U.C

Agitations!

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“Libre au MMM de ne se considérer que comme un représentant de quelque « minorité » que ce soit, le Parti travailliste peut-il sans se renier s’engager dans un tel schéma de déformation ingénue? Ou de cette déclaration que le MMM serait, avec un 60-0 éventuel, un quelconque « rempart »? Contre des dérives totalitaires de son futur partenaire rêvé?”

 

 

En premier lieu, à l’heure des célébrations de la fête nationale sur le thème « Notre pays, notre fierté! » il convient sans doute de se féliciter sans réserves que gouvernants et opposition(s) peuvent se retrouver sur des grands dossiers d’intérêt national. Ainsi, pour condamner d’une voix unitaire forte l’excision des Chagos avant l’indépendance, le déracinement subséquent des Ilois et les diverses manœuvres du Foreign Office pour continuer de jouer au chat et à la souris sur ce dossier. La souveraineté mauricienne sur les Chagos et Tromelin ne pouvant se prêter aux calculs politiques locaux, encore moins aux étalages publics de divergences ou de stratégies en cours, nul ne sera surpris que nos dirigeants politiques comprennent que même en l’absence d’une structure formelle ou informelle, les échanges et les concertations au plus haut niveau sur ce dossier sensible sont éminemment souhaitables. C’est une avancée notable et sans doute un signe des temps et de la maturité croissante du pays et de ses nouvelles dynamiques.

 

Par contre, le moindre quidam pourrait au vu de nos mœurs et de notre histoire contemporaine trouver ahurissant la situation politique actuelle! En effet, voilà une alliance au pouvoir depuis cinq ans qui arrive au terme de son mandat et qui, en cette fin de législature, continue de gouverner en affichant la plus grande sérénité, alors même que le pays émerge à peine de la plus grande crise financière et économique que la planète ait connue. Cette mandature aurait dû théoriquement l’essouffler sous les coups de boutoir de l’extérieur et les assauts tant de la presse prétendument « indépendante » que des partis de l’opposition durant cinq ans. Or c’en est exactement le contraire et ce sont ces derniers qui semblent à bout de souffle, courtisant sur la place publique et avec une ardeur qui peut surprendre, une alliance avec le pouvoir en place.

Nul besoin de sondage ou de satisfecit des institutions internationales pour confirmer ce que tout le monde pressent : le pays est sorti de « l’Etat d’urgence » légué en 2005; l’économie nationale a été bien gérée malgré la baisse des revenus sucriers et les crises pétrolière, alimentaire, financière de ces dernières années, l’inflation est maîtrisée, les grands chantiers avancent, la croissance et l’emploi sont au rendez-vous, la dette publique ramenée sous contrôle, alors que tant de grands pays sont malmenés, certains comme la Grèce, l’Islande, l’Irlande ou l’Espagne frôlant le naufrage. La France se démène contre un chômage grandissant alors que les Etats-Unis n’arrivent pas à doter cinquante millions de leurs citoyens d’une couverture médicale adéquate.

La population mauricienne, davantage exposée à ce qui se passe partout ailleurs, est parfaitement consciente de la bonne gestion de l’Alliance sociale dans un contexte et avec un héritage difficiles. Certes il restera toujours des sujets d’insatisfaction dans tout bilan, mais l’Alliance sociale peut légitimement aspirer à aller seule aux prochaines échéances électorales. Est-ce la conjonction des nouvelles dynamiques nationales et cette assise confortable de l’Alliance sociale qui fait courir l’opposition depuis quelques semaines?

Après le fameux déjeuner du Réduit organisé par la Présidence de la République en l’honneur de Joaquim Chissano, la mouvance MMM se retrouve en état d’agitation fébrile. La perspective d’une nouvelle traversée du désert face à une possible alliance bleu-blanc-rouge précipite la direction. Chose impensable dans ce genre de tractations politiques préélectorales, le MMM se voit contraint d’abattre son jeu et ses atouts de future mariée sur toutes les ondes et dans la presse écrite. Finies les quatre années de critiques populo-démagogiques, les noces avec le Parti travailliste tant honni sont décrites avec force détails (« mieux que 1995! » jubile-t-on même…), les convives choisis et le plébiscite 60-0 annoncé! Le Premier ministre, en vrai Sphinx qui domine la scène, semble écouter tout le monde, sourit, prend note, vaque à ses responsabilités, mais reste avare de commentaires définitifs au grand dam des éditorialistes qui s’agitent et de tous ceux qui piaffent d’impatience.

Chacun tirera ses propres conclusions de tout ce remue-ménage si impudique mais je ne peux m’empêcher quelques interrogations badines. Il y a peu de cela, des vagues de militants déçus se démarquaient du MMM, certains décidant de porter sans condition leur appui au Parti travailliste ou à l’Alliance sociale. Vilipendés par la direction du MMM, traités de « roder boute », n’étaient-ils en quelque sorte que des avant-gardistes prémonitoires? Maintenant que le parti mauve dans son ensemble, Comité Central et Bureau Politique confondus, ne jure que par une alliance avec les rouges, ces précurseurs seront-ils réhabilites avec des excuses publiques du camarade Bhagwan?…

Quel sort sera réservé aux nouveaux transfuges qui se sont incrustés au parti mauve? Et quid de cette galerie de candidats premier-ministrables au bon profil ethno-castéiste dans le cadre de cette alliance rêvée par les mauves? Quid encore de l’assertion un peu facile et gratuite qu’une alliance rouge-mauve cautionnerait un équilibre communal? Libre au MMM de ne se considérer que comme un représentant de quelque « minorité » que ce soit, le Parti travailliste peut-il sans se renier s’engager dans un tel schéma de déformation ingénue? Ou de cette déclaration que le MMM serait, avec un 60-0 éventuel, un quelconque « rempart »? Contre des dérives totalitaires de son futur partenaire rêvé? Le trop nuit au juste, voilà le genre de déclarations qui doit passablement irriter.

Quelle que soit l’issue prochaine des « koz kozé », souhaitons que l’intérêt du pays prime et que le développement et l’effort de justice sociale se poursuivent dans la stabilité et un sentiment de participation et d’unité nationale.

 

U.C.

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