Industrie sucrière: Chronique d’une mort annoncée

Ceci n’est pas pour décourager les plus optimistes d’entre nous qui croient encore dans l’avenir de l’industrie sucrière même si sa contribution à l’économie du pays a diminué considérablement pour atteindre les 6%. Ce qui ne représente pas grand chose.

Cette industrie se trouve dans une situation difficile depuis 2007. Mais, la vraie difficulté, elle la ressentira dans deux ans après la libéralisation du marché européen qui sera alors inondé d’un volume important de sucre. Le prix du sucre devrait alors baisser davantage que les Rs 2000 actuelles de manque à gagner – de Rs16,000 la tonne à Rs14,000 ou moins la tonne – que les producteurs devront subir en 2014 et en 2015. Dans ce cas, les petits producteurs seront les plus affectés à Maurice car ils sont très vulnérables. Ils ont déjà abandonné environ 30,000 arpents de terres agricoles depuis 2008 et cette tendance existe toujours.

Sans les petits producteurs, cette industrie que l’on appelle maintenant «industrie cannière» est vouée à l’échec. Ce n’est pas avec les Rs 2,000 par tonne de sucre que l’Etat s’apprête à les offrir que leur situation s’améliorera et que l’on sauvera leur production annuelle équivalent à environ 100,000 tonnes de sucre, soit un quart de la production totale du pays.

Cette industrie risque de disparaître dans les années à venir si les mesures appropriées ne sont pas prises maintenant pour la sauver. Les grands producteurs, eux, investissent l’argent gagné dans cette industrie dans d’autres secteurs – hôtellerie, tourisme, services financiers et banques, et même à l’étranger –, tandis que les petits et moyens producteurs, eux, n’arrivent pas à joindre les deux bouts pour payer leur main-d’œuvre, leurs frais de transport et le coût des intrants.

Que faire ? D’abord, ne pas laisser les grands producteurs dicter les règles du jeu ou, si l’on veut, les laisser «faire la pluie et le beau temps dans cette industrie». Le gouvernement, particulièrement le Premier ministre, Navin Ramgoolam, et le ministre de l’Agro-industrie, Satish Faugoo, devraient avoir leur idée à ce sujet ainsi que les petits producteurs, eux-aussi. Pour sauver cette industrie et, avec elle, les petits producteurs, il y a quelques mesures à prendre et tout gouvernement socialiste qui nous dirige devrait pouvoir les prendre.

Commençons, d’abord, par augmenter la part de sucre des petits producteurs, actuellement à 78%. Les usiniers ne peuvent pas prélever 22% de sucre de la part des petits producteurs, rien que pour broyer leurs cannes. Environ 10% est un coût raisonnable. Donc, augmentons la part des petits producteurs à 90%. Ensuite, augmentons le prix de la bagasse qu’ils vendent aux centrales thermiques à quelques centaines de roupies par tonne de bagasse et non pas à Rs 7 par tonne de cannes fournie à l’usine. Cela parce que ces centrales thermiques vendent l’électricité produite à partir de la bagasse au prix fort au Central Electricity Board (CEB). Il était question, il y a quelque temps, d’une participation des petits producteurs à hauteur de 35% dans le capital des Independent Power Producers (IPPs). Où en est-on avec ce projet ? Finalement, qu’en est-il de la participation des petits et moyens producteurs dans la production d’éthanol?

Les petits producteurs cultivent de la canne à sucre, pas le sucre. Alors rémunérons-les pour toutes les parties de la canne, pas seulement pour le sucre. Au cas contraire, l’industrie cannière est vouée à la disparition.

Suttyhudeo Tengur
Président – APEC

 


* Published in print edition on 27 June 2014

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