Salons et foires : pouvoir de séduction?

Les salons et foires sont toujours d’actualité. Mais de qui font-ils le bonheur? Des petites gens, des commerçants, des organisateurs ? Il suffit d’y mettre le nez un dimanche pour conclure à leur pouvoir de distraction.

On a bien l’impression que l’envie est irrésistible de vérifier si les collections se suivent et ne se ressemblent pas pour suivre les tendances. Depuis quelques années, les politiques encouragent à la fois les organisateurs, les commerçants et les consommateurs à y manifester de l’intérêt.

Parcourir ces allées et découvrir les échoppes, c’est aussi aller à la rencontre des vendeurs qui sont en quelque sorte les ambassadeurs de leur pays dont ils vantent l’art, les produits et la valeur de tel bijou, de tel vêtement ou de telle paire de sandales. Bref, des objets de toutes les convoitises…

Les commerçants de la grande péninsule indienne et de l’Egypte sont passés maîtres dans la manière de plaire à leur clientèle de Maurice et de séduire toutes les classes sociales. Des tissus d’une finesse exceptionnelle et remplies de broderies d’or et/ou d’argent créent un véritable embarras de choix, à en croire les acheteuses.

Pourquoi s’attarde-t-on souvent à une échoppe ? Simple réponse. Le savoir-faire va de pair avec l’accueil – oh ! Combien différent de celui de nos propres vendeurs ! -, vous obligeant à vous arrêter quelques minutes, ne serait-ce que pour un brin de causette. C’est comme une exposition de belles créations de la couture indienne à Mer Rouge ces jours-ci. C’est l’occasion de découvrir la splendeur des parures revenues à la mode : longues jupes de couleur vive et brodées, saris couverts de pierres comme portaient les maharanis dans les anciens châteaux du Rajasthan et de Mysore. C’est l’exotisme qui met en éveil le sens du toucher et de la vue.

Puis il faut l’admettre : à part la mer, la plage, les courses, que sont les passe-temps des gens de la classe moyenne et de nombreuses familles mauriciennes ?

–   Ils ne peuvent pas tous se payer le luxe de profiter d’un long week-end – dépendant du package — dans des hôtels 3 ou 4 étoiles.

–  Beaucoup d’entre eux se contentent de se payer quelque chose qui leur ferait un peu plaisir.

–  D’autres profitent des thalis avec les mets différents du quotidien à un prix abordable. Le safran et le curcuma donnent une saveur particulière à ces portions étalées dans la grosse assiette. Epice miraculeuse, dit-on.

–  Tubercule ou filament, en comparant les prix d’un sachet ou d’un beau bocal, on se laisse embobiner en entendant parler de ses vertus. En Perse antique, on se servait du safran pour teinter les soies et lainages. En Espagne, en Iran, au Maroc ou sur la côte méditerranéenne on a rarement des plats sans safran : tajine, paella…

–  Pour quelques heures, les visiteurs des foires et des salons peuvent faire un voyage dans ces pays qui mettent à l’honneur leur patrimoine artistique et culinaire.

–  Le salon de la famille, organisé plus dans l’esprit de découverte des entreprises locales en vogue, tout comme le salon de la maison mobilisent différentes catégories sociales. Il semblerait que ce soit plus pour passer le temps, se détendre, couper avec les habitudes que pour débourser gros.

D’ailleurs, les gens – qui ont des entreprises – payent pour utiliser des échoppes. Et ils se plaignent de plus en plus. Vente en baisse ! Hésitation des gens avant d’acheter quelque chose ! Utilité ou non de ce produit ! Peur du gaspillage ! Autant de raisons que de prétextes qui montrent que ces salons et foires se suivent à un rythme tel qu’ils perdent leur objectif du départ.

Peut-être bien qu’il faut espérer que ces évènements qui changent la routine de bien des gens ne finissent pas par dresser des barrières entre ceux qui peuvent acheter et ceux qui voient baisser leur pouvoir d’achat.

Ce serait bien dommage que les exposants mettent la clé sous la porte faute de clients. C’est bien le cas de le dire. A Venise-la Cite des Doges-, on voit avec tristesse de moins en moins les maîtres verriers et doreurs et autres fabricants et commerçants. A Odéon – fameux quartier latin de Paris – le chic cède le pas à du toc, à des marchandises banales. D’autres endroits pleurent aussi leur belle époque. Qu’on évite à notre tour la descente infernale !

Pour se faire une idée juste de ces foires et salons, il faut se fondre dans la foule, se bousculer dans les allées et prendre le temps de comparer les objets exposés. Ce n’est pas destiné aux touristes mais bien à des gens du pays toujours autant fascinés par ce qui vient d’ailleurs.

Petit plaisir mais grand bonheur…

 

*  Published in print edition on 8 April 2016

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