L’homme mauricien et la condition féminine

Les quelques tentatives pour bousculer les machos n’ont pas amélioré les choses. Le rôle de la femme serait donc frappé par des limitations ?

Les commentaires ont rempli les pages des journaux suite aux discours des députés et ministres. Il y a eu des sursauts, des protestations et même des réactions violentes.

Qui en fait les frais ? Souvent, c’est la femme. Pour les hommes, crier, dire des jurons ou insulter, tout cela ne les empêche pas de faire leur petit bonhomme de chemin. Ici, on considère que la femme n’a pas vraiment le droit de crier au scandale et de remettre à sa place le macho.

Sortir ses griffes

Deux Mauriciennes ont eu l’audace de dire haut et fort ce qu’elles pensent mais elles ont été chapitrées. Le macho supporte rarement une remarque de la part de la femme. Que ce soit dans le cadre domestique, dans son foyer ou dans un bureau, une usine, au parlement ou ailleurs, le macho flaire comme un fauve l’instant de se prouver. Et ce n’est pas fini ! L’homme milite pour sa propre cause. Il milite avec les autres machos pour garder leur drapeau et le hisser encore plus haut.

Ce n’est pas d’hier que date ce problème de langage en privé et en public. Ce n’est pas la peine de rappeler que la femme qui craint pour son statut d’épouse, de maîtresse, d’employée de bureau, de secrétaire, de députée et de ministre n’a pas de choix. Tout comme certaines communautés adorent les martyrs – comme le dit le journaliste Salman Dubay pour l’Inde – et d’autres pour Che Guevara, notre grande communauté mauricienne adore les scandales autour de la femme. Pourtant, c’est bien loin d’être la flamme qui fomentera une révolution. On en a eu dans des pays avec des coutumes très pesantes pour la femme.

Une femme – flambeau des dalits

Mayawati est une petite femme en sari rose. Une intouchable devenue politicienne et consacrée par le magazine Forbes la 59e femme la plus puissante au monde.

Comme Benazir Bhutto, elle a voulu sortir du lot, devenir une fonceuse. Elle va prendre ses distances avec le système détestable – qui divise pour régner, qui fait une discrimination entre les hommes et les femmes. Sa revanche sur la vie n’a pas été facile. Elle ose même si elle scandalise par sa vulgarité. Si les hommes ont un langage injurieux, pourquoi pas elle ?

Comme nos deux mauriciennes, Mayawati a pu sans peur dans un meeting public reprendre le ministre de la Santé qui avait qualifié les ‘intouchables’ de harijans. Dans Le Nouvel Observateur, spécial Inde, on lit « ses foudres, elle les dirige désormais sur les moyennes castes, celles des propriétaires terriens, qui mangent le pain des Dalits mais aussi des brahmanes pauvres. » Elle a encouragé les ‘intouchables’ à frapper avec les chaussures.

Dans un grand pays, c’est possible car la personne peut se fondre dans la masse. Ici la mauricienne ne sera pas vénérée pour un acte violent ou une parole déplacée en public. Elle ne deviendra pas la Behenji, la sœur, mais ce sera plus une jeune femme qui a fait scandale mais qui va quand même récolter des votes de sympathie chez des gens qui comprennent le sens du mot défi. D’autres vont simplement dire qu’elles feront mieux de se taire comme la ministre de l’Egalité des genres.

Nos grandes dames

Dans la presse locale, on voit parfois des interviews et des messages de femmes. Leur parcours plutôt valable : membre de WIN, chef dans une entreprise de Communication, mairesse d’une ville, etc. Malheureusement leur rôle s’arrête là.

Voilà les paradoxes d’une république qui se dit moderne et prête à se lancer dans toutes sortes de développement. Elles préfèrent se taire, parler dans les coulisses plutôt que de réaliser un coup de maître. Combien parmi ces dames se demandent si elles peuvent faire le nécessaire à leur niveau pour dénoncer les brutes ! Sont-elles au courant que les convictions se traduisent dans des actes et preuves au quotidien ?

Le tableau de la condition féminine reste sombre. Même nos jeunes ont repris les mots des butors et en font des jeux de mots. Que les insultes et mots grossiers aient provoqué un tollé dans les journaux, cela n’empêche pas aux hommes d’être au large, et bien dans leur assiette !

Force est de reconnaître que les quelques tentatives pour bousculer les machos n’ont pas amélioré les choses. Le rôle de la femme serait donc frappé par des limitations ?

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