Pour un Renouveau Spirituel et Social

Par B Jugoo

On assiste de plus en plus à une recrudescence de drames menant à des violences domestiques inouïes dans une société pourtant ‘civilisée’ et à des crimes barbares qui choquent la nation et laissent des familles entières dans la détresse et la précarité avec des souffrances morales extrêmes et des séquelles sociales.

Comment a-t-on pu arriver à ce degré de déchéance malgré l’évolution qui a sorti le pays d’un sous-développement économique et a donné un peu plus de bien-être à ceux au bas de l’échelle ? Est-ce une question d’éducation, de culture ou de manque d’assistance psychologique et sociologique ou d’organisation sociale de nos communautés?

Pourtant il existe un ministère de la Sécurité sociale qui gère un budget en milliards et les fonds de pensions de retraites et d’assistance sociale aux veuves, handicapés, et invalides.

Même si l’éducation a été rendue accessible et gratuite pour tous depuis déjà plus de 40 ans, il existe encore un certain pourcentage d’illettrisme et d’échec scolaire aux niveaux primaire et secondaire qui est à l’origine d’inégalités sociales historiques et d’appauvrissement. Ce fléau doit être éradiqué dans une société d’opulence des autres classes bien lotis.

Le processus de la famille désunie et l’indépendance économique avec l’accès à un emploi pour tous a aussi influé sur un autre style de vie, plus matérialiste et égoïste, et a donné naissance à plus d’incompréhension, de manque de dialogue à la table familiale et de solidarité, ce qui a engendré frustration et réclusion dans un autre univers existentiel et a augmenté considérablement les laissés pour compte.

Ajoutez à cela comme loisirs et pour passer le temps, des films d’un contenu sans grandes valeurs morales, des jeux vidéo violents et la téléphonie mobile avec toutes sortes de réseaux qui occupent l’esprit en tout temps et lieu.

Dans le couple s’y installent des attitudes antagonistes, d’infidélités cachées et de désamour qui ébranlent l’harmonie familiale et le tissu social. L’alcool et la drogue continuent aussi à faire des ravages dans la société.

Voila où le mal-vivre prend sa source et des propos indésirables difficiles à digérer débordent et prennent des allures de comportement violents. Tout cela débouche sur des actes malheureux qui coûtent la vie aux plus faibles sans armes ni défense.

Les autorités enquêtent, condamnent, sanctionnent, réhabilitent. Mais prévenir, c’est beaucoup mieux que punir et guérir. Il suffit d’analyser les cas les plus atroces pour savoir où le bât blesse.

Il faut un renouveau spirituel, et c’est la société elle-même qui doit prendre le relais. Toutes les confessions et les fédérations religieuses doivent préparer la communauté dans le respect de la vie et les enseignements des valeurs de leur religion.

Beaucoup le font depuis l’établissement de leurs institutions religieuses et culturelles. Saluons leur vocation et leur travail paroissial comme l’aménagement des centres et des parcs spirituels, et l’organisation des retraites. Les chefs religieux et les prêtres ont leur rôle à jouer du haut de leur prétoire et au sein de leur(s) communauté(s) car ils sont les bergers de leurs ouailles.

Faut-il que chaque communauté organise des sessions de formation pour jeunes, adultes, couples, travailleurs, employés afin de mieux les éduquer dans le comportement humain sur des thèmes choisis ?

Commençons à la base, dans un effort national afin de limiter les cas de violence par une approche psychologique, sociologique et spirituelle. L’église et les temples sont là depuis des millénaires pour la sauvegarde de la vie et l’évangélisation de la société dans les préceptes de vie sociale.

On doit inculquer, dès le jeune âge, l’éducation civique, le scoutisme (avec l’association de girls guide, par exemple), les valeurs des religions, la socialisation et la santé mentale, le sens de la famille, la préparation au mariage et l’éducation parentale, la fréquentation des églises et des temples sur un autre niveau que la seule dimension rituelle dans des salles d’œuvre, le respect des personnes aînées et âgées, la culture et la philosophie universelle, des actions communautaires et le bon vivre ensemble.

L’heure n’est plus à la constatation des fléaux mais à leur éradication et à l’investissement conséquent dans l’humain, et l’organisation sociale dans les prochains budgets du gouvernement. Le ministère des affaires sociales doit être la tutelle pour intégrer tous les services sous un même toit. Le social doit devenir une priorité comme celui de l’environnement et doit être superposé sur l’économique.

Faut-il repenser les activités des centres communautaires et leurs gestion et les convertir en des Centres de Loisirs et de Cultures à l’exemple du complexe « Centre de Loisirs et de Culture » à Mont Plaisir à Rodrigues pour services spécialisés d’encadrement dans divers domaines, l’organisation des activités culturelles avec ateliers d’arts et de musique classique et moderne, des salles de théâtre et de danses, des bibliothèques et autres salles de conférences, d’informatique, des espaces de méditation, de lecture et d’écriture, des séminaires, des cours d’alphabétisation et de nutrition, comment élever son enfant et comment bien vieillir, la thérapie de groupe et allouer une grosse part du budget national pour financer ces activités.

Il y a eu assez d’investissements dans des infrastructures physiques des routes, du transport routier et de complexes sportifs qui ont englouti des milliards chaque année. Il s’agit bien aujourd’hui de rehausser le niveau culturel de tous et d’engager la société dans son ensemble, gouvernement, religions et associations civiles et bénévoles pour promouvoir un développent social intégral à un plus haut niveau.

En conclusion, ces quelques propositions devraient aider à quitter la zone de confort habituel pour se tourner vers ce qui devient de plus en plus urgent à implémenter.

  1. Tous les services sociaux doivent être intégrés sous un seul toit en un ministère de Sécurité et des Affaires sociales.
  2. Un personnel spécialisé en sociologie, psychologie, gérontologie, de conseillers sociaux et des agents de terrain doivent être engagés en sus des officiers administratifs répartis dans des centres sociaux et les bureaux de la Sécurité sociale pour consultation de proximité.
  3. Un index de développent social doit être établi pour chaque agglomération et quartier pour cibler les services d’accompagnement nécessaire.
  4. Les activités des centres communautaires doivent être revues et ces derniers transformés en complexe de loisirs et de cultures avec calendrier de causeries et de consultations dans divers domaines pour améliorer le niveau de connaissance des lois, des délits, de la culture générale et lutter contre les fléaux sociaux comme l’alcoolisme, l’addiction aux drogues et à leurs effets, les causes des accidents de la route, la conduite responsable, la violence domestique.
  5. Les églises, temples et associations religieuses, et leurs comités doivent aussi organiser des sessions d’éducation en valeurs humaines et promouvoir l’unité de la famille comme cellule de développement social et pour un renouveau spirituel.
  6. Le gouvernement doit prévoir et consacrer des budgets importants et mobiliser toutes les ressources pour le développement social avec des objectifs bien définis et des stratégies concrètes pour éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes et, en premier, la construction de logements sociaux gratuits comme base pour tout développement et le bien-être des populations défavorisées.

* Published in print edition on 20 March 2020

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