Belle Rose-Quatre Bornes, Ville des Fleurs

 Down Memory Lane

C’est une circonscription à multiples facettes qui a connu une migration assez conséquente venant des autres régions du pays. Le contraste est frappant en termes de développement entre les quartiers huppé et les faubourgs avoisinants.

Cette région a produit des Membres du Parlement qui ont marqué l’histoire du pays. Comment oublier le valeureux Yvon St Guillaume qui a bravé le mot d’ordre de boycottage de son parti PMSD lors de la première fête de l’indépendance au Champs de Mars ou encore les beaux discours de l’érudit Maurice Lesage qui enivraient son auditoire ?

Cette circonscription a aussi connu l’insaisissable Heeralall Bhugaloo qui avait démissionné du Parlement après avoir été Ministre de l’Education pour quelques semaines seulement avant de céder la place à Sir Kher Jagatsingh.

Cette circonscription a aussi été le théâtre de violences politiques :

  • Rampersad Surath, activiste du Labour, est mort assassiné par les nervis d’un parti politique, dans la lutte pour l’indépendance. Aujourd’hui, une rue à Belle-Rose a été dédiée en sa mémoire.
  • L’événement qui est resté gravé dans la mémoire collective de militants de la première génération a été sans conteste le gaz lacrymogène lancé par la force de l’ordre pour disperser les militants au rond-point de Saint Jean au cours de la manifestation d’anti-Alexandra — un baptême de feu pour ces ‘angry young men’.
  • Puis il y a eu la lapidation de la maison du Maire Oumansunkar Hawaldar qui témoignait de la violence inouïe qui y régnait à cette époque charnière. Madame Shakuntala Hawaldar et ses enfants en bas âge avaient échappé belle mais ils avaient été terrorisés.
  • Ensuite, il y a eu la conférence au Town Hall de la Municipalité qui se termina en eau de boudin. Les chaises voltigeaient dans l’air et il y avait eu un chaos indescriptible.

Si les places publiques pouvaient parler, l’histoire de Belle-Rose/Quatre-Bornes nous serait contée. Place Jules Koenig, la Place Taxi de La Louise et Bazar Belle-Rose ont été les témoins d’événements importants. Les cinémas Milan, BDC et Rio ont disparu de notre paysage. Ces places publiques mentionnées ont fait courir les foules des grands jours.

  • La Place Taxi de La Louise a vu l’émergence et le déclin de politiciens.
  • Souvent, la Place Jules Koenig a été inondée par une marée humaine en différentes grandes occasions politiques qui ont jalonné notre Histoire.
  • On se souvient surtout de ce meeting décisif au Bazar Belle-Rose un vendredi après-midi. Ramduth Jaddoo, ministre de l’Education, à peine descendu de l’avion s’était rendu directement à Belle-Rose, et avait juré fidélité envers son parti sur un caisson de camion devant une foule compacte. Mais le coq avait chanté à peine trois fois qu’il avait abandonné son parti pour se jeter dans les bras du MSM – parti naissant, pendant la grande scission de 1983.
  • Ou encore les larmes de Paul Bérenger pour Sheila Bappoo au cours de la proclamation des résultats du scrutin devant une foule compacte.

Quatre-Bornes, aussi connu comme la Ville des Fleurs, est aussi le berceau du militantisme. Le College of London a été le haut lieu de sessions idéologiques chaque dimanche. Les philosophies de grands penseurs comme Karl Marx, Lenin, Mao et Frantz Fanon ont été discutées en profondeur et disséquées avec un intérêt soutenu. Des films sur La Révolution Culturelle en Chine, Mai 68, Cuba et l’invasion de la Tchécoslovaquie ont été projetés sur grand écran.

Chose paradoxale : Quatre-Bornes, connu comme le Temple des militants, n’a jamais pu faire élire son leader à trois reprises consécutives et, de surcroît, même pas lors d’une élection municipale. Il avait dû chercher refuge ailleurs dans un vert pâturage à Stanley /Rose-Hill. « Que de centaines de fleurs fleurissent », disait Mao. Puis sont survenues les déceptions, la décadence politique et la désillusion…

Plusieurs de nos grands tribuns et des agents politiques anonymes ont élu leur dernier domicile au Cimetière de Saint Jean après avoir laissé des empreintes indélébiles derrière. Quant à Sir Gaëtan Duval, il a fait inscrire une épitaphe sur son caveau: « Je ne suis pas mort mais je fais semblant ». Qu’ils se reposent tous en paix ! Quant à nous, que la lutte continue pour une meilleure île Maurice !

 

 

*  Published in print edition on 22 December 2017

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