’est un tout autre fait de société insolite qui s’est éclipsé aussi discrètement que l’annonce qui en a été faite et qui a fait froncer les sourcils et jacter les autres. Mère d’une fille de douze ans engrossée par un jeune homme de 23 ans, elle envoie paître la ‘Child Development Unit’ (CDU) en prétendant que les oignons de ce trio relèvent de la vie privée. Le géniteur est soulagé ; couvée par sa mère, la petite se remet sur les deux jambes en laissant les joies de pouponner à la jeune grand-mère.

Insolite pour les autres en raison de l’âge de la petite mais, avec quelques années de plus fait divers courant dans la société depuis deux décennies… Biologiquement, c’est dans le domaine du possible, message laconique de la mère, et point barre.

Que va faire la CDU qui a d’autres directives sur l’éthique et la morale et doit faire respecter la loi ? Relation illicite avec mineure, non protection des mineurs par personne ayant autorité, etc. Et par la même occasion, le ministère de l’Égalité du genre et du bien-être de la famille ferait bien d’éclairer nos lanternes sur le cas de la fillette de deux ans de moins qui a succombé sous les coups de sa jeune mère.

Et pour ne pas oublier les disparus aussi facilement, la société devrait s’intéresser plus sérieusement à ces drames et non pas les survoler comme un autre fait divers. Pour honorer sa mémoire, est-ce que le ministère pourrait aussi enquêter sur la cause de ses repas qui duraient deux heures ? C’est insolite car les enfants ont plutôt tendance à écourter le temps du repas et à déguerpir rapidement de la table et de la compagnie des adultes.

Dans le cas de la jeune fille-mère, l’espace d’un instant d’égarement, l’horloge biologique a oublié de sonner l’alarme tandis que le sexe est monté au cerveau de son prince qui, comme bien d’autres de ses congénères, perd la raison dans pareille situation.

Qu’en est-il de la suite de la scolarité de la jeune fille ? L’expérience prouve que souvent en l’absence du père, les jeunes filles cherchent une figure paternelle protectrice et affective en s’acoquinant avec les mâles plus âgés. Ou tout simplement c’est l’attrait des hommes mûrs pour les rêveuses, et dont ces derniers profitent pour satisfaire leur fantasme. Quel que soit le profil, la société gagnerait à ce qu’il y ait une sensibilisation sur la responsabilité des jeunes ainsi que de leurs parents afin d’éviter des situations difficiles pour les principaux concernés et pour la société qui est amenée à contribuer à l’aide sociale de manière indirecte. Dans l’ère du tout ‘online’, une école des parents en ligne ou à la MBC ne ferait de mal à personne.

Ecole des Femmes

Une « Ecole des Femmes », loin du genre femme-enfant un brin misogyne à annoncer que ‘le petit chat est mort’ dans les classiques du 17ème siècle, non plus à l’autre extrême de l’ère #Metoo hystérique et #Balancetonporc d’inspiration américaine dans le sillage de l’affaire Weinstein et antisémite sur le bord, assimilé aux moult revendications des minorités ‘victimes’ en France… Les deux mouvements dits ‘féministes’ et anti-mâles jusqu’au bout des ongles mais qui tombent pile-poil quand le silence des agneaux victimes n’a que trop duré et que les loups ont laissé libre cours à leur instinct prédateur pendant trop longtemps.

Ici, on ne perd pas la tête si facilement aux mouvements extrêmes. Une prise de conscience sur les rapports de force entre hommes et femmes dans la société se fait au fil des ans et les revendications s’expriment toute proportion gardée. Le constat malheureux est que les femmes ne sont pas assez conscientes des réalités qui vont contre leur intérêt à long terme. Sans une ‘autonomisation’, le empowerment nécessaire à assurer une indépendance financière, elles sont les frontliners dans le combat à mener seules leur barque lorsque les géniteurs abandonnent le navire et qu’il faut tout assumer : petit boulot, enfants, nourriture, scolarité et le double rôle de mère-père. Outre les violences ordinaires en temps normal, leurs enfants et elles ont été les cibles des coups assénés par les mâles désœuvrés et nerveux du confinement. Les romans à l’eau de rose à 12, 15 et 17 ans avec bébé sur les bras s’inscrivent rarement dans la durée dans la société moderne, et on ne peut éternellement grappiller les sous de papa-maman.

