Les fous du jour: tolérés ou indécrottables!

Il faut avoir le courage d’exposer au grand jour le comportement de ces malades. Il faut les vacciner contre tous les maux : violence des paroles…

Tout se passe comme si nous avons de plus en plus de mal à contrôler les dérapages. Evidemment, il s’agit de dérapage de la parole et de dérapage du corps. Un scénario après l’autre montre que c’est normal de crier, d’insulter, de dire des gros mots en public et, pire, de faire des gestes choquants. Réaction banale : li fou ça ! Et on tolère cette attitude grossière. Brosse la tête suffit. A tous les niveaux. Et imaginons que c’est ailleurs et/ou à un autre temps que cela se passe, quel verdict tomberait à ce propos ?

Comment traiter ces fous ?

Quand l’esprit est dérangé ou quand on croit que le démon habite le corps, c’est que sa condition n’est pas immunisée. Le coupable a dépassé les limites de la tolérance. Traitement obligatoire ! Dans toutes les sociétés et à toutes les époques on traite la folie par la prière ou par des méthodes assez barbares. Des prêtres et thérapeutes en Europe, en Afrique et en Asie, prononcent des paroles magiques qui ont une certaine vertu : guérir du mal, chasser le démon.

Le fou qui a mal agi inspire du dégoût, de la peur. On ne peut pas toujours le mettre à l’asile. Dans le passé, le grand Hippocrate et ses disciples auraient donné leur verdict – du délire, de la surexcitation. Remède certain avec le pied de griffon qui est une plante purgative ou encore de la bouillie d’orge. On retrouve plus tard des calmants comme l’opium. Parfois on utilise de l’anis ou du poivre. Il arrivait qu’on adopte une pratique pour se débarrasser du diable masculin qui a pris possession du corps. Le fou doit s’endormir près d’un temple en Grèce, en Inde en attendant qu’un dieu guérisseur l’inspire et le sauve.

Ceux qui oublient la décence, qui ignorent les règles en société, le savoir-vivre vont automatiquement gueuler et insulter. Scénario classique dans le monde politique. Mais le châtiment divin dans notre monde ne fait plus sens. En Hollande, le fou est celui qui avait une pierre dans la tête ; sa guérison n’était possible que quand « on lui a enlevé la pierre de folie ». Des ingénieurs ont même mis au point des chaises pivotantes et des balançoires pour traiter les fous et les obsédés.

Les fous impunis

Sur le plan social, l’arrestation et l’enfermement marquent le destin du fou. Il est condamné à payer pour ses actions dangereuses et contraires à la raison. L’asile de Beau Bassin où on fait l’amalgame entre toutes les formes de folie a fini par devenir l’hôpital des « indésirables ». Les fous errants ne sont pas tolérés dans les sociétés productives. Les sources historiques révèlent que ces fous sont traqués, battus ou pris en charge.

Que voit-on autour de nous ? Des fous se promènent et débitent des balivernes sans se méfier des gens. On les entend chanter, on en voit qui dansent et déclenchent des rires. Le désordre public n’a jamais fait l’objet d’un débat ; ce sera l’occasion de ne pas discuter en vase clos mais d’occuper l’esprit des médecins et autres.

Passons aux fous dans nos institutions : politique, religion, famille, etc. Ils sont moins inoffensifs et moins dociles. Leur dérèglement nerveux peut provoquer des tensions dans une réunion et/ou une fonction officielle. Est-il raisonnable de les laisser fonctionner sans aucune sanction ? Faut-il oublier si vite leurs mauvaises habitudes et s’accommoder avec leurs grossièretés et vices ? Des réponses à ces questions laissées en suspens !

Victimes des fous

Les victimes sont habituellement des gens de leur entourage. On entend dire qu’il perdait la tête et a voulu tuer sa compagne. Même les enfants ne sont pas épargnés. A lire les journaux, on n’arrête pas de voir à quel point ces fous peuvent être violents. Ce n’est, hélas ! pas toujours sous l’effet de la drogue, de l’alcool que ceux décrits comme toqués, fêlés, braillent et tapent dur. Victimes d’un déferlement de mots choquants, d’insultes sans penser si c’est un enfant, une femme ou un vieux. Tous payent les pots cassés. Le fou doit exploser pour montrer sa différence avec l’autre qui est en face. Mais quand il s’agit d’un homme public qui est supposé avoir un peu de cervelle, peut-on accepter sa folie ? Est-il capable de mesurer l’impact des dégâts ?

La victime au cas où elle est en vie, peut raconter ce dont un fou est capable. Mais notre société qui arrive avec son drugstore, son arsenal de calmants et d’arguments pour minimiser les dégâts transforme le même fou en victime. L’ironie, c’est que le fou peut se vanter d’avoir ses défenseurs sans qu’on tienne compte des traumatismes et humiliations des victimes.

Tant qu’on tolère nos fous dans n’importe quel milieu, on va pourrir la vie de beaucoup de gens. Il faut avoir le courage d’exposer au grand jour le comportement de ces malades. Les vacciner contre tous les maux : violence des paroles, violence des menaces, violence d’intimidation et des coups, n’est-il pas grand temps ?

 

*  Published in Print edition on 13 October 2017

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