Voler: Vers la professionnalisation des gangs?

Un grand philosophe Arthur Schopenhauer écrit : « Voleur pour un jour et voleur pour toujours ! » Dans le langage courant on entend souvent sola main longue ou encore des mots comme pickpocket, bandit, escroc, fraudeur, etc. On oublie de dire que c’est aussi un violateur des règlements parce qu’un voleur peut violer une tombe, un domicile, un bureau…

Quand l’ex-Premier dit que « moralité pas rempli ventre », il donne, en grande partie, raison aux voleurs. Depuis toujours, sous la colonisation française, l’Ile de France a connu des pirates et des corsaires qui pillaient les navires ennemis et emportaient les butins. Parmi citons le fameux Robert Surcouf de St Malo, Francis Drake de l’Angleterre, Ahmed Alcouar de Rabat-Maroc. Ici on rêve toujours et on cherche toujours les trésors des pirates.

Pourquoi vole-t-on ?

1. À l’époque des grands empires coloniaux, c’était pour garantir sa domination dans les océans et territoires et pour être récompensé par les rois.

2. Au fil des années pour grossir sa fortune et monter dans la hiérarchie grâce à des richesses, des bijoux et des terres comme en Inde et au Moyen-Orient.

3. Aujourd’hui, pour sa satisfaction personnelle, pour remplir les comptes bancaires pour soi et, parfois même, ses proches. Evidemment tous les moyens sont bons comme l’évasion fiscale qui alimente la presse française, allemande, suisse, américaine… on connaît l’histoire de Cristiano Ronaldo, grand footballeur, ce qui n’empêche pas qu’il soit connu pour les fraudes fiscales.

C’est l’attraction du luxe, l’envie de faire comme les autres… C’est ce que prouvent de plus en plus de gens dans le monde politique, le monde des finances et de la justice. Après tout, le monde politique, le monde financier et le monde de la justice font bon ménage à trois !

Ceux-là n’ont aucune pudeur et appliquent ce que l’autre avait dit ouvertement « moralité pas rempli ventre », ce que d’autres, eux, chuchotent dans les coulisses. Mais, laissons de côté, ces « riches voleurs » qui volent les riches pour s’enrichir encore plus parce qu’ils n’en ont jamais assez.

Il y a aussi les petits voleurs qui s’organisent de plus en plus et deviennent des gangs. Sont-ils simplement des imitateurs des « riches voleurs » ? des Robin des Bois ? ou les deux catégories se chevauchent-elles ? Mais ils attaquent tout ce qui démontre une certaine faiblesse au niveau de la sécurité – institution, touristes, personnes âgées, jeunes,…

Dans le passé, les sirdars mouchards racontaient que les pauvres gens volaient du bois et des fruits car ils n’arrivaient pas à survivre avec leur maigre salaire (à lire les histoires d’Arthur Martial, Savinien Mérédac, Clément Charoux, Marcel Cabon…)

Pourquoi vole-t-on dans ces cas ?

1.     Ces voleurs volent pour assurer leur survie comme c’est le cas pour tous ces voleurs de fruits sur les arbres fruitiers : mangues, letchis et longanes, et aussi d’autres objets – téléphones portables, chaînes, montres. La liste est longue. Il y a ceux qui volent les savat lepoz et d’autres qui volent les bobonnes de gaz dans la cour des gens.

Il m’est arrivé à deux reprises de voir des gens voler des fruits et en leur demandant la raison de leur acte, les réponses sont brutales, amusantes et déconcertantes : pas ou zafaire ça, mo envie rempli mo sac, ki pou donne-moi mo di riz ! Ils volent – et ce ne sont que des hommes – pour des raisons évidentes. Manger à leur faim et avoir des sous pour se payer certaines choses.

 2. Certains volent pour lancer un défi à la société qui ne fait rien pour améliorer le sort de tant de gens appauvris par la vie chère, la difficulté de trouver du travail, le besoin urgent d’avoir des sous pour son essence, ses besoins personnels comme nourrir sa famille en achetant du lait.

