Internet et vidéos en libre accès : Une école pour le crime sexuel ?

«Comment concilier le fait de vivre dans une République où il y a toutes les grandes religions et, de surcroît, une ferveur religieuse incroyable, et – en même temps – l’on permet le libre accès par les autorités gouvernementales et aussi le milieu familial, aux vidéos pornographiques et autres jeux d’argent affectant avec une violence extraordinaire la vie de nos enfants ? »

Beaucoup de vidéos sont en libre circulation sur internet. C’est un avantage quand les vidéos ne portent pas atteinte aux humains en général. Les vidéos en libre accès sur le net sont facilement accessibles à des jeunes de n’importe quel âge. L’extraction et la réutilisation est aussi un jeu d’enfant pour un certain nombre d’entre eux. Les adolescents peuvent télécharger ces vidéos et les regarder comme ils le souhaitent, seul ou avec des amis.

Toutefois, l’adolescence est une période de grande fragilité psychologique et affective chez les jeunes d’aujourd’hui. Puis, la liberté – sans aucune limite – est dangereuse. Un certain nombre de jeunes, en quête identitaire à cette période difficile de leur vie, s’adonnent à cœur joie à la recherche sur internet. Parfois, ils deviennent des internet addicts.

L’addiction à l’internet comprend divers types de vidéos : les jeux vidéo sont souvent d’une grande violence mais il y a aussi les jeux d’argent et de mise d’argent en ligne (au noir ou non). Ensuite, la pornographie s’est banalisée en même temps que l’accès à internet. De plus en plus, l’accès au cybersexe et à des sites pornographiques est ouvert. Il suffit de lire des journaux ou d’écouter les médias pour se rendre compte de l’escalade de la criminalité sexuelle. En France, de 1985 à 1990, par exemple, le nombre de plaintes pour viol a augmenté de 62%, soit presque10% par an.

Il se trouve qu’à Maurice, plusieurs parents se déchargent de leurs responsabilités familiales et sont très heureux de constater que leurs enfants sont sagement assis devant leur ordinateur à travailler dans leur chambre à la maison. Ainsi, les parents pensent que l’ordinateur leur permet d’éviter les mauvaises fréquentations. Soit ils ne connaissent pas les dangers de l’accès libre à des sites violents (pour des jeunes et moins jeunes), ou alors, ils le savent mais ils préfèrent quand même « faire comme si, il n’y avait rien de tout cela ». Quoi de mieux pour les parents pour ne pas s’occuper de leur adolescent ou adolescente. C’est très facile de feindre l’ignorance ou de rester dans l’ignorance volontairement et de dire par la suite « Nous ne savions pas ».

Joël Billieux, psychologue clinicien suisse, professeur à l’Institut de recherche des sciences psychologiques et spécialiste des addictions comportementales, et son équipe ont analysé un échantillon de plus de 1000 joueurs de World of Warcraft (WOW) recrutés en Suisse, en France et en Belgique. La spécificité de ce jeu vidéo est que les joueurs se retrouvent dans un monde virtuel permanent. Pourquoi ont-ils choisi ce jeu-là ? Réponse : Ce type d’activité sur le net figure à côté des jeux d’argent en ligne et des sites pornographiques.

Environ 20% des addicts disent que ces activités ont une influence durable sur leur vie quotidienne. Pour certaines personnes, c’est la recherche de la réussite ou la satisfaction de réussir après des efforts intenses. Ce sont les sensations fortes, la perte de contrôle, des périodes de désir intense ou l’on s’accroche pour obtenir by hook or by crook tout ce que l’on veut. L’obsession de la réussite est comparable à l’obsession pour consommer des produits illicites, la drogue, par exemple…

Pour visionner certaines vidéos pornographiques, il faut d’abord donner son identité. Mais plusieurs jeunes trichent et ne donnent pas leur âge réel… Mais un nombre important de vidéos sont aussi en libre accès. Etant donné les discussions sur la violence en milieu scolaire et ailleurs dans la société, quelques jeunes m’ont demandé de visionner une telle vidéo sur internet. Pour ces jeunes, cette vidéo est une source de grande violence.

Cette vidéo propose le scénario suivant : Un jeune homme (adulte) fait des avances à une jeune fille en lui offrant un superbe collier de diamants. La jeune fille regarde l’objet et elle est sur le point de l’accepter quand son téléphone-portable sonne. Elle regarde le nom du correspondant et très heureuse. Elle s’en va dans une autre pièce en conversant.

L’homme la suit, entend la conversation et se rend compte que la jeune fille ne l’aime pas. Alors, il arrache le téléphone-portable de ses mains. Puis, il la poursuit dans les escaliers quand elle refuse ses avances.

Enfin, pour arriver à ses fins, il assomme la fille de manière violente – il la tient par la tête et la cogne contre le mur. Lorsque la fille perd connaissance, il lui demande cavalièrement: « Pourquoi as-tu réveillé la bête qui sommeille en moi ? » Et bien entendu, il abuse d’elle. Le tout, en direct, sur le net.

Cette vidéo est abjecte et donne une image négative de l’homme et de la femme. L’homme est un animal qui ne peut pas contrôler ses instincts tandis que la femme est la tentatrice malhonnête, avide de biens matériels qui passe d’un homme à l’autre sans aucune forme d’affection pour l’un ou l’autre.

Comment concilier le fait que nous vivions dans une République où il y a toutes les grandes religions et, de surcroît, une ferveur religieuse incroyable, et – en même temps – l’on permet le libre accès par les autorités gouvernementales et aussi le milieu familial, à ce genre de vidéos affectant avec une violence extraordinaire la vie de nos enfants ?

Une enquête menée par le “US News & World Report” indique que les Américains dépensent chaque année plus de 8 milliards de dollars en articles pornographiques. Cette somme est bien plus importante que les recettes dégagées par Hollywood ! Et nous, à Maurice et à Rodrigues, avons-nous le courage de mener ce genre d’enquête pour avoir une image fine de la République et de ses mœurs ? Ou allons-nous continuer à nous gaver de religiosité affectée et de tartufferie ?

Nous vivons dans une société où la violence gagne du terrain. L’agressivité devient la norme car l’on ne sait plus parler pour résoudre des problèmes. Il n’y a plus de concessions mais il y a le stress, les conflits et les altercations et autres disputes, que ce soit verbal ou physique. Le milieu scolaire mauricien en est affecté…


* Published in print edition on 7 June 2013

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