2025 : Israël, Iran, États-Unis – Le basculement de l’ordre mondial
Eclairages
Par A. Bartleby
L’ordre international, bâti avec tant de peine après 1945, vacille sous le poids des événements récents. L’année 2025 s’annonce comme un tournant majeur, où la confrontation directe entre Israël et l’Iran, ainsi que le rôle complexe des États-Unis, sont en train de redéfinir les règles du jeu mondial. Ce n’est plus seulement un conflit régional ; c’est le démantèlement progressif des normes internationales et l’affaiblissement des institutions censées les protéger.
C’est d’ailleurs ce qui fait dire à Brian Brivati, de l’Université de Kingston, que le monde est à un point de rupture, selon son analyse perspicace des retombées potentielles du conflit Israël/Iran. Son étude invite à la réflexion et transcende la désinformation médiatique, souvent partisane, comme on a pu le constater ces derniers jours.
Selon Brivati, le monde est manifestement confronté à un bouleversement sans précédent de l’ordre juridique international établi après 1945. Les fondements sur lesquels reposait la stabilité mondiale sont ébranlés, et l’année 2025 se profile comme une période charnière, où les actions d’Israël, de l’Iran et des États-Unis sont au cœur de cette transformation radicale.
La confrontation directe entre Israël et l’Iran est plus qu’un simple conflit bilatéral ; elle est symptomatique d’une érosion des normes internationales. L’attaque à grande échelle d’Israël contre l’Iran, menée sans l’approbation du Conseil de sécurité de l’ONU, a provoqué une riposte de Téhéran. Les échanges de frappes des derniers jours ont des conséquences bien plus larges que les pertes humaines directes.
Ces événements exposent la fragilité croissante des institutions internationales comme les Nations Unies, la Cour Pénale Internationale (CPI) et la Cour Internationale de Justice (CIJ). Ces organes, de plus en plus marginalisés par l’escalade du conflit, notamment l’offensive israélienne à Gaza, semblent aujourd’hui impuissants. “Le gouvernement israélien agit avec un niveau d’impunité rarement observé, tandis que l’administration américaine, en particulier sous un potentiel retour de Donald Trump, sape activement les mécanismes mondiaux conçus pour faire respecter le droit international,” soutient Brivati.
D’autres puissances mondiales, telles que la Russie et la Chine, saisissent cette opportunité pour s’affranchir du système occidental fondé sur des règles. La combinaison d’un État puissant agissant en toute impunité et d’une superpuissance désactivant les mécanismes de reddition de comptes marque un point d’inflexion global. C’est un moment si critique que nous pourrions être contraints de repenser nos connaissances sur la conduite des relations internationales et la gestion des conflits, tant pour la lutte palestinienne que pour le système de justice internationale bâti après la Seconde Guerre mondiale.
Les tentatives dramatiques d’appliquer le droit international ont échoué. Israël n’a accepté un cessez-le-feu temporaire à Gaza qu’en janvier 2025, lorsque Washington a insisté, démontrant que le seul frein possible à l’action israélienne reste les États-Unis. En mai 2025, les États-Unis et Israël ont mis en place un nouveau mécanisme d’aide pour Gaza géré par des entreprises de sécurité privées opérant dans des “zones sûres” approuvées par Israël, une approche qui conditionne l’aide au déplacement de la population civile du nord de Gaza, en violation des principes humanitaires établis de neutralité et d’impartialité.
En substance, l’un des piliers de l’ordre d’après-guerre attaque un autre. Le principal fondateur de l’ONU sape désormais l’institution de l’intérieur, brandissant son droit de veto au Conseil de sécurité pour bloquer toute action tout en privant simultanément l’organisation de ressources. Le veto américain à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu à Gaza, le 4 juin, en est un exemple frappant.
Les implications de ce tournant dans l’ordre international se manifestent déjà à travers le monde. La Russie poursuit sa guerre en Ukraine malgré les décisions de la CIJ.
