« Le ‘mood’ sur le terrain est la confusion, la déception, la peur… »

‘Tous les députés de l’opposition doivent partir et provoquer les élections générales’

La politique, science du gouvernement et de la cité, nous enseigne les doctrines au moyen desquelles un gouvernement règle son action politique, les différents types de gouvernance et leurs limites, et les objectifs de la politique idéale. Dans le monde d’aujourd’hui, les questions récurrentes concernent essentiellement l’action politique, la légitimité d’un pouvoir politique au sein d’une démocratie, et aussi le rôle des dirigeants au sein d’un parti politique. La réflexion sur la politique s’est complexifiée. Pour Weber, la politique concerne tout le monde. C’est la réunion de tous pour s’engager à participer au pouvoir ou à influencer la répartition du pouvoir. Pour Arendt, la politique relève de la capacité à convaincre la majorité de la validité de ses arguments. Notre invité, Jack Bizlall, candidat aux élections partielles de la circonscription No 18, nous parle longuement de la politique et de son action politique future dans le contexte mauricien.

Mauritius Times : Il est probable que les choses vont se clarifier à partir du 20 septembre, date limite pour la publication du ‘Writ’ pour l’élection partielle à Belle-Rose Quatre-Bornes. Mais il peut y avoir des surprises compte tenu des grandes manœuvres qui auraient été engagées ces temps-ci, selon la presse, en vue de forcer le Gouvernement à tenir des élections générales anticipées dans le sillage de la démission éventuelle de sept membres de l’alliance gouvernementale. ‘Wishful thinking’ de la part de la presse – et de l’opposition, dites-vous, ou voyez-vous ces manœuvres réussir à amener le Gouvernement à concéder la tenue des élections anticipées ?

Jack Bizlall : Le 20 septembre ou après, la seule chose qui importe est de confronter la Dynastie Jugnauth. L’enjeu de ces élections est la suivante : Sommes-nous d’accord pour être dirigés par une dynastie ? Cela doit être un exercice démocratique et non une révolte sans lendemain.

Il faut donc que cette famille ait le courage de se présenter de nouveau à ces élections et qu’elle soit représentée par nul autre que Pravind Jugnauth lui-même en personne, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord et avant tout, l’Alliance Lepep a perdu le PMSD et deux autres députés. On n’a pas voté uniquement pour le MSM et encore moins pour la famille Jugnauth. Anerood Jugnauth a nommé son fils comme son remplaçant. Cela ne se fait pas dans une République. L’impensable est arrivé. Il est impérieux qu’après une période raisonnable, on organise des élections pour que la population ait l’occasion de confirmer cette nomination ou pas. Pour moi, la partielle est une de ces occasions.

D’autre part, le dossier MedPoint pend au cou de Pravind Jugnauth. Il ne peut rester au pouvoir quand le DPP a fait appel contre le jugement de la Cour suprême. S’il croit que la population le soutient, qu’il démissionne comme député et confronte l’électorat au No 8. Il y aurait deux élections partielles. Mais il a tellement critiqué Roshi Bhadain qu’il serait plus raisonnable que cette confrontation ait lieu au No 18. D’autre part, la politique du gouvernement n’est pas celle proposée dans le programme gouvernemental. Que ce soit le Metro Express ou la carte biométrique, entre autres, il est important que cette famille rende des comptes à la population dans les deux sens du terme.

* Vous parlez souvent d’une dynastie ? Pourquoi serait-elle à l’opposé de ce qui est attendu dans une république parlementaire ?

Une dynastie, dans n’importe quel type de société, et sur n’importe quel plan, est une succession de dirigeants d’une même famille, que ce soit sur le plan économique, religieux ou politique. Même certaines mafias sont dirigées par des dynasties. Toute l’histoire de l’humanité, pendant des millénaires, est marquée par des dynasties, que ce soit aux Amériques, en Europe, en Asie et en Afrique.

