“Nous avons le gouvernement et la classe politique que nous méritons”

Interview: Yvan Martial, Journaliste

* ‘Nous sommes peut-être la population la plus mouton-de-Panurge au monde. Nous tolérons l’intolérable mieux que quiconque’

* ‘Les meilleurs services de santé au monde ne peuvent présentement qu’offrir des propositions de solution leur paraissant pour l’instant les plus judicieuses’


La pandémie emporte des victimes tous les jours et la foule pour faire la troisième dose de vaccin grossit localement. La crainte d’attraper le coronavirus gagne les esprits et chacun souhaite utiliser un filet de protection magique même si ce dernier est inexistant à l’heure actuelle… Mais la masse fera tout pour retrouver son petit train-train quotidien sans avoir à se plaindre de tous les fléaux sociaux qui tuent pourtant plus que la Covid. Entretemps, le Gouvernement continue sa route en utilisant les stratégies de son choix pour gagner du temps, et aussi des électeurs. Yvan Martial, journaliste, nous en parle…


Mauritius Times :Trois ‘Private Notice Questions’ successives ces dernières semaines, pour faire le point sur la situation de la Covid-19 dans le pays, et qui nous informent que la propagation du virus est loin d’être endiguée. Fixer ou atteindre l’objectif de “zéro cas” ne parait pas réalisable, il faudra vivre avec le virus pendant un bon bout de temps, selon les spécialistes, à condition que notre système de santé publique – notre défense de première ligne – parvienne à tenir le coup. Qu’en pensez-vous?

Yvan Martial: Il nous faut en effet continuer à vivre avec la Covid-19 jusqu’à ce que le corps médical mondial trouve le moyen absolument efficace, soit d’immuniser durablement la population planétaire, ou de mettre au point un remède pouvant lutter efficacement contre les méfaits de ce virus, et ce, en attendant le prochain fléau qui pourrait être plus redoutable encore.

Programme pessimiste pour certains. Programme empreint d’une sage sérénité pour d’autres. Le tout est de savoir si l’on veut se situer parmi les insensés voulant à n’importe quel prix expérimenter sur terre un bonheur parfait, forcément incessant ; nous sommes tous incapables de le construire car, dès le jour de notre naissance, nous sommes condamnés à mourir et à céder la place à d’autres, y compris nos descendants.

Notre ridicule révolte contre la Covid-19 faisant trépasser un pourcentage heureusement infime de Terriens, y compris les contaminés, remplace seulement d’anciennes révoltes contre le cancer, le sida, la polio, la peste, le choléra, la variole…

Curieuse humanité que la nôtre, qui se révolte contre une Covid-19 que l’OMS peine tant à éradiquer mais qui demeure tellement silencieuse, pour ne pas dire complice, devant la drogue qui tue d’abord mentalement des jeunes, la frénésie de la vitesse qui exécute de jeunes motocyclistes aux petites heures du matin (que faisaient-ils dans cette galère matutinale ?)

Ridicule révolte contre la Covid-19 et ses inconvénients dérangeant notre confort tellement égoïste quand des menaces terroristes et génocides désespèrent des dizaines de millions d’êtres humains dans des pays aussi martyrs que l’Afghanistan et le Soudan. Les candidats à l’immigration sont en nombre croissant dans des continents aussi paganisés que l’Europe ou l’Amérique du Nord, là où la Sagesse, forcément divine, doit céder la première place à l’Argent, au Profit démesuré aux dépens de ceux et celles qu’ils paupérisent et désespèrent chaque jour davantage…

Pouvons-nous imaginer Mère Teresa ou le Mahatma Gandhi désespérant parce que la Covid-19 les dérange ? Ils ne cessent de nous apprendre à vivre, non pas pour nous-mêmes, mais pour rendre les autres plus heureux en vérité !