Ces exemples ne sont pas des exceptions, mais l’accélération d’un effondrement de la crédibilité de l’ordre juridique post-1945. La politique d’Israël à Gaza et son attaque contre l’Iran confirment aux autres États que “le droit ne contraint plus le pouvoir, que les institutions peuvent être contournées et que les principes humanitaires peuvent être utilisés à des fins politiques.”
En 2025, la question n’est plus de savoir si l’ordre international est mis à l’épreuve, mais de savoir si nous assistons à son démantèlement et aux conséquences imprévisibles qui en découleront.
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Conflit Israël-Iran : Les ‘worst-case scenarios’
Les tensions actuelles entre Israël et l’Iran, bien que contenues pour l’instant, pourraient rapidement s’embraser. Que se passerait-il si le brasier s’étendait ? Voici quelques-uns des scénarios les plus sombres.
L’Amérique entraînée dans la mêlée : L’Iran est convaincu d’un soutien américain tacite aux frappes israéliennes, ce qui pourrait le pousser à cibler des intérêts américains au Moyen-Orient (bases, missions diplomatiques). Malgré les avertissements de Washington et les retraits de personnel, la mort d’un citoyen américain forcerait potentiellement Donald Trump à réagir. Benjamin Netanyahou est d’ailleurs souvent accusé de vouloir attirer les États-Unis, seuls capables de détruire les installations nucléaires iraniennes les plus profondes, dans le conflit. Une intervention active américaine marquerait une escalade dévastatrice.
Les nations du Golfe prises au piège : Si l’Iran ne parvenait pas à endommager les cibles militaires israéliennes, il pourrait se tourner vers des points plus vulnérables dans le Golfe. La région, riche en cibles énergétiques et infrastructurelles, a déjà été visée par l’Iran et ses alliés (attaques sur des champs pétroliers saoudiens en 2019, sur les Émirats arabes unis en 2022). Ces pays, qui abritent des bases américaines et ont discrètement aidé Israël, exigeraient alors la protection des États-Unis, étendant ainsi le conflit.
Israël échoue à anéantir la capacité nucléaire iranienne : Et si les frappes israéliennes échouaient à détruire les installations nucléaires iraniennes, trop profondes ou bien protégées, ou à éliminer les 400 kg d’uranium enrichi à 60%, l’Iran pourrait y voir une raison d’accélérer sa course à l’armement nucléaire, surtout si de nouveaux leaders, moins prudents, prenaient le pouvoir. Cela entraînerait un cycle sans fin de frappes et de contre-frappes, une stratégie brutale que les Israéliens appellent ainsi : “tondre l’herbe”.
Un choc économique mondial : Le prix du pétrole grimpe déjà. Une tentative iranienne de fermer le détroit d’Ormuz ou une intensification des attaques des Houthis en mer Rouge paralyserait le transport maritime et provoquerait un choc économique mondial.
La chute du régime iranien, laissant un vide : L’objectif à long terme de certains, dont Netanyahou, est un changement de régime en Iran. Si Israël y parvenait, quel vide cette chute laisserait-elle ? Les exemples de l’Irak et de la Libye montrent qu’un tel scénario peut plonger un pays dans un chaos et un conflit civil imprévisibles, avec des répercussions régionales désastreuses.
L’évolution de ce conflit dans les prochains jours, la nature de la riposte iranienne et la capacité des États-Unis à exercer une retenue sur Israël sont des questions clés qui détermineraient l’avenir de la région.
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La mixité à l’école : Un débat aux échos mondiaux
L’annonce récente du MahendGungapersad, ministre de l’Éducation mauricien, concernant une révision du modèle de mixité dans les Académies, a ravivé un débat fondamental qui traverse les systèmes éducatifs du monde entier : celui de la cohabitation des genres et des diverses origines au sein de nos établissements scolaires.
