Saignements menstruels post-vaccination : Une vraie pharmacovigilance peut sauver des vies

Des études montrent que des saignements menstruels anormaux suite à la vaccination peuvent mettre en danger la vie des femmes. Pourtant, ils sont banalisés par les autorités médicales. Cela démontre l’importance d’une pharmacovigilance à visage humain, avec un véritable suivi médical des personnes vaccinées… En amont et en aval de la vaccination.

Par Catherine Boudet

Les témoignages se multiplient : des femmes se plaignant de douleurs au ventre, de retards de leurs menstruations et de saignements anormaux suite à la vaccination anti-covid. A tel point que la presse s’est fait écho de ces cris d’alerte.

Pourtant, les autorités sanitaires se sont empressées de minimiser le problème. Dans Inside News du 28 juin, le Dr Catherine Gaud, épidémiologiste consultante au ministère de la Santé, confirme que le phénomène a été rapporté, en effet, à Maurice « mais qu’il ne s’agit toutefois pas d’un effet secondaire, décrit et connu, du vaccin » (‘Covid-19 et vaccination : perturbation du cycle menstruel – les précisions de la Dr Catherine Gaud’, Inside News du 28 juin 2021).

Accidents post-vaccination. Pic – s.yimg.com

Dans l’express du 9 juin, elle allait même jusqu’à déclarer qu’« à l’heure actuelle il est prouvé que le vaccin ne fait rien aux femmes qui veulent avoir des enfants ». Se montrant même catégorique sur le fait que, selon elle « à ce jour, aucun vaccin, n’a d’effet particulier sur la fertilité, ou l’allaitement, comme voudrait le faire croire les rumeurs et ‘fake news’ en circulation ». (‘Covid-19 – vaccins : quels effets sur les règles ?’, l’express du 9 juin 2021.)

Pourtant, des publications médicales internationales spécialisées tirent la sonnette d’alarme sur les saignements menstruels post-vaccination. En particulier le British Medical Journal qui a publié le 18 avril dernier, l’article d’un chercheur en Pharmacie intitulé ‘Covid-19 post-vaccine menorrhagia, metrorrhagia or postmenopausal bleeding and potential risk of vaccine-induced thrombocytopenia in women’.

Son auteur, Hamid Merchant, de l’université anglaise de Huddersfield, spécifie que beaucoup de femmes à travers le monde se sont plaintes de dérèglements menstruels et même d’hémorragies vaginales après avoir reçu un vaccin contre la covid-19. « Certaines expérimentent des saignements menstruels intenses (ménorragie), d’autres des saignements avant leurs périodes ou des saignements fréquents (métrorrhagie/polyménorrhée), tandis que d’autres encore se sont plaintes de saignements post-ménopause », poursuit l’auteur.

Les saignements ne sont pas anodins

Hamid Merchant anticipe en outre que le nombre réel de femmes touchées par ce problème dans le monde pourrait être «bien plus élevé que le nombre de cas rapportés dans les systèmes de pharmacovigilance, du fait que de nombreuses femmes dans des contextes culturels différents peuvent se sentir mal à l’aise d’en parler ».

L’auteur souhaite alerter la communauté scientifique sur le fait que ces pertes importantes et inhabituelles de sang menstruel peuvent entraîner d’autres effets secondaires chez les femmes affectées : anémies sévères, thrombocytopénies (baisse du nombre de plaquettes dans le sang), caillots sanguins et même hémorragies.

En outre, ces saignements menstruels anormaux peuvent constituer des signes avant-coureurs de « thrombocytopénie prothrombotique » chez certaines de ces femmes vaccinées, c’est-à-dire des troubles de la coagulation sanguine qui peuvent occasionner des caillots et avoir des conséquences fatales dans certains cas. D’ailleurs, diverses agences médicales notamment l’European Medical Agency (EMA) et le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec ont émis des avertissements officiels à destination des praticiens sur le fait que la vaccination anti-covid peut induire des thrombocytopénies prothrombotiques, et ce, pas seulement chez les femmes.

