L’AAP, c’est le pouvoir du peuple avec le peuple pour le peuple

Mouvement anti-corruption en Inde : Gagner du terrain lentement mais sûrement

En Inde, la plus grande démocratie du monde, la corruption est dénoncée avec vigueur depuis plusieurs années, que ce soit à travers les médias écrits ou audio-visuels. Tandis que la machinerie politique, de tous les bords existants, semble  bloquée, les citoyens ordinaires – eux – n’abandonnent pas le combat de l’indépendance de la nation indienne, qui passe par la bonne gouvernance, entre autres. Ensuite, il y a le mouvement massif des ONGs qui font un travail éducatif important auprès de la masse aux quatre coins de l’Inde pour empower (autonomiser) le peuple indien. Il y a des citoyens ordinaires mais courageux, comme Anna Hazare, qui met de l’ordre dans les villages et qui n’hésite pas à entamer une grève de la faim, as and when necessary…

Entre-temps, une certaine élite se complait dans le day to day business. Il est évident que certaines personnes ne sont pas d’accord pour changer le système – bien huilé — pour leur accorder tous les avantages du monde et les protéger de la justice… Il y a les sceptiques qui passent leur temps à critiquer ceux qui se battent pour une cause juste.  D’autres sont peu courageux eux-mêmes pour prendre part à de telles activités, Celles-ci requièrent beaucoup de témérité car ce n’est un secret pour personne : il y a parfois des  casualties, des règlements de comptes…

Mais les citoyens ordinaires éclairés ne sont pas dupes. Ils ont compris que l’espoir est ailleurs. Ainsi, c’est un des meneurs de la croisade anti-corruption qui est élu à Delhi et qui devient chief minister suite aux élections. L’ensemble de la classe politique traditionnelle se réveille avec surprise : c’est un cauchemar même ! Mais pour les citoyens ordinaires du monde entier qui se battent collectivement contre la corruption – cette tare qui déshonore toute nation indépendante -, ce n’est que le début d’un long combat contre des hommes politiques et un establishment, et aussi contre tout ce qui porte préjudice à l’image de l’Inde. C’est bien ce pays qui a perdu tant de ses courageux fils et filles pour garantir une vie meilleure aux citoyens indiens, préparant l’avènement de l’indépendance…

De plus en plus d’Indiens et d’autres citoyens du monde ne supportent plus l’arrogance de ceux qui détiennent le pouvoir et qui se transforment en  assoiffés du pouvoir au fil des années. Ils en ont assez de l’insolence et de l’impertinence des agents politiques qui en font parfois beaucoup plus que les ministres et autres élus eux-mêmes en termes de paroles et d’actions, que ce soit pour proférer des insultes explicites ou implicites à l’intelligence de la nation, du dédain pour les grands tribuns qui ont mené le pays à l’indépendance, ou encore de la déconsidération pour les valeurs républicaines.

L’indépendance : c’est le fait de s’autonomiser. C’est se libérer du joug des privilèges octroyés à vie à certains protégés et autres financeurs de partis politiques, des avantages taillés sur mesure pour une poignée de favorisés gravitant autour du cercle du pouvoir, comme des droits autoproclamés dans le cadre du land grabbing (accaparement des terres et des plages) – par exemple.

L’AAP : Le parti des citoyens ordinaires

Arvind Kejriwal, âgé de 45 ans,  connu aussi comme le « Anti-Corruption Man » fait partie du « Aam Aadmi Party » (AAP), traduit en anglais par  « Common Man Party » et en français par  « Parti du Citoyen Ordinaire ». Ce parti politique prend naissance il y a un an lorsque le mouvement  anti-corruption prend de l’ampleur et des milliers d’Indiens, jeunes et moins jeunes, protestent pacifiquement dans les rues de Delhi. Le parti est financé en toute transparence par le peuple pour le peuple.

Quatre élections ont lieu pour l’Assemblée de Delhi. Malgré les statistiques négatives avancées pour l’AAP par les sondages, c’est bien ce parti qui gagne 28 des 70 sièges de l’Assemblée (40%). Aucun parti ne détient la majorité des sièges.  L’AAP contacte ses mandants au moyen des TICs (sms, mms, internet, sondage par téléphone). La question est : « Est-ce que le parti AAP doit contracter une alliance avec un autre parti et former un gouvernement ? » 15 millions d’Indiens votent pendant trois jours et le verdict tombe : l’AAP peut faire alliance avec son rival, le Congress Party, qui détient seulement huit sièges suite aux élections.

Ancien employé du Bureau des Impôts,  Arvind Kejriwal refuse les manœuvres de sécurité attachées à ses fonctions et les voitures de luxe mises à sa disposition. Il prend le métro pour se rendre au lieu où il doit prêter serment, choisi par le peuple: un parc public. Les membres de l’AAP s’assoient avec le peuple au lieu des confortables sièges VIP et autres protocoles dignes d’une époque monarchique révolue (ce qui, généralement, entretient la fausse impression que les élus sont supérieurs au peuple). Six autres membres de l’AAP prêtent serment et ils sont nommés cabinet ministers. Ingénieurs, hommes de loi ou journalistes de profession, ils sont tous novices en politique.

Arvind Kejriwal et les membres du parti sont conscients des attentes de la population. Il dit ceci : «  Nous n’avons pas de baguette magique pour solutionner les problèmes en un jour. Mais si les 15 millions d’habitants de Delhi restent soudés, il n’y aura aucun problème impossible à résoudre pour nous. »

Pour son premier discours, il ne cache pas les ambitions du parti : « Si quelqu’un dans le gouvernement vous demande un pot-de-vin (bribe), ne le lui refusez pas. Ensuite, vous rapporterez l’incident au numéro de téléphone que nous vous donnons et nous allons les attraper en action. »

L’AAP – C’est du jamais vu en Inde ou ailleurs… Des milliers de membres de la diaspora indienne et des citoyens ordinaires du monde entier suivent attentivement chaque geste des élus et chaque action du parti AAP. Les citoyens du monde en Inde ou ailleurs donnent leur opinion ouvertement aux élus de l’AAP par voie électronique.  L’AAP, c’est le pouvoir du peuple avec le peuple pour le peuple.

Incredible India : Ce n’est pas qu’un slogan touristique de la République de l’Inde !

 


* Published in print edition on 10 January 2014

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