Le peuplement du pays est sur la bonne voie, ironisent les uns à la vue des femmes et des enfants ayant squatté des terres et subi le traumatisme d’une démolition menée manu militari, ordonnée par le ministre du Logement et des Terres, ancien trotskyste, selon ses dires, converti aux vertus du libéralisme comme ses pairs d’hier et qui entend faire respecter la loi sans état d’âme. Le plaidoyer des femmes exhibant enfants tombe à l’eau, le tout ébruité dans un tapage médiatique visant à culpabiliser les gouvernants. On aimerait que les femmes évitent de se rabaisser en usant le chantage émotionnel et quémandant le ‘père’ de la nation de s’occuper avec bienveillance de ses enfants-adultes. D’une part, il s’agit de responsabiliser les adultes (hommes et femmes) avant de fonder une famille.

En pleine campagne électorale de la présidentielle de 2007, dans le but de ratisser large, Barack Obama lança à une Afro-américaine : ‘You can’t have eight children and expect the State to look after them.’ Malgré le nombre croissant des logements sociaux livrés aux bénéficiaires depuis quelques années, on ne voit pas le bout de la file d’attente des candidats rendus vulnérables par le rouleau compresseur de la loi de l’offre et de la demande des terrains sur un territoire exigu, machine infernale qui écrase la petite classe moyenne également.

Mais le hic, c’est que certains triment dur pendant des années en limitant le nombre d’enfants pour acquérir un bout de terre tandis que d’autres, en raison des aléas de la vie et de la précarité d’embauche, se qualifient comme candidats prioritaires à l’aide au logement. La complexité de tout cela n’échappe à personne et l’on se garderait bien de prêcher la morale ou de tomber dans les clichés et conclusions hâtives.

L’Etat a le devoir de gestion de l’économie, et devrait revoir la politique des terres et promouvoir l’embauche qui redonne la dignité aux gens par le travail. Mais il lui appartient aussi de mettre des limites justes et justifiées à tout un chacun.

Le nouveau désordre mondial

Dans le nouveau désordre mondial, c’est la science de la survie biologique qui rabat les cartes à la table de négociation pour un développement durable au service du plus grand nombre. Le ‘nombre’ est laissé à la discrétion des uns et des autres dans les sociétés où le laissez-faire démographique a explosé, et dont les élites s’accommodent. Il était entendu que toute remise en question relèverait d’un crime de lèse-majesté que la tête bien-pensante impute, d’habitude, aux réactionnaires, voire aux racistes. Le ‘nombre’ : le libéralisme triomphant s’en réjouit tant il gonfle la cohorte des consommateurs qui ne demandent qu’à satisfaire des besoins croissants.

Tout cela paraît compliqué tant sont enchevêtrés divers paramètres, et on ne finira pas d’en discourir. Femmes, familles, rapport de force, terres de toutes formes de vie, terre nourricière et réalité économique, autant de sujets interdépendants. Contentons-nous pour l’heure de ce regain d’intérêt pour la science, la biologie et la capacité de rebondissement de l’économie libérale à s’adapter et à limiter les excès.

A souhaiter également, dans une nouvelle ère qui s’impose où tout est axé sur la protection de la terre, que la consommation débridée soit revue dans ce qu’elle a de superflu. Rappelons aussi que c’est la Raison qui prime dans le constat que la science et le développement économique ont largement contribué à l’harmonie sociale en améliorant la qualité de vie à travers les siècles malgré les travers et les abus.


* Published in print edition on 5 June 2020

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