En ce qui concerne les troubles menstruels post-vaccination anti-covid-19, ils seraient très probablement liés à des antécédents médicaux chez les femmes touchées, signale Hamid Merchant dans un autre article du 24 mars 2021 dans le Journal of Pharmaceutical Policy and Practice, « Covid vaccines and thrombotic events: EMA issued warning to patients and health care professionals ». Par ailleurs, le risque d’accidents sanguins post-vaccination serait plus élevé chez les femmes qui utilisent des contraceptifs oraux.

Une prise en charge rapide peut sauver des vies

Le chercheur en pharmacie incite les autorités régulatrices et les agences de santé publique à ne pas négliger ces incidences, à les rapporter et à les prendre en charge le plus rapidement possible, car, dit-il, « une prévention rapide peut contribuer à sauver des vies ».

Comparativement, à Maurice, le son de cloche émanant des autorités compétentes est à la banalisation. Se voulant rassurante, le Dr Gaud déclare dans Inside News à propos de ces troubles menstruels post-vaccination, que « cela n’a aucune conséquence particulière ».

Quant au représentant de l’OMS, le Dr Laurent Musango, interrogé par l’express, il se borne à observer que « pour l’instant, par rapport à nos données existantes, rien n’est lié à la menstruation des femmes ». Il donne la garantie que « si c’est quelque chose qui n’a pas été constaté dans les essais cliniques, ce sera pris en considération ». Rien sur la prise en charge de ces femmes, de leurs symptômes, de leurs souffrances et de leurs peurs. La pharmacovigilance de la vaccination anti-covid se résumerait-elle à remonter les données cliniques mauriciennes aux fabricants de vaccins et aux organisations internationales ? Et qu’advient-il de ces femmes souffrantes, congédiées sans plus de considération ?

Le fait est donc que des symptômes liés à la vaccination, tels que les troubles menstruels, qui n’avaient pas été détectés durant les essais cliniques, apparaissent dans la campagne vaccinale. C’est un phénomène gênant qui vient quelque peu remettre en question le discours officiel de l’OMS qui veut présenter la campagne de vaccination comme une équation bienfaits/risques penchant en faveur des bienfaits. Ce qui n’est toutefois pas une bonne raison pour justifier une politique de l’autruche en matière de suivi des symptômes des vaccinés.

Pour une pharmacovigilance à visage humain

Pour l’heure, le principal souci des autorités face aux accidents de vaccination semble être d’établir le lien, ou plutôt l’absence de lien, entre le vaccin et les accidents post-vaccination. Ainsi, dans le cas du jeune sportif qui s’est retrouvé partiellement paralysé du visage suite à sa première dose de vaccin, « s’il s’avère que c’est à cause du vaccin, nous allons communiquer » s’est borné à répondre le ministère de la Santé interrogé dans l’express du 4 juillet 2021.

Le bilan des divers accidents post-vaccination soulève l’importance d’une pharmacovigilance à visage humain. Une pharmacovigilance dont la préoccupation centrale ne serait pas juste de dédouaner les autorités et les fabricants par rapport aux effets cliniques, mais aussi d’établir un suivi médical des vaccinés, pour leur propre sécurité. On ne peut pas balayer d’un revers de main les effets secondaires chez les personnes vaccinées sous le prétexte qu’ils sont rares ou qu’ils ne sont pas apparus dans les essais cliniques :

« Les signes précoces d’effets secondaires, même rares, détectés dans la pharmacovigilance ne doivent pas être écartés juste sur la base du fait qu’ils sont rares au regard des statistiques. Au contraire, ils nécessitent de procéder à des investigations scientifiques et des corrélations cliniques approfondies afin de pouvoir établir un possible lien de causalité », martèle Hamid Merchant.

De toute évidence, une pharmacovigilance doit s’exercer en aval pour le suivi des personnes vaccinées. Mais elle doit aussi s’effectuer en amont, afin de prévenir les risques d’accidents de vaccination. Au lieu de pousser coûte que coûte les personnes à se faire vacciner pour remplir des quotas, même quand elles ont un historique médical à risque. Il en va de la santé publique.


* Published in print edition on 9 July 2021

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