Energies renouvelables: Le combat des Terriens responsables

Par Vina Ballgobin

En tant que petites îles insulaires, l’Ile Maurice et l’Ile Rodrigues comme les autres îles de l’océan Indien font face à de nombreux défis : écosystèmes fragiles, vulnérabilité au changement climatique, surface habitable limitée et destruction du patrimoine local, érosion des zones côtières et destruction des coraux en mer, dépendance sur les énergies non-renouvelables (huile lourde et charbon) et dépendance sur les aléas économiques internationaux.

A partir de ces considérations, est née la volonté d’un certain nombre de citoyens ordinaires mauriciens de mener plusieurs combats écologiques pour la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel de la République, sans arrière-pensée telle que développer ou favoriser un agenda économique personnel. Par ailleurs, la hausse récente des prix de sources d’énergies traditionnelles (hausse de l’ordre de 20% de l’huile lourde) a accéléré la prise de conscience de la classe politique de notre vulnérabilité.

Dans un certain sens, pour nous Mauriciens, certains événements climatiques ont été favorables pour accélérer une prise de conscience des pouvoirs publics : les pluies torrentielles (flash floods) et la chaleur caniculaire, par exemple, ont rapidement remis toutes les pendules à l’heure, nous rappelant que nous sommes des îlois vulnérables.

Ainsi, un projet d’envergure prend naissance en 2007: le MID (Maurice Ile Durable) où tout simplement la République de Maurice prend l’engagement de se transformer en ayant des objectifs précis.

“The main thrust of the project Maurice Ile Durable, is to make Mauritius less dependent on fossil fuel, with a target of 65% autonomy by the year 2028 through increased utilization of renewable energy and a more efficient use of energy in general.” (1)

Cela aurait été merveilleux si l’histoire s’était arrêtée là. Mais les circonstances démontrent que les plans malvenus et déplacés de certains sont toujours tapis dans l’ombre, prêts à refaire surface au moment opportun. Comme d’habitude, c’est le conflit entre le monde du capitalisme, d’un côté et un projet de société – le projet écologique ou MID, de l’autre côté. A chaque fois, ce genre de dérapages nous rappelle que nous avons beaucoup de chemin à parcourir pour avoir la même rigueur que Singapour ou l’Allemagne quand il s’agit de l’implémentation de nos projets.

Dans chaque pays, pour atteindre les objectifs écologiques fixés, il faut combattre plusieurs intérêts capitalistes qui continuent de véhiculer de fausses informations pour perpétuer le développement dit-destructeur pour la planète. A Maurice, nous savons que notre avenir en dépend sur le plan économique, social, culturel et environnemental, entre autres.

L’enjeu est de taille : faut-il ou non se tourner vers les énergies renouvelables qui réduiraient notre dépendance sur les autres formes d’énergies utilisées habituellement mais très polluantes ? Quels avantages aurions-nous à être moins en proie aux fluctuations de l’économie mondiale et aux prix exorbitants exigés internationalement pour la fourniture en énergies non-renouvelables ?

Les Mauriciens, conscientisés à cette problématique, sont, sans l’ombre d’un doute, en faveur d’un plan énergétique holistique ou le mix-énergétique. D’ailleurs, le Special Adviser du Premier ministre est en faveur de ce type de développement.

« According to Professor de Rosnay this objective can be achieved through the use of biomass, bio-ethanol, biogas – 35%, solar 15%, wind 6%, hydro 3%, cogeneration 3% and waves 3%.” (2)

Rappelons aussi qu’en 2009, à Copenhague, le Premier ministre avait annoncé, qu’avec l’aide internationale, la République devrait pouvoir produire au moins 60% de ses besoins énergétiques à partir de sources d’énergies renouvelables vers 2025. Notons, en passant, que nos voisins l’Ile de la Réunion et les Maldives visent, eux, un objectif plus ambitieux : un apport de 100% de leurs besoins énergétiques à partir d’énergies renouvelables.

Aujourd’hui, à Maurice, le problème réside dans l’incohérence entre la volonté soutenue de faire de notre République un modèle écologique et de l’autre, la volonté irrationnelle de maintenir une dépendance forte sur les sources d’énergies non-renouvelables qui coûtent – finalement – aussi chères que le développement de nouvelles sources d’énergies renouvelables. Les propositions de 2009, en termes de mix-énergétique sont surprenantes, avec une réduction du pourcentage total de plusieurs sources d’énergies renouvelables et le maintien du charbon et de l’huile lourde à un taux élevé.

Du site-web du Ministry of Renewable Energy and Public Utilities, relevons parmi ses objectifs, la politique suivie en faveur du développement énergétique : « To maximise the use and benefits of indigenous renewable sources of energy” (5) et un lien « UN Sustainable Energy for All Year 2012 » comprenant divers articles traitant, entre autres, des avantages de se tourner vers les énergies propres (6). Notons au passage qu’il existe aussi un lien avec le CEB, plutôt pauvre en informations sur le développement durable.

Pourquoi avoir changé le nom de ce ministère en y accolant « renewable energy » si la politique suivie demeure archaïque ? Par ailleurs, il existe déjà une industrie de production à partir du charbon et de la bagasse. Il faut certainement briser le monopole en favorisant l’arrivée de nouveaux venus dans le secteur. Mais il faudrait que ceux-ci soient disposés à investir de leurs fonds propres au lieu de continuellement s’appuyer sur la population de Maurice ou les autorités pour financer les investissements ou les augmentations de prix de fonctionnement.

(1) & (2) http://www.gov.mu/portal/goc/mpu/file/ile.pdf, p. 1

(3) Ministry of Public Utilities, Republic of Mauritius (MPU), 2007. Outline Energy Policy 2007-2025, p. 17.

(4) Ministry of Renewable Energy and Public Utilities, Republic of Mauritius (MREPU), October 2009. Long term energy strategy 2009-2025, p. 35.

(5) http://www.gov.mu/portal/site/mpusite/menuitem.0cf5bf8420bcb51261f5fbbea0208a0c/

(6) http://www.uom.ac.mu/sites/mid/docs/sustainable_energy_for_all.html

 


* Published in print edition on 26 August 2012

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