Protégeons l’éthique – Protégeons tout enfant-mineur victime de sévices sexuels

By Vina Ballgodin

Plusieurs rapports nationaux et internationaux sur Maurice rapportent des cas d’enfants victimes d’abus ou de commerces sexuels. «Mauritius is a source country for children and, to a much lesser extent, men and women subjected to sex trafficking within the country. Secondary school-age girls and, to a lesser extent, younger girls from all areas of the country, including from Rodrigues Island, are induced into prostitution, often by their peers, family members, or by businessmen offering other forms of employment. Young girls are sometimes sold by a family member into prostitution or forced into the sex trade in exchange for food and shelter.

Taxi drivers are known to provide transportation and introductions for both the girls and the clients. Girls and boys whose mothers engage in prostitution are reportedly vulnerable to being forced into prostitution at a young age. Some drug-addicted women are forced into prostitution by their boyfriends, who serve as their pimps.” (US Department of State trafficking in persons Report 2011 Country report: Mauritius)

Dans cette catégorie d’enfants, il y a un certain nombre d’enfants-mineures. Autant il est facile de parler et de donner des leçons de morale, autant le travail de terrain des travailleurs et volontaires sociaux, et des fonctionnaires de l’Etat est complexe. Ils sont en prise à la réalité quotidienne des enfants-mineures violées et de leurs petits chérubins innocents, souvent abandonnés. C’est extrêmement facile de tenir salon pour argumenter contre un projet de loi en faveur de l’avortement dans des conditions spécifiques mais c’est infiniment plus difficile de mettre un terme à la prostitution des jeunes quand des pseudo-parents envoient leurs enfants vers la prostitution tous les soirs. Et à stopper les adolescents/tes de toutes les communautés qui sèchent les cours au collège pour s’adonner à la prostitution de luxe en vue d’acheter un téléphone-portable dernier cri! C’est beaucoup plus facile de parler d’éthique à travers des conférences de presse à gogo que d’agir pour changer la vie des jeunes.

Souvent plusieurs de ces enfants-mineures sont non seulement victimes de la prostitution mais aussi victimes sans défense de viol, d’inceste, de sodomie, de maltraitance et d’autres sévices sexuels. Nommons l’impudicité et  la cupidité comme premiers coupables. Pourtant les textes religieux disent : «  Que le mariage soit honoré de tous, et le lit conjugal exempt de souillure, car Dieu jugera les impudiques et les adultères. » Malheureusement, les enfants-mineures sont victimes de tous ces actes immoraux et elles finissent un jour par tomber enceintes.  Leur(s) agresseur(s) ne les reconnaissent pas comme une bénédiction de Dieu mais uniquement comme objet de désir sexuel. Malgré les efforts de plusieurs instances — gouvernementales ou privées, religieuses ou laïques, travailleurs sociaux, citoyens volontaires, et un certain nombre d’instituteurs et de psychologues scolaires – qui ont essayé de résoudre les problèmes liés au « revolving door syndrome », beaucoup d’enfants nés dans des conditions extrêmement « violentes » et vivant dans des contextes familiaux « très violents » subissent l’effet ping-pong.

Comme dans beaucoup d’autres pays au monde en proie à ce genre de problèmes, on les éloigne du monde de la violence uniquement pendant un court instant. Malheureusement, ils finissent inévitablement par s’y retrouver à un moment ou à un autre.  Certains ont à peine le temps de sortir de ce calvaire qu’ils s’y retrouvent réinjectés de gré ou de force. L’on remet les compteurs à zéro et l’on reprend le jeu avec les mêmes règles. L’enfant-mineur intègre un cycle mimétique où tout est “ping-pong verbal” ou “ping-pong physique”, le but étant de pomper l’énergie des autres pour survivre. Voilà la vie de ces enfants qui n’ont jamais l’occasion de « grandir pour que le dessein de Dieu s’accomplisse » puisqu’ils deviennent  prostitués, drogués, violeurs ou victimes de sévices sexuels et de viols…

“There were reports from the nearby island of Madagascar that women and children were trafficked to the islands of Reunion and Mauritius for prostitution.” (US Department of State, Country Reports on Human Rights Practices – 1999, 25 February 2000). “In October the new Minister of Women’s Rights, Child Development, and Family Welfare released a 1998 study on the sexual exploitation of children (…) the study reported that children enter into prostitution as early as age 13; their clientele included industrialists, professionals, police officers, parliamentarians, and ministers.” (US Department of State. Country Reports on Human Rights Practices – 2000, February 2001). “Although child prostitution is invisible, it is rampant. The level of child prostitution is highest in tourist areas.” (Save the Children-Mauritius and Association des Juristes Mauriciens, A child in need is a friend of mine, submission to the UN CRC, September-October 1996)

Toutes les propositions émises ces derniers temps dans le cadre des débats anti-avortement ont déjà été dites, entendues et essayées. Avec de telles propositions, l’on pourrait bâtir un monde idéal mais la vérité est différente. Force est de constater que les résultats sur le terrain pour aider les adultes ou les enfants-mineures victimes de sévices sexuels ont été limités. Plusieurs enfants non-désirés, issus ou non de viols,  sont abandonnés dans la poubelle du coin ou ailleurs.