Y échapper par n’importe quel moyen, surtout privilégié, car réservé à certains mais pas disponible pour tous ? Cela ne saurait être la vocation d’un être humain sachant qu’il doit son existence, son intelligence, le meilleur de lui-même à un Dieu-Créateur. Celui qui nous donne tout pour que nous acceptions librement de partager éternellement auprès de Lui notre vie au-delà de notre mort où nous serons enfin libérés des contraintes du Temps et de l’Espace pour devenir partie prenante d’une Vérité salvatrice transcendante…

La Covid-19 peut certes nous frapper à n’importe quel moment plus ou moins gravement. Mais nous devons ressentir chacun de nos réveils matinaux comme un jour de bonheur terrestre de plus, une victoire de la Lumière du Jour sur les ténèbres de la nuit et de notre vie, une source incommensurable d’Espérance et de foi en votre vocation d’enfant de Dieu ; l’occasion de témoigner notre reconnaissance en nous efforçant de servir les autres comme Lui nous aime miséricordieusement…

* Pensez-vous que le gouvernement serait en train de dissimuler les vrais chiffres par rapport à la Covid-19 et que les mesures de restriction introduites la semaine dernière ne sont pas suffisantes par rapport à la gravité de la situation, comme le soutient le leader de l’opposition? Pour le ministre de la Santé, on serait en train de créer “une fausse perception” à l’effet que “nos services de santé seraient débordés et que les traitements proposés ne seraient pas efficaces”…

Il n’est jamais sage de prêter des intentions à autrui y compris au gouvernement du jour. Pareille accusation et d’une telle gravité suppose que je dispose de preuves irréfutables de ce que j’allègue. Tel n’est pas le cas.

En revanche, je peux deviner ce gouvernement, pour ne pas dire son ministre de la Santé, en présence de mille et une données tant locales qu’internationales, tant officielles qu’officieuses. Ne pouvant les citer toutes sans créer une dangereuse confusion, ni encore moins nous offrir une synthèse forcément subjective, il lui reste à faire rapidement un choix lui paraissant le plus judicieux pour nous indiquer comment il voit la situation au jour le jour. Il faut dire qu’elle est diaboliquement évolutive, permettant aux données d’aujourd’hui de ridiculiser celles d’hier en attendant leur possible réhabilitation dans les jours à venir.

La sagesse nous commande de comprendre que nous sommes en présence d’une menace virale que nous connaissons mal. Les meilleurs services de santé au monde ne peuvent présentement qu’offrir des propositions de solution leur paraissant pour l’instant les plus judicieuses. Ils se savent faillibles mais ne peuvent pas attendre l’arrivée de certitudes incontestables non plus puisque des personnes souffrent de troubles respiratoires pouvant être mortels. En pareil cas, l’humilité la plus grande est de mise et toute arrogance des conne-tout se contredisant allègrement est à proscrire.

La modestie du décisionnaire aide grandement la population – qu’il doit servir au mieux de ses capacités – à lui réitérer sa confiance et à lui prêter une obéissance, gage d’une discipline nationale qui fait la grandeur des populations les plus sages.

Jamais plus perdue qu’aujourd’hui car recevant des messages les plus contradictoires – mais voulant à n’importe quel prix s’imposer à tous-, cette population, comme la nôtre, attend au moins un minimum de consensus de la part de notre corps médical et soignant. Sa mission première est de nous rassurer mais jamais de nous affoler davantage.

Ceux et celles qui sont à la retraite n’ont aucunement le droit moral de critiquer leurs successeurs, nous invitant même à les prendre pour des charlatans car leurs successeurs ont été formés par ces grands conne-tout et ils appliquent ce que leurs prédécesseurs leur ont enseigné dans la pratique et en théorie. Tout maître est, pour beaucoup, dans l’échec de son ou ses disciple(s).

* Il y a toujours une tentation de la part de l’opposition de faire de la récupération ou de la basse politique sur des sujets brûlants du moment – ce que soutient le gouvernement -, alors que de l’autre côté, ce même gouvernement peut bien ne pas nous dire toute la vérité – ce qui certes n’est pas la même chose que mentir – afin de ne pas créer une situation de panique. Mais comment faire avancer le débat dans de telles circonstances?

Ce n’est pas aujourd’hui qu’on se débarrassera de la politique de bas-étage consistant à profiter d’un moment de crise planétaire dans le vil espoir de promouvoir ses intérêts les plus égoïstes, les plus mesquins.

Quelqu’un a dit : Nous sommes en guerre ! D’accord mais contre qui ? Contre le gouvernement en place plébiscité par notre électorat le 7 novembre 2019 ? Certes non. Mais contre une Covid-19, ennemi d’autant redoutable qu’il est invisible sans indiquer qui il va attaquer, à quel moment et de quelle manière.

Si nous croyons être en guerre, notre devoir est d’offrir nos services, surtout nos compétences, mais en toute sincérité, à ceux qui ont présentement la mission de diriger, de gouverner, notre population, en vertu du plébiscite précité.

