Comment contrôler les connaissances acquises pendant les apprentissages scolaires ?

 Evaluation en éducation

By Vina Ballgobin

A Maurice, tout le monde se prétend spécialiste de l’éducation et souvent, les uns les autres font des affirmations totalement erronées qui, malheureusement, sont publiées dans la presse écrite. Ainsi, certains ont parlé trop vite à propos du « contrôle continu » en certifiant haut et fort que cette manière de contrôler les apprentissages ne mesure pas la performance de l’enseignant… Ci-dessous quelques clarifications. Dans le passé, à Maurice, il existait une évaluation par trimestre et une évaluation de fin d’année. En général, les jeunes sont fatigués à la fin de quelques mois et ils révisent les leçons à la dernière minute. Ils travaillent plutôt pour les examens et ils n’ont pas vraiment conscience de l’importance d’apprendre pour acquérir des connaissances. Les meilleurs élèves, ceux qui ont tout compris en classe et ceux qui n’ont rien compris en classe mais qui ont les parents pour les aider réussissent ces examens et passent en année supérieure. D’ailleurs, l’examen le plus important est le dernier examen de l’année académique – tout se joue à ce moment-là. Ainsi, les « mauvais élèves » révisent comme les autres à la fin de chaque trimestre mais ils apprennent par cœur des données sans les comprendre ou alors ils sont découragés par la somme de connaissances qu’ils ne maîtrisent pas. Ils ne savent pas non plus à qui s’adresser pour les aider à la dernière minute.

C’était l’époque où il n’y avait pas tant de spécialistes en éducation et surtout la docimologie (la science qui étudie les examens, les contenus, les choix des épreuves, les modalités des épreuves, la grille de correction, la grille de notation) n’était pas encore un domaine connu. Graduellement, les recherches ont démontré que de tels examens comportent un élément de chance (par exemple, un élève peut tomber malade la veille des examens ou le jour de l’examen ; un élève peut perdre un membre de sa famille pendant les examens ; il en est affecté émotionnellement et psychologiquement ; sa performance sera donc affectée aux examens.

Inversement, un jeune révise quelques thèmes et le papier d’examen porte sur ces sujets-là ; sa performance sera donc bonne). Ces examens font aussi appel à une capacité de mémorisation importante. Toutefois, si un pays agricole a besoin de beaucoup de travailleurs manuels sans diplôme et peu de personnel sachant lire et écrire, ce genre d’examens en fin de trimestre et en fin d’année académique, nommée évaluation sommative, est convenable.

Aujourd’hui, la République de Maurice a besoin d’une population qui sait lire et écrire pour exercer n’importe quel métier. Il est important que les jeunes soient bien suivis dès le début de leur scolarisation afin de les aider à avancer et à progresser sur le plan scolaire. Ainsi, les chercheurs en docimologie préconisent de plus en plus le contrôle continu, qui est une évaluation par étapes pour mesurer la performance des apprenants, comprendre leurs difficultés et améliorer leurs connaissances pendant les apprentissages scolaires.

1/ Le contrôle continu vérifie la quantité de connaissances assimilées par chaque jeune. A la fin d’une période donnée (variant d’une semaine à la fin d’une séquence sur un thème), l’enseignant vérifie si tous les apprenants de sa classe ont compris le thème abordé et cela lui permet soit de préparer des cours supplémentaires pour la classe pour stabiliser les connaissances soit de regrouper les jeunes en difficultés pour leur expliquer ce qu’ils n’ont pas compris ou de leur accorder une attention individuelle.

2/ Le contrôle continu évalue l’enseignant. Il peut arriver qu’aucun élève n’ait rien compris ou seulement 5% de la classe ait réussi le contrôle continu. Alors l’enseignant doit se poser des questions sur lui-même et son mode de fonctionnement en classe comme par exemple,

–       A-t-il bien vérifié le niveau des jeunes avant de commencer les cours ?

–       A-t-il abordé le thème de la bonne manière ou y aurait-il une autre façon de faire qui serait plus accessible aux jeunes ?

–       A-t-il utilisé des techniques qui conviennent aux jeunes lors des explications ?

–       A-t-il donné suffisamment de devoirs (dits devoirs d’application) pour que l’élève comprenne bien ce qu’il a expliqué ?

–       A-t-il bien indiqué les critères de réussite pour les devoirs et le contrôle ?

3/ Le contrôle continu facilite la remédiation. Etant donné que l’enseignant comprend très vite ce qui ne va pas dans sa classe, il peut aider le jeune en difficulté à chaque étape de son apprentissage et l’aider à ne pas se retrouver en situation d’échec. Il est possible que l’enseignant rencontre les parents et leur parle des difficultés de leur enfant et de la manière d’y remédier (en admettant que le problème provienne de l’absence de culture scolaire au sein de la famille). En général, les parents apprécient mieux les évaluations continues qui aident leur enfant plutôt que l’évaluation sommative de fin d’année.

Comme tout système de contrôle de connaissances, le « contrôle continu », seul, ne permet pas de mesurer les apprentissages dans le long terme. De quoi se souvient un jeune à la fin du trimestre ou de l’année ? A-t-il suffisamment de capacité de mémorisation pour se souvenir de tout ce qui a été étudié pendant l’année académique ? Que faire dans le cas contraire pour assurer la continuité des apprentissages ? Aujourd’hui, chaque pays cherche sa voie en adoptant un éventail de moyens d’évaluation, en dosant contrôle continu et contrôle de fin d’année académique, sans se reposer sur la seule évaluation sommative.

En pre-vocational, l’introduction du « contrôle continu » permettrait la mise en place du « diagnostic testing » afin de venir en aide aux jeunes qui ont besoin d’aide spécialisée afin de savoir lire et écrire. (Tel serait le cas pour au moins 20% – 25% des jeunes.) Il y a aussi tous ces enfants hyperactifs ou pas actifs du tout et des enfants sourds et malvoyants. Aujourd’hui, depuis l’école primaire en ZEP, ils sont pris en charge sur le plan social, émotionnel et affectif en milieu scolaire – c’est déjà bien — mais il faudrait aussi se pencher sur leurs multiples difficultés cognitives. Le « contrôle continu » permettrait de mieux encadrer et orienter les jeunes. Il y aurait plus de liens avec les parents ou, par défaut, ceux qui en sont responsables. Le contrôle continu permettrait aussi de mieux organiser les cours pour les enseignants en focalisant sur leurs demandes et leurs besoins.


* Published in print edition on 13 May 2011

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