Conduire au Féminin

By Nita Chicooree-Mercier

Dans quel état d’esprit ou d’inconscience conduisent ces chauffeurs qui mettent leur propre vie et celle des autres en péril ? Au vu du nombre d’accidents meurtriers sur les routes, dont la principale cause est, semble-t-il, l’excès de vitesse, il serait raisonnable de mettre plus de femmes au volant.

Jusqu’à preuve du contraire, les hommes sont majoritairement responsables des accidents. Trop pressés, surmenés, stressés, nerveux, manque de sommeil ou overdose de leur boisson préférée ou de « l’herbe »… ils oublient qu’il suffit de l’espace d’un instant, et une perte de contrôle provoque une collision brutale et ainsi achève la vie d’une jeune femme ou d’un jeune homme qui pensait rentrer chez lui auprès des siens après une journée de travail.

Par ailleurs, la présence féminine dans les autobus, chauffeurs ou receveurs, apporte un équilibre dans un métier dominé par les hommes, tout en étant sécurisante car l’on a le sentiment qu’une femme ferait plus attention à ne pas mettre en danger la vie d’autrui.

Eh bien, compte-tenu du business profitable qu’est devenu le transport privé par van aux quatre coins de l’île, il serait souhaitable que les sociétés emploient plus de femmes comme chauffeurs. Ou alors, que les femmes montent leur propre société de transport avec l’aide financière de la Banque de développement ! Dans l’ensemble, ce recours au van pour transporter écoliers et salariés est une particularité mauricienne et, c’est une initiative pratique et abordable.

Somme toute, féminiser la profession serait une option envisageable si l’on veut éviter que les vans ou les autobus ne se transforment en engins de malheur sur nos routes.

* * *

Où est le pilote ?

A chaque fois que l’on prend Air Mauritius, on ne peut s’empêcher de penser à la privatisation, à la prestation fade sans-plus du service style Air France, à la logique du profit avant tout, aux Rs 80 millions partis en fumée dans des contrées grisâtres et à l’ancien Pdg sur sa civière au tribunal. Et bien calé sur le siège recouvert de la même housse vert limonade, l’on essaie de calculer ce que l’on aurait pu faire avec Rs 80 m pour le pays. L’on se dit quand même, c’est une sacrée somme !

A l’arrivée au pays, les rebords ébréchés des marches qui mènent vers la salle d’arrivée de l’aéroport et les signes de dégradation ici et là suscitent la même interrogation. Symptomatique de ce qui se passe ailleurs dans le pays, l’impossibilité de maintenir la barre haute, de préserver le travail bien fait, de conserver une éthique et des principes, de promouvoir l’intégrité et l’efficacité.

Que se passe-t-il au niveau familial ? Nombreux sont ceux qui gèrent leur budget avec le plus de rigueur possible en assurant les dépenses d’aujourd’hui tout en prévoyant les besoins de demain.

Au niveau national, la gestion des fonds publics devrait être aussi rigoureuse, particulièrement quand il s’agit d’un petit pays avec une petite économie, tout de même ! Nul besoin d’être grand clerc pour faire ce petit calcul, mais tout se passe comme si certains se fichaient royalement de ce que pouvait penser le bon peuple, des sommes importantes se baladent vers des destinations louches, et la dette s’accumule.

Même ceux qui reviennent au pays, bardés de diplômes et de connaissances, promettant efficacité et progrès finissent par… faner tôt ou tard. Est-ce l’air marin, l’embrun provenant des côtes qui inexorablement rouille et dégrade tout sur son passage, y compris le cerveau ?

D’ailleurs, y a-t-il un discours clair, cohérent et fédérateur émanant des élus, qui pourrait éclairer tout un chacun, avec une vision à long terme, à propos des valeurs qui devraient guider le pays ?

Depuis quelque temps, on a la curieuse impression que l’on nous prend vraiment pour des imbéciles ; nonobstant les délits, les manquements, les dysfonctionnements de tout genre et tous les coups fourrés qui se dévoilent : personne n’est responsable.

En avion, en mer ou sur terre, le commandant est responsable de l’équipage. Mais depuis que le bateau se met à tanguer sur des vagues incertaines, y a-t-il un capitaine à bord ?

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Le Coup de Balai

A l’heure où les éboueurs volontaires promettent de débarrasser la population des déchets qui s’éternisent dans le paysage, il convient d’abord de les féliciter pour avoir commencé une campagne d’information et de sensibilisation.

Quelques questions qu’on pourrait soulever toutefois:

1/ le prix mirobolant d’internet par MT/FT et leur razzia sur le porte-monnaie des ménages ;

2/ le tarif de l’électricité et la pertinence de la privatisation ;

3/ l’exploitation du travail féminin. Le salaire officiel des femmes de ménage : 40 à 48 heures par semaine pour RS 4 000 à Rs 8 000. Travail dominical comme au temps des colonies et des maharajahs ;

4/ vu le prix des livres importés, la taxe trop élevée perçue par l’état ; existe-t-il une politique du livre ? Combien de villages sont dotés d’une bibliothèque ?

5/ le quasi-monopole d’Air Mauritius/Air France et les Mauriciens pris en otage ;

6/ l’inégalité des Mauriciens dans l’attestation de leur identité. Abrogation de cette loi ridicule du Commonwealth qui oblige tout un chacun de faire signer photo et formulaire par les personnes exerçant la profession de médecin, avocat, banquier, prêtre ou haut gradé de la police. On se demande pourquoi ? Grotesque et rétrograde ; et

7/ l’environnement et les hédonistes des temps modernes qui militent en Mercedes et 4×4.

 


* Published in print edition on 21 October 2011

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