Programme et priorités

Campagne électorale

L’électorat porte-t-il un intérêt à un projet de société ou est-il préoccupé davantage par les propositions de mesures prioritaires visant à améliorer son sort dans le court terme ?

By Prakash Neerohoo

Depuis le début de la campagne électorale en vue du scrutin national du 7 novembre 2019, l’électorat a pris connaissance, au gré des informations fournies dans les médias et les meetings politiques, des propositions faites par les partis politiques, lesquelles doivent paraître dans leur manifeste électoral.

Au-delà des promesses formulées de part et d’autre, avec la surenchère qui s’est ensuivie sur l’offre d’une augmentation de la pension de vieillesse, la question qui se pose est de savoir si une campagne électorale est l’occasion de débattre des problématiques majeures de la société, surtout si elle est courte (30 jours). L’électorat porte-t-il un intérêt à un projet de société dont les grandes lignes sont définies dans le manifeste électoral ou est-il préoccupé davantage par les propositions de mesures prioritaires visant à améliorer son sort dans le court terme ?

Le contexte politique local a ceci de particulier : l’électorat vote toujours contre le gouvernement sortant, devenu impopulaire ou peu crédible à cause de l’accumulation de casseroles et l’usure du pouvoir, pour le remplacer par un autre au nom de la fameuse alternance démocratique.

Puisque la mémoire collective se limite aux développements du quinquennat passé, l’électorat vote toujours par protestation contre les partis/alliance sortants ou parfois se laisse séduire par les promesses monétaires mirobolantes (doublement de la pension de vieillesse, allocation-chômage, gratuités des frais de formation tertiaire, etc.). Il n’en a cure des enjeux de société fondamentaux tels que l’Etat de droit, l’indépendance des institutions, la gouvernance transparente, la redistribution des richesses, l’Etat-Providence, les inégalités économiques, le changement climatique et le développement durable, et la sécurité publique.

Seuls des groupes de la société civile ont le temps de réfléchir sur ces enjeux et ils essaient tant bien que mal d’influer tant soit peu sur le débat public. Sous ce rapport, il convient de citer l’ancien Premier ministre canadien Kim Campbell qui avait postulé en 1984 que “an election was no time to discuss policy.”

Face à cette indifférence populaire, les partis ne sont pas pressés pour présenter leur manifeste électoral durant la présente campagne électorale à Maurice.

  • A ce jour, aucun des principaux partis en lice n’a présenté de manifeste électoral. On ne connaît pas le programme électoral de l’alliance PTr-PMSD au-delà de la proposition générale de rupture avec le statu quo. Personne ne connaît les tenants et aboutissants de la rupture proposée dans la forme ou en substance.
  • Pour sa part, l’alliance MSM-ML parle de son bilan au lieu du programme à venir et se contente de faire certaines promesses pour l’avenir (la pension de vieillesse à Rs 9000, par exemple.).
  • En revanche, le MMM a rendu publique une liste prioritaire de 20 mesures (pour les premiers 100 jours d’exercice du pouvoir sans doute) qui n’est pas un programme en soi, mais devrait en faire partie.

Il faut distinguer entre priorités à court terme et programme quinquennal pour un projet de société. La tendance dans les démocraties libérales pour les partis contestant les élections est de présenter une liste de priorités à court terme qui frappe l’imagination, quitte à proposer un programme détaillé à long terme plus tard.

C’est une coïncidence que la campagne électorale à Maurice se déroule en même temps que celle qui a cours au Canada en vue du scrutin fédéral du 21 octobre prochain. Tous les partis en lice y ont proposé leurs priorités à court terme pour 100 jours dans le cadre d’un programme à long terme. Selon cette approche, les mesures prioritaires ont plus d’impact psychologique durant la campagne qu’un programme quinquennal étoffé et chiffré qui demande un débat approfondi que le temps de la campagne ne permet pas.

Toutefois, tous les partis expliquent leur philosophie et prennent des engagements dans leur manifeste électoral sur les grands enjeux de société tels que le changement climatique, la répartition des richesses, la politique fiscale, l’immigration et le modèle de développement. Les divers débats entre les chefs de partis à la télévision sur ces thématiques permettent aux électeurs d’y voir clair dans les différentes offres politiques, de trouver les différences et similitudes entre les programmes respectifs et de faire leur opinion avant de voter.

On aurait souhaité une telle approche à Maurice.


* Published in print edition on 18 October 2019

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