Little France Zindabad 

By Nita Chicooree-Mercier

Déjà qu’une première fois, on fronce les sourcils en entendant un organisateur siégeant au comité de la commémoration du Vieux Grand Port déclarer que le français est en constante progression à Maurice. Même discours au pied de l’Arc de Triomphe.

C’est un fait que le français est bien présent dans le paysage linguistique mauricien car depuis l’indépendance, dans leur sagesse et ouverture d’esprit, les dirigeants ont conservé une langue qui ouvre des horizons économiques, intellectuels et culturels plutôt que la bannir par démagogie idéologique comme ce fut le cas à Madagascar et aux Seychelles. Mais de là à s’enorgueillir comme si c’était la langue de leur propre culture, on reste abasourdi!

On s’attend à plus de dignité des représentants du pays lorsqu’ils sont en déplacement à l’étranger. A moins que ce soit la… pour attirer une manne financière. Les Mauriciens y sont habitués, toutes les stratégies sont bonnes lorsqu’il s’agit de vendre le pays et l’âme du pays avec…

A propos d’influence…

Comme si ça ne suffisait pas, l’ambassadeur de France ambitionne de croître l’influence de la France à Maurice. Ah bon? Pas assez présente? On ne s’en est pas aperçu. Marché important pour les produits mauriciens, quelques bourses pour les jeunes dans les universités françaises mais en retour, les multinationales françaises envahissent la grande distribution avec les Super U, Continent, Carrefour, et encore But, Mado, etc., à tel point que certains Mauriciens ont trouvé rien de mieux qu’avoir leur Halles en guise de grand magasin, à friser le ridicule!

Fusion avec Air France, part de marché dans Mauritius Telecom, Orange dans tous les coins, et dans tous les recoins, les aberrations linguistiques sur les enseignes de petits ateliers de Haute Couture, Vogue, des magasins Ciel Bleu, Oiseau Bleu, Lagon Bleu (l’imagination des ex-colonisés!), Au Petit Bonheur, les restaurants Café de ceci cela; n’en parlons pas des maisons le long des côtes, les campements au nom ronflant des Franco-Mauriciens (qui ne sont pas plus Franco que vous et moi) servent de modèle aux nouveaux nantis qui, à leur tour, ont inventé toutes sortes de Villa Ceci et Villa Cela.

C’est affligeant, ce mimétisme permanent, le bon peuple en perte de repères encore sous le joug du modèle colonial.

…et de Culture

Au grand dam des Mauriciens établis en Angleterre qui reviennent au pays, une transformation à vue d’oeil du paysage linguistique local dans les commerces, restaurants, agences des compagnies aériennes où ils deviennent étrangers à qui on s’adresse en français.

Le ministre de la Culture nourrit le projet de renforcer les liens culturels avec la France, pourquoi? Alors que les fonds privés locaux s’en chargent à merveille: musique, livres, théâtre, spectacles. Cependant, les rayons de certaines librairies tenues par les héritiers de culture française sont allergiques aux ouvrages des auteurs locaux. Les films anglais et américains, les bons et les navets passent en français à la télévision et sur le grand écran; même un classique comme Jane Eyre qui aurait dû passer en anglais, et pire encore, Bandit Queen, un des rares films en bhojpuri n’a pas été épargné, idem pour les films à gros budget et grosse arnaque hollywoodienne à récolter des millions mais vide dans le fond, tels que 2012.

Aucune voix s’est élevée pour protester contre quoi que ce soit, tous trop occupés à développer le pays, sans doute, économie, économie, économie, il n’y a que ça qui compte.

Quitte à perdre son âme. Que l’ambassadeur se rassure, il a le champ libre dans un pays où les dirigeants n’ont aucune vision des orientations culturelles ni de modèle de société qu’ils souhaitent promouvoir où tout est libéral, par paresse intellectuelle, mollesse de caractère ou manque d’ambition.

Une chose est certaine: ceux qui imitent ne sont pas respectés par ceux qu’ils veulent imiter.


* Published in print edition on 17 September 2010

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