Vina Ballgobin

Voix des citoyens ordinaires :

Augmentation de 35% pour les artisans et laboureurs de l’industrie sucrière 

 

Voilà deux ans que dure la lutte syndicale dans les milieux agricole et industriel combinés – le milieu de l’industrie sucrière. Le syndicat UASI (Unions of Artisans of the Sugar Industry) a été rejoint par d’autres du milieu syndical comme le SILU (Sugar Industry Labourers Unions), l’AGWU (Artisans and General Workers Unions) et l’OAU (Organisation of Artisans Unity).

 

 

Lutte des ouvriers de l’industrie sucrière

 

Plusieurs citoyens ordinaires suivaient de très près cette lutte d’envergure, cette bataille des citoyens ordinaires contre les géants économiques de Maurice au moment même où l’industrie « sucrière » se transformait en industrie « cannière ». Nous, les enfants issus de la classe ouvrière, nous nous tenions prêts pour épauler les nôtres car il y avait bien peu de chance que le patronat de l’industrie sucrière développe tout à coup une envie de justice envers les ti-dimounes. Que feraient-ils alors de leur fameux CSR, jeté en charité à la figure des Mauriciens, selon leurs termes et conditions, pour démontrer leur supériorité économique, sociale et politique ?

 

Nous, les ti-dimounes, nous ne rêvons jamais. Nous savions que cette lutte allait être parsemée de difficultés et nous savions aussi qu’il fallait se tenir prêt pour toutes sortes de hisser-pousser et autres stratégies douteuses comme les chiffres soumis et calculés pour justifier les déficits de l’industrie par le patronat. Bien sûr, nous connaissons par cœur les stratégies de ce patronat traditionnel mauricien. Nous connaissons aussi ces politiciens qui sont à leur service depuis plusieurs années et qui diront que le « secteur privé fait mieux que le secteur public, donne du travail à tant de Mauriciens, etc, etc… ». Il faut savoir, qu’aujourd’hui ce discours va convaincre uniquement les capitalistes et leurs proches, ou disons plutôt leurs amis politiciens, roder-boutes parasites.

 

Impact de la transformation

 

Evidemment, pendant la mise en place des réformes majeures dans le secteur sucre, les citoyens ordinaires sont restés calmes – la majorité des Mauriciens étant fidèles au principe du vivre-ensemble dans la paix et l’harmonie. Et qu’avons-nous observé ? Il y a eu une transformation radicale de ce secteur à travers

(1) des financements publics directs ou indirects : investissements massifs dans les machines sophistiquées, exemption des taxes sur les terres agricoles, VRS financé par l’Union européenne (une fois n’est pas coutume !) ;

(2) réduction complète des ouvriers (donc de la masse salariale pour le patronat d’environ Rs600 millions) ;

(3) augmentation du nombre des ouvriers saisonniers (le bruit court que c’est à plus de 100% dans certains « karo » dans le sud de l’île vers Savannah alors que l’accord 2001 stipule que le nombre ne doit pas dépasser 20%). Bien sûr, le travail saisonnier et précaire est à la mode dans le système capitaliste (donc, synonyme de réductions de frais fixes pour le patronat – par exemple, absence de retraite, de bonus, de compensation et autres avantages pour les ouvriers).

(4) Cela signifie aussi que les ouvriers permanents n’aient plus de bonus et autres avantages pour arrondir leurs maigres fins de mois. C’est le passage vers la précarité totale des ti-dimounes !

 

Les lobby-capitalistes profiteurs

 

Bien sûr, le politicien-touriste Grégoire et une poignée de personnes qui pensent et agissent comme lui aujourd’hui ne dénonceront jamais ces lobby capitalistes. Les grandes déclarations verbales ou écrites ne trompent plus la population mauricienne dans son ensemble. L’écart entre le PRB et le NRB est trop criant, trop évident, trop gigantesque pour que les citoyens ordinaires se laissent prendre aux discours du patronat, de leurs représentants et des hauts cadres de ce secteur.

 

Le patronat devrait voir la vérité en face. La masse ouvrière ne restera pas enfermée dans le ghetto de l’injustice parce qu’un ouvrier est un être humain comme un autre. Il trime pour toucher un salaire contre services rendus et, depuis plus de dix ans, il a été mal rémunéré parce qu’il ne sait pas très bien lire et écrire. Il est victime de toutes sortes de leaders dits charismatiques qui exploitent sa misère à des fins politiques et asseoir le pouvoir des capitalistes. En revanche, les enfants de la classe ouvrière savent lire, comprendre et discriminer entre ce qui est juste ou non et ils savent aussi analyser les chiffres : les travailleurs produisaient 18 tonnes de sucre par tête en l’an 2000 et 40 tonnes en l’an 2008 malgré la réduction massive de travailleurs et, par conséquent, de frais salariales dans le secteur ! En 2000, un artisan au moulin touchait Rs 5,815. et un laboureur percevait Rs 5,132. En 2009, l’artisan touche Rs 8,111. et le laboureur Rs 7,336. Pourtant, de 2000 à 2009, le coût de la vie a augmenté de 60.9%.

