Survol de l’hindouisme

Tree of Knowledge

Les textes de l’hindouisme

Dans la dernière intervention de cette série, je présente un aperçu des textes importants de l’hindouisme, à commencer par les textes fondateurs.

Les Védas, auxquels j’ai déjà fait allusion. Ils sont shruti : entendus par et donc révélés aux rishis ou sages de l’Inde ancienne sous forme de mantras ou de sons sacrés. Ils ont été transmis pendant longtemps par voie orale, et ce n’est que environ 5,000 ans de cela que le guru Vyasa les a compilés en quatre groupes : Rig-, Sam-, Atharva-, et Yajurveda.

Comme expliqué auparavant, on les subdivise en deux parties majeures, le Karmakanda et le Jnanakanda. Ce dernier explique la théorie ou la logique à la base des pratiques détaillées dans le Karmakanda et l’exemple a été donné dans l’article sur le symbolisme. La totalité du jnanakanda, Connaissance Suprême, a été regroupée dans les Upanishads, et puisque ces enseignements se retrouvent vers la fin ou anta des Védas on les désigne aussi par le terme Vedanta.

Viennent maintenant les Puranaspurana signifie ancien. Etant donné que les Védas sont écrits en sanskrit, ils n’étaient pas facilement accessibles ou compris par le peuple. Ils avaient donc été popularisés dans la langue du peuple sous la forme des Puranas, au nombre de 18, dont 6 sont dévoués à Brahma, 6 à Vishnu et 6 à Shiva. Les Puranas véhiculent la mythologie hindoue, et comme toute mythologie, ils renferment les Vérités profondes et abstraites des Védas, illustrées et expliquées à travers des récits et des légendes concernant de nombreux personnages saints, des sages et des rois de l’Inde ancienne.

Les plus populaires sont le Bhaagavat Purana, le Shiva Purana et le Vishnu Purana. Quand on assiste à des sessions de pujas, les pujaris ou officiants, que l’on appelle communément pandit ou maraz à Maurice, puisent essentiellement de ces Puranas pour passer les messages védiques d’ordre moral et spirituel.

Depuis des milliers d’années en Inde, dès ses origines, c’étaient des conteurs itinérants qui sillonnaient ce vaste pays pour apporter dans les fins fonds des villages, à la tombée de la nuit après les journées de dure labeur, la connaissance, et fidéliser leur dévotion à ces légendaires personnages qui ont marqué à jamais, et si profondément, leur vie.

Cette tradition continue à ce jour en Inde, et se répétait auparavant dans les baithkas à Maurice. Ces derniers sont en voie de disparition, somme toute à cause de facteurs liés à l’urbanisation et l’industrialisation rapides, et il faudrait peut-être introduire une version moderne pour perpétuer la tradition plus efficacement.

Et puis, il y a les itihasas ou épopées, au nombre de deux, le Ramayana et le Mahabharata.

Le Ramayana raconte la vie du Prince Ram, qui est né à Ayodhya, et de son épouse la Princesse Sita, fille du roi Janak de Mithila. C’est un conte palpitant, dans lequel Ram doit quitter son palais, accompagné de Sita. Il est banni pendant 14 ans dans la forêt, à la demande de Kaikeyi, la troisième épouse de son père, le Roi, qui est obligé à tenir une promesse faite envers elle. Ram devait combattre les forces démoniaques avant de retrouver sa place légitime sur le trône.

Dans la foulée, son père a renoncé au trône pour mener une vie de sanyasa. Bharata, le fils de Kaikeyi, lui, a catégoriquement refusé d’occuper le trône par respect et amour pour son frère aîné Ram. A travers le vécu des personnages du Ramayana, dont Ram, Sita, Laxman, Bharata, Hanuman, Sugriva, Ravana, Mandodari parmi d’autres, l’on apprend à connaître les valeurs humaines idéales qui doivent nous guider dans nos relations au sein de la famille et de la société, et de vivre une vie d’après les règles du dharma.

De même, le Mahabharata raconte les événements menant à la grande guerre – et ce qui est advenu après cet événement – qui s’est ensuivi quand deux clans de cousins, les Pandavas représentant le dharma et les Kauravas qui sont adharmiques, se sont opposés sur le champ de bataille à Kurukshetra dans le nord de l’Inde.

Naturellement, le dharma l’a emporté, non sans causer d’énormes pertes de vies humaines et de dommage au pays, ce qui aurait pu être évité si les Kauravas avaient choisi la voie du dharma plutôt que celle de l’adharma.

