Réforme électorale : peu de chances d’aboutir

Par Sydney Selvon

Il y a très peu d’espoir qu’il y aura une réforme constitutionnelle d’envergure, comprenant une réforme électorale, du moins, au stade actuel des choses. En 2012, le Premier ministre avait annoncé qu’il allait de l’avant pour même rappeler le Parlement qui était entré en vacances afin d’introduire une telle réforme. Mais il n’en a rien été.

Peu à peu, les raisons en ont été connues. D’abord, visiblement, les Travaillistes et le MMM espéraient une réforme qui permettrait un partage des pouvoirs entre les deux partis, virtuellement garantis, selon leurs dirigeants respectifs, d’une victoire 60-0.

Le hic, c’était que le Président-in-waiting — Navin Ramgoolam, voulait un partage entre, d’une part, une présidence de la république forte avec des pouvoirs exécutifs que l’actuel Président n’a pas, et, d’autre part, un Premier ministre dont les pouvoirs seraient substantiellement réduits, quoi qu’on en dise, puisque le Président allait présider le Cabinet à la place du PM et, même, allait disposer d’une majorité au Cabinet et à l’Assemblée nationale.

Le hic, c’était aussi, selon certains renseignements, que le Premier ministre-in-waiting — Paul Bérenger, voulait, lui, la même chose, sauf que le PM allait avoir les majorités au Parlement et au Cabinet pour mener son action.

D’autres macadams sont venus s’ajouter à ce désaccord. Des « affaires » et autres « scandales », touchant les relations entre le pouvoir politique actuel et la vie privée des uns et des autres sur un fond de faveurs financières et contrats allégués financés des fonds publics accordés à des proches, ont éclaté dans l’arène politique. Ainsi, toute discussion sur la réforme constitutionnelle et électorale a été abandonnée par les dirigeants du MMM.

Ces « affaires » continuent à faire jaser tout le pays, dans les chaumières comme dans les villas. Les Travaillistes ont définitivement écarté des négociations constitutionnelles un parti parlementaire important à l’Assemblée nationale, le MSM de l’ancien Premier ministre et Président Anerood Jugnauth. Le Premier ministre, lui, revient avec l’idée d’une réforme constitutionnelle et électorale.

Cela n’a semblé impressionner ni le MMM, ni le MSM. Le premier nommé estime que la démarche de Ramgoolam ne serait que de la poudre que les Travaillistes jettent aux yeux de l’électorat pour dévier le débat politique vers un projet qui n’aurait aucune substance. Le MSM estime qu’il n’y a, là, rien de sérieux et ses dirigeants croient que Ramgoolam cherche une voie de sortie face à l’offensive actuelle de l’opposition parlementaire.

C’est la raison pour laquelle, à mon avis, il y a très peu de chances qu’une réforme constitutionnelle ait lieu d’ici les prochaines élections générales. Ecarter un parti important à l’Assemblée nationale ne ressemble en aucune façon à la démocratie westminstérienne qui privilégie toujours une conférence de tous les partis, y compris ceux hors du Parlement et même des consultations publiques aux quatre coins du pays, au niveau des quartiers des villes et des villages.

L’opposition actuelle s’appelle « le Remake » et le gouvernement s’appelle « l’Alliance sociale ». Personne n’a le droit d’ordonner à l’autre d’écarter untel ou unetelle parmi ses composantes. Il y a deux alliances formelles et officielles. Alors, écarter le MSM, le PMSD ou tout autre membre d’une des deux alliances constituerait une manœuvre grotesque qui n’aurait aucun avenir, du moins dans la configuration politique présente.

Par ailleurs, l’avenir constitutionnel de Maurice ne peut être une affaire réservée aux seuls MMM et PTr pour la prise d’une décision. Par ailleurs, abolir le Best Loser System (BLS) prétendument au nom de l’unité nationale, alors que la remontée du sectarisme est tolérée, n’est pas chose à passer facilement au sein de la majeure partie d’un électorat de plus en plus affecté d’abord et avant tout par un appauvrissement général de la population. De plus, cette situation pourrait s’aggraver l’an prochain en cas de durcissement de la crise et une certaine tendance à l’accalmie serait, en fin de compte, trompeuse.

Le Best Loser System avait été créé pour précisément empêcher le sectarisme, émanant du gouvernement ou de l’opposition (comme on l’a vu depuis les années 60 à ce jour) et aussi empêcher qu’une communauté ne soit pas représentée ou soit sous-représentée à l’Assemblée nationale. Et maintenant le BLS exige qu’un recensement communautaire soit fait pour établir la vraie proportion démographique de chaque composante de la population. Il faudrait une unité nationale qu’on voit mal venir.

Personnellement, je pense que ce qui intéresse l’électorat à ce stade, c’est son sort du point de vue économique dans une atmosphère d’avalanche de hausses des prix, plutôt qu’une réforme électorale et constitutionnelle dont on ne voit rien venir. Le White Paper du gouvernement pourrait fort bien rester lettre morte.


* Published in print edition on 22 March 2013

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