SSR meurt le 15 décembre – un tour d’horizon

La coutume a force de loi. Pèlerinage, festival mis à part, il est dans les habitudes, surtout celles des hommes et femmes politiques, des activistes et de certains proches de se recueillir sur la tombe des hommes de marque : Au cimetière de St Jean où est enterré Gaëtan Duval, à Vallée des Prêtres où sont incinérés Renganaden Seeneevassen et Satcam Boolell, ou en d’autres lieux pour réveiller la mémoire sur les hauts faits d’Emmanuel Anquetil ou du soldat inconnu.

Jeudi 15 décembre, beaucoup — sans compter ses enfants Sunita Joypaul et Navin Ramgoolam — se feront un devoir d’aller aux Pamplemousses sur le samadhi du Père de la Nation. Le nom de Sir Seewoosagur Ramgoolam est gravé sur la pierre – hôpital dans le nord, aéroport de Plaisance, square près du jardin de l’Etat à Saint Denis – dans l’esprit de ceux qui s’en souviennent et dans le cœur des vieux sentimentaux. L’homme de son vivant était toujours sous les projecteurs, vu d’un bon ou d’un mauvais œil selon sa ligne politique. Et les hommes et femmes politiques, d’ici ou d’ailleurs, quel regard posent-ils sur le combattant, le stratège, le visionnaire qui s’est éteint le 15 décembre 1985 ?

Joseph Tsang Man Kin, dans la revue trilingue Indradhanush, donne à l’homme une dimension plurielle : ‘We know SSR as a doctor, a man of culture, an educationist, a visionary, a philanthropist and a shrewd politician.’ Ce fils du sol a toujours combattu en faveur du patrimoine culturel du temps même qu’il signait ses articles sous le nom de Thumb Mark II.

Sir Cassam Uteem, lors de la célébration du centenaire de la naissance de SSR écrit : ‘In this multi-religious and multi-cultural country, he was able to steer the ship of State safely, even in troubled waters, through what has been aptly described as the politics of accommodation of which he was an accomplished exponent.’

Paul Raymond Bérenger, en lui rendant hommage, retrace sa carrière politique, les valeurs du Fabian socialism dont il s’imprègne et reconnaît que SSR ‘avait déjà choisi la voie de la modération et du pragmatisme.’

Dans son hommage à L’Assemblée législative le 24 décembre 1985, Sir Anerood Jugnauth cerne à la fois l’homme dans son humilité, sa grandeur d’âme, son dévouement pour le bien-être du peuple mauricien et ses convictions sans faille : « In his firmness… he never lost faith in the inherent good in man. He continued zealously to hope that those Mauritians, who in their misguided feelings, were gnawing at the foundation stone of our democratic system, would turn over a new leaf and join hands in a unified struggle for a happy, modern, united, and prosperous Mauritius. »

Un autre homme politique qui est resté dans le sillage des valeurs prônées par le Labour Party est Sir Harold Walter. Dans le journal de Mauritius Times – 16 décembre 1985 – l’ancien ministre écrit : “His sense of strategy and timing in all that he undertook can best be shown by his unique and remarkable achievements. Only one thing he abhorred: dictatorship. He was once asked why he did not have a legal coup d’Etat himself to which he promptly and firmly replied: ‘Democracy with all its unpalatable facets is still the best safeguard in a modern society’.”

Comme Harold Walter, Sir Satcam Boolell a suivi de près et de loin les pas de SSR et a pu livrer ses impressions sur les alliances inévitables du Labour Party avec le Muslim Committee of Action à un moment crucial du changement de la Constitution. Au sein de l’exécutif du Labour, les points de désaccord rendaient difficile la négociation. Aucun recul. « Sir Seewoosagur Ramgoolam took a much wider and long-term view of the whole issue. To him the Muslim elements were very important in any political deal with the British… By his tolerance and willingness to accommodate other people’s views, SSR has made of this multi-racial island a haven of peace and harmonious co-existence, which many countries with pretension to a more advanced civilization have yet to achieve.” Combien vrai que le dialogue interculturel au plan local est une réalité !

Feu Beekrumsing Ramlallah va dans le même sens en mettant en avant la manière dont le père de la Nation qu’il connaissait depuis les années 1940 était un fin stratège : « He had learnt how to stoop to conquer. When he could not beat his adversary in a straight fight, he would join him if forced by circumstances and out of necessity. One of the greatest traits of his character was to forgive and forget.” Evidemment dans le monde politique où les coups bas sont courants, les trahisons sont monnaie courante, les défaites sont à prévoir, il faut avoir le self-control et garder le sourire éternel. Certains l’ont appris et oublient la loi de talion – œil pour œil, dent pour dent.

Sir Veerasamy Ringadoo ne cache pas non plus son admiration pour ses actions remarquables : “During the years 1950 to 1983, I have followed at close quarters, in many fields, his capacity for work, his love for the common man, his commitment to ideals of justice and fair play and they stood in good stead and to the social, political and economic life of the country a contribution of a unique character. No man before him had dared so much and had achieved so much. His work and achievements will stand forever as a rich heritage for generations of Mauritius.”

Il accomplit des actions d’éclat sans claironner sur toutes les plateformes, in fact without blowing his trumpet. Que voit-on maintenant autour de nous ? Le politicien, c’est moi, moi, moi au point de devenir une vraie caricature. Une des premières femmes en politique, Radha Poonnoosamy a su faire, avec justesse, le portrait de SSR : « He was a very refined man, not only in dress but in manners. He could communicate with different levels of society. He had that great gift, and he was approachable. He exerted a supreme self-confidence and was a charismatic person. He possessed great leadership qualities and skills. He was not a sentimental politician but a pragmatic politician.”

Ce tour d’horizon se veut une comparaison avec la figure du politicien qu’on écoute, qu’on rencontre et qu’on juge. On en conclut que les grands modèles s’oublient trop vite. Où peut-être que le politicien du jour cultive plus de défauts que de qualités.

Shakuntala Boolell

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