C’est dans le Mahabharata, sur le champ de bataille, que Krishna a donné des leçons sur le dharma à Arjuna – le guerrier des Pandavas, quand il a été pris d’une crise de conscience et a capitulé à la vue de ses cousins, oncles et grands-parents. Il a voulu se réfugier dans l’inaction, c’est-à-dire, ne pas s’engager dans la bataille, de choisir l’action, le karma. Toutefois, Krishna lui a rappelé que personne ne pouvait échapper à l’action, mais que si cela était fait avec désintéressement et dans l’accomplissement du devoir, alors l’auteur de l’action était disculpé. Donc, Arjuna a gardé son calme et a poursuivi son swadharma, celui du guerrier appartenant au varna kshatriya, qui était de combattre pour maintenir la sécurité du territoire. Cette compréhension était capitale pour vaincre l’adharma, tant bien qu’elle expliquait aussi les sacrifices personnels que l’on devait consentir pour y arriver.

Partant, Krishna a élaboré sur les voies du yoga qui éventuellement, ont debouché sur la Connaissance Suprême, ce qu’elle était et sa relation avec le moksha ou la libération sprituelle. Pourquoi nait-on ? Qu’est-ce que c’est que la mort ? Quel est le but et le sens de la vie humaine ? Comment doit-on se conduire pour atteindre ce but ? Ce sont, entre autres, autant de sujets que Krishna a clarifiés dans les 700 versets, divisés en trois sections de 6 chapitres chacune qui constituent la Bhagavad Gita ou Chant du Seigneur. De nombreux penseurs et philosophes issus de l’inde et de l’Occident la considèrent comme étant l’essence même du Vedanta, un exposé fondamental de la condition humaine qui peut nous servir de guide pour le bien-être de l’humanité, surtout par les temps qui courent.

Enfin, il y a le Tiruk Kural, qui regroupe les aphorismes du poète Tiruvalluvar du sud de l’Inde, et auquel, avec la Bhagavad Gita, l’on accorde le statut d’un Véda, source d’inspiration de tous les deux ouvrages.

Il en est de même pour le Satyaprakash, c’est-à-dire c’est d’inspiration védique ; c’est le livre de référence des Hindous appartenant au mouvement Arya Samaj.

Je dois ajouter aussi que le Adi Granth du Sikhisme retient plusieurs notions et concepts dérivés des Védas, tels que le dharma et la réincarnation, et c’est aussi le cas pour le Bouddhisme qui est une émanation de l’hindouisme. A noter que Gautam Buddha était un prince hindou qui, comme Rama, avait quitté son palais à la recherche de la vérité spirituelle.

Un des points fort intéressants à propos de ces textes, surtout les Upanishads, le Ramayana et le Mahabharata a trait à la méthodologie de l’enseignement. En somme, la lumière est faite sur les problématiques fondamentales qui touchent l’humain (comme on a indiqué dans les paragraphes et articles précédents) au moyen de dialogues, et de questions et réponses, entre plusieurs sages et autres personnalités et des disciples ; ce qui les rapproche de divers contextes pour recevoir l’enseignement. Loin de récuser tout questionnement, c’est le contraire qui est encouragé – car le principe et la base même de la connaissance, c’est de se poser et de demander des questions sur tout et tout, sans limites. Cela devrait intéresser surtout les jeunes, qui ne veulent rien accepter de ce qui n’est pas plausible ou raisonnable.

On pourrait croire qu’autant de textes prêtent à confusion. Mais tel n’est pas le cas si on imagine l’univers de l’hindouisme comme une grande roue. Rappelez-vous que le cercle représente la Connaissance Suprême, parfaite, et qu’il n’y a ni commencement ni fin : c’est la roue qui tourne éternellement, les cycles se répètent.

Si le moyeu de la roue représente les enseignements essentiels de l’hindouisme, alors les divers points au périmètre de la roue représentent les textes précités et autres écrits des grands penseurs et sages, y compris ceux de notre époque. N’importe lequel de ces écrits peut servir comme un point d’entrée direct aux enseignements de l’hindouisme, tout comme de n’importe quel point sur le périmètre de la roue, on peut suivre un rayon et arriver directement au moyeu.

Aux sièges de la Ramakrishna Mission et la Chinmaya Mission, les textes cités plus haut sont disponibles, ainsi que les commentaires des érudits qui sont à la portée de tous. Les Swamis ne seront que très heureux d’accueillir tous ceux qui sont intéressés à en savoir davantage sur l’Hindouisme et qui cherchent des repères sûrs pour faire face à ce monde sans cesse changeant.

Pour de plus amples renseignements, veuillez contacter:

ngopee@intnet.mu

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