Drogues en milieu scolaire, un véritable fléau !

Eclairages
Par A. Bartleby

Une fois n’est pas coutume, une émission de radio de grande audience a fait la part belle à un thème et des invités qui n’avaient rien de politique. C’était rafraichissant d’écouter le point de vue des personnes impliquées dans des ONG sur un problème de société d’une immense importance.

En effet, le problème de trafic de drogues en milieu scolaire reste tabou et il faut avouer que nous avons encore des difficultés à cerner les tenants et les aboutissants du problème.

Le problème du trafic de drogues en milieu scolaire reste tabou et il faut avouer que nous avons encore du mal à cerner les tenants et les aboutissants du problème. P – Fibladi

Selon les dires de certains experts, les drogues ont existé en milieu scolaire depuis des années déjà ; ce n’est donc pas un phénomène nouveau. Mais l’arrivée des drogues synthétiques à Maurice, il n’y a que quelques années de cela, a transformé la nature même du trafic et du marché des drogues. Ceci a produit une explosion de la consommation et une explosion de la consommation chez les jeunes qui sont les plus exposés aux risques de l’addiction.

Ainsi, les écoles sont sur le « frontline » de la lutte contre les drogues et le personnel scolaire dans son ensemble, doit faire le nécessaire afin d’être mieux formé pour répondre à cet immense défi.

Il est clair que les anciennes méthodes ne fonctionnent plus et que d’autres compétences doivent être introduites en milieu scolaire afin de mieux circonscrire ce problème.

Ainsi, les demandes en soutien psychologique pour les élèves ou encore la demande pour embaucher plus de surveillants sont restées sans réponse de la part des autorités pour l’instant, selon un recteur qui s’exprimait sur le plateau.

Si c’est vraiment le cas, cela démontre clairement qu’il y a un problème au niveau du ministère de l’éducation lui-même, et que ce dernier n’arrive pas à apporter les réponses adéquates à la situation actuelle.

Cette situation doit pourtant être remédiée, voire même cela ne suffira pas. C’est la notion même de l’école qui doit être revue en réalité. Le problème fondamental de cette dernière est que, dans sa forme actuelle, elle ne valorise que les compétences purement académiques, mettant les enfants au sein d’une culture de compétition dès un très jeune âge. Ainsi, l’accent n’est pas mis sur l’épanouissement de l’enfant et le développement de ses divers talents.

Nous voyons ici à quel point un certain nombre d’écoles privées et payantes ont de l’avance sur cette question, mettant l’accent tout aussi bien sur le domaine académique que sur le sport, les arts, la musique, le théâtre, etc. Cela étant dit, ce type d’écoles privées est inaccessible aux enfants issus des milieux populaires, et ce sont eux qui sont directement exposés aux risques…

S’ils n’arrivent pas à suivre la cadence infernale des cours et des leçons privées pour avoir une chance de réussir dans cette culture de la compétition académique, ils se dirigent droit vers l’échec scolaire.

Tous les ingrédients sont ainsi réunis pour que des situations d’exclusion apparaissent déjà dès la petite enfance. C’est ainsi que toute la culture scolaire nationale qui doit être revue. Et cela devient urgent.

En effet, nous avons trop souvent tendance à parler du problème des drogues du point de vue des arrestations policières et de la répression pénale. Il s’agit bien évidemment d’un pan capital pour lutter contre le trafic et les gangs. Mais cela ne suffira jamais si le pays n’adopte pas une posture renouvelée sur la prévention, la pédagogie et l’éducation.

Il s’agit là de l’autre face de la lutte contre les « narcos », et il se pourrait bien que ce soit la face la plus importante et la plus critique car les sources d’approvisionnement des drogues seront forcément réduites si la demande diminue.

* * *

23 pays africains souhaitent rejoindre les BRICS

Les BRICS font de plus en plus de bruit dans l’actualité géopolitique mondiale. Ce rassemblement des grands pays du “Sud” rassemblait uniquement le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine au début des années 2000.

D’ailleurs, le terme BRIC avait été inventé par la banque d’investissement Goldmann Sachs pour décrire des pays ayant un fort potentiel d’investissements. L’Afrique du Sud a apporté le ‘S’ de BRICS quelques années plus tard mais ce rassemblement se limitait généralement justement à cela : un rassemblement. Et c’était un rassemblement plutôt inactif en réalité, chacun de ces pays avançant ses intérêts individuellement et faisant fonctionner des activités de coopération entre eux lorsque cela s’avérait nécessaire.

C’est la raison pour laquelle certains analystes prédisaient un effondrement de ce rassemblement, du fait que ces pays n’avaient jamais vraiment pu s’entendre et s’aligner sur des objectifs géopolitiques, sécuritaires et économiques communs. Toutefois, la Covid-19 est venue changer la donne, et les BRICS émergent de plus en plus comme une alternative potentielle extrêmement sérieuse et capable de concurrencer les institutions du multilatéralisme de l’après Seconde Guerre mondiale.