“Although incidents of child abuse are reported, private voluntary organizations claim that the problem is more widespread than is acknowledged publicly. Most government programs are administered by the state-funded National Children’s Council and the Child Development Unit at the Ministry of Women, Family Welfare, and Child Development, which provides counseling, investigates reports of child abuse, and takes remedial action to protect affected children. [1999 Country Reports on Human Rights Practices Released by the Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor US Department of State, February 25, 2000]

“The government made notable efforts to prevent the sex trafficking of children and reduce the demand for commercial sex acts during the year. In 2008, the Ministry of Tourism, Leisure, and External Communications published and distributed to hotels and tour operators 3,000 pamphlets regarding the responsibility of the tourism sector to combat child sex trafficking. Law enforcement and child welfare officials conducted surveillance at bus stops, night clubs, gaming houses, and other places frequented by children to identify and interact with students who were at a high risk of sex trafficking. The Police Family Protection Unit and the Minor’s Brigade, in conjunction with the MOWCD’s Child Development Unit, conducted a widespread child abuse awareness campaign at schools and community centers that included a session on the dangers and consequences of engaging in prostitution; this campaign reached over 12,035 persons in 2008, including 145 parents, 300 primary school teachers, and 35 youth leaders. In addition, the police provided specific training on avoiding child prostitution to over 100 children in Flic en Flac, a tourist destination on the west coast of the island [Mauritius (TIER 1) Extracted from US. State Dept Trafficking in Persons Report, June 2009]

“The government sustained its protection of child trafficking victims during the reporting period, providing funding to NGOs running shelters for victims of abuse on a reimbursable basis – $6 per day for the protection of each child, including victims of trafficking. CDU officials regularly referred abused and exploited children to these organizations for shelter and other assistance. The Minors Brigade systematically refers all cases of identified children in prostitution to the CDU for victim assistance; in 2010, the brigade referred one such child, a boy, for protective services. The CDU did not, however, refer all cases of child prostitution identified by its officers to the Minors Brigade for possible investigation, as some victims or their relatives did not wish to press charges; however, the victims still received medical and psychological assistance provided by CDU. The government-funded, NGO-run drop-in center for sexually abused children, which provided counseling to five girls engaged in prostitution in 2010, advertised its services through a toll-free number and community outreach; its social worker continued to promote the services in schools and local communities. Nonetheless, due to the drop-in center’s lack of shelter facilities and the often crowded conditions at NGO shelters, comprehensive protective services were not always readily available to all victims identified within the country.” [US Department of State trafficking in persons Report 2011 Country report: Mauritius]

Pourtant plusieurs croyants ou athées sont concernés par la vie et la protection de la vie dans notre pays. Mais le constat est flagrant: les actions entreprises par les institutions gouvernementales, religieuses ou laïques ont été nettement insuffisantes pour protéger les enfants-mineures face à la montée des dérèglements sociaux.  De plus, il n’y a pas une foule de croyants ou d’athées prêts à entourer les enfants-mineures de beaucoup d’affection afin de guérir leur cœur brisé et panser leurs blessures psychologiques. D’ailleurs, les religieux ont laissé pourrir la situation par leur silence. Chez nous, l’on tue avec une violence inouïe, l’on viole des enfants-mineurs, les trafiquants de drogue recrutent une bonne partie de leur clientèle dans ce monde de la violence. Y avait-il quelqu’un pour parler d’éthique avant l’avènement de ce projet de loi pour l’avortement dans certaines conditions dites extrêmes? Aujourd’hui, l’immoralité a gagné du terrain au point d’être devenue une seconde nature chez certains. Beaucoup  ne distinguent plus ce qui est saint de ce qui est profane. L’homme perd son âme pour assouvir sa cupidité. Toute cette rapacité a même fait oublier à certains que Dieu existe…

“[There] is a large number of child prostitution found in the island. Prostitution is very common in Mauritius (…). You will hear that Mauritian women are very conservative, but prostitution exists. Both men and women prostitution are found in Mauritius island. Men prostitution is more common the last 2-3 years. The men who prostitute themselves will tell you that they are just having some fun with some women from international countries. A lot of young girls, students start to prostitute themselves, for some pocket money or some higher comforts with the false trends which keep growing all the time in Mauritius, just to try because their girlfriends are doing it and telling them how easy it is to get some money. But when they prostitute and see how easy they can earn money, they stop studying and just go on with prostitution, as it is an easy way to earn some money. Normally the government doesn’t allow prostitution in Mauritius but it seems to be tolerated even though they are trying to make of Mauritius an island without prostitution.” [http://www.quatre-bornes.com/about-us/]

Le temps n’est-il pas venu de protéger les enfants-mineures ? Ne devons-nous pas tout mettre en œuvre pour sauver « celles qui ont l’esprit dans l’abattement » à cause des actes atroces commises sur leur personne ?  Qui est le croyant ou l’athée qui accepterait — en son âme et conscience — d’envoyer les enfants-mineures vers un éreintement  physique et psychologique sans fin, sans espoir d’outrepasser les effets collatéraux liés aux sévices sexuels endurés dans l’épouvante? Cette souffrance n’est pas visible. Elle est silencieuse. Elle se lit dans les yeux des victimes. Enfant mineure-mère ou petit chérubin d’une enfant mineure-mère, les deux connaissent la détresse humaine, les longues nuits solitaires sans personne à qui se confier, la peur au ventre… Il n’y a pas beaucoup de traces sur le petit corps maigrichon, pourtant meurtri et endolori par tant d’années de sévices sexuels…

Parce que les souffrances psychologiques sont invisibles et n’entraînent pas la mort physique, cela n’aurait donc aucune espèce d’importance ? La vie de ces enfants maltraités et abandonnés serait écrite et tracée au point d‘être indélébile ? Les enfants nés dans et par la violence mèneront une vie dans la violence domestique. Ils subiront la maltraitance,  le viol, l’inceste,  la sodomie – trois actes condamnables sur le plan éthique et religieux – avant même d’avoir atteint l’âge de cinq ans.  Par ailleurs, plusieurs de ces enfants-mineures non désirées issues de liens contractés par la force et la cruauté seront abandonnées et elles embrasseront de force le métier de la prostitution. Dans quel texte sacré est-il écrit qu’un enfant doit naître pour être sodomisé et/ou violé et/ou être victime de liens incestueux par un membre de sa famille ? Quel est ce croyant qui voudrait qu’une mineure – qui n’a pas connu d’enfance elle-même — mette au monde  un enfant qui vivra probablement le même calvaire que sa mère, une fille-enfant? Quelle est cette religion qui dit : « Laissez naître de tels  enfants. Qu’ils  vivent dans la maltraitance. Qu’ils subissent toutes sortes d’injustices pour satisfaire les tentations des adultes. Qu’ils remplissent les poches des gros requins. Qu’ils vénèrent  les temples de la drogue. Qu’ils périssent illettrés. » ?

Une telle religion n’existe pas. N’est-il pas temps de briser la chaîne de la violence faite aux enfants-mineures ? Ne faudrait-il pas les protéger et leur donner l’occasion de vivre enfin leur enfance ? Pour cela, il faudra les libérer de leurs problèmes psychologiques et de ce mal-être profond incrusté au plus profond  de leur être. Toutes les religions prônent  l’amour et demandent que l’on entoure les enfants d’affection au sein d’un couple soudé par la fidélité, n’est-ce pas ?  Aucune religion ne dit qu’une enfant-mineure doit obligatoirement mettre au monde un enfant non-désiré conçu dans la violence la plus abjecte car plusieurs péchés capitaux dominaient les sens d’un homme quelconque (qui pourrait aussi bien être le père, le frère, le cousin ou l’oncle de la jeune fille) à un moment donné. Tenons donc compte des  « multiple effects » affectant l’enfant-mineure victime de désirs charnels mal placés et mal consommés. N’oublions pas  les sentiments de honte, de déshonneur et de culpabilité  qui la hantent et qui finiront plus souvent par la rejeter un jour ou l’autre dans l’ivrognerie, la fornication, l’adultère, et tant d’autres abominations… Au nom de quoi ne faut-il pas  protéger l’enfant-mineure d’un cycle infernal afin qu’elle puisse croître et se développer dans tout ce qu’elle est, qu’elle soit bien encadrée pour qu’elle devienne une femme prête mentalement et psychologiquement à prendre l’engagement, au sein d’un couple fidèle, d’élever ses enfants  désirés  en les corrigeant et en les instruisant selon les volontés de Dieu ?

Toutes les religions prêchent le bien. Alors n’excitons pas des querelles par orgueil. Le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur et la tempérance. Ne faisons pas à ces enfants-mineures ce que l’on ne ferait pas à nous-mêmes et/ou à nos enfants. Il est temps de voter en faveur de ce projet de loi au Parlement.  Que tous les croyants et non-croyants se serrent plutôt les coudes pour résoudre le problème de l’effritement de la moralité dans notre pays.


* Published in print edition on 1 June 2012

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