Alors que le John Kennedy College célébrait son 60e anniversaire à Beau-Bassin, les propos du ministreont mis en lumière des préoccupations soulevées par les éducateurs quant aux problèmes de comportement des élèves dans certaines de ces institutions mixtes. Cette annonce, bien que spécifique au contexte mauricien, résonne avec des discussions et des expériences menées dans de nombreux autres pays, offrant une occasion d’explorer en profondeur le concept de mixité, ses avantages, ses inconvénients, et ses différentes applications.
La mixité, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est une innovation relativement moderne, promue pour ses vertus d’égalité, de socialisation. P – C. Science
Le terme de « mixité » dans le contexte éducatif dépasse souvent la simple coéducation, c’est-à-dire la présence conjointe de garçons et de filles dans les mêmes classes. Il englobe également une mixité sociale, ethnique, culturelle et même académique, visant à créer un microcosme de la société, préparant ainsi les jeunes à un monde diversifié. Historiquement, l’éducation était souvent ségréguée par genre, avec des écoles pour garçons et des écoles pour filles. La mixité, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est une innovation relativement moderne, promue pour ses vertus d’égalité, de socialisation et de préparation à la vie citoyenne.
Les avantages de la mixité sont nombreux et souvent cités par ses défenseurs. Sur le plan social, la mixité est perçue comme un puissant vecteur d’apprentissage des interactions entre les genres. Elle favoriserait une meilleure compréhension mutuelle, la suppression des stéréotypes de genre et une plus grande fluidité dans les relations. Les garçons et les filles apprennent à collaborer, à débattre et à coexister dans un environnement qui reproduit davantage la réalité du monde du travail et de la société en général. D’un point de vue académique, certains arguments suggèrent que la présence des filles peut avoir un effet positif sur le comportement des garçons, favorisant une atmosphère plus propice à l’apprentissage. Inversement, les garçons peuvent parfois stimuler la prise de risque et la confiance en soi chez certaines filles.
Cependant, la mixité n’est pas sans ses inconvénientset ses défis. Certains observateurs estiment que la présence des deux genres peut parfois entraîner des distractions, des rivalités ou même des dynamiques de groupe qui nuisent à la concentration et à l’apprentissage. Des cas de harcèlement, de coquetterie excessive ou de pressions sociales liées à l’apparence peuvent émerger, détournant l’attention des objectifs pédagogiques.
Sur le plan académique, certains argumentent que les filles réussissent mieux en sciences et en mathématiques dans des environnements non mixtes, où elles se sentent moins intimidées ou moins sujettes aux stéréotypes de genre. Inversement, les garçons pourraient exceller davantage dans des environnements où ils peuvent s’exprimer plus librement sans la perception d’être jugés par les filles. La gestion des relations interpersonnelles entre adolescents peut également représenter un défi pour le corps enseignant, nécessitant des compétences spécifiques en matière de médiation et de sensibilisation.
La mixité à travers le monde : une analyse des systèmes éducatifs
La mixité scolaire présente des dynamiques variées selon les pays, chacun avec ses propres perspectives et débats.
En France, la mixité est la norme depuis les années 1970, perçue comme un acquis social majeur. Cependant, des discussions régulières émergent quant à ses effets, notamment concernant les écarts de réussite entre garçons et filles dans certaines matières. Des propositions sont parfois faites pour réintroduire des classes non mixtes dans des cas spécifiques ou pour adapter les pédagogies aux particularités de chaque genre.
Au Royaume-Uni, bien que la mixité soit répandue, un nombre significatif d’écoles non mixtes (souvent privées) subsistent. Ces établissements mettent en avant des résultats académiques supérieurs et une meilleure concentration des élèves, arguant qu’ils peuvent adapter l’enseignement aux besoins spécifiques de chaque genre, par exemple en encourageant les filles dans les filières STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) ou en offrant aux garçons un environnement où ils peuvent s’exprimer librement.
Aux États-Unis, le débat entre écoles mixtes et non mixtes est également très présent. Des études contrastées existent, certaines soulignant les avantages de la mixité pour le développement social et émotionnel, d’autres mettant en avant des bénéfices académiques dans des environnements non mixtes, en particulier pour les filles dans les domaines scientifiques.
Dans de nombreux pays d’Asie, comme la Corée du Sud et le Japon, la mixité est courante, mais des écoles non mixtes, souvent réputées pour leur excellence académique, persistent. Ces systèmes valorisent la discipline et la performance, et la séparation des genres est parfois perçue comme un moyen d’optimiser l’environnement d’apprentissage.
La décision de Maurice de revoir le modèle de mixité dans ses Académies s’inscrit donc dans un dialogue global sur l’éducation. Il est essentiel que cette révision ne se limite pas à une simple inversion du modèle, mais qu’elle soit le fruit d’une analyse approfondie des causes des problèmes de comportement et des défis rencontrés. Cela pourrait impliquer une réflexion sur les méthodes pédagogiques, la formation des enseignants à la gestion de classe mixte, le renforcement de l’éducation aux relations et au respect, ou même la mise en place de mesures de soutien psychologique pour les élèves.
La mixité, qu’elle soit de genre, sociale ou culturelle, est un idéal louable qui, lorsqu’elle est bien gérée, peut enrichir considérablement l’expérience éducative et préparer les jeunes à un avenir complexe. Le défi pour l’île Maurice, comme pour d’autres nations, sera de trouver le juste équilibre entre les bénéfices de la diversité et la nécessité de garantir un environnement d’apprentissage serein et efficace pour tous ses élèves.
La fin de la mixité dans les Académies n’est peut-être pas la solution, mais plutôt l’opportunité de réévaluer et d’adapter un modèle pour qu’il serve au mieux les aspirations éducatives de la nation.
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“Simik” : Une propagation mondiale sans frontières sociales
À Maurice, comme ailleurs dans le monde, l’ombre des drogues chimiques s’allonge, plongeant des familles et/ou des communautés entières dans une détresse alarmante. Les travailleurs sociaux, les organisations non gouvernementales (ONG) et les acteurs de terrain tirent la sonnette d’alarme depuis des années, alertant les autorités sur l’ampleur croissante du problème. Malheureusement, la situation n’a fait qu’empirer, transformant une partie de la population en de véritables “zombies”, coupés de la réalité pour une dose coûtant à peine Rs100.
Ces victimes de l’addiction chutent de moto, sont prises de crises en pleine rue, se collent aux murs, rampent, se dénudent, hurlent et imitent des bruits d’animaux, acceptant de se consumer à petit feu. Le “simik,” ce terme familier pour désigner les drogues synthétiques, a gagné du terrain au fil des ans, les produits évoluant sans cesse. Malgré cela, la volonté politique pour éradiquer ce fléau semble avoir manqué, laissant la peur s’installer et les maux s’enchaîner au sein d’une société qui aspire à la santé et à la reconstruction.
La gravité de la situation est telle que de plus en plus d’experts et de professionnels plaident pour la légalisation et le contrôle strict du cannabis par l’État. L’objectif est clair : contrer la vente de ces drogues dévastatrices, si facilement accessibles et peu coûteuses sur le marché noir.
Un fléau global et sans discrimination
Le problème des drogues synthétiques est intrinsèquement globalisé. Grâce à Internet et aux réseaux de distribution transnationaux, ces substances peuvent être commandées en ligne et expédiées partout, contournant ainsi les contrôles frontaliers traditionnels. Bien que les pays d’Asie du Sud-Est soient des producteurs majeurs, la fabrication s’étend désormais à de nombreuses autres régions du globe.
Ce qui rend ce fléau particulièrement insidieux, c’est son caractère socialement indifférencié. Contrairement à certaines drogues historiquement associées à des classes défavorisées, les drogues synthétiques touchent toutes les strates de la société. Leur faible coût les rend accessibles aux jeunes et aux populations vulnérables. Cependant, leur discrétion – absence d’odeur, ressemblance avec des produits légaux – les rend également attractives pour des individus issus de milieux plus aisés, soucieux de ne pas attirer l’attention.
À Maurice, des collégiens ont été impliqués dans la fabrication et la revente de ces substances, parfois pour des sommes dérisoires, ciblant même les plus jeunes élèves. Des rapports alarmants révèlent leur consommation chez des professionnels, des étudiants, des chômeurs. Personne n’est épargné par cette spirale addictive et destructrice…
Expériences internationales et meilleures approches
Face à cette menace omniprésente, de nombreux pays ont mis en place des stratégies de lutte, avec des succès divers. Les approches répressives sont essentielles pour démanteler les réseaux de trafiquants, saisir les cargaisons et poursuivre les criminels. La coopération internationale entre les services de douane, de police et de renseignement est cruciale pour intercepter les précurseurs chimiques et les produits finis. Des organisations comme l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD) et l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) jouent un rôle central dans cette coordination. L’utilisation de chiens détecteurs et de technologies de pointe (scanners, analyseurs de traces) est également fondamentale pour contrer l’ingéniosité des trafiquants.
Cependant, la répression seule ne suffit pas. Le caractère évolutif des drogues synthétiques signifie qu’une substance interdite est rapidement remplacée par une nouvelle, souvent plus puissante et dangereuse. Voilà pourquoi une approche multifacette, axée sur la réduction de la demandeet la prise en charge sanitaire,est jugée la plus prometteuse.
Prévention et éducation : Il est crucial de cibler les jeunes au moyen de campagnes innovantes, sur les réseaux sociaux et dans les écoles, pour les informer spécifiquement des dangers des drogues synthétiques et renforcer leur résilience. Les programmes éducatifs intégrés sur le long terme sont les plus efficaces.
Accès aux soins et réduction des risques : Un accès facile et sans jugement aux centres de traitement, aux programmes comme la méthadone, et aux services de réduction des risques (échange de seringues, tests de composition) est impératif pour les personnes dépendantes. Les approches répressives passées ont prouvé leurs limites, notamment face à l’augmentation du VIH/SIDA.
Législation adaptative : Les lois doivent être flexibles et capables de s’adapter rapidement aux nouvelles substances. Des “lois parapluies” interdisant des familles entières de composés chimiques sont plus efficaces que de cibler des molécules spécifiques.
Recherche scientifique : Investir dans la recherche est essentiel pour comprendre les effets des nouvelles drogues, améliorer leur détection et développer de meilleurs traitements, y compris la compréhension des facteurs socio-psychologiques de la consommation.
Un marathon, pas un sprint
En conclusion, la lutte contre les drogues synthétiques est un marathon, pas un sprint. À Maurice, ces substances ont malheureusement supplanté d’autres drogues comme principale drogue consommée. Cette situation est un miroir des défis rencontrés à l’échelle mondiale. Pour y faire face, une approche holistique est indispensable, combinant une répression ciblée, une prévention innovante et une prise en charge sanitaire accessible. Il s’agit de protéger les individus, de briser les chaînes de l’addiction et de préserver le tissu social contre ce fléau qui menace toutes les composantes de la société.
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Crimes non élucidés à Maurice : des énigmes?
La mission britannique, menée par des enquêteurs chevronnés, a pour but d’épauler la Major Crime Investigation Team (MCIT). Cette coopération internationale fait suite à un engagement public pris par le Premier ministre Navin Ramgoolam le 4 mars dernier, en réponse à une question parlementaire du député Franco Quirin. Le chef du gouvernement avait affirmé que l’aide d’organismes d’enquête étrangers était nécessaire pour faire progresser certaines enquêtes sensibles.
Parmi les dossiers sur la table :
- le décès suspect deSoopramanienKistnen, agent politique et dénonciateur présumé de corruption, retrouvé mort en octobre 2020 ;
- le meurtre de Nadine Dantier, jeune étudiante, dont le corps avait été découvert dans des circonstances atroces ;
- le meurtre de Vanessa Lagesse, survenu en mars 2001, et toujours classé parmi les affaires criminelles les plus mystérieuses de l’histoire judiciaire mauricienne.
Pourquoi ces affaires n’ont-elles toujours pas été élucidées ?
Des enquêtes initiales jugées bâclées: Dans plusieurs de ces affaires, les critiques se sont multipliées quant à la qualité des premières investigations. Dans le cas de Vanessa Lagesse, les manquements ont été particulièrement médiatisés. L’affaire avait donné lieu à l’arrestation controversée de plusieurs suspects, dont un fonctionnaire, sans qu’aucune preuve matérielle convaincante n’ait pu les relier directement au crime. L’absence de conservation adéquate des éléments de preuve et des scènes de crime mal sécurisées auraient lourdement compromis les chances de résolution dès le départ.
Des interférences politiques présumées: Le cas Kistnen incarne à lui seul la suspicion d’interférences politiques dans les enquêtes. Membre actif du MSM au niveau de la circonscription no. 8 et témoin potentiel dans des affaires de corruption électorale, sa mort soulève des questions sur les risques encourus par les dénonciateurs. L’absence de poursuites crédibles, les retards dans la collecte des preuves et la perception d’un silence orchestré autour de certains protagonistes ont nourri un sentiment d’impunité.
Un manque de ressources techniques et humaines: Malgré les efforts de la police, les capacités techniques d’analyse médico-légale à Maurice restent limitées. L’exploitation de l’ADN, la reconstitution de scènes de crime complexes ou encore l’analyse des données numériques ne sont pas toujours à la hauteur des normes internationales. C’est ici qu’interviennent les experts de Scotland Yard, reconnus pour leur maîtrise des technologies modernes d’investigation.
Des délais qui jouent contre la justice: Plus le temps passe, plus les témoins se taisent, oublient, ou disparaissent. Les éléments matériels se dégradent, les pistes s’effacent. Dans l’affaire Nadine Dantier, le choc avait été immense, mais l’absence de suspects clairs et les erreurs d’enquête ont gelé l’avancée du dossier. Aujourd’hui, la mémoire collective commence à faiblir, et il devient plus difficile de rendre justice rapidement.
Une coopération internationale comme dernier recours
L’appel à Scotland Yard ne doit pas être perçu comme un désaveu total de la police mauricienne, mais plutôt comme une volonté d’introduire un regard neuf, neutre, et hautement professionnel dans des dossiers où la confiance du public s’est érodée.
Les enquêteurs britanniques pourraient notamment repasser au crible les éléments de preuve existants, appliquer des méthodes scientifiques de pointe sur des éléments jusque-là inexploités, et évaluer objectivement les failles structurelles et procédurales dans les dossiers.
L’objectif, selon des sources proches du dossier, serait également de formuler des recommandations durables pour améliorer les capacités locales en matière d’investigation criminelle.
Au-delà des aspects techniques, ces affaires touchent à des enjeux de transparence, de responsabilité institutionnelle et de protection des citoyens. Dans un État de droit, l’impunité – qu’elle soit due à l’inefficacité, à la négligence ou à la complaisance – ne peut être tolérée.
Les familles des victimes, les proches de SoopramanienKistnen, de Nadine Dantier, de Vanessa Lagesse, attendent depuis trop longtemps… Maurice a peut-être une dernière chance de démontrer que, même après des années, la justice peut encore être rendue, et ce, avec le soutien de Scotland Yard.
Mauritius Times ePaper Friday 20 June 2025
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