Survol de l’hindouisme

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Survol de l’hindouisme

Karma

Dans l’article précédent sur le dharma, nous avons découvert que tout individu souhaite avoir l’artha – la sécurité materielle et le kama – le plaisir, et que nous arrivons à combler nos besoins et nos désirs relevant de l’artha et du kama aux moyens des actions (karmas) que nous entreprenons à cette fin. En tant que des humains, nous avons un choix dans l’action en nous fondant sur la raison, le savoir et l’expérience – contrairement aux animaux qui agissent en suivant leur instinct.

Nous avons aussi compris l’importance de l’éthique qui, essentiellement, signifie que dans la poursuite des objectifs de l’artha et du kama il faut impérativement que les moyens soient conformes au dharma. Ceci nous permet de développer un état mental serein qui, primo, nous aide à vivre notre vie dans la compréhension et la paix – malgré les peines et souffrances qui sont inévitables et qui nous causent du chagrin -, et qui, secundo, est la condition indispensable afin que nous puissions obtenir la Connaissance Suprême qui mène vers le but ultime de la vie humaine – moksha ou libération spirituelle.

S’engager dans des actions

Pour vivre, il faut commencer par se nourrir et se procurer de la nourriture implique qu’il faut en avoir les moyens, soit l’argent et le travail.

Bref, c’est s’engager dans des activités, dans des actions multiples. D’emblée , l’action procède du désir d’accomplir quelque chose pour assurer notre survie dans le monde.

En examinant notre vie, nous constatons qu’il y a deux aspects : un aspect où nous sommes actifs, un autre où nous sommes inactifs.

Etre actif implique entreprendre des actions qui relèvent de deux catégories : karma se réfère aux actions qu’il faut faire, tandis que celles qu’il faut éviter constituent le vikarma.

Le vikarma englobe les actions qui vont à l’encontre du dharma – telles que tricher, mentir, voler, faire du tort aux autres, et ainsi de suite – et qui évidemment conduisent à la dégradation de l’individu.

Karma

Par contre, le karma regroupe les actions constructives qui, potentiellement, mènent à l’épanouissement de la personne, que l’on peut subdiviser en trois comme suit :

Nityakarma karma – actions à accomplir au quotidien, à commencer par les rituels de l’hygiène personnelle, des actions relatives à la vie de famille et du travail, et des études, parmi d’autres.

Naimittika karma – actions que l’on doit accomplir lors des occasions spéciales. Par exemple, la participation dans les pujas, les fêtes religieuses et profanes, les événements d’ordre nationaux et ainsi de suite.

Kamya karma – actions entreprises pour atteindre un objectif spécifique, par exemple, avoir un résultat correct aux examens, ou obtenir un meilleur travail.

Les fruits du karma

Chaque action est suivie d’une conséquence, un résultat ou, dans le jargon de l’hindouisme, chaque action porte son fruit, phala. Ce phala peut être visible, drishtaphala — c’est-à-dire que l’auteur lui-même fait l’expérience du résultat, ou invisible – adrishtaphala.

Il n’y a que quatre types de résultats à une action : égale à l’attente, plus que l’attente, moins que l’attente, et le contraire de l’attente.

Prenons l’exemple d’un étudiant de la Higher School Certificate qui entame ses examens. Il s’attend à avoir les meilleurs grades dans les trois matières principales – 3 A. Quand les résultats sont annoncés, il y a quatre, et seulement quatre possibilités à son attente : 3A (égale), lauréat (plus), 2A + 1B (moins), échec (contraire).

Karmayoga : accepter comme une grâce le fruit de l’action

Face à cette combinaison de résultats, comment doit se comporter un étudiant ? Naturellement pour les deux premiers (égale, plus) il sera content et voudra célébrer, ce qui est tout à fait légitime – mais il ne faut pas qu’il déborde dans l’euphorie. De même, en cas d’échec ou de mauvais résultats, l’étudiant ne doit pas, en fin de compte, se culpabiliser ou sombrer dans la dépression.

Dans tous ces cas de figure – résultat positif ou négatif – l’étudiant doit garder un esprit calme. La première réaction à cette recommandation est : c’est plus facile de dire que de mettre en pratique !

Certes – mais c’est là, justement, qu’intervient la préparation antérieure et continue. En menant une vie ordonnée dès un jeune âge, nous sommes armés contre toute éventualité dans notre vie. Avec un esprit calme, l’on arrive à faire une analyse objective de sa situation, de comprendre le « pourquoi ? » des choses.

Ainsi, pour accomplir n’importe quelle action, on voit qu’il y a trois facteurs fondamentaux: le temps ou kalam, puis l’effort nécessaire ou prayetna – sur lesquels l’individu a un degré de contrôle ; et l’élément daivam (d’origine divine) sur lequel l’on n’a pas de contrôle et que l’on désigne communément par le terme destin.

Par exemple, si le jour de l’examen, l’étudiant a un problème de santé ou rencontre un retard sur la route (accident, etc), cela peut influer sur sa performance et mener à des résultats négatifs – mais, dans ce cas, les circonstances le dépassaient.

Mais doit-on pour autant, par frayeur, ne pas s’engager, rester passif ?

Bien sûr que non ! L’important est de s’y mettre avec détachement : se concentrer sur l’accomplissement de l’action quelque soit le fruit, comme le dit Krishna au sloka 47, chapitre 2 de la Bhagavad Gita : ‘Tu as droit à l’action, mais seulement à l’action et jamais à ses fruits ; que les fruits de tes actions ne soient point ton mobile.’

L’enseignement qui soutiendra l’étudiant (et sa famille aussi, d’ailleurs) est : accepter par la suite tout résultat comme kripa ou grâce divine, comme un prasad de provenance divine, en tenant en compte de l’explication enjoignant les trois facteurs précités. On arrive ici au karma yoga : l’accomplissement de l’action (karma) de façon désintéressée produit une purification intérieure qui est le préalable nécessaire à l’éveil spirituel, l’union (yoga) avec le divin.

Pour terminer avec le même exemple : on accepte et on recommence – les élèves ne doivent pas se suicider, les parents ne devraient pas avoir des attentes exorbitantes.

La Loi du Karma

Le deuxième sens dans lequel le terme karma est utilisé est en relation à la Loi du Karma : ce que l’on a qualifié auparavant comme étant la contrepartie spirituelle de la Loi de cause à effet – l’on récolte ce que l’on sème.

Dans cette perspective métaphysique et cosmique, les actions que nous accomplissons sont perçues comme étant :

·        Prarabhda karmas – les karmas dont nous sommes déjà chargés au présent. Par exemple, les circonstances et les dates de notre naissance et de la mort ;

·        Agami karmas – les nouveaux karmas que nous engendrons dans notre vie ;

·        Sanchita karmas – la réserve de karmas qui nous accompagne dans nos vies successives, incluant les résultats invisibles, adrishtaphala (voir plus haut).

Une parenthèse, ici, à propos de adrishtaphala : invisible ne veut nullement dire que le résultat est absent : toute action est suivie d’une réaction, que ce soit dans un temps déterminé et donc visible à l’auteur de l’action, ou est perçue dans le temps par d’autres personnes qui sont associées à lui, sinon dans son autre réincarnation.

Les résultats de bonnes actions que nous accumulons s’ajoutent à notre réservoir de punya, et nous permettent de progresser sur la voie du moksha ; les résultats de mauvaises actions augmentent notre réservoir de paapa, qui nous retarde sur la route du moksha.

Et punya et paapa nous attachent au cycle de samsara, qui signifie que l’on s’incarne et se réincarne d’après la Loi du Karma, et il faut aller au-delà de punya et de paapa pour atteindre le moksha.

Assumons notre responsabilité

La balle est dans notre camp : nous seuls avons le choix de l’action, et les conséquences relèvent de notre seule responsabilité.

Si nous l’assumons pleinement, en connaissance de cause, et si nous faisons les choix qui conduisent à l’avancement personnel sans faire de tort aux autres, en d’autres mots des choix dharmiques accomplis aussi d’après le dharma, alors notre éveil spirituel et notre évolution vers le moksha sera assurée dans le temps.

Pour de plus amples renseignements, veuillez contacter:

ngopee@intnet.mu

 


* Published in print edition on 11 April 2014

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