Pèche au thon

Les “captures” dépassent très largement les ” stocks ” disponibles dans les océans!

By Vina Ballgobin

Les océans de la planète Terre sont en grande difficulté à cause de la surpêche. Depuis le début du 20e siècle à ce jour, nous avons perdu environ 90% des espèces capturées. Le cas de la disparition du “bluefin tuna” illustre la gravité de la situation. Capturé et vendu au Japon, aux Etats-Unis et en Europe, cette espèce a été décimée uniquement à cause des capacités accrues et modernes de capture, le rôle souterrain joué par des entreprises internationales dans le commerce du thon et qui engrangent de la sorte des profits mirobolants, l’incapacité ou l’absence de volonté des pays à réglementer et/ou à renforcer les bonnes pratiques de pêche, et ajoutons à la liste, l’ignorance des consommateurs à propos de l’extinction des espèces qu’ils consomment pour leur goût. 12 espèces de requins fortement commercialisées dans le passé sont, aujourd’hui, en voie d’extinction. Sur la côte ouest de l’Afrique, des paquebots de pêche, locaux ou étrangers, ont dépouillé des zones entières de leurs ressources marines, privant les habitants de leur unique source de protéine.
L’Union européenne, des subsides espagnols, des entreprisesjaponaises et françaises de renom ont largement participé à la surpêche industrielle du “bluefin tuna”. Ecologistes et scientifiques se mobilisent pour protéger les ressources marines dans le dernier bastion de ces pauvres “tuna”: l’ océan Indien.

Les thons et les espèces apparentées sont très importants du point de vue économique et nutritionnel. Cette catégorie comprend une quarantaine d’espèces présentes dans les océans Atlantique, Indien et Pacifique et en mer Méditerranée. Leur production mondiale a régulièrement augmenté, passant de moins de 0,6 million de tonnes en 1950 à plus de 6 millions de tonnes aujourd’hui.

En 2010, les captures de ces espèces ont frôlé les quatre millions de tonnes, soit environ 66% des captures totales de tous les thons et espèces apparentées. Les captures des principales espèces commerciales de thons sont indiquées ci-dessous.

Dans un rapport des Nations Unies en 2010, la FAO déclare que le potentiel maximal de prélèvement sur les stocks naturels des océans de la planète a probablement été atteint.  Globalement, 80% des stocks de poissons pour lesquels des résultats d’évaluation sont disponibles sont déclarés pleinement exploités ou surexploités et nécessitent donc une gestion alternative.

En 2007, environ 28% des stocks faisant l’objet d’une surveillance de la part de la FAO étaient surexploités, épuisés ou en cours de reconstitution et produisaient donc moins que leur rendement potentiel maximum. 52% des stocks étaient pleinement exploités, générant des captures dont le volume était proche du seuil d’équilibre, interdisant toute expansion future. Seuls 20% des stocks étaient modérément exploités ou sous-exploités. Les zones où les proportions de stocks pleinement exploités sont les plus élevées étaient l’Atlantique Nord-Est, l’océan Indien occidental et le Pacifique Nord-Ouest.

Le stock de thon rouge, qui se trouve très majoritairement dans l’Atlantique Est et en Méditerranée,  diminue rapidement : 74,2% de 1957 à 2007 dont 61% au cours des dix dernières années. Le risque d’extinction est extrêmement élevé.  Les quotas ont connu une importante diminution en 2010, passant de 30,000 tonnes à 13,500 tonnes. La pêche industrielle est presque exclusivement destinée au marché japonais. Elle alimente également les fermes d’élevage qui engraissent les jeunes poissons destinés aux étals des poissonniers.

Mais avant toute interdiction du commerce mondial du thon rouge, qui passe par son inscription à l’annexe I de la Convention de l’ONU sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (CITES), telle que préconisée par la France, par exemple, d’autres pays comme l’Italie souhaite obtenir des données scientifiques incontestables avant de se prononcer…

ICCAT

La Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (ICCAT) est une organisation de pêche intergouvernementale qui règlemente la pêche au thon et les quotas de pêche. L’organisation a été établie à une Conférence de Plénipotentiaires, qui a préparé et adopté la Convention Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique, signée au Brésil, en 1966. La Convention est entrée en vigueur officiellement en 1969. l’ICCAT compte actuellement 48 membres provenant de toutes les Amériques (du Nord, du Sud et centrale), de l’Europe et de l’Afrique ainsi que des pays de l’Asie et du Pacifique Sud. Le Canada en est membre depuis la création de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique en 1969.

Autres pays membres – 1967 : Etats-Unis, Japon, Afrique du Sud ; 1968 : Ghana, Canada, France (St-Pierre et Miquelon) ; 1969 : Brésil, Maroc ; 1970 : République de Corée ; 1972 : Côte d’Ivoire ; 1976 : Angola ; 1977 : Russie, Gabon ; 1979 : Cap-Vert ; 1983 : Uruguay, Sao Tome Principe, Venezuela ; 1987 : Guinée Equatoriale ; 1991 : Rep. Guinée ; 1995 : Royaume Uni, 1995 : Libye ; 1996 : Rep. Populaire de Chine ; 1997 : Croatie, Union Européenne, Tunisie ; 1998 : Panama ; 1999 : Trinidad & Tobago, Namibie ; 2000 : Barbados ; 2001 : Honduras, Algérie ; 2002 : Mexique, Vanuatu, Islande ; 2003 : Turquie : 2004 : Philippines, Norvège, Nicaragua, Guatemala, Sénégal ; 2005 : Belize, Syrie ; 2006 : st Vincent & Les Grenades ; 2007 : Nigeria, Egypte ; 2008 : Albanie, Sierra Leone, Mauritanie.

