Que pensent les jeunes Mauriciens ?

Indépendance et société mauricienne

Un aperçu général des idéaux des jeunes, leurs craintes et leurs espoirs pour la société mauricienne en 2018


Dans le cadre de la célébration des 50 ans de l’indépendance de Maurice, Mauritius Times souhaitait mieux cerner ce que pensent les jeunes de l’île Maurice et des autres îles de la République, considérés souvent comme des témoins passifs des évènements. J’ai donc choisi de dépouiller 100 questionnaires d’une première enquête, même si cela ne représente pas un échantillon représentatif, afin de donner un aperçu général des idéaux des jeunes, leurs craintes et leurs espoirs pour la société mauricienne en 2018. Les résultats dévoilent aussi leurs opinions par rapport au thème qui mobilise la nation mauricienne : l’accession à l’indépendance il y a 50 ans.

Profil des enquêtés

Cette enquête par questionnaire a été menée auprès de 100 jeunes de moins de 25 ans avec une forte majorité de jeunes filles (83%). Tous les interviewés sont célibataires sauf pour trois jeunes femmes mariées dont deux vivent en milieu urbain et une, en milieu rural. Tous ont complété leur scolarisation secondaire et sont inscrits en milieu universitaire. 79% ont leur « HSC » en poche, 7% détiennent un « Diploma » et 10% ont un diplôme de premier cycle (undergraduate degree).

A la question concernant leur « Ethnicity », il ressort que la majorité des jeunes vivent bien leur identité ethnique dans un contexte multiculturel. Leurs réponses sont données par rapport à leur religion ou à leur communauté d’appartenance. Une personne, issue d’un couple mixte, n’a eu aucune hésitation à affirmer sa double appartenance culturelle, la valorisant comme une richesse. Elle s’affirme comme étant métissée, appartenant à deux groupes, « population générale et chinois ».

Il demeure que certains font fi du terme « ethnicity » pour affirmer uniquement leur identité nationale en tant que « Mauricien » (3%) ou planétaire « humain » (2%).

10% préfèrent ne pas décliner leur appartenance et ont opté pour « Autre », soit parce qu’ils sont encore dans une phase de recherche de leur identité personnelle ou parce qu’ils ne s’identifient à aucune communauté en particulier.


 Statut des fêtes associées à un  jour férié

Les  jeunes devaient nommer trois congés publics en ordre de préférence, ce qui m’a permis de situer la place qu’ils accordent au jour férié du 12 mars. Leur premier choix porte sur les fêtes qui réunissent toutes les communautés ethniques dans un seul élan national.

  • Deux fêtes nationales sont les plus prisées :  « la Noël » et le « Nouvel An ».
  • Deux fêtes religieuses hindoues arrivent en deuxième position. « Divali » est considéré par beaucoup de Mauriciens comme une fête nationale. Quant au « Maha Shivaratree », de plus en plus de jeunes Mauriciens de toutes les communautés participent chaque année à la marche vers Grand Bassin pour accompagner leurs amis hindous et découvrir cette fête dans un esprit d’ouverture et d’intercompréhension mutuelle.

Leur  troisième choix porte sur six fêtes religieuses et trois fêtes laïques,  auxquelles ils accorderaient probablement une valeur affective.

  • Trois fêtes religieuses chrétiennes : « Pâques  », « Assomption» et la « Fête des Morts ».
  • Trois fêtes religieuses hindoues : « Cavadee», « Ganesh Chaturthi » et « Ougadi ».
  • Trois fêtes laïques : « Arrival of Indentured Labourers », « Labour Day » et « Teachers’ Day».

Quant à « la fête de l’Indépendance », elle se situe en deuxième position, entre les fêtes à caractère national et celles ayant une forte empreinte affective. Elle  est placée en mouchoir de poche avec trois autres fêtes comme suit :

  • une fête nationale et laïque, symbolisant la lutte pour accéder à la liberté de l’individu s’affirmant comme être humain à part entière – « l’Abolition de l’Esclavage » ;
  • et deux fêtes religieuses caractérisées par la distribution de sucreries aux autres membres de son voisinage, peu importe leur communauté ethnique – « Eid-ul-Fitr » (célébration de la fin du Ramadan) et le « Chinese Spring Festival » (célébration du Nouvel An avec festivités, culte des ancêtres et spectacles de danses du loup qui animent les rues pendant quelques jours).
 Statut des fêtes associées à un  jour férié

Perceptions à propos de l’indépendance

La majorité des jeunes pensent que le jour de l’Indépendance, il existe un sentiment d’appartenance nationale.