 

Les ti-dimounes citoyens ordinaires, nous savons que l’avenir de la République de Maurice est désormais dans le refus d’être la victime consentante des capitalistes, y compris du patronat-capitaliste traditionnel mauricien. Et puis, si depuis des siècles, l’industrie sucrière a donné de l’emploi aux Mauriciens, en quoi cela donne le droit moral à cette catégorie de capitalistes de tenir notre pays en otage ou de maintenir un système salarial indécent ? Le patronat a usé et abusé de la bonté des Mauriciens et du roder-boutisme de ses amis politiciens – combien de temps allons-nous, nous citoyens ordinaires, payer pour faire vivre ce genre de lobby foncièrement malhonnête qui veut continuer à profiter d’une largesse incommensurable d’un temps révolu avec salaires disproportionnés, facilités exagérées, loisirs fastueux tactiques excessives et quasi-irréelles par rapport aux réalités socio-économiques d’une si petite République au 21e siècle ?

 

Par conséquent, nous considérons que c’est une honte que les capitalistes refusent de donner une augmentation de salaire de 20% (au lieu des 35%) aux ouvriers de l’industrie sucrière. Et s’il y a tant d’atteintes pour créoliser le système éducatif public mauricien, ce serait peut-être à cause de cette éducation gratuite qui nous permet de contester les capitalistes ? Que veulent les grands patrons de l’industrie sucrière ? Que l’ouvrier agricole n’envoie plus ses enfants à l’école, qu’ils traînent les rues pour cueillir des brèdes le matin, qu’ils aillent voler du dholl dans les supermarchés le soir pour se nourrir, qu’ils deviennent des consommateurs réguliers de la drogue pour oublier leurs conditions de vie et leur mal-vivre ? Ou ces grands patrons voudraient qu’ils s’occupent d’une vache ou d’une chèvre pour se nourrir de leur lait dans un espace de vie trop exigu pour la famille elle-même ? Ou qu’ils écoutent passivement ces gens qui leur racontent que le kréol est une langue magique qui fera disparaître la pauvreté de leur toit familial en un tournemain ?

 

Nous savons que les capitalistes ont besoin de main d’œuvre bon marché et peu qualifiée afin de régner en maître absolu et continuer à écraser la classe ouvrière. Mais ca, c’était la philosophie régnante, il y a plus de 50 ans… Les citoyens ordinaires se battent depuis des années pour demander aux politiciens eux-mêmes de mener une vie simple car s’octroyer des achats luxueux quand on vit en pleine crise économique est un comportement anormal particulièrement quand on demande en permanence au petit peuple de serre ceinture.

Nous, les citoyens ordinaires, nous connaissons bien cette arrogance des riches capitalistes qui passent leur temps à crier « pénan kasse, pénan kasse » alors que le NRB révèle ceci : 707 membres de Leta Mazor se partagent 50% du wage bill tandis que 5,500 laboureurs et artisans se partagent les 50% restants! Ensuite, il n’y a eu aucune perte d’emploi et aucun dégraissement massif dans Leta Major. Puis, les ouvriers se sont perfectionnés « sur le tas » pour s’adapter à leur nouvel environnement de travail mais ils n’ont jamais été valorisés par une augmentation de leur salaire mensuel. En 2008, il y a eu un profit de Rs1,117.4 millions et les actionnaires des compagnies sucrières ont obtenu un paiement de 1,419.1 millions de dividendes. Péna kasse ?

 

Il y a pire : les chiffres travaillés par une firme comptable démontraient un déficit de Rs247 millions mais les chiffres travaillés par les enfants de la classe ouvrière ont prouvé que ceci est dû au fait que les actionnaires avaient reçu un excès de dividendes, causant un déficit en 2008. Ainsi, la vérité finit toujours par faire surface même si elle n’a pas fait les grands titres des journaux : la crise financière n’a pas atteint le patronat et les hauts cadres de l’industrie sucrière qui affirment pourtant que péna kasse ! La grande question est la suivante : Combien de dividendes ont touché les mêmes capitalistes quand il n’y avait pas de crise entre 2000 et 2007 quand ti éna kasse ? Pourquoi alors les salaires n’avaient-ils pas été augmentés ? 

Vina BALLGOBIN

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