Politique alternative : Progrès de l’Aam Admi Party à Delhi

Les habitants de la région de Delhi ont fait confiance à l’Aam Admi Party (AAP) lors du Delhi Legislative Assembly election le 7 février 2015, et le parti vient de remporter un succès électoral historique avec une majorité largement confortable à Delhi (67 sièges des 70, les 3 autres allant au BJP).

Pour rappel, l’AAP avait déjà formé le gouvernement local en 2013 suite à une alliance avec le Congress. Mais Kejriwal avait soumis sa démission suite à son échec à faire passer le Jan Lokpal Bill pour combattre la corruption après 49 jours de longs et épuisants débats et discussions.

Bref historique

Le leader du parti, Arvind Kejriwal, explique que, lors des élections du Lok Sabha, les freins ont été nombreux à l’intérieur du parti même. Certains membres ont tenté de saper le travail des membres et des volontaires afin que l’AAP perde ces élections. Des membres du parti, incluant lui-même, étaient insultés dès qu’ils quittaient leur domicile tous les matins. Il rapporte avoir entendu un « Security Guard » disant qu’il avait voulu devenir Premier ministre, mais il a terminé idiot.

Kejriwal explique donc que la force de caractère était nécessaire malgré les hauts et les bas pour regagner la confiance du peuple et se battre aux élections contre vents et marées. Il tire sa fierté de la confiance que le peuple a accordée au parti en 2015 et, aussi, du fait que les élus n’aient pas attendu d’être assermentés pour commencer leur travail sur le terrain. Il rencontre lui-même 3 ou 4 groupes d’élus tous les jours, il reconnaît facilement ceux qui travaillent, et prend note des progrès survenus en 10 mois.

–       La facture d’électricité a été réduite de 50% et chaque famille a un certain nombre de litres d’eau (20 kilolitres) gratuitement.

–       L’AAP doit souvent se battre contre les autorités ou les supplier pour solutionner des problèmes. Parfois, ils se mettent aussi devant des bulldozers pour faire progresser les revendications.

–        Certaines personnes ne recevaient pas de ration même lorsqu’elles présentaient leur carte ; désormais, tous utiliseront des e-cards, disponibles et imprimables à partir d’un sms de leur téléphone.

–       Le processus de recrutement d’un « marshal » par autobus est en cours pour protéger le sexe féminin contre des attaques – les coupables risquent la prison.

–       200 établissements scolaires privés réclamaient des frais trop élevés. Un « FIR » a été logé contre le directeur d’une école pour réclamation excessive.

–        Certains officiers réclamaient un « bribe » pour émettre un acte de naissance ou de décès ; désormais, chacun pourra y accéder à ce service par internet gratuitement.

–        Quelques hôpitaux privés ont ouvert leurs portes sur des terres offertes gratuitement par l’Etat indien ; en échange, ils doivent soigner gratuitement un certain nombre de pauvres mais ils ne le font pas, se concentrant sur les traitements aux membres de la classe politique uniquement – l’AAP essaie de contrôler cette situation.

Le manifeste électoral de l’AAP comportait 70 points en janvier 2015. Beaucoup reste à faire : création d’emplois, ajout de 30 000 lits dans les hôpitaux, ouverture de 20 nouveaux collèges et construction de 200 établissements scolaires, prêts bancaires pour les études aux jeunes en difficultés, installation des appareils CCTV dans les autobus et les zones très fréquentées et augmentation des toilettes publiques. L’AAP voudrait aussi faciliter le passage vers l’utilisation des énergies alternatives, notamment solaire, et le contrôle effectif des eaux usées et autres déchets, et le traitement des eaux du Yamuna.

Quelles leçons ?

L’AAP est secoué par des conflits internes qui éclatent au grand jour. Si la situation semble confuse pour les novices en politique, d’autres l’attendaient au tournant. Il est évident que nettoyer un pays de la corruption est une tâche herculéenne. Le symbole officiel du parti, le « balai-coco » démontre que les outils de lutte contre la corruption sont fragiles face aux tyrannosaures de la corruption. Beaucoup suivent l’AAP avec une attention particulière car ce parti a réussi le tour de force de s’imposer dans le paysage politique d’une République dominée traditionnellement par deux grands partis politiques, le BJP et le Congress. Pourquoi ?

Cela démontre que la passivité et la croyance dans la fatalité n’ont pas de place dans le monde contemporain. La peur des représailles n’affecte pas les plus vaillants et les plus patriotes. Cette catégorie d’êtres humains – imbus de valeurs, d’intégrité et de bonne foi – existe encore et peut faire la différence en politique. Ceux qui disent le contraire ne le pensent pas – c’est uniquement de la propagande mensongère pour consolider les assises de la corruption et fragiliser psychologiquement les personnes honnêtes.

Les difficultés de l’AAP reflètent malheureusement celles de tout groupe de citoyens qui voudraient, avec beaucoup de bonne volonté, proposer une alternative politique au sein d’une démocratie. Ce qui compte le plus, c’est la solidarité des membres et des volontaires intègres qui ont un objectif commun : le combat déterminé contre la corruption en politique. Ainsi va le slogan du parti : «Jhaadu chalaao, beimaan bhagaao » – «Utilise ton balai-coco pour te débarrasser des tricheurs et des fraudeurs ».

Il faut bien des volontaires en politique pour se battre afin de sauver le système politique des hommes et femmes corrompus et, ainsi, défendre les fondements de la société et les valeurs fondamentales. L’AAP se bat pour la transparence en politique et aussi l’abolition des privilèges de la classe politique – enlever les sirènes des voitures des politiciens qui bloquent inutilement la circulation, enlever les sièges réservés à la classe politique lors des fonctions car cela commence par des facilités minimes et finit par ressembler à une société de discrimination avec ce cumul honteux de privilèges comme le passage de VIP à VVIP.

Rappelons que l’AAP avait invité la population à accepter les « bribes » distribués avant les élections pour créer un « sting operation ». Mais la Commission électorale de l’Inde a désapprouvé cette proposition faite au public par le biais de Kejriwal. Ce dernier a même dû se présenter en Cour de justice.

L’AAP souhaite faire de Delhi un modèle pour la République indienne. Il faudra, pour cela, se battre contre plusieurs forces occultes qui s’évertueront à miner le parti de l’intérieur. C’est un sacerdoce car « un grand sacrifice est aisé, ce sont les petits sacrifices continuels qui sont durs ».

 

* Published in print edition on 11 April  2015

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