Mauritius Times: Une institution qui fait honneur à la nation mauricienne

La presse mauricienne peut s’enorgueillir d’avoir en son sein un journal militant, dans le vrai sens du terme, qui fête aujourd’hui ses 60 ans d’existence et continue d’être largement lu à Maurice et à l’étranger, notamment sur Internet. Bon anniversaire! Et longue vie au Mauritius Times, l’hebdomadaire du vendredi qui apporte à la presse nationale un bouquet de réflexions que je qualifie de nécessaires et originales, sinon peu communes ailleurs.

De format que l’on peut qualifier de «classique», le journal, à mon avis, a encore un bel avenir au 21ème siècle et saura s’adapter tant aux idées nouvelles qu’à la forme, online et sur support papier, dans les prochaines décennies. En ce nouveau siècle, la presse se transforme rapidement et, tout en conservant ses valeurs à dimension universelle, Mauritius Times sera sans doute différent, disons dans les années 2030, avant ou après – souhaitons que le journal survive dans un contexte de plus en plus difficile pour la presse traditionnelle. Ce n’est pas du tout facile de faire un bon journal qui attire les foules comme jadis.

De plus en plus d’intellectuels, hélas, rasent littéralement les murs, ayant peur de s’engager. En sus, nous vivons dans un pays où l’engagement, dans un sens ou dans l’autre, pour ou contre un parti politique ou un autre, ou pour telle ou telle action militante avec ou sans couleur politique (peu importe), est découragé, voire attaqué, en dépit d’un droit individuel légitime de s’engager dans un sens ou dans l’autre. Tant que l’on observe l’éthique et que l’on fait preuve d’honnêteté intellectuelle (essentiellement la bonne foi), ce droit mérite le respect d’autrui, quelles que soient les divergences d’optique et de points de vue.

La plupart des jeunes journalistes ne connaissent pas, voire pourraient ne pas saisir, ce qui a fait la grandeur de Mauritius Times et de son fondateur, feu Beekrumsing Ramlallah, un des plus grands hommes de presse et de la politique de ce pays. Arya Samajiste authentique, donc homme d’une très grande ouverture d’esprit, il avait fondé le MT en 1954. Il s’était fixé pour mission de défendre avec courage et conviction ses idées tout en réconciliant sa farouche indépendance du politburo du Parti travailliste avec son engagement envers ce parti. Il avait su faire la différence entre l’honnêteté et l’éthique journalistiques, d’une part, et ses profondes et sincères convictions politiques, d’autre part.

Aujourd’hui, nous nous retrouvons face à une nouvelle génération au sein de laquelle bien des jeunes sont incapables de s’engager politiquement tout en restant honnêtes et se gardant de la langue de bois, et l’on rejette d’un revers de la main les ‘vieux’ à cause de leur âge. Pourtant, il y a beaucoup à apprendre de Beekrumsing Ramlallah et de la génération dont il faisait partie, et ce, en termes de grandes valeurs et d’éthique politique et journalistique. Lentement mais sûrement, Mauritius Times persévère sur la voie tracée par lui.

Il suffit de dire, de manière succincte, que cet homme illustre, mais simple et accessible, a défendu de grandes causes populaires, tant sociales, éthiques et religieuses que politiques. Celles-ci avaient besoin d’hommes de poigne tels que lui, des années 50 jusqu’à la fin de sa carrière, au 20ème siècle. Imbu d’une foi inébranlable dans la liberté de pensée, il n’hésitait pas à prendre, à l’occasion, ses distances du PTr et de son leader et Premier ministre, Sir Seewoosagur Ramgoolam, dans les colonnes même de son journal. Mais SSR le respectait énormément pour sa franchise. Le leader d’alors du PTr appartenait lui-même à l’époque révolue d’une certaine éthique aujourd’hui quasiment morte dans l’arène politique.

Je me sens honoré d’avoir été aux côtés de feu Ramlallah en tant que vice-président de la Mauritius Union of Journalists qu’il avait fondée et présidée, sachant surtout que nos efforts nous avaient permis d’obtenir au nom de la presse locale, au début des années 90, la création du Media Trust suite à une requête au Premier ministre. Et je suis fier d’avoir collaboré au Mauritius Times, aux côtés d’illustres personnalités, notamment Sir Satcam Boolell, une fine plume, et d’autres écrivains comme Chit Dukhira, pour ne citer que deux noms parmi bien d’autres.

En fait, comme le rappelle ce dernier dans une ‘Tribune’ dans Le Mauricien du 3 novembre 2012, la politique mauricienne a bénéficié de l’apport extraordinaire de la presse. Nous savons que Le Mauricien de Raoul Rivet avait lancé SSR dans l’arène politique aux élections municipales des années 40. Le directeur de Mauritius Times, Beekrumsing Ramlallah, avait apporté une belle moisson aux élections générales de 1959, comme le souligne Dukhira:

“For the 1959 contest, he convinced MLP leader SSR to give tickets to six collaborators within the MT, including himself – Kher Jagatsingh, Doojendranath Napal, Premchand Dabee, Ramawad Sewgobind and Somduth Bhuckory.”

La relève est assurée aujourd’hui par une nouvelle génération, qui a su maintenir une grande tradition de liberté de pensée et une noble éthique journalistique héritées de son fondateur et transmises par toute une génération dont les successeurs actuels et à venir dans la presse et la politique, gagneraient à s’en inspirer.


* Published in print edition on 14 August 2014

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