  • 72% de jeunes célèbrent le jour de l’Indépendance ;
  • 63% sont fiers du jour de l’indépendance ;
  • 31% considèrent que c’est un « jour de congé public important ».

Quelques  commentaires à propos de ce jour indiquent les sentiments qui les animent.

  • It is important for the unity of a country and its development. »
  • “Everyone should be proud to be a Mauritian regardless of ethnicity or religious affiliation.
  • Our multiculturalism has a good image globally and is considered as an example to be followed worldwide.
  • Mauritius is a country where solidarity and the spirit of sharing are important and unique.
  • Mauritius is a peaceful country where the majority of people can live peacefully. We have many rights and we benefit from free services like education and health.
  • A diversity of religions and peace reigning in a multicultural country.
  • Proud of our history and struggle of our ancestors for independence and their sacrifices.
  • Patriotism brings a sense of belonging to the country. It is a great way to build the country’s identity and also the population’s national identity.
  • Patriotism is felt from the heart. You should not feel low when speaking about your Nation and sharing your culture.

 Les jeunes mentionnent les éléments symboliques incontournables.

  • Being emotional when one hears the National Anthem that takes one back to one’s roots.
  • Le patriotisme est quelque chose d’inné, qu’on ressent au fond de nous. C’est un sentiment fort quand on chante l’hymne national. 
  • Everyone holding the Mauritian flag high and not only on Independence Day.

Toutefois, 24% ne célèbrent pas le jour de l’indépendance, considérant le 12 mars comme un « jour ordinaire » ou « un congé public comme un autre ». Une personne « préfère passer du temps avec sa famille au bord de la mer » ce jour-là. Une jeune hindoue et une autre de la population générale ne célèbrent jamais cette fête car « ce n’est pas une pratique familiale ».

Certaines personnes refusent de célébrer ce jour à cause de la classe politique. Ils éprouvent un sentiment de honte par rapport à l’image véhiculée par les politiciens et se rétractent donc dans leur bulle en forme de protestation passive.

  • I am ashamed of my Government. I don’t feel attached or committed because of the high political value attached to it rather than a national/social value.
  • The Mauritian political sphere stinks racism, corruption, rottenness.
  • The leaders of the country are too corrupt and it is hard to be proud of the country. There is a fake liberté d’expression as leaders do whatever they want.
  • Patriotism is declining because of daily hassles bothering Mauritians, like religious unrest and discrimination toward the lower and middle classes.”

Quelques jeunes associent leur indifférence à un manque de connaissances à propos de cet évènement ou ils dénoncent les incohérences quand ils entendent diverses versions de l’Histoire dans les médias. 

  • “We do not know the real reason about Independence Day and the real story behind.”
  • “C’est le jour où le pays a perdu Diego Garcia en faveur des Britanniques. »
  • « Mauritians do not consider themselves as patriots. They would rather think that they are free people due to the struggles of others.”
  • “People are more interested in the public holiday rather than the context itself.”
  • “Many Mauritians do not know the real meaning of “Republic”.

Source des connaissances sur l’indépendance

La majorité des jeunes (76%) sont conscients d’avoir des connaissances limitées à propos de l’Histoire de Maurice en général et de l’indépendance de leur pays, en particulier. Ils confirment ainsi une grande faiblesse de l’Education nationale, décriée plusieurs fois par un certain nombre de pédagogues mauriciens. Néanmoins, il demeure que l’école primaire et la télévision nationale sont leurs deux sources principales de connaissances.

  • 28% ont acquis des connaissances à ce sujet pendant leur scolarisation, soulignant le rôle pivot de l’école primaire à travers une matière nommée « History & Geography».
  • Une seule personne mentionne qu’elle a eu de telles informations au collège en « Social Studies».
  • 16% des enquêtés sont des étudiants en Histoire en milieu universitaire. De ce fait, ils ont étudié ce thème et ont des connaissances approfondies.
  • Une personne évoque la dissémination des informations par les medias, notamment les « national TV shows».

