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Education – quels enjeux?

 

A deux semaines des élections, on doit ici s’étonner que la politique éducative de demain ait reçu si peu d’attention. Quand elle l’est, c’est surtout, semble-t-il, pour évoquer la place à accorder au créole, comme médium de support ou d’enseignement ou comme matière d’études, à l’école. C’est important mais cela ne doit aucunement masquer les autres enjeux. Est-ce le signe que les drames et les traumatismes des années Obeegadoo se soient estompés avec les réformes et les grandes avancées entreprises par l’Alliance sociale au pouvoir?

Ou est-ce que le MMM et ses supporters dans la presse évitent soigneusement de fournir des précisions sur ce dossier sensible ? Dans les deux cas, il devient encore plus impérieux que le MMM et ses associés affichent clairement leurs intentions, car l’avenir de l’éducation nationale concerne légitimement des centaines de milliers de parents.

 

 

Ce sont après tout des prétendants au changement, alors que dans le cas de l’Alliance de l’Avenir, les grandes lignes sont connues et les axes futurs déjà balisés, même si on souhaite tout autant les voir dans leur manifeste électoral. Le nombre de Collèges d’Etat (rétablis) et de nouveaux Collèges Régionaux de plein régime (Forme 1 à VI), sans compter le rehaussement conséquent de nombreux Collèges privés non-confessionnels, font que la pression scolaire se fait aujourd’hui beaucoup moins sentir. Cette transformation n’a suscité ni hystérie, ni démagogie et elle s’est implémentée, au sortir de l’ère Obeegadoo, sans pénaliser les élèves, parents et les citoyens.

Sur ces bases de restructuration, il faut reconnaître que le ministre Bunwaree a contribué grandement à lancer les pistes de l’avenir avec la remise en cause progressive des leçons particulières ou du CPE. Quant à l’éducation tertiaire et technique, en pleine floraison, elle peut déjà offrir sur place des dizaines de filières différentes pour des milliers de nos élèves les plus méritants avec la mise en place des bourses d’études pour beaucoup d’entre eux. C’est un chantier en mouvement qui est appelé à s’étoffer d’année en année car rien ne peut rester statique, mais l’Alliance sociale a démontré que dans un petit pays aussi complexe, la réforme éducative doit être progressive et non idéologique, encore moins teintée par un fort relent de communalisme.

En effet, il n’est pas inutile de rappeler ici les tourmentes vécues par la population sous la férule d’Obeegadoo, Senior Minister MMM de l’éducation entre 2000 et 2005, entouré par une flopée de conseillers mal avisés ou mal inspirés. Le « rat race » ne peut être diminué selon ces spécialistes auto-proclamés, que par la démolition du système existant, l’abolition « nationwide » des Collèges de plein-régime Forme I à Forme VI pour laisser la place à des Collèges de cinq ans, chapeautés par une structure de « cramming » schools de deux ans. Cette proposition radicale dans un document de quelques feuillets ne fait partie d’aucun manifeste électoral du MMM. Elle crée la consternation et rapidement une contestation irréductible de l’Eglise et des Collèges confessionnels et autres Collèges privés, qui refusent cette aberration sur des bases pédagogiques. Le pays tout entier est traumatisé, les risques de dérapage communal s’amplifient, le pays est sur les braises. SAJ et Bérenger sont obligés de courir éteindre le feu qui s’amplifie et ils cèdent devant les arguments de l’Eglise, c’est une reforme mal avisée et mal inspirée qui ne crée que la pagaille.

M. Obeegadoo, mis sur la touche, ne démissionne pas pour cette bourde, encore moins ne remet-il en cause le projet. C’est loin le temps où les ministres démissionnaient pour beaucoup moins que ça. Pire, remis en selle pour des raisons inconnues, le voilà qui s’enferme dans sa tour d’ivoire et fonce tête baissée pour imposer ce fatras rejeté par l’Eglise ainsi que les Collèges privés et confessionnels au reste de la population. Nouvelle montée de fièvre dans tout le pays, Harish Boodhoo sort même de sa réserve pour rameuter le peuple contre ce qui se dessine, une éducation à trois vitesses: les collèges privés payants réservés à l’élite bourgeoise, les collèges confessionnels qui conservent toute leur structure de plein régime et les collèges de troisième catégorie pour le reste de la population. L’ampleur du désarroi et de cette iniquité n’émeut guère le ministre qui fait fi d’une opinion publique profondément divisée par la décapitation qui s’ensuit des Collèges d’Etat.

Le reste relève de l’histoire, les posters géants style Kim Il Sung, payés des deniers publics pour vanter la réforme Obeegadoo n’empêcheront pas la vague du changement. Il incombera au gouvernement de l’Alliance sociale de ramener le bon sens et l’équité dans notre système éducatif et le remettre dans le sens du progrès. La grande question donc est de savoir précisément et concrètement ce que le MMM propose dans ce secteur. L’expérience de ces traumatismes inutiles démontre que nous ne pouvons nous contenter de déclarations pieuses ou de chèque en blanc.

U.C.

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