En pareille situation tellement préoccupante, il y a, à mon humble avis, un débat qui devrait retenir l’attention du plus grand nombre, à commencer par les parents d’enfants mineurs. Notre système éducatif fait relâche. Nos écoles, nos collèges et nos universités doivent fermer leurs portes. Catastrophe pour certains. Aubaine inestimable pour d’autres, malheureusement infiniment moins nombreux.

Le moment n’est-il pas venu de remettre radicalement en cause l’école d’aujourd’hui mais qui est encore celle d’hier car elle fonctionne encore beaucoup trop suivant un schéma ne connaissant ni télévision, ni internet, ni réseaux sociaux. C’est quelqu’un qui refuse aujourd’hui de recourir à un portable qui vous parle pourtant.

Mes petits-enfants ont des années-lumière d’avance sur moi car ils n’ont pas dix ans mais ils jonglent déjà avec aisance dans un univers virtuel qui m’est totalement inconnu mais qui leur offre des myriades de possibilités d’enrichissement intellectuel et culturel dont je ne peux même pas rêver.

J’espère seulement pour eux qu’à la fin de leur vie, ils seront aussi heureux que moi, homme du 20e siècle en marche vers le 19e, de tout ce que j’ai appris sur mon pays, sur les générations qui m’ont précédé sur ce sol mauricien tellement sacré à mes yeux. Cela, ce n’est malheureusement pas l’école que j’ai subie, dans les années 1950, qui me l’a appris. Mais c’est mon seul désir découvrir ce que je suis avide d’apprendre même si je dois pour cela défricher de modestes journaux locaux des derniers trois quarts de siècle écoulé.

L’école sans l’école-simple-bâtiment-en-béton possède de multiples avantages à commencer par la diminution des déplacements et des bâtiments scolaires, les meilleurs professeurs disponibles pour tous les élèves avec une égalité de chances sans précédent. Elle comporte aussi des inconvénients particulièrement préoccupants. Elle assure mal le besoin de sociabilité de tout être humain. Combien plus pauvre serait présentement mon existence si je n’avais pas la possibilité d’évoquer à mon aise tous mes condisciples d’école et de collège ?

Cela dit, je confirme que nous avons présentement l’urgent besoin de réinventer l’école la mieux adaptée, la plus épanouissante à offrir avant demain aux enfants de nos enfants. N’attendons surtout pas à ce que notre ministre de l’Education se mette d’accord avec le reste du conseil des ministres pour nous mettre à réfléchir – seul ou à plusieurs – sur ce qu’il convient d’inventer et d’expérimenter pour que l’écolier devienne plus tard un citoyen planétaire beaucoup plus utile que nous ! Elèves de l’école sans internet, essayons d’être pour ceux qui nous entourent et qui nous font confiance…

Le premier document fort utile à verser à ce dossier hyper urgent est sans conteste la précieuse lettre de l’éminent Suren Bissoondoyal concernant les cours par correspondance (via des aérogrammes à 35 sous l’envoi) des années 1950 et suivantes qui ont permis à tant de Mauriciens à s’élever dans l’échelon social (Voir L’Express du 17 novembre 2021, page 7). Qui n’a pas lu cet envoi n’a pas le droit de se considérer pédagogue.

* Pour revenir à la communication du gouvernement, il parait que la tolérance du public face aux mensonges politiques est assez élevée à Maurice, mais la pandémie de la Covid-19 nous amène à nous poser la question suivante: les dirigeants du pays doivent-ils dire toute la vérité ?

Nous sommes peut-être la population la plus mouton-de-Panurge au monde. Nous tolérons l’intolérable mieux que quiconque. Nous possédons une stupéfiante capacité de supporter l’insupportable, y compris les interminables sermons vespéraux télévisés de Pravind Kumar devant d’accommodantes mais ô combien indésirables caméras de notre perpétuelle MBC (Ministers Broadcasting Corporation ?). 

Cela dit, je demeure incontestablement fier d’appartenir à une population pouvant revendiquer une succession continue depuis 1885, à deux malheureuses exceptions près, de 25 élections législatives plus ou moins quinquennales jamais à ce jour contestées globalement, à n’avoir aucun coup d’Etat ni de révolution, pas même de palais, sur la conscience, à pouvoir se prévaloir d’une coexistence pacifique ayant pourtant surmonté heureusement quelques tempêtes plus ou moins menaçantes.

