Un pays indépendant : pour un renouveau?

La longue lutte de 1945 à 1968 pour accéder à l’indépendance avait ouvert le chantier d’une nouvelle vision. « La main dans la main » est un slogan qui nous a fait croire que le pays est entré dans une phase de construction de l’unité nationale.

D’ailleurs, dans sa dernière interview accordée à Sydney Selvon, le premier Premier ministre a parlé de l’indépendance comme un défi et a dit en toute franchise: « Il faut nous soucier de savoir si le peuple a la volonté et les ressources nécessaires pour mener à bien le développement. »

Dans deux ans, cela fera 50 ans déjà que le pays est indépendant. Le bilan de l’action de Sir Seewoosagur Ramgoolam est positif : éducation gratuite, Welfare State, nouveau statut de la femme grâce au droit de vote et à son entrée au Parlement, création de l’Université, bref toute une série de réalisations qui fait de lui l’icône de progrès.

L’Histoire de l’Ile Maurice est liée à Mahé de Labourdonnais pendant la colonisation française et à Sir Seewoosagur Ramgoolam pour la période post-indépendance; de par leur stature d’homme d’Etat et de par leur volonté et conviction.

Les années 1980 de changement annoncent des développements économiques et sociaux sans assurer la stabilité politique, ce qui favorise des formations politiques de tous bords et des alliances pour apaiser les tensions ethniques. Que d’encre a coulé sur ces tractations et coalitions ! Aujourd’hui encore, la population pense que les partis politiques perdent leur « crédibilité » en se déclarant en faveur de telle coalition ou autre. Tout est possible en politique ! Aucun parti ne veut affronter seul l’électorat avant de former un gouvernement.

L’indépendance a donné suite à des transformations structurelles considérables sans toutefois changer l’approche dans l’implémentation des actions sociales, éducatives, médiatiques, sanitaires, etc. Le contexte socio-historique est tel qu’on pense encore dans les cercles privés et dans les sectes en termes de groupe ethnique, de minorité à compenser avant de placer « in the right place » la personne avec les compétences voulues.

Les ressources ne manquent pas car nos jeunes sont de plus en plus formés dans de grandes universités mais ils n’inspirent pas confiance. Pourquoi ? L’interview de Nandini Bhautoo montre le découragement des jeunes face aux décideurs. Le renouveau se fait attendre ! Pourquoi ? Les politiciens et les grands patrons du secteur privé tiennent un discours progressiste de modernisation, de nouvelles valeurs mais, dans la réalité, ils ont une mainmise totale sur les choix, les placements.

Renouveau à oublier avec le comportement interventionniste à tous les niveaux. Pourquoi donc un éboueur, un attendant, un clerk ou un manager se donnent-ils le droit de contester une demande, un travail qui leur incombe ? Pourquoi certains départements se plaignent encore du verrouillage ? Pas d’accès aux codes de comportement ? Pas de circulation des rapports ?

Un pays indépendant qui se flatte de ses services (aériens, portuaires), de la multiplication des travaux de téléphonie, des routes ou autres ne doit-il pas prévoir des plateformes – pour mieux lister les problèmes ? Des gens, surtout des jeunes, veulent qu’on réponde à leur appel, qu’on corrige les injustices, qu’on les rende capables de gagner leur vie de façon à subvenir à leurs besoins.

Qui est à leur écoute ? Toujours la même histoire dans les centres où on reçoit…liste interminable depuis 7 heures du matin. Qui se charge des dossiers, des revendications, des désirs de chacun ? Activistes ou Advisors ? C’est le grand flou !

« Renouveau » : Ce terme implique pourtant un niveau de vie acceptable pour chaque Mauricien, un traitement approprié dans les hôpitaux, un sens du devoir dans les établissements scolaires et un contrôle des écarts de conduite dans les places publiques.

Est-ce le cas à la veille des célébrations en grande pompe de la Fête de l’Indépendance ? Les dépenses pour ne pas dire les gaspillages continuent de plus belle pour la parade et pour garder la tradition.

Qu’entend-on entre-temps ? « Dans baize meme, tous pareils ! »

Ainsi il faut souhaiter à notre pays une mise en valeur de ses ressources. Sinon le pays se videra de ses jeunes qui éliront domicile en Europe, en Australie, au Canada, etc.

Ce pays indépendant doit, de plus en plus, se poser des questions sur la poignée qui bosse dur, la moitié qui chôme ou qui profite de la sueur des autres, et le reste qui ne sait plus dans quelle direction il avance et qui succombe aux fléaux sociaux.

*  Published in print edition on 11 March 2016

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