Aslakha Callikan-Proag a rejoint Marcel Cabon

Obituaire

Succombant à une crise cardiaque en début de semaine, Aslakha Callikan-Proag combattait une maladie depuis trois semaines. Mais, la mort nous l’a enlevée à jamais.

Elle rejoindra à coup sûr son maître Marcel Cabon : elle lui avait dédié sa vie de chercheure. Depuis mon entrée en journalisme à L’express en 1991, elle ne vivait que pour mettre Cabon en lumière. Beaucoup médisaient alors d’elle, disant qu’elle « accaparait » l’auteur de « Namasté », mais il faut reconnaître qu’un écrivain a souvent besoin d’un exégète sincère, pour entretenir sa légende. Aslakha l’a fait pour Cabon. Et elle est pour beaucoup dans le renouvellement perpétuel de la lecture de l’œuvre de Cabon.

Brillante intellectuelle, Aslakha était la sœur de Dan Callikan, lui-même lauréat. D’allure mince, elle était toujours cintrée dans un sari coloré, et était de tous les débats sur la culture dans son île, et dans le monde. De sa petite voix fluette, elle déclinait alors Cabon dans un monologue fascinant, qui démontrait que Marcel était à ses côtés,  tellement elle en parlait avec fascination.

On avait d’ailleurs conçu un « Portrait d’artiste » de 52 minutes sur la vie et l’œuvre de l’écrivain, avec elle en narratrice. L’émission est toujours à la MBC. Et ce serait un bel hommage à elle que de la reprogrammer. A l’étranger, les exégètes sont aussi révérés que les auteurs car, souvent, ces adorateurs d’un écrivain et de son œuvre arrivent à nous faire voir d’autres aspects d’un être qui ne nous était connu qu’à  travers  ses livres.

Bien entendu, certains avaient reproché à Aslakha de s’être trop « approprié » Cabon. Mais, pour ma part, pour avoir souvent parlé de son travail de chercheure, je sais qu’elle était sincère dans sa démarche. Et il manque de telles personnes dans notre landerneau littéraire : des êtres sincères qui épousent un écrivain, et son écriture,  et restituent ensuite leur regard d’amoureux de ses mots.

Décédée à l’âge de 65 ans, Aslakha compte une abondante bibliographie sur Cabon: « Contes, nouvelles et chroniques de Marcel Cabon »,  « Cahier deuxième » et « L’enfant bihari », entre autres. Son grand regret était de n’avoir pas pu retrouver le roman, publié en feuilleton, que Cabon publia dans un journal, à Madagascar. Elle voulait tant retrouver ce livre, mais la distance, et le temps, lui jouaient des tours. Je l’imagine déjà aux portes du paradis des artistes, demandant où se trouve Marcel Cabon. Et ils doivent être déjà en train de dialoguer. Lui, l’accueillant avec bienveillance et, elle,  sachant enfin où se trouvait« La séraphine ».

A la famille endeuillée, mes sincères condoléances. J’ai souvent côtoyé Aslakha. On se tutoyait, et il y avait un respect mutuel entre nous. Son regard perçant, voire transperçant, me manquera. Il me restera ses nombreux écrits pour apprendre à la retrouver dans la quiétude. Je sais qu’il y avait des inédits d’elle sur Cabon. Qu’elle avait été obligée de ne pas publier, vu l’incompréhension autour de son travail de recherche sur l’auteur de « Namasté ». C’est d’ailleurs par ce salut indien qu’elle m’accueillait toujours. Comme une introduction au plus beau des romans jamais écrits dans notre île. Aslakha Callikan-Proag n’est plus. Et Marcel Cabon doit maintenant être le plus heureux des hommes. Il retrouvera celle qui a entretenu sa légende ici-bas !

Sedley Assonne

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A Tribute from MGI colleagues

It is with great sadness that we learned on Tuesday 26th May 2020 that Mrs Aslakha Callikan-Proag had passed away. Mrs Aslakha Callikan-Proag will always be remembered by her colleagues at Mahatma Gandhi Institute.

She was held in high regard by all who knew her. She was respected for her forthright manner  and outspokenness. She spoke her mind, but, also sometimes allowed her deeper emotions to come through. This was particularly apparent when she spoke about the Mauritian author Marcel Cabon, whose writings were the central focus of much of Mrs Callikan-Proag’s academic work. Her critical work on Cabon was seminal in the 1970s and remains an important reference in literary critique in Mauritius.

She was also very interested in cultural diversity and delved into history and the arduous field of literary translation. In the latter field, among other works, she produced a translation of a selection of short stories of Abhimanyu Unuth from Hindi into French.

We shall remember her as a remarkable woman under a “frail frame”.  


* Published in print edition on 29 May 2020

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