Tout n’y va pas pourtant pour le mieux comme dans le meilleur des mondes. Nous rencontrons des problèmes préoccupants sans éprouver heureusement le besoin d’aller bloquer stupidement des ronds-points majeurs pour freiner la circulation automobile sinon l’économie d’un pays ou d’une région. Nous respectons encore nos institutions même si elles sont de plus en plus gérées à nouveau de la manière la plus oligarchique qui soit.

Cela dit, tout gouvernement se voulant intelligent, pour ne pas dire excellemment serviable, doit comprendre qu’il est de son intérêt premier

  • d’accepter avec gratitude les critiques même injustes ou inappropriées pouvant lui être adressées, et
  • de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité à la population qu’il prétend vouloir servir au mieux de ses capacités.

J’ajouterai que tout gouvernement qui perd son temps, comme le nôtre, en critiquant des adversaires à terre car dans l’opposition tellement paralysante, pareille attitude nous démontre seulement un Pouvoir faible, désorienté, incapable de nous diriger harmonieusement, car n’ayant pas confiance en lui, en ses ressources surtout humaines.

Tout gouvernement faisant de la critique de ses adversaires sa priorité du jour est indigne de notre confiance. Il n’est même pas assez intelligent pour comprendre que perdre son temps à critiquer ses détracteurs leur donne une popularité, une force morale, un pouvoir que les urnes électorales n’ont pas été capables démocratiquement de leur offrir précédemment.

Pour être intelligent, tout gouvernement doit publiquement ignorer ses adversaires sans leur faire de la publicité surtout. Etes-vous ministres et députés de la majorité parlementaire ou des agents politiques de l’opposition même extraparlementaire?

* Par ailleurs, avec un peu de chance, nos services de santé vont pouvoir contenir la pandémie dans les prochaines semaines, probablement vers la mi-décembre, et le Gouvernement trouvera bien alors un autre “sujet brûlant” pour occuper les esprits des citoyens, mais aussi de l’opposition et de la presse… puisque c’est bien l’alliance gouvernementale, pas l’Opposition, qui est en train de ‘set the agenda’ jusqu’ici, non?

J’ose espérer que le gouvernement que nous avons plébiscité le 7 novembre 2019 ait d’autres priorités que d’inventer des sujets brûlants pour seulement occuper nos esprits citoyens…

Toutefois, il y a une grosse lacune sur laquelle je n’entends souffler aucun vent de révolte démocratique. On nous a laissé entendre l’infime possibilité de la tenue d’élections municipales avant la fin de l’année. J’ai bien peur qu’il ne s’agisse encore et toujours que de promesse ministérielle mensongère, sinon de calendes grecques. Que ce déni de démocratie régionale, sinon au ras des pâquerettes, arrange providentiellement les candidatures d’une opposition, toujours en quête d’unité même de façade, ne diminue en rien l’irrémédiable irritation des vrais démocrates mauriciens qui tiennent pour sacrées les dates de nos élections de tous poils y compris villageoises.

Pour ne pas changer, on nous prétextera les précautions sanitaires à respecter en pleine pandémie Delta. Ne soyons pas dupes. Si nous avons le droit légal et policier de nous entasser à 60 dans un autobus hermétiquement clos, pour cause d’air-con, et embouteillé jusqu’au cou dans les méandres de nos perpétuels engorgements de trafic automobile pour, entre autres raisons, l’aménagement d’une voie ferrée pour Sa Majesté le Métro Express, je vois mal ce qui pourrait nous empêcher de pénétrer les uns après les autres dans un bureau de vote pour désigner la demi-douzaine ou davantage de candidats que nous jugerons les plus aptes à administrer nos rares municipalités pendant le lustre à venir.

Les Etats-Unis d’Amérique ont pu, au début de novembre 2020, en pleine vague de Covid-19, élire un Joe Biden pour nous débarrasser enfin de l’ultraconservateur Donald Trump. Covid-19 ou pas, les Français décideront, en avril et mai prochains, qui sera le prochain locataire, homme ou femme, du palais de l’Elysée pour, de nouveau, le prochain lustre.

Bien malin qui peut aujourd’hui dire s’il y aura des élections municipales avant l’échéance législative heureusement obligatoire de 2024. Nous devons ce nouvel attrape-nigaud à notre classe politique, opposition autant que Gouvernement. Elle ne se soucie aucunement du respect dû à nos échéances électorales. Et dire que nos ancêtres se sont battus parfois au péril de leur vie pour conquérir ce droit de choisir librement nos députés, nos conseillers municipaux et villageois.