Ainsi, nous parlons de plus en plus d’une organisation plutôt que d’un simple rassemblement. Une organisation implique des objectifs clairement définis, des accords solides et une vision sur le long terme. Or, c’est exactement ce qui manque aux BRICS actuellement.

Mais la volonté de développer une vision commune semble bien réelle de la part des dirigeants actuels des BRICS. La volonté, par exemple, de trouver un accord sur la dédollarisation du commerce entre ces pays est réelle, et les négociations avancent sur cette question. Par-delà le fait de s’accorder sur la monnaie à adopter pour un tel projet, en réalité, il est possible d’y entrevoir les prémisses d’une construction institutionnelle commune.

C’est le fondement même de la croyance libérale, le fait que le processus de l’échange commercial dicte les formes institutionnelles. Ainsi, la volonté d’une monnaie qui ne sera pas le dollar s’inscrit dans ce processus de poser un moyen d’échange qui soit le fondement même des formes institutionnelles qui émergeront des BRICS.

L’Union européenne s’est construite de la même manière avec la création de l’euro qui était supposé unifier les économies européennes, leur permettant de former un bloc cohérent et économiquement homogène.

Toutefois, le problème européen est différent, et la volonté d’un fédéralisme économique se heurte aujourd’hui clairement à la disparité résultant de l’hétérogénéité politique. En d’autres termes, les Européens ont voulu construire une union fédérale qui repose entièrement sur des institutions économiques, sans que ces dernières ne soient soutenues par des institutions politiques fortes.

Fédéralisme économique, plus que politique

Le problème des BRICS est différent. Il ne peut pas être question ici d’un fédéralisme politique mais bien plutôt d’un fédéralisme économique. L’objectif des BRICS n’est pas un alignement politique et souverain, mais bien plutôt la construction d’une alternative postcoloniale à l’hégémonie économique de l’Occident. C’est d’ailleurs justement cet objectif qui fait l’attractivité actuelle d’un projet global piloté par les BRICS.

Ainsi, l’annonce de l’inclusion de l’Argentine, de l’Égypte, de l’Ethiopie, de l’Iran, de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis à partir de janvier prochain va faire énormément de bruit dans le monde occidental. Tout d’abord, il est intéressant de noter que des pays qui ont souffert directement de sanctions ou d’ingérence internationale (comme l’Iran et l’Argentine) pourraient trouver un moyen de redresser la barre de leurs économies, tout en faisant bénéficier de leurs immenses ressources aux membres actuels.

Et l’inclusion des pays gros producteurs d’hydrocarbures est en lui-même un signal fort envoyé au bloc occidental. Cela est particulièrement pertinent pour l’inclusion de l’Arabie saoudite qui, en plus d’accepter de faire partie de la même plateforme que l’Iran, entérine définitivement le statut d’allié infaillible des États-Unis que le Royaume des Saud avait jusqu’à tout récemment. Est-ce que le pétrole saoudien se vendra dans une autre monnaie que le dollar américain ? Ce serait en tout cas une réelle révolution du marché des matières premières énergétiques.

Mais par delà ces nouveaux adhérents, c’est un ensemble de 23 pays africains qui déclare aujourd’hui leur volonté d’intégrer les BRICS. Dans la situation actuelle, ces adhésions relèveraient bien plutôt d’une volonté pour le long terme que d’une possibilité actuelle réelle. Mais les choses pourraient évoluer rapidement. Les diplomates russes, chinois et indiens sont à la manœuvre depuis un moment et les lignes sont en train de bouger rapidement comme le démontre le sommet actuel.
Quid de Maurice dans tout cela ?

Il est clair que Maurice doit se positionner en faveur de la dédollarisation et en faveur d’une alternative à la globalisation actuelle. Mais Maurice doit également naviguer avec prudence. Notre pays reste extrêmement dépendant des institutions du multilatéralisme. D’ailleurs, l’invitation de notre pays au sommet du G20 envoyé par Narendra Modi est non seulement un signe positif, mais également un symbole fort pour nos policy makers ou décideurs politiques.

* * *

L’Inde est allée sur la lune…

C’est mission accomplie ! Après une tentative ratée en 2019, l’Inde est devenue le quatrième pays à envoyer un engin sur la lune, après la Russie, les États-Unis et la Chine. L’exploit est monumental, il ne faut pas le sous-estimer et ceci envoie un message fort et clair au monde : il faudra compter sur le savoir-faire indien dans le domaine de la recherche scientifique de pointe.

L’Indian Space Research Organization (ISRO) était déjà reconnue pour ses capacités à mettre en orbite des satellites, et était devenue un concurrent sérieux de la NASA et de l’European Space Agency (ESA).

Avec la mission Chandrayaan-3, l’ISRO passe clairement à la vitesse supérieure en devenant un « major player » (acteur significatif) de l’industrie et de la recherche spatiale.

