Loyautés

Le mood du pays n’est pas à la quête d’aventures incertaines, mais de mains expérimentées et crédibles à la barre du pays

Les récentes tentatives médiatisées du tandem de l’Opposition pour débaucher le PMSD du pouvoir nous a livré son verdict.

Chacun aura tiré les leçons de cet épisode désopilant ou burlesque et tourné la page.

Le parti de Xavier Duval dispose non seulement d’un ministère clef pour le développement du pays, les Finances, mais également de deux secrétaires parlementaires – PPS — et, nous dit la presse, de plus d’une douzaine de proches et de partisans aux différents échelons et rouages de l’administration, y compris dans les chancelleries et les ambassades. Envisager un instant un tel départ, pour une incertaine aventure, sur fonds de querelles, de mal-vivre d’egos dans la basse-cour bleue, implique qu’on n’a pas mesuré l’ampleur des risques pour le parti, indépendamment du tort au pays, qu’un tel soubresaut aurait provoqué. Le vice-Premier ministre assure qu’il n’était pas partie prenante de ces agitations autour de la débauche de son parti, et qu’il ne souhaite que faire primer l’intérêt collectif de l’alliance PTr-PMSD et celui d’un pays qui continue à progresser, malgré toutes les critiques et les difficultés de la situation économique mondiale.

Locomotive urbaine ?

La compréhension de cet événement réclame une mise en perspective. Revenons un instant en arrière. Les observateurs sont unanimes à reconnaître que le PMSD rate l’occasion de sortir grandi de l’épreuve municipale de fin 2012. Comme les élections générales ne sont pas derrière la porte, ce n’est pas dramatique, à condition que le parti en tire toutes les conséquences utiles au niveau de son organisation, de ses partisans et de ses assises sur le terrain. Sa longue participation au développement du pays, sur la base d’une relation durable avec le PTr et le Premier ministre, lui ont offert toutes les opportunités depuis 2005 de se constituer en « locomotive urbaine ». Ce n’est pas encore le cas.

Dans ces conditions, laisser le parti s’empêtrer en 2013 dans une querelle d’egos sur-dimensionnés et de protégés se croyant au-dessus de leur ministre de tutelle, tout au moins c’est l’impression qui s’est dégagée dans l’opinion publique, cela ne pouvait qu’être une erreur de jugement politique. Les amitiés avec des dirigeants politiques ne confèrent pas de droits spéciaux, mais bien davantage des devoirs, en premier, celui d’éviter au leader-pote de se retrouver dans un singulier embarras et d’en payer le prix devant l’opinion publique, quels que soient ses frustrations personnelles.

Le PMSD donne l’impression que l’agitation de quelques esprits malheureux et revanchards, tiraillant le PMSD de l’intérieur, a monopolisé ses énergies durant une bonne part de 2013, alors que son véritable chantier aurait dû être ailleurs. En tirera-t-il enfin les leçons ?

A ces mêmes municipales de fin 2012, le tandem MMM-MSM, malgré une campagne intense se voulant « rageuse », est loin de faire le plein des voix, et au-delà de Beau-Bassin/Rose-Hill, ne réussit que péniblement à s’en sortir avec quelques honneurs partagés. Les déclarations publiques et les analyses derrière les rideaux par les vieux routiers que sont SAJ et Bérenger, sont deux choses différentes. Les deux auront pris acte de cette demi-victoire au goût amer. Le temps où le parti mauve, sans l’apport de béquilles quelconques, pouvait contrôler toutes les municipalités est bien révolu.

L’apport du MSM semble marginal, en adéquation avec l’audience que lui attribuent tous les sondages nationaux. C’est un fardeau à porter par le MMM en régions urbaines. De même, au-delà des motivations perçues de SAJ, le MMM reste un fardeau pour le MSM en régions rurales.

Le réchauffé et l’usure

Les grandes séries de meetings du tandem SAJ-Bérenger, malgré tous les efforts déployés, et la foule importée d’activistes, n’attirent somme toute que des assistances de quelques centaines de badauds. Ça sent le réchauffé et l’usure, en tout cas, on y perçoit un manque d’enthousiasme. Les meetings sont discrètement et pudiquement abandonnés « pour cause de mauvais temps». On comprend tout à fait que, quinze ans après, la photocopie du même vieux montage qui avait laissé le pays en « état d’urgence », ne se vend pas facilement auprès d’une population avertie.

Les deux leaders SAJ-Bérenger sentent bien qu’il faut du sérum, sans pouvoir l’avouer publiquement. Le mal-aise de quelques esprits chagrins du PMSD offre-t-il cette opportunité aux deux leaders de doper l’alliance poussive MSM-MMM ? En tout cas, l’opération séduction du MSM-MMM prend de l’ampleur autour du budget de novembre 2013 avec Kee Chong Li Kwong Wing, expédié au Parlement pour vanter les louanges de Xavier et de son budget. Avec l’expulsion du ministre Sik Yuen des instances du PMSD, l’affaire devient burlesque quand, peu après, suivent les déclarations cocasses et publiques de SAJ, de Pravind Jugnauth et de Bérenger : « welcome » ou portes ouvertes pour la basse-cour bleue !

Même s’il n’y aura pas de « Bolom Noel », le tandem est demandeur et courtise ouvertement le PMSD tant vilipendé depuis des lustres. Certains journalistes bien informés laissent filtrer que hiérarchies, tickets, corps para-étatiques et ambassades à pourvoir sont déjà dans le ‘dowry’. Comme les négociations, sans doute menées avec quelques grognards du PMSD, sont allées loin ! Bien entendu, on imagine qu’il faudra éventuellement sinon convaincre, du moins l’imprimatur du leader. Mais c’est assez stupéfiant qu’une telle demande en mariage, plutôt révélatrice de la gravité des faiblesses du couple MMM-MSM, soit ainsi portée sur la place publique. C’est un gros risque pour l’Opposition comme pour ceux à la manœuvre côté PMSD, peu conscients des possibles retombées politiques pour leur leader.

Jeudi soir, la photo reproduite dans l’express-dimanche, de la double hiérarchie du MMM-MSM, les mines tendues, crispées, attendant fiévreusement à la Caverne le mot doux, le « toc-toc » de Xavier est émouvante. L’issue est maintenant connue, le PMSD devra en tirer quelques leçons et surtout sortir de ses ornières et ses gué-guerres internes alors que le pays l’attend toujours sur d’autres fronts. La déconvenue pour Bérenger-SAJ est beaucoup plus amère, car le tandem y laisse des plumes. Ce qu’on a appris à travers cet épisode laissera des traces et quelques questions.

L’impasse

La confirmation si besoin était que le tandem Béerenger-SAJ, après avoir écarté sans ménagements Eric Guimbeau ou Ashock Jugnauth, à l’époque où le putsch voyait déjà le gouvernement « grene kuma jamalacs », n’accroche pas et se cherche un sérum. Ce n’est pas un drame pour SAJ ou le MSM, qui s’est mis à la remorque du MMM. C’est plus problématique pour le MMM, obligé d’étaler publiquement non seulement la faiblesse de sa formule photocopiée, mais pire, confirme qu’au nom de l’obsession du puvwar, toutes les girations sont envisageables pour sortir de l’impasse.

Quant à ce qui a filtré au sujet de ce front-bench MSM-MMM, rarement révélé en public, il n’y a que des naïfs qui s’étonneront de la place faite au fidèle des fidèles, le deputy-Leader du MMM Alan Ganoo, bonne pâte, qui avait de belle manière remplacé Bérenger durant de longs mois. Ou encore l’adjoint-chef Obeegadoo, sans parler des Pradeep Jeeha, Nagalingum ou autre Baloomoody, alors que des néophytes accaparent les loges. Seule satisfaction anecdotique pour le MMM, selon la presse, c’est l’image de Pravind Jugnauth venant en catastrophe soumettre en personne sa soumission à Bérenger pour sauver les meubles de l’alliance.

Gageons qu’avec ce témoignage du ‘petit frère’, l’accouchement de la liste de candidats MMM-MSM, sous la supervision de Bérenger ne sera plus qu’une formalité. C’est une débandade dont le MSM aura du mal à se remettre.

Chacun aura sûrement tiré les leçons de cet épisode plutôt révélateur. Peut-être qu’au fond, le mood du pays n’est pas à la quête d’aventures incertaines, mais de mains expérimentées et crédibles à la barre du pays, de son économie, de ses multiples chantiers en cours.

 


* Published in print edition on 16 January 2014

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