La structure oligarchique strictement familiale et dynastique de ce qui reste de nos partis politiques n’accorde aucune considération au droit des citoyens de se rendre aux urnes à dates fixes, programmées de longue date et ne souffrant aucun changement. Dans la main de nos Jupiters de pacotille doivent tenir tous les éléments, les seuls sacrés, de leur bon plaisir. Pauvre population mauricienne. Nous avons le gouvernement et la classe politique que nous méritons.

* Vous avez aussi sans doute remarqué que c’est le gouvernement qui nous sort de temps à autre un “sujet brûlant” susceptible de provoquer les passions pendant quelques semaines : droit de vote à 16 ans, ‘Offshore Petroleum Bill’, ‘Cybersecurity and Cybercrime Bill…, et là, on parle ces jours-ci de son intention de mettre sur pied un ‘Press Council’. Est-ce fait pour qu’on oublie l’essentiel ?

Je n’ai pas la compétence technique pour ergoter sur l’Offshore Petroleum Bill. En ce qui concerne la Cybersecurity Bill, je dirai seulement que j’entends dans les médias internationaux, les rumeurs les plus inquiétantes au sujet des bambins de moins de cinq ans et déjà assez accrocs aux réseaux sociaux pour passer des journées et des nuits entières devant un écran audiovisuel pour le plus grand danger de leur cerveau encore en formation.

A la baudruche de l’énième projet de Press Council, on accroche celui du Cybercrime. Rien de nouveau donc sous le soleil mauricien et jugnauthien. Le Parti Travailliste de Seewoosagur Ramgoolam nous a imposé, à la requête du PMSD de Duval, une censure policière de la presse entre décembre 1972 et la mi-1976 (Merci à l’OUA qui nous avait débarrassés de ce monstre arbitraire).

Il n’a jamais eu l’intelligence de comprendre que cette censure initialement politique et anti-MMM devenait au fil du temps une censure surtout policière, voulant à tout prix que les incartades de flics en flagrant délire demeurent inconnues de la population. Voilà pourquoi les Mauriciens n’ont jamais su médiatiquement que des gabelous ont sadiquement matraqué leurs filles et garçons au pont de la GRNO et dans les ruelles rosehilliennes, lors de l’événement de Mai 1975.

Je prendrai au sérieux la menace d’un énième projet de Press Council quand seront désignés les mercenaires acceptants, comme ceux de 1973 à 1976, de juger leurs confrères et consœurs en train d’accomplir leur mission sacrée d’être au service du droit de la population mauricienne à connaître la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

Quid des toujours possibles abus de pouvoir de brebis galeuses déguisées en journalistes dûment agréés. Il existe déjà toutes les lois requises pour condamner tout journaliste coupable de s’enferrer dans une diffamation la plus calomnieuse. La MBCTV, voulant ternir la réputation de notre presse écrite qui a encore le mérite d’exister sans dépenser un sou des fonds publics, confirme cela en revenant en long et en large sur un propriétaire de clinique ayant obtenu la condamnation juridique d’un de nos quotidiens, coupable de l’avoir diffamé.

Si nos lois anti-diffamation, devant normalement s’appliquer aussi aux méfaits de ce genre commis sur les réseaux sociaux, ne sont pas assez sévères, faites le nécessaire, Messieurs et Mesdames les honorables législateurs, mais ne venez pas nous fatiguer les oreilles avec ce vieux disque usé de la nécessité d’un Press Council pour soigner vos oignons en souffrance. Il pourrait en être autrement quand notre population aura moins confiance en notre presse écrite avant qu’elle ne disparaisse pour de bon, faute de nouveaux Rémy Ollier, Beekrumsing Ramlallah et autres Philippe Forget.

Les seuls Mauriciens qui trouvent à redire à des journalistes de notre bienheureuse presse écrite sont nos politiciens surtout quand ils se goinfrent au milieu du gruyère gouvernemental. Ils sont l’infime exception confirmant une règle multipliant les bienfaits depuis 1773.

Dans cet énième débat sur le Press Council, on omet de dire que La Sentinelle a courageusement tenté l’expérience d’un Ombudperson pour défendre plus rapidement que nos cours de justice de toujours possibles méfaits journalistiques. On n’entend plus parler de cela pour la simple raison que ce cher Ombudsperson n’avait pas assez de doléances, pensons-nous, à se mettre sous la dent. Fermons le ban !


* Published in print edition on 19 November 2021

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