3. Et pour certains, jeunes et moins jeunes, le vol c’est uniquement pour faire comme les autres, pour vivre dans le luxe et la volupté comme ces jeunes collégiennes qui se prostituent volontairement pour gagner de l’argent pour acheter des objets de luxe pour paraître « fashion ». Ce sont des « gentlemen cambrioleurs » – ils piquent les billets et laissent les pièces de monnaie afin que la victime puisse payer le contrôleur de l’autobus !

Chaque jour on entend des histoires de vol. Dans des maisons de Quatre Bornes – avenue Sodnac, avenue Malartic et même à Kentucky qui a eu le choc de constater que son coffre-fort a été défoncé la veille d’un jour de fêtes – de Curepipe, rue Lees, de Beau-Bassin – Roches Brunes et dans des supermarchés – comme Super Unic, ce qui a poussé un conseiller municipal à tirer un coup de balle pour faire peur au voleur. Il y a aussi une augmentation des institutions comme les universités où les vols ont lieu en plein jour. Ces types de vol sont en recrudescence et les « petits voleurs en gangs organisés » sont en train de perfectionner leurs techniques de jour en jour…

Les clichés vont bon train chez nous. On croit que ce sont seulement les drogués qui volent pour s’acheter leur dose journalière. C’est possible dans certains cas mais le profil des voleurs est en train de s’étendre. Dans un contexte de détresse économique et sociale, les « riches voleurs » font, de plus en plus, des émules, et non des moindres. Les gangs vont un jour dépasser leur « role models » – pour donner naissance à quoi ?

A Maurice, la sécurité est insuffisante surtout dans les villes. Des agents patrouillent aux heures qu’ils veulent, entend-on ! Peut-être bien que la formation fait défaut, diront certains ! Ils sont incapables, quand ils n’ont pas de formation solide, de satisfaire les citoyens, disent d’autres. Mais qui connait vraiment les conditions de travail des policiers ? Prenons la station de police de Moka, par exemple. C’est un lieu de travail ou une passoire par temps de pluie ? Même un poulailler ou une niche pour chien protègerait plus de la pluie … Et qu’en est-il des équipements qu’ils doivent utiliser ? Et les finances pour améliorer leur lieu de travail alors que les politiciens ont des voitures de luxe pour se déplacer et ils trouvent que c’est encore trop peu ! Il est urgent de donner des moyens à la police afin que les villes changent leur image dégradante au fur et à mesure que les jours passent.

A quoi va donner naissance la crise des valeurs qui menace notre société ? On est loin de remporter les premières places du classement en matière de sécurité. Les institutions, publiques et parastatal bodies, on perd de plus en plus de points à cause de la corruption, du vol à tous les niveaux et des moyens frauduleux pour fermer les dossiers, rayer les cas et faire des arrangements internes, en donnant des commissions. Le pays est pénalisé et souffre du fossé qui sépare les belles promesses, les programmes électoraux et la possibilité de les mettre en pratique.

Signalons quelques exceptions qui confirment la règle générale, comme l’excellente organisme public au Registrar Central. Une autre institution fonctionne et est dirigée non pas par un Mauricien mais par quelqu’un du Pakistan : la MRA. Comment explique-t-on que les employés arrivent à traquer ceux qui trichent, qui volent et qui veulent toujours se remplir les poches ?

Et que dire de la société civile ? Ne comptons pas sur un voisin, un passant pour vous tirer d’affaire quand un voleur à motocyclette vous arrache votre collier, votre sac à main, votre téléphone portable ! Encore moins sur la grande majorité des étudiants en milieu universitaire : c’est « chacun pour soi et tout pour mon confort personnel. »

Ils n’ont aucun réflexe et aucune capacité d’action immédiate hors de leur comfort zone. Malheureusement, ils n’ont même pas conscience de leurs limitations… Chacun préfère passer son chemin ou guette cinéma sans broncher. Ce n’est pas en adoptant une telle attitude que le pays pourra stopper la prolifération et la professionnalisation des gangs.

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