Paradoxalement, tous les jeunes ne sont pas conscients de l’importance de se documenter à propos de l’Histoire de leur pays. Ils évoquent des raisons personnelles et institutionnelles, soulignant principalement la dilution des connaissances historiques au niveau secondaire. Ils sont très critiques de l’absence de vision des responsables institutionnels et politiques pour assurer le développement des jeunes en tant que citoyens éclairés et engagés.

  • 17% avouent qu’ils ne détiennent aucune information à propos des circonstances menant à l’indépendance, soit parce qu’ils ont oublié ce qui a été appris à l’école primaire ou parce qu’ils n’ont jamais été intéressés par ce sujet. Par conséquent, ils ne se sont jamais documentés.
  • Une personne écrit : « L’éducation met de côté les valeurs. Nous sommes gavés de connaissances pour trouver un emploi. On nous enseigne les valeurs liées au patriotisme quelques jours avant l’indépendance, nous donnant ainsi l’impression que c’est l’affaire d’un jour. »
  • La notion de patriotisme a perdu sa valeur fondamentale dans la société mauricienne. Les jeunes perdent ou n’ont plus le sens du devoir envers la société et la nation.
  • La célébration de l’indépendance est une routine annuelle. Youth are not aware of country facts.

Les personnalités politiques associées à l’indépendance sont indiquées en ordre décroissant dans le graphique ci-après. Trois étrangers y sont associés : les Indiens – « Mahatma Gandhi » et « Manilal Doctor », et la Britannique – « Queen Elizabeth » ainsi que 13 Mauriciens incluant les grands tribuns du Parti Travailliste.

Personnalités politiques associées à l’indépendance

Selon les jeunes, l’absence de deux matières scolaires autonomes dans le cursus éducatif national – « l’Histoire » et « L’Education civique et citoyenne » (incluant la dissémination des connaissances sur les évènements historiques  les plus marquants de la République) engendrent une certaine ignorance, qui s’avèrera dangereuse dans le moyen terme car « people do not understand its real meaning ».

  • La grande majorité, 95% des enquêtés, estiment que « l’Histoire de Maurice » en tant que matière scolaire doit être introduite en bonne et due forme en milieu scolaire.
  • L’enseignement des valeurs patriotiques devrait commencer dès le plus jeune âge à la maison et à l’école. Il reste encore à renforcer la mentalité : « As one People, as one Nation. »
  • Il faudrait enseigner le respect du drapeau national et de l’hymne national. Ce respect est en déclin ou a disparu car les Mauriciens manquent d’information à propos du sens profond de la République et du patriotisme.
  • Appropriate education should be implemented to develop their awareness and also discipline the youth.

Préoccupations des jeunes

La majorité des jeunes (89%) estiment que Maurice est un pays où il fait bon vivre. Une personne pense que le comportement du Mauricien est façonné par le multiculturalisme, favorisant une culture de tolérance et de paix à Maurice ou  ailleurs. 68% pensent que c’est un endroit approprié pour élever ses enfants.

Toutefois, les réponses sont aussi nuancées par rapport aux  réalités constatées et/ou vécues dans divers domaines.

  • Politique: 5% relèvent les travers de la classe politique, source de grande tension pour eux : « instabilité politique », « association avec la mafia de la drogue », « corruption des institutions », « liens malvenus développés en côtoyant la religion » et les affaires récurrentes telles que le « Metro Express ».
  • « Politics has become a joke which is the main cause for this loss of patriotism».
  • « Les gouvernements sont égoïstes ».
  • Economique : Selon plusieurs interviewés (79%), l’indépendance a été bénéfique pour le peuple de Maurice, avec une répartition inégale des avantages par classe sociale. Tous n’ont pas bénéficié des avantages suite à l’indépendance (75% – les riches, 69% – la classe moyenne, 51% – les pauvres). 56% ont des appréhensions à cause du coût de la vie.

  • Professionnel : 91% craignent « le taux de chômage élevé», « l’absence d’opportunités d’emploi » et  « les emplois limités dans certains domaines ».

29% ne pensent pas que ce soit possible de faire des progrès dans le milieu professionnel. Les jeunes sont inquiets à cause de « la corruption «  et de  « l’absence de méritocratie ».

  • 37% et 16% de jeunes évoquent leur crainte à cause de l’existence de la discrimination par rapport à l’emploi dans le secteur privé et le secteur public respectivement.
  • 7% sont inquiets à cause de l’existence du « racisme » et du « communalisme » dans le domaine professionnel.
  • Social : 57% sont inquiets pour leur sécurité personnelle et le déclin du « Law and Order». 4% relèvent les fléaux sociaux : « atmosphère pesante sur le lieu de vie », notamment à cause de « la drogue », de « la prostitution », de l’« insécurité » due au « racisme » et au « harcèlement dans la rue ».
  • Culturel : La perte des valeurs et l’absence d’opportunités préoccupent les jeunes.
  • « Compared to other Western countries, Mauritius is still a good place to live. But Mauritius is being influenced by Western cultures and losing its values. »
  • « We still lack certain opportunities, for example, books in bookshops. »

Comme « il y a une perte de plus en plus accentuée des valeurs ancestrales », pour les jeunes, ils estiment que certaines institutions ne rendent pas service à la Nation.  Ces dernières sont indiquées dans le graphique.

77% estiment qu’ils sont disposés à immigrer si une telle opportunité devait se présenter. Les motivations pour quitter le sol mauricien sont de deux sortes.

  • Amélioration de la qualité de la vie
  • 41% pensent avoir des opportunités de manière générale pour améliorer leur vie sur le plan économique avec 31% pensant que l’immigration leur ouvrira plus d’opportunités sur le plan professionnel et facilitera leur cheminement vers une carrière.
  • 11% pensent que le salaire sera plus élevé ailleurs et permettra donc de mieux faire face au coût de la vie.
  • 21% pensent qu’il y aura plus de sécurité ailleurs.
  • Epanouissement personnel

Un autre groupe de jeunes (21%) opte pour l’immigration afin de changer de mode de vie et devenir plus indépendant. Ils considèrent que ce serait une chance de découvrir de nouveaux horizons, de gagner en maturité, d’aller à l’aventure pour découvrir de nouvelles cultures. Une personne souhaiterait acquérir une nationalité supplémentaire afin de mieux satisfaire ses désirs.

Indépendance et Célébrations

Pour 44% des interviewés, le jour de la célébration de l’Indépendance et de l’acquisition du statut de République représentent à la fois un évènement politique, social, culturel et national. D’autres lui accordent une importance spécifique comme indiqué par les pourcentages dans le graphique.

Deux raisons principales sont évoquées pour célébrer l’Indépendance.

  • Sentiment d’appartenance à la République: 10% éprouvent du respect pour la patrie, 13% sont fiers des réalisations de la République, 21% célèbrent l’identité mauricienne se caractérisant pas la solidarité entre communautés dans une République multiculturelle, 42% s’attachent à la liberté acquise grâce à la lutte des ancêtres contre la colonisation et la domination : ils sont fiers d’appartenir à une Nation indépendante qui respecte la mémoire du passé.
  • Une tradition : Pour 9%, ils célèbrent l’Indépendance parce que c’est une tradition héritée depuis leur première scolarisation à l’école maternelle jusqu‘à leur passage en milieu universitaire. Ils apprécient le fait de recevoir des gâteaux et du jus de fruits gratuitement et quelques-uns aiment assister au spectacle qui a lieu au Champ de Mars.

Certains jeunes sont critiques à propos des dépenses énormes encourues par le gouvernement pour célébrer la fête de l’indépendance. D’autres jeunes font quelques suggestions pour, d’une part, mieux planifier les rencontres interculturelles et faciliter la socialisation entre groupes ethniques sur le sol mauricien et, d’autre part, mieux encadrer la population dans les îles de la République pour développer un sentiment patriotique le jour de l’indépendance.

  • Dissémination des connaissances interculturelles : Les jeunes proposent les « food festivals », les « cultural programmes», les « cultural fairs » et les « fashion shows » avec des activités artistiques en parallèle pour les jeunes et moins jeunes afin de faciliter les interactions entre Mauriciens tout en s’amusant et se cultivant.
  • Animations délocalisées : Des animations délocalisées faciliteraient les rencontres interculturelles. Certains jeunes proposent des rencontres autour d’un feu d’artifice.
  • Dissémination des connaissances historiques : Ils proposent d’organiser des activités en milieu scolaire et aussi sur les lieux de travail : « inspirational talks», « exhibitions » ; « workshops », « talks and activities to develop patriotism », « projection of films, documentaries, important events » et aussi « painting and essays about ancestors ».
  • Organisation des activités pour illustrer le patriotisme en action : Il s’agit de réduire les dépenses actuelles utilisées pour organiser une fête nationale en grande pompe et aussi prendre en charge les frais associés à la venue sur invitation d’un homme politique étranger chaque année.

Les jeunes penchent plutôt en faveur d’une amélioration du sort des Mauriciens à travers la mise en place d’un dispositif  pour une meilleure écoute de leurs doléances ce jour-là, et aussi d’une écoute attentive aux besoins d’autres peuples du monde. Ils sont en faveur du partage et de dons aux orphelins, aux pauvres et autres nécessiteux.

Sur une note plus pragmatique, les jeunes s’appuient sur leur vécu lors des célébrations de l’Indépendance pour en relever quelques faiblesses.

  • Les messages politiques : Les jeunes pensent qu’il faut revoir le format du message du Premier ministre, totalement inadapté dans l’état actuel, aux jeunes. Il faudrait décliner le message dans un format qui serait plus « child friendly».
  • Célébrations culturelles : Les jeunes souhaiteraient une démocratisation de l’accès aux artistes pour la célébration au Champ de Mars au lieu d’avoir toujours les mêmes défilés annuels avec les mêmes acteurs. Ils portent un regard critique sur le fait que ce soit toujours un seul et même collège d’Etat pour filles qui défile en compagnie des policiers. Ils pensent que le monde scolaire devrait être mieux représenté aux célébrations à travers d’autres activités novatrices.

Ils proposent que les discours des hommes et femmes politiques soient culturels et non pas axés sur la politique politicienne quand ils  prennent la parole.


Conclusion

Malgré les limitations de cette première enquête,  je m’appuierai sur les résultats pour avancer que les jeunes sont peut-être passifs mais ils ne sont pas naïfs. Au contraire, leur esprit critique est bien acéré. Nés un peu avant l’an 2000 et appartenant à la génération des nouvelles technologies, les 100 jeunes enquêtés connaissent le pays où ils ont vécu mais ils peuvent aussi effectuer plusieurs comparaisons avec d’autres pays en surfant sur le net. Ils nous envoient un message d’espoir. 

Contrairement aux 68ards, ils ne sont pas hostiles à la construction d’une nation multiculturelle où chacun a son identité ethnique dans la sphère de la vie privée tout en vivant avec fierté son identité nationale et internationale. Ils ne veulent pas imiter les Occidentaux mais ils souhaitent continuer à construire leur propre identité. Ils respectent toutes les langues et toutes les cultures de leur pays. Ils n’apprécient guère ceux qui sèment la zizanie ou qui veulent imposer des idées copiées d’ailleurs.

Ils regrettent que la classe politique actuelle soit rarement à la hauteur de leurs espérances. Ils se révoltent contre le manque de professionnalisme des politiciens en général, et de ceux qui utilisent les structures du pouvoir  pour satisfaire des besoins personnels, en particulier.

Par ailleurs, ils identifient la source de ce problème et le relient à certaines failles existant dans le système éducatif. Ils reconnaissent que le socle de leurs connaissances historiques est très fragile. Ils reproduisent des informations engrangées à l’école primaire et obtenues de mémoire ici et là, mais ils n’ont pas suffisamment de connaissances avancées à propos de leur propre République et de son fonctionnement.

Ils misent eux-mêmes sur l’éducation familiale et le système éducatif formel — dont le fleuron demeure sans aucun doute l’école primaire (consolidée à l’indépendance) – pour affirmer et consolider l’identité du citoyen mauricien dès le plus jeune âge. Ils aspirent à rester un modèle de cohabitation pacifique avec des citoyens vivant  dans la paix, l’harmonie sociale et le respect des libertés religieuses dans toutes les iles de la République.  Mais 21e siècle oblige, ils aspirent aussi à parcourir la planète pour assouvir la curiosité inlassable de la jeunesse (aspiration impensable pour la majorité de la génération précédente). N’est-ce pas là, somme toute, une caractéristique normale de la jeunesse  et d’une République résolument tournée vers l’avenir ?


 

 

* Published in print edition on 9 March 2018

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