Environ 30 espèces relèvent directement de l’ICCAT : thon rouge de l’Atlantique (Thunnus thynnus thynnus), listao (Katsuwonus pelamis), albacore (Thunnus albacares), germon (Thunnus alalunga) et thon obèse (Thunnus obesus) ; espadon (Xiphias gladius) ; istiophoridés, tels que makaire blanc (Tetrapturus albidus), makaire bleu (Makaira nigricans), voilier (Istiophorus albicans) et makaire bécune (Tetrapturus pfluegeri) ; les thazards, comme le thazards atlantique (Scomberomorus maculatus) et le thazard barré (Scomberomorus cavalla), les thonidés mineurs, comme la thonine commune (Euthynnus alletteratus), l’auxide (Auxis thazard), et la bonite à dos rayé (Sarda sarda).

Canada et développement durable

La pêche est une industrie au Canada. C’est un des secteurs les plus importants pour l’économie du pays. Les produits de mer étaient au premier rang des exportations canadiennes en 2008 : plus de 80% des produits de la mer est destiné à l’exportation. Cette industrie rapporte environ 4 milliards de dollars. Malheureusement, la santé et la compétitivité de la pêche canadienne sont menacées par des pratiques illégales et destructrices de l’environnement marin. Il est connu que l’écosystème terrestre ou marin est affecté quand une partie de la nature est détruite ou pillée.  Les autorités canadiennes se sont penchées sur ce problème car il est important de protéger l’environnement marin pour les générations futures.

Le Canada s’est doté de mesures de gestion rigoureuses pour assurer la durabilité de la pêche au thon rouge de l’Atlantique et pourrait servir d’exemple au monde afin de renforcer la gestion globale et la conservation de l’espèce.

Les priorités à l’échelle internationale de Pêches et Océans Canada (MPO) sont d’assurer la durabilité des pêches, des industries et des écosystèmes, à travers des moyens tels que

–       mettre fin à la surpêche,

–       améliorer la façon dont la communauté internationale gère les stocks en haute mer,

–       préserver la santé des écosystèmes océaniques et assurer la santé à long terme des océans et des stocks de poissons mondiaux,

–       développer un système commercial juste et équitable qui ne met pas en péril les intérêts canadiens.

Principales mesures de gestion de la pêche au thon rouge au Canada

1.      Contrôle des permis : C’est une pêche à accès limité et le nombre de permis est fixe.

2.      Système de marquage conventionnel des poissons : Tout pêcheur doit se procurer les marques conventionnelles. Celles-ci sont numérotées et contrôlées par un système informatisé. Chaque prise ramenée à quai porte obligatoirement une marque qui permet de retracer chaque thon capturé à partir du moment où il est embarqué dans un camion jusqu’à ce qu’il arrive sur un marché, peu importe l’endroit. Ainsi, les autorités canadiennes contrôlent les quotas avec précision en fonction des prises autorisées à chaque flotte. [La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique attribue des quotas à ses pays membres. La certification et la traçabilité sont indispensables.]

3.      Système de contrôleur indépendant : Les gestionnaires des pêches, les scientifiques et les agents d’application de la loi ont accès en temps réel au nombre de poissons capturés, leur poids et leur numéro de marque. Par conséquent, cela limite les prises de thon rouge, permet de contrôler leur taille et de mesurer avec précision la quantité de thon capturée à partir d’avis scientifiques stricts.

4.      Suivi, contrôle et surveillance : Les activités illégales et la surpêche sont maîtrisées à travers le contrôle strict de bateaux de pêche dans les eaux territoriales canadiennes et au-delà de la limite des 200 milles nautiques.

Les résultats de cet engagement de l’Etat canadien sont probants. L’Organisation des Pêches de l’Atlantique Nord-Ouest (OPANO) se transforme en une Organisation Régionale de Gestion des Pêches (ORGP). La surpêche étrangère  dans l’Atlantique Nord-Ouest est presque stoppée. Un projet est en cours pour contrôler les pratiques malsaines et illégales telles que la pêche au filet dérivant en haute mer dans le Pacifique Nord-Ouest.  Le Canada fait des efforts pour protéger les monts sous-marins et les récifs coralliens abyssaux (d’eau froide), parties de l’écosystème marin vulnérable au-delà de ses eaux territoriales.

De plus, le Canada travaille avec la communauté internationale au sein des Nations Unies, entre autres, afin de renforcer la pérennité des ressources halieutiques, assurer la durabilité des pêches et développer de bonnes pratiques pour la gestion des océans. Le Canada sou-haiterait renforcer les liens et consolider ses alliances avec des États de pêche dans les pays industrialisés et aussi dans les pays en voie de développement. Sur le plan régional, le Canada souhaite renforcer l’échange entre pays afin de  mettre en commun les connaissances et partager les bonnes pratiques. Les autorités canadiennes favorisent la gestion éco-systémique et l’approche de précaution.

Et nous ?

Toute intensification de la pêche devrait être contrôlée dans l’océan Indien. La responsabilité d’une République qui se veut et se déclare  écologique (MID) est totale dans cette partie du monde car la mer est en train de devenir un désert…

Pêcheries thonières industrielles opérant entièrement ou partiellement en haute mer


* Published in print edition on 1 November 2012

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