Recul du fait politique: moins de conviction!

Rien qu’une option du citoyen?

Au lendemain du changement et de l’effervescence suscités par les nouvelles têtes, on ne peut qu’être frappé par l’attitude du citoyen. Force est de constater une situation pour le moins flottante. Les jeunes ne veulent pas se trouver au cœur des événements liés au fait politique et les adultes ou troisième âge sont suppliés pour y faire un effort dans ce sens. Et quand bien même que ce soit amplifié par tous les médias ! N’oublions pas non plus les publicités qui ornent les places publiques ou les devantures de certains bâtiments. Qu’est-ce qui fait la différence entre les anniversaires des partis dans les années 1990, et les premières années de 2000, les commémorations des grandes figures du passé, des grands tribuns et les mobilisations d’aujourd’hui?

La plus importante des différences est en premier lieu le fait que ces événements se sont transformés en « fêtes amuser/boire » pour la grande majorité des gens. Ils savent qu’un transport est mis à leur disposition, que leur briani et leur jus sont « packed » et qu’ils ont pour rôle de lever les banderoles, de crier à des moments bien programmés et de se préparer pour un spectacle culturel au cas où…

D’un point de vue organisationnel, cela paraît super bien mais qu’en est-il des retombées et réflexions ? A écouter les vieux routiers, bel et bien fini le temps de débats, de plateforme démocratique où l’illettré et le bien-pensant prenaient la peine de suivre la pente des partis et d’en comprendre la dimension de tel événement ou autre.

La deuxième différence qui doit être signalée, c’est que ces anniversaires ressemblent de plus en plus à une mise en scène lassante à la fin en raison des mêmes rengaines, des mêmes clichés, bref du même « cinéma ». Les formules « bizin sanzment, péna sanzment, kan sanzment » se font écho dans les foires, les transports collectifs. Où est passée la belle époque quand on faisait bonne figure avec les attentes et rêves du citoyen qui applaudissait de bon cœur ? Le magnifique poème de Léoville L’Homme sur Mahé de Labourdonnais date certes mais fait réfléchir sur l’homme, sa vision, sa volonté de changer le destin d’une île et accroche par le ton, les mots…

La troisième différence est que les fidèles forts de leur conviction de «diehard Labour, de militantisme, de mauricianisme, etc.» disparaissent au profit des bricoleurs de croyance à la carte. Cette tendance affecte pratiquement tous les partis qui vivent encore dans l’illusion que ce n’est pas compliqué de gagner du terrain. Le combat d’une ancienne étudiante Roshni Muneeram permet de tirer bien des conclusions. Lors des dernières élections elle avait son parti, sa brochure de classe avec un programme bien ficelé et elle sillonnait la circonscription où elle posait sa candidature. Résultat : elle n’a pas été élue malgré sa carrure. Conclusion : le fait politique est de moins en moins compris. L’option est d’attendre « so boute » et au fil des mois quand on ne l’a pas on fait comme Voltaire préconise « Cultive ton jardin ».

Pourtant tout événement peut avoir un impact important, tant culturel, instructif qu’en termes d’image. Ceux qui sacrifient leur matinée pour vivre pleinement une commémoration ou un anniversaire ne s’attendent pas à voir simplement des oriflammes, un défilé sur un podium et encore moins à emporter son « briani ». Donc on est en droit de se demander qui compose la foule, qui grossit la foule et quel est leur degré de compréhension. On souhaite plus d’honnêteté de la part des organisateurs. Comprendre les règles des jeux politiques est une notion assimilée par tous -donnant/donnant. Personne n’est con là-dessus ! Mais aller bien au-delà de cette notion oblige à repenser le pourquoi de la présence de tel parti ou autre, leur volonté de satisfaire des communautés économiquement faibles, les communautés inquiètes des réformes, les communautés qui sont dans le flou par rapport à leurs épargnes et leur avenir.

Il ne suffit pas de reprendre les commentaires des uns et des autres et parfois même s’appuyer sur des rumeurs pour créer des psychoses. Ou pour donner de faux espoirs. Combat, conviction, croyance inébranlable en le parti, de plus en plus on passe à côté de cela. Voilà pourquoi le fait politique ne se présente plus que comme une option, bon gré mal gré.

 

  • Published in print edition on 18 September 2015

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