La géographie de l’alunissage est également extrêmement importante. En optant et en réussissant de se poser près du pôle sud de la lune, l’Inde devient le premier pays à envoyer un engin dans cette région de notre satellite. La première raison de cette décision importante est liée au fait que de l’eau aurait été découverte dans cette région de la lune, ce qui laisse penser aux scientifiques qu’il s’agit d’une région particulièrement pertinente pour la découverte de certains métaux extrêmement rares.

Wendy Cobb, Professeure à la US Air Force School of Advanced Air and Space Studies, le résume parfaitement bien en déclarant que le pôle sud de la lune représente une région qui est historiquement, scientifiquement et géologiquement extrêmement intéressante d’où le fait que plusieurs pays essayent depuis quelques années d’y envoyer des engins capables d’explorer les lieux.

La Russie a d’ailleurs tenté d’aluner un engin il y a quelques jours, une première depuis 50 ans, mais l’Agence spatiale russe Roscosmos a confirmé que leur engin s’était écrasé samedi. Le Japon a également tenté un alunissage en avril dernier, mais sans succès encore une fois.

L’Inde rejoint ainsi un club extrêmement fermé et semble bien lancée dans ce qu’il conviendrait d’appeler la géopolitique de l’espace. La dernière visite de Narendra Modi aux États-Unis en juin de cette année a vu la signature d’un accord permettant à l’Inde de rejoindre les « Artemis Accords », signifiant une collaboration élargie et plus approfondie entre la NASA et l’ISRO.

Nous voyons ainsi une hyperactivité du gouvernement indien dans un ensemble de domaines. Les BRICS, la sécurité de l’océan indien, l’industrialisation rapide de certains secteurs de l’activité économique, des collaborations avec les pays occidentaux tout autant qu’avec des pays comme la Russie, etc.

Il est clair que Narendra Modi a la volonté d’amener l’Inde à peser sur les grands enjeux du monde. En réussissant l’alunage de Chandrayaan-3, l’Inde montre encore un peu plus au monde qu’il faudra composer avec elle et que le 21eme siècle se fera avec l’Inde ou ne se fera pas.

* * *

Decès de Sir Kailash Ramdenee, un pionnier dans divers domaines de l’activité économique

Sir Kailash Ramdenee est décédé lundi dernier. Il était âgé de 96 ans.

Les médias ont surtout mis l’accent sur le fait qu’il était le père de Kobita Jugnauth, l’épouse de l’actuel Premier ministre, mais Sir Kailash était également une figure nationale. Homme discret qui cultivait le mystère, Sir Kailash faisait partie de ces entrepreneurs qui ont émergé avec l’indépendance du pays. Ces derniers n’étaient pas issus de la plantocratie coloniale et n’ont pas hérité du capital qui ont fait leurs fortunes respectives. Nous pensons ici à la famille Leal, à la famille Seeyave, aux Currimjee, aux Ah Chuen, aux Dookun ou encore à la famille Ah Teck ou à Roland Maurel plus tard.

Ces industriels ont su se faire une place dans le paysage encombré du capitalisme mauricien et ils ont entièrement participé à la diversification de l’économie mauricienne. Leurs prises de risques et leur courage pour entreprendre font intégralement partie de ce qui a construit le présent.

Sir Kailash a commencé son cheminement entrepreneurial dans le domaine pharmaceutique avant de se lancer dans la restauration et dans l’hôtellerie. Il était connu pour être un homme de goût, qui savait manier l’art de l’élégance et de l’intelligence.

Comme tout grand industriel, il a su faire avancer ses intérêts en faisant des alliances stratégiques, en développant des partenariats tactiques et en s’engageant dans le domaine social.

Ainsi, par-delà l’homme d’affaires, Sir Kailash était également quelqu’un qui était profondément épris du social. Il l’a démontré avec une longue carrière au Rotary et en tant que membre fondateur de la Mauritius Diabetes Association en 1981.

On se souviendra ainsi de Sir Kailash comme d’un homme de son temps, comme quelqu’un qui a su saisir les opportunités qui se sont présentées à lui et qui a été un pionnier dans divers domaines de l’activité économique mauricienne.

Il est décédé lundi dernier des suites d’une longue maladie. À son épouse, à ses enfants, à ses petits enfants et à tous ses proches, nos plus sincères condoléances.


Mauritius Times ePaper Friday 25 August 2023

An Appeal

Dear Reader

65 years ago Mauritius Times was founded with a resolve to fight for justice and fairness and the advancement of the public good. It has never deviated from this principle no matter how daunting the challenges and how costly the price it has had to pay at different times of our history.

With print journalism struggling to keep afloat due to falling advertising revenues and the wide availability of free sources of information, it is crucially important for the Mauritius Times to survive and prosper. We can only continue doing it with the support of our readers.

The best way you can support our efforts is to take a subscription or by making a recurring donation through a Standing Order to our non-profit Foundation.
Thank you.

Add a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *