“Ramgoolam et Bérenger termineront sans doute ensemble leur mandat de 5 ans”
‘Par la suite, tout dépendra de la conjoncture politique et des problèmes liés à la succession’
Interview : Jocelyn Chan Low
* “It’s not because the water is calm that there are no crocodiles”
‘Il est certain que la réforme des pensions sera un des thèmes majeurs des prochaines élections générales’
* ‘ Pravind Jugnauth aurait dû soumettre sa démission en faveur d’un autre cadre dont la mission serait d’effectuer un “rebranding” du MSM…
… Est-ce possible dans un parti familial et dynastique ?’
Le gouvernement de l’Alliance du Changement entame son neuvième mois au pouvoir, et une question se pose : comment juger la manière dont cette alliance a géré le pouvoir depuis le début de son mandat ? Les deux principaux dirigeants, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, semblent déterminés à assurer la pérennité de cette union, ce qui est aussi un enjeu de crédibilité pour leur formation politique respective. Jocelyn Chan Low, historien, offre une analyse percutante sur la cohabitation actuelle, les défis politiques, et les réformes en cours, notamment celle des pensions. Il dresse un tableau où la tranquillité apparente cache des tensions latentes, tout en soulignant la fragilité de la scène politique face aux enjeux de succession et une conjoncture internationale incertaine.
Mauritius Times : Le gouvernement de l’Alliance du Changement entame ces jours-ci son neuvième mois au pouvoir. Autant que l’on sache, la cohabitation se déroule raisonnablement bien. Il ne semble pas y avoir de “gros cailloux dans la chaussure” (ou “d’obstacles majeurs”) susceptibles de mettre en péril cette entente. Selon les bruits de couloir, les deux principaux leaders s’entendent bien, et le Premier ministre travailliste a la haute main sur l’orientation et la gestion des affaires de l’État. Ainsi, pas de secousses en vue, du moins jusqu’ici. Est-ce aussi votre analyse ?
Jocelyn Chan Low : En effet, les leaders des deux principaux partis du gouvernement semblent tout faire pour éviter la moindre dissension au sein de l’Alliance du Changement. Ainsi Paul Bérenger est au premier plan pour défendre toutes les mesures prises par le PM, et ce dernier ne manque aucune occasion pour lui renvoyer l’ascenseur, à l’instar de sa déclaration que ce sont les mesures prises par Paul Bérenger en 1982 qui sont à l’origine du ‘miracle’ économique mauricien.
Et s’il y a des divergences inévitables au sujet de certaines nominations, elles atteignent rarement la place publique. Cela s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, il y a le poids de l’âge et de l’expérience qui en découle. Ces deux leaders sont au crépuscule de leur carrière et maîtriser leur immense ego reste la meilleure façon pour eux de laisser une trace indélébile dans l’histoire du pays, et ainsi transmettre leur image comme des bâtisseurs.
Pour le MMM il y a aussi la realpolitik et une évaluation lucide du rapport de forces entre les partis et du poids réel du parti au sein de l’électorat. Le partage des tickets avait déjà signifié que dorénavant le MMM accepte volontiers de n’être qu’un “junior partner” au sein d’un gouvernement sans aucune ambition de convoiter le poste suprême, même dans le moyen terme. Et, avec la victoire des 60-0, le PTr peut diriger le pays tout seul…
Ensuite, les sondages démontrent clairement qu’au fil des années, le “hardcore” du MMM a été réduit à une peau de chagrin. Et c’est bien cet électorat qui est le plus apte à être séduit par les partis extraparlementaires, comme le témoigne la percée de Patrick Belcourt dans ce qui est considéré comme le fief du leader historique du parti.
Il faut aussi se rappeler que le MMM a fait une très longue traversée du désert pendant près de 20 ans. On voit mal des militants fatigués et vieillis quitter allégrement le pouvoir. Et finalement un parti politique représente inévitablement des intérêts particuliers. Et la défense de ces gros intérêts ne peut se faire qu’à l’intérieur et non à l’extérieur du pouvoir.
* Quoi qu’il en soit, il ne fait aucun doute que sous le gouvernement dirigé par Ramgoolam et Bérenger, le pays respire mieux. La “Police Headquarters Special Striking Team” appartient au passé, et les Mauriciens s’expriment librement sans crainte de représailles. La seule source de mécontentement notable parmi la grande masse de Mauriciens est la réforme du système de pension. Celle-ci a provoqué un mouvement de contestation qui a duré plusieurs semaines, jusqu’à ce que l’affaire de la “Reward Money” vienne l’éclipser en grande partie. Les dirigeants du gouvernement pourraient se dire que “that too will pass”. Ont-ils raison ou non ?
Il y a définitivement une perception chez beaucoup que la chape de plomb qu’un gouvernement autocratique faisait peser surtout un chacun a été levée. On n’a qu’à se référer à ce qui s’est passé pour la marche organisée par les syndicats contre la réforme du BRP (“Basic Retirement Pension”). Celui qui voulait y mettre des obstacles de dernière minute à la tenue de cette manifestation a été immédiatement limogé, le PMO réaffirmant, à travers un communiqué, son attachement à la liberté d’expression de tout citoyen.
Cela dit, il faut se rappeler que l’ancien régime n’avait été porté au pouvoir que par 37% des votants et, de ce fait, fut très critique vis-à-vis de toute opposition tandis que le gouvernement actuel a été largement plébiscité par l’électorat à travers un score de 60-0. Il faudra attendre la suite avec l’impopularité grandissante du gouvernement. Déjà, on annonce de nouvelles mesures par rapport aux réseaux sociaux. Et on attend toujours la “Freedom of information Act”. Du point de vue de la transparence, on attend avec impatience le rapport de la HRC (“Human Rights Commission”) sur les incidents récents à la prison de Melrose où plusieurs détenus ont affirmé avoir subi des violences physiques contraires aux dispositions constitutionnelles relatives à l’élimination de la torture dans la République de Maurice.
Il ne faut pas oublier que la démocratie voudrait dire respect de l’opposition et cela ne se fait pas à travers des épithètes dégradantes lancées contre les rares députés de l’opposition parlementaire. De même, c’est honteux que le Parlement panafricain ait refusé d’avaliser la délégation mauricienne pour motif qu’elle n’était pas représentative du Parlement mauricien.
En outre, la démocratie, c’est aussi le respect de la séparation des pouvoirs. Or, des informations troublantes ont paru dans la presse au sujet de la polémique entourant la liste des prochains “Senior Counsels”.
* Ce que l’Histoire nous apprend, c’est que les mouvements ou les voix de contestation durent un certain temps, puis les gens passent rapidement à d’autres préoccupations. Ce fut également le cas avec la “Sales Tax”, dont l’introduction en 1982 par le ministre des Finances d’alors, Paul Bérenger, avait soulevé une vague de protestation. Mais le gouvernement de l’époque tint bon, tout comme l’actuel gouvernement semble vouloir le faire en 2025. Pensez-vous que les Mauriciens finiront par apprécier et accepter la justesse de cette réforme ?
Oui et non. Car l’introduction de la “Sales Tax” a couté très cher à Paul Bérenger aux élections de 1983, surtout que la critique de la mesure fut accompagnée d’une campagne pernicieuse sur les Rs57 millions accordées à l’industrie sucrière. Certes le gouvernement dirigé par Sir Anerood Jugnauth va pérenniser cette mesure, mais il prit soin de résister aux pressions du FMI et de la Banque mondiale pour réduire drastiquement le “Welfare State”.
D’ailleurs, Maurice fut le seul pays au monde où le “Structural Readjustment programme” ne fut pas accompagné par une contraction majeure de l’Etat-providence, le FMI et la Banque mondiale ayant compris que cela aurait entrainé à coup sûr la déroute du gouvernement d’alors aux élections générales. Plus important, la croissance et la prospérité revinrent et avec le “feel-good factor”.
Par contre, d’autres mesures d’austérité, notamment celles introduites par Rama Sithanen comme l’extension graduelle de l’âge de la retraite à 65 ans, la “Residential Property Tax”, la taxe sur l’épargne, la fin des “school meals”, etc…, lui coûta très cher. Il fut débarqué aux élections de 2010 où le PTr fut contraint de s’allier au MSM pour rester au pouvoir. Certaines de ses mesures à l’instar du “Residential Property Tax” ou la taxe sur les “savings deposits” furent carrément abolies.
Cela dit, les Mauriciens ont compris que les manifestations bruyantes et autres initiatives citoyennes ne sont souvent que des défouloirs sans aucun impact sur les décisions du gouvernement. Nous sommes en démocratie représentative où la souveraineté du peuple ne s’exerce que le jour des élections. Une fois les députés élus, et le gouvernement constitué, il n’a aucun moyen direct pour influencer ses décisions.
Cela ne signifie pas, pour autant, que la population s’est résignée à accepter n’importe quelle mesure introduite par le gouvernement. Comme le rappelle un proverbe africain : “It’s not because the water is calm that there are no crocodiles.”Il est certain que la réforme du BRP sera l’un des thèmes majeurs aux prochaines élections générales. Quel en sera le poids dépendra du contexte politique économique et social.
* Il faut aussi situer le contexte politique dans lequel cette réforme a été engagée : c’est un gouvernement à 60-0 disposant d’une majorité absolue, composé du MMM soutenant le PTr, et ce, en l’absence d’une opposition capable de faire bloc contre cette réforme. Au-delà du courage requis pour ce type de réforme, un tel contexte politique s’y prête parfaitement, n’est-ce pas ?
Bien sûr, tout comme l’introduction de la “Sales Tax” en 1982 au lendemain du premier 60-0. Par contre, Rama Sithanen avait introduit des réformes impopulaires face à un parlement avec une forte opposition MMM et MSM… Les effets qui vous collent à la peau en furent les mêmes : mécontentement de la population, grand impact sur la carrière politique… et une réputation de ‘serre ceinture’, d’anti “ti-dimounn” tout en restant en faveur des nantis.
* Comment jugez-vous la manière dont cette alliance a géré le pouvoir depuis le début de son mandat ? Les deux principaux dirigeants semblent s’être fortement engagés à assurer sa pérennité, ce qui est aussi un enjeu de crédibilité pour leurs formations politiques…
Le premier constat, c’est que l’immense soutien populaire dont disposait l’alliance du changement au lendemain des élections de novembre 2024s’est complètement effondré, et cela même avant la fin des fameux 100 jours de grâce généralement accordée à tout nouveau gouvernement. Il y a plusieurs raisons à cela.
D’abord, il y a eu les lenteurs, les hésitations à adresser les problèmes majeurs du pays. La lenteur dans la constitution d’un gouvernement malgré une majorité absolue est inédite. Il y a aussi les lenteurs pour traduire en justice et châtier ceux de l’ancien régime associés aux magouilles, aux délits flagrants de corruption, etc.
Il est vrai que les choses ont changé depuis, mais il y a toujours une perception que le régime actuel est très ‘soft’ envers les dignitaires de l’ancien régime, coupables de délits flagrants de toute sorte. Ensuite, il y a eu les nominations controversées, surtout des vieux de la veille, malgré les promesses d’agir différemment. Cette perception de la mise en place d’une véritable gérontocratie soulève de grandes frustrations chez les jeunes qui cherchent toujours leur place dans le pays.
Mais il y a eu surtout le reniement des promesses électorales à l’instar de la baisse du prix de l’essence et de l’octroi d’un 14eme mois à tous. Au contraire, une politique d’austérité, de serre ceinture a été annoncée, le document “The State of the Economy” ainsi que les prescriptions du FMI et de Moody’s (qui – en gros – rejoignent les points de vue du patronat) devenant les références incontournables du gouvernement du changement…
Il faut ajouter à cela une perception de détérioration du “Law and Order” et de l’augmentation du nombre de zombies-consommateurs de drogues synthétiques sur la voie publique.
La très faible participation des électeurs aux élections municipales et l’élection de trois candidats de partis extra parlementaires/indépendant, malgré les efforts des leaders de l’Alliance du Changement en faveur d’un 126-0 était déjà un signal fort du mécontentement de l’électorat qui ne voulait plus être “taken for granted”.
Vint ensuite le tsunami du budget, avec la réforme du “Basic Retirement Pension”, la TVA sur les petites entreprises, l’augmentation de la taxe sur les véhicules neufs, la fin annoncée de plusieurs allocations sociales, et de la gratuité de l’éducation tertiaire pour les “part-time students”, etc. Bref, une réduction importante du volume des transferts sociaux.
Mais, à un moment où l’on exige des sacrifices de la classe ouvrière et de la classe moyenne, il n’y a aucune réduction dans les salaires et allocations perçus par les ministres, députés, conseillers et autres nominés politiques. Et il y a pire : les mesures fiscales visant les Smart Cities sont finalement renvoyées par voie de moratoire…
Aujourd’hui, chez une très grande partie de l’électorat, la désillusion est complète. Le dernier sondage d’Afrobarometer révèle que plus de 81% des électeurs ne se sentent proche d’aucun parti politique. En 2024, le pourcentage tournait autour de 60%. Si certains partis politiques songeaient à se refaire une santé une fois au pouvoir, il faudra y repasser. Au contraire, sur les réseaux sociaux, la colère envers la classe politique est palpable, et le mot ‘changement’ est en passe de devenir péjoratif.
Certes, le gouvernement dispose d’une majorité extrêmement confortable et peu de députés, à l’exception de Kushal Lobine et d’Eshan Juman, ont eu le courage d’exprimer publiquement leur état d’âme. Par contre, les membres de Rezistans ek Alternativ doivent être très mal à l’aise en ce moment. Il faudra surveiller de près leur prise de position, surtout en ce qu’il s’agit de la réforme constitutionnelle et de l’introduction de la semaine de 40 heures, pour comprendre si la grande alliance du changement va durer.
En ce qu’il s’agit du MMM et du PTr, Ramgoolam et Bérenger termineront sans doute ensemble leur mandat de 5 ans. Par la suite, tout dépendra de la conjoncture politique et des problèmes liés à la succession au sein des partis respectifs.
*En tout cas, il n’existe pas d’alternatives crédibles à ce jour, et le MSM, déjà diabolisé – et cela est en partie de son propre fait en raison de sa gestion scandaleuse des affaires de l’État durant les 10 dernières années – ne présente pas une alternative crédible. Et le pire en ce qui concerne le MSM reste encore à venir, paraît-il. Qu’en pensez-vous ?
Dans le moyen terme, effectivement le MSM ne peut pas prétendre diriger le pays de nouveau. Car si le bilan social de l’ancien gouvernement est assez impressionnant — revenu minimum, diverses allocations à ceux au bas de l’échelle sociale, etc. — par contre, l’affairisme, le clientélisme et les magouilles semblent avoir été omniprésents comme l’ont révélé les “Moustass Leaks”.
Ces “Moustass Leaks” ont peut-être donné un coup de grâce à la carrière politique de Pravind Jugnauth, en le présentant comme un premier ministre faible, agissant sous les directives de son épouse. Il sera difficile pour lui de se débarrasser de cette perception. Il est vrai qu’avec la désillusion de l’électorat par rapport à l’alliance du changement, certains partisans du MSM tentent de susciter une forme de nostalgie du régime de Pravind Jugnauth.
Dans un contexte où les promesses électorales ne sont plus respectées, le slogan ‘Parole donnée, parole sacrée’ ; est effectivement très puissant. Mais le leader et des figures clés du MSM sont empêtrés dans des affaires judiciaires et même s’ils arrivent à s’en extirper — ce qui n’est pas certain — cela prendra beaucoup de temps. Entretemps la machine du MSM est grippée et repose essentiellement sur la performance de Joe Lesjongard.
Au fond, les problèmes actuels du MSM découlent de la nature même des partis personnels, non collectifs, non démocratiques et qui tournent autour d’une personne ou d’une dynastie. Pour que le parti se relève, après une défaite aussi cuisante, le leader aurait dû soumettre sa démission en faveur d’un autre cadre dont la mission serait d’effectuer un “rebranding” du parti afin de faire oublier les erreurs et gabegies du passé. Est-ce possible dans un parti familial et dynastique ?
*Voyez-vous un vide politique se développer sur la scène politique dans les prochaines années – peut-être même plus vite qu’on pourrait le penser – et que ce vide pourrait être comblé par des hommes et des femmes relativement jeunes et capables de reprendre le flambeau du Parti Travailliste et du MMM, et pas nécessairement issus de partis extra-parlementaires ?
Le vide est là depuis longtemps déjà. Au fil des années, les sondages ont révélé l’inadéquation croissante entre l’offre et la demande politique à Maurice. Ils révèlent aussi une très forte aspiration à un renouveau de la classe politique à Maurice, avec un nouveau personnel, une nouvelle culture et de nouvelles pratiques politiques.
Il y a beaucoup d’obstacles à ce que ce renouveau se fasse à l’intérieur de partis personnels, non démocratiques et non collectifs, et où tout tourne autour de la volonté d’une seule personne. Comment introduire de nouvelles idées, de nouvelles pratiques au sein d’organisations aussi figées ? Mais le temps de la succession au sein de ces partis n’est pas si éloigné. Attendons encore un peu.
* En attendant, le gouvernement fait face à un immense chantier. Il a dévoilé un programme gouvernemental très ambitieux, mais la question essentielle demeure : les conditions, tant au niveau local qu’international, sont-elles vraiment réunies pour assurer une reprise durable de notre économie ? Quelle est votre analyse à ce sujet ?
Il est difficile de se prononcer en raison du manque de visibilité au niveau international, l’élément clé étant, à première vue, les politiques changeantes du Président Donald Trump. Ce dernier, dans sa volonté de ‘Make America great Again’, bouleverse constamment les données au niveau de l’ordre international. Au-delà de la personnalité de Trump, nous sommes entrés de plain-pied dans l’ère du ‘capitalisme de la finitude’, c’est-à-dire une ère où, avec la prise de conscience que les ressources de la planète ne sont plus illimitées, les grandes puissances sont en compétition pour en maximiser le contrôle, d’où les projets d’expansion et de conquêtes de certains espaces géographiques riches en ressources : Ukraine, Alaska, la République Démocratique du Congo, etc.
La compétition féroce entraîne des conflits, des tensions et les alliés d’hier deviennent des rivaux d’aujourd’hui ; et, de même, le protectionnisme remplace le libre-échange. On assiste ainsi à une démondialisation au moment où la guerre fait son retour comme instrument de politique internationale. Inévitablement, il y a la tentation de créer un “national defence state” en se repliant sur soi-même. En outre, un grand basculement est en train de s’effectuer avec le “decline of the West and the rise of the rest” alors que le droit international cède la place à la loi du plus fort.
Un tel bouleversement international a effectivement un effet délétère sur la croissance économique mondiale. L’horizon s’assombrit, par exemple, en Europe avec le nouvel accord entre les Etats Unis et l’Union européenne- ce qui pourrait s’avérer néfaste à notre perspective de croissance, étant donné notre dépendance sur les marchés extérieurs. De même qu’adviendra-t-il de l’AGOA ? C’est vrai la rente résultant du ‘Chagos deal’ apportera un certain soulagement aux finances publiques, mais elle n’est pas considérable.
Localement, la réduction du volume des transferts sociaux en raison de la réforme du “Basic Retirement Pension” et la fin programmée de certaines allocations sociales, ajoutée à la TVA sur les petites entreprises, tout cela risque de ralentir considérablement la consommation avec un impact négatif sur la croissance.
Mais restons optimistes. Cependant, se fier uniquement sur une reprise forte de l’économie pour générer de nouveau un “feel-good factor”, c’est un pari risqué dans un tel contexte international.
* Ce qui est dommage aussi, c’est qu’à part les révélations quasi hebdomadaires d’abus et d’actes illégaux commis par le précédent gouvernement et ses dirigeants — dévoilées en réponses aux questions parlementaires — on n’a pas encore vu, sauf dans deux ou trois secteurs, les grands plans qui jetteront les bases d’une reprise économique. Le gouvernement ne devrait-il pas prioriser la présentation de ces plans concrets pour rassurer la population et les investisseurs, plutôt que de se focaliser uniquement sur les manquements du passé ?
Les projets du gouvernement ont déjà été dévoilés dans un discours programme cohérent et ambitieux. Mais, à l’époque déjà, des observateurs avaient fort justement fait ressortir la difficulté de réaliser un ensemble de projets aussi ambitieux en cinq ans sans compter les contraintes pour trouver les financements nécessaires.
Le budget, c’est le prolongement du discours programme et les mêmes observations sont pertinentes. En outre, derrière le verbiage, on trouve souvent un repackaging d’anciens projets qui – malheureusement – n’ont jamais été concrétisés à l’instar du “Blue Economy” ou des différents hubs comme le “tertiary education hub” qui date de l’époque de Rajesh Jeetah… Mais il faut donner le temps au temps pour voir si tout cela va se concrétiser
*La réforme du système des pensions a clairement montré que le soutien de la population n’est jamais acquis. La question cruciale qui se pose aujourd’hui est la suivante : la population mauricienne est-elle réellement préparée et prête à accompagner les réformes indispensables à la relance économique, ou doit-on s’attendre à de la résistance sociale ?
Il est évident que la manière de faire du gouvernement a aliéné une grande partie de l’électorat : reniement des promesses électorales, dissimulation des réformes à venir avant les municipales, réforme du BRP sans consultation aucune alors qu’une telle réforme nécessite une légitimité populaire qui ne peut être obtenue qu’à travers de consultation large.
La résistance sociale est déjà en marche, les syndicats ayant constitué un front commun contre la réforme du “Basic Retirement Pension”. La société civile suivra sans doute. Evidemment toute politique d’austérité entraîne des résistances sociales, surtout dans un contexte où les partis d’opposition sont très affaiblis.
Mauritius Times ePaper Friday 1 August 2025
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