Il faut en retenir deux choses. D’abord, les dynasties ont fondé les monarchies et, ensuite, elles ont été presque de nature patrilinéaire. Donc, c’est inacceptable pour une société républicaine fondée sur les concepts du pouvoir au peuple, des libertés citoyennes, et de l’égalité des sexes.

Toute la philosophie républicaine s’est construite sur le démantèlement des monarchies et des centaines de monarchies sont tombées, et parfois dramatiquement. Souvent des familles ont été assassinées pour qu’aucun fils ne rallume le flambeau de l’héritage dynastique. Il faut se protéger des drames de l’histoire.

Ce qui nous concerne ici, c’est le renouvellement de l’homme à la tête de la dynastie. C’est par l’élimination d’un membre – du père ou des frères ou des oncles, par exemple, qu’une dynastie se perpétue. Un chef de dynastie considère le pays comme son bien et il décide de tout, entouré de sa famille et des courtisans, courtisanes, épouse, concubines… Le débat politique se fait en famille et non au sein de l’Assemblée nationale. Les décisions sont prises chez eux et non au sein de l’Exécutif. Ainsi, sans le savoir, certains parlent de « cuisine ».

* Peut-on réellement dire qu’il existe de telles pratiques à Maurice ?

Souvenez-vous de l’élimination de l’oncle par le neveu. Ne me dites pas que l’on n’a rien vu. D’autre part, il faudrait être naïf pour croire que Anerood Jugnauth est parti de son plein gré. Il ne va pas me faire avaler ça. Pour moi, Anerood a été obligé de partir.

Si vous voulez bien comprendre ce qu’est une dynastie, visionnez le film Mahabharata ou lisez le livre. Maurice n’est pas le royaume d’Hastinapur. Il faut absolument lire ce livre. Je vous le recommande. Je recommande aussi la lecture du Bhagavad Gita qui est rempli d’enseignements. Les deux livres en version française sont disponibles à Phoenix.

Je ne vais pas vous raconter toute l’histoire, mais si certains ne trouvent aucune raison républicaine de démanteler la Dynastie Jugnauth, ils pourraient au moins comprendre pourquoi il faudrait ne pas agir comme Arjoon face à la réalité et écouter la philosophie de Krishna. Il faut éviter que de telles guerres aient lieu dans une république.

La Bhagavad Gita est en soi un livre incontournable. Même les féministes trouveront dans le Mahabharata des repères extraordinaires. On ne dirait pas que ces écrits datent de plus de 5,000 ans. Cela est dit en passant. Je regrette que certains groupes religieux se retrouvent dans le rituel et dans les accaparements et non dans l’essentiel philosophique.

 * Que faire d’après vous ?

Je penche personnellement en faveur des élections générales. Autant j’ai combattu la République Présidentielle de Ramgoolam-Bérenger, autant je suis opposé à la République Dynastique. Je crois que tous les députés de l’opposition doivent partir et provoquer les élections générales. Nous allons souffrir considérablement des agissements de cette famille. Il n’y a pas que les Rs 144 millions de MedPoint. D’ailleurs, les élections générales seraient souhaitables pour cette famille sinon ses membres vont s’entretuer, politiquement parlant.

D’ailleurs, il existe actuellement une situation où des députés du Gouvernement veulent quitter le navire. Effectivement, on parle avec insistance dans un milieu restreint du départ de sept députés – certains du ML et d’autres du MSM. Ne croyez pas que la situation est calme au Gouvernement. Il faut aussi prendre en considération que plusieurs proches de Anerood Jugnauth sont ostracisés par le Clan Pravind Jugnauth. Il faut que les électeurs réagissent dans le sens de l’histoire. Cette réaction doit nous mener vers la Deuxième République et non vers des pratiques du temps de la dynastie Ming en Chine ou des Ramanov en Russie.

Si Pravind Jugnauth veut rectifier les choses, il doit couper les liens du MSM avec le Sun Trust, les pratiques des élections au sein du MSM pour désigner une équipe dirigeante. Il doit lui-même se retirer pour faire face aux poursuites juridiques contre lui.

Des milliers de militants ont perdu leur emploi et ont fait des sacrifices énormes pour changer la politique du pays. Plusieurs ont fait la prison. C’est indécent de transformer le changement politique depuis 1976 en une mascarade dynastique. Il faut que les députés qui ont le sens de l’honneur partent et quittent le MSM et le Gouvernement. Yvan Collendavelloo a quitté le MMM pour ne pas s’associer à la République présidentielle. Où est-il aujourd’hui ?

 * Voyez-vous dans ces conditions sept parlementaires de la présente génération soumettre leur démission pour satisfaire les objectifs de cette opposition-là et entamer la traversée du désert aux côtés de l’opposition?

Je n’ai pas à y croire ou pas. Ils font circuler l’information qu’ils partent. Mais c’est peut-être pour exercer une pression sur les Jugnauth pour satisfaire leurs demandes. C’est une habitude au sein de tout parti se trouvant au Gouvernement. Il se pourrait aussi que certains en aient assez de ce qui se passe dans ce pays. Je vais croire en leur bonne foi et penser qu’ils en ont assez. Au cas contraire, la politique ne serait qu’une pourriture immonde comme le pense la majorité des gens à travers le monde.

* C’est toujours le gouvernement en place qui dispose des moyens pour dicter l’agenda politique du pays. L’alliance au pouvoir a présentement la majorité parlementaire nécessaire lui permettant d’aller jusqu’au bout de son mandat. C’est difficile de croire que c’est la rue ou l’opposition parlementaire et extra-parlementaire dans l’état où elle se trouve actuellement qui va forcer le Gouvernement à la démission, non ?

Les élections au No 18 vont déterminer beaucoup de choses. Tout le monde, sauf un parti politique, va tirer des boulets rouges sur la dynastie Jugnauth. C’est justifié. Mais, d’autre part, il existe une guerre au sein du Parti Travailliste entre le clan Ramgoolam et le clan Boolell. La question qui va se poser est : qu’arrivera-t-il après ces élections ? Je ne crois pas que Boolell puisse remporter ces élections dans ces conditions. Dans quelques jours, je serai en mesure de savoir plus. Pour l’instant, on est dans l’attente de l’annonce de la date de ces élections.

On aura beaucoup de surprises lors de ces élections. Pas uniquement par rapport au gagnant, mais encore plus par rapport aux tractations politiques. Le mot « tractation » est souvent mal utilisé et mal compris. Quand on demande quelque chose ouvertement en politique, ce n’est pas une tractation. Le terme « tractation » en politique signifie « négociations secrètes et marchandages ». C’est exactement ce qui se passe en ce moment, et cela implique aussi le MMM.

Les choses doivent changer après ces élections. C’est dans ce cadre que le MPM participe à ces élections. Il faut préparer les élections générales anticipées ou celles de 2019.

* On soutient aussi que le Gouvernement ne se laissera pas faire facilement : il envisagerait de passer à l’offensive dès que le DPP aura déposé des charges formelles contre Navin Ramgoolam, ce qui selon son analyse politique va embarrasser le PTr aussi bien que ses alliés potentiels dont le PMSD, et deuxièmement créer une scission au sein du PTr en jouant Arvin Boolell contre Navin Ramgoolam. Quelles sont les chances de réussite de telles offensives qu’envisagerait le MSM ?

Croyez-vous que c’est aussi simple que cela ? J’ai déjà demandé à Ramgoolam sur les antennes d’une radio qu’il révèle les sources de sa fortune ici et à l’étranger. J’ai déjà dit que les financements électoraux des leaders politiques servent à les enrichir personnellement. Il a gardé le silence. Ses révélations pourraient concerner le MSM, et aussi et sans doute d’autres partis politiques.

Aucun électeur ne doit voter pour Boolell si ce dernier ne se démarque pas de Ramgoolam. Se démarquer de Ramgoolam, c’est d’abord prendre position formellement et ouvertement contre la République présidentielle et contre son retour en politique. C’est prendre position contre sa politique de dilapider les biens du pays, ses ressources et son potentiel créateur construits sur une économie mixte, un welfare State de qualité dans le respect de l’universalité des droits de la population, un respect des travailleurs et des syndicats avec des droits.

Boolell ne doit pas nier ou oublier ce qu’est le travaillisme. On ne peut voter pour Boolell sans qu’il ne se démarque de Ramgoolam. Ramgoolam joue à qui perd gagne avec lui. Il le manipule. S’il gagne, c’est lui qui gagne électoralement dans le pays. S’il perd, c’est lui qui gagne à la direction du PTr.

* Et les autres candidats ?

Mon grand contentieux avec Bhadain est son projet politique de faire de l’Etat une machine qui absorbe tout. Il veut réduire les institutions, modifier la Constitution pour que l’État puisse s’ingérer dans tous les aspects de la vie. Tout passe par l’État. Bref, il prône l’Étatisme comme Resistans ek Alternativ mais dans un autre contexte. J’ai suivi attentivement les négociations sur la création d’une entreprise « autogérée » à Iframac. C’est du pur étatisme. Je ne connais pas personnellement Juddoo, la candidate du MMM, et Parapen, le candidat de Resistans ek Alternativ. Ce sont deux jeunes qui ne connaissent rien de notre histoire et qui veulent se lancer en politique poussée par des personnes manœuvrières. Je me demande quel conseil Ramduth Juddoo a donné à sa fille. De toutes les façons, je n’aurais rien à dire contre ces deux jeunes publiquement. S’il y a des confrontations publiques, j’aurai certainement des choses à dire sur la dangerosité de la politique de leur parti politique respectif.

Je donne des cours chaque premier jeudi du mois à des syndicalistes. Hier, j’ai parlé des rapports entre parti politique et syndicalisme et j’ai pris comme texte de référence les écrits de Trotski de 1929. Entre Resistans ek Alternativ et le MPM, les différences sont marquantes. Elles se situent dans l’opposition entre la Deuxième République et Une nouvelle République, dans les rapports entre le syndicalisme et la politique, dans le rassemblement des forces de changement contre le centralisme du parti politique sectaire et manœuvrier, etc. Ce ne sont pas des différences qu’il faudrait personnaliser, c’est un débat que l’on doit faire et qui n’a pas été fait depuis 1989 surtout. Cela implique aussi l’analyse du capitalisme d’État, la bureaucratie politique, la dictature du parti politique sur la société pour permettre le changement…

Il faut tourner le dos à tout ce qui a discrédité le socialisme et qui a réduit les libertés de la personne, des citoyens, des collectifs humains, de l’opposition, du pluralisme politique, etc. Voyez ce que le MMM a fait avec des milliers de jeunes depuis sa création. Va-t-on commettre la même boucherie ? Ces questions dépassent Seegobin, Collen, Soobrun, Bizlall, Ramano… Les jeunes veulent s’engager en politique – que l’on ouvre une voie politique créatrice d’une société libre pour eux. Voilà un autre enjeu de ces élections. C’est dans ce sens que je demande à toutes les organisations de gauche de s’unifier. Si ce n’est pas possible, que l’on participe sur la base de nos contradictions politiques pour déterminer un rapport de forces entre nos idées et, ensuite, on verra le bien-fondé d’une telle unité pour les élections générales.

* au fait, c’est quoi le ‘mood’ sur le terrain ? L’électorat a-t-il, selon vous, déjà pris sa décision en ce qui concerne l’alternance ?

On ne va pas tout mettre sur le dos des électeurs de Quatre Bornes. J’ai à leur dire ceci : le Mouvement Premier Mai est une organisation politique de gauche pas comme les autres partis politiques de gauche. Il faut que chaque parti politique soit identifié correctement. Le MPM n’est pas sectaire, manœuvrier et stalinien. Au contraire.

Il est crucial pour le MPM de rassembler les anciens travaillistes et les anciens du MMM. Nous n’allons pas nous adresser aux membres de ces partis mais à ceux qui ont soutenu ces partis politiques dans le passé et qui sont soit déçus ou continuent à les soutenir sans passion et sans objectif.

 Il y a de la place pour tous dans le MPM. C’est la première assurance que je donne au nom du MPM. Il faut rassembler les travailleurs, les intellectuels, les femmes, les hommes, les personnes âgées, les jeunes, les autrement capables, bref tout le monde pour préparer les élections de 2019.

Je leur dirai « Sortez de chez vous, engagez-vous avec le Mouvement. Tous vous êtes invités. Rassurez-vous, il n’y a pas au sein du MPM des accapareurs et des imbéciles. »

Le « mood » sur le terrain est la confusion, la déception, la peur… Il faut une puissance de la critique et du programme, et surtout un projet de société crédible, acceptable et réalisable. On va essayer de changer le « mood » actuel. Je vais essayer de convaincre les abstentionnistes de sortir pour soutenir le MPM. Et je vais demander à tous mes amis à travers le pays de me soutenir au No 18. Il faut passer de maison en maison pour recréer la confiance dans la politique.

 * Jean-Claude de l’Estrac nous disait la semaine dernière que « c’est le MMM qui détient la clé des prochaines élections », et que l’occasion d’offrir « aux militants qui le soutiennent encore, une chance de retrouver leur dignité perdue » est là. En d’autres mots, il est en train de dire que les conditions pour que le MMM se présente seul aux prochaines législatives sont présentes, et cela donnera au pays « l’occasion d’une clarification politique que nous n’avons pas connue depuis 1976 ». Qu’en pensez-vous ?

Le MMM a déçu tous les jeunes des années 70. Mais nous sommes tous responsables d’une façon ou d’une autre. On a attendu en vain un revirement de situation au MMM. Quand je rencontre certains dirigeants du MMM, ils disent que le MMM ira seul aux élections. Foutaises… J’ai une haute opinion du MMM des années 70 et même jusqu’à l’heure il n’a pas suivi le chemin de certaines dérives. Il faut que les gens admettent cela tant sur le plan historique que sur le présent. On ne peut effacer de notre histoire ni le PTr ni le MMM. Ce serait grotesque et une pratique nihiliste.

Je ne reproche pas au MMM d’avoir reculé sur la voie sans issue des années 70. Si on avait continué sur cette voie, on aurait coulé notre société dans la confusion la plus grande. Je sais de quoi je parle. Mais ce que je reproche personnellement à Bérenger c’est d’avoir reculé non pas pour mieux sauter, mais pour réintégrer le capitalisme et les pratiques électoralistes « pouvoiristes ». De ce fait, il a détruit toute l’énergie de la jeunesse militante de l’époque… Aujourd’hui il est un notable, notablement connu pour son retournement de veste.

Je n’ai pas quitté le MMM, j’ai fui le MMM. Pourtant nous avions les capacités à l’époque de refonder le militantisme et le socialisme. La voie avait été tracée par le travaillisme et il fallait repenser notre constitution, les libertés, les droits, la démocratie, nos institutions et nos lois pour ensuite refonder notre système d’éducation, éliminer l’insécurité dans notre société sur tous les plans, surtout de l’emploi, de la santé, des salaires, de l’alimentation, du logement … revoir la culture surtout celle du savoir, du savoir-faire en termes de créativité et d’intelligence, repenser le savoir-vivre et le savoir-être… Repenser le social et l’économie. Repenser le loisir. Revoir les rapports sur le plan international. Bref nous avions l’énergie pour le faire et surtout les gens à tous les niveaux pour l’assumer.

Mais on a tout massacré. Qui en est responsable ? Les structures du MMM ? Sa démocratie interne ? Son culte du leader ? Arrêtons-nous là.

Il ya a un autre parti politique qui est en train de reproduire ce « pouvoirisme » abject. On ne refait pas de tels crimes politiques. Il y va de la vie des gens surtout des jeunes. Comment leur dire de prendre des précautions alors qu’un jeune de nature est aventurier ? Je dis aux jeunes de consulter leurs aînés, leurs parents militants avant de reproduire l’inacceptable. Leur unique terrain de lutte c’est l’écologie. Ce qui est proposé est anti-écologique et ils foncent dans le tas croyant bien faire… Ne vous concentrez pas sur des leurres…

Vous savez, ces élections me permettront de m’adresser aux jeunes. Vous allez voir le contenu de ce dialogue.

* Après la rencontre en catimini dans un couloir menant à la « cuisine » de l’hôtel Meridien entre le Premier ministre et le député Aadil Meea, ce qui aurait soulevé des « interrogations » au sein du MMM, c’est le silence du leader du MMM sur les événements survenus à La Butte et à Barkly. Cela soulève cette fois-ci des interrogations – quoique Rajesh Bhagwan y était présent en tant que député de la circonscription. Quelle interprétation donnez-vous à cela ? Bérenger ne souhaite pas embarrasser davantage le MSM ?

Bérenger est un manipulateur né. Il capitalise sur tous les erreurs des autres pour se reconstruire. Il est un psychologue, voire même un psychanalyste. Il connait la nature humaine de soumission volontaire. Il connait la peur que les gens ressentent quand le pouvoir leur échappe. C’est un émule de Machiavel. (qui a bénéficié de ses conseils aux Médicis). Ses conseils ne sont aucunement désintéressés.

 * Après la déroute de l’alliance PTr-MMM en décembre 2014, on voit les militants difficilement accepter un nouvel arrangement électoral avec le PTr. Voyez-vous les militants plus conciliants envers un MSM dirigé par Pravind Jugnauth ?

En effet. Mais pas avec le PTr de Ramgoolam et de Assirvaden et consort. S’il existe un militant qui est conciliant avec Ramgoolam et les Jugnauth, il n’est pas un militant. Il faut apprendre à faire cette différence.

Aucun militant qui se respecte ne peut accepter des choses pareilles. Il faut qu’ils repensent leur rôle dans le pays. On a besoin de ces milliers de militants pour changer les choses, comme on a besoin de ces milliers de travaillistes qui ont perdu leur orientation . Nous n’avons pas besoin d’accapareurs et d’opportunistes. Nous avons besoin de personnes qui s’engagent en politique.

* En ce qui concerne les incidents survenus à La Butte et à Cité Barkly, il y a plusieurs éléments qui sont intervenus pour déclencher les passions : récupération politique, mélange de religion et politique, occupation illégale des terrains de l’Etat… Cocktail explosif ?

C’est un champ pour une révolte. Le Mouvement Premier Mai distribuera un tract tout le long du trajet aux habitants les plus concernés. J’apprends que Bhadain va faire circuler une pétition, c’est très positif. Bhagwan est sur le terrain. Il faudra qu’il bouge ailleurs aussi.

Notre tract dit ceci : « Le Metro Express est en soi un projet de la Dynastie Jugnauth déconnecté des besoins réels de notre population. Ce projet n’est pas économiquement viable. Socialement, il va couper notre société en deux, traverser des endroits qui peuvent être autrement utilisés, détruire tout sur son passage et plus grave, importer dans notre société ce qui se passe dans le métro en Inde et ailleurs : le non-respect des enfants, des personnes âgêes et des femmes. On peut décongestionner le trafic autrement. D’une façon plus performante et beaucoup moins cher. Il faut l’arrêter et pas le faire, il faut que ceux qui sont concernés se rencontrent et agissent avec intelligence et fermeté. C’est aux habitants de Curepipe, de Vacoas, de Quatre Bornes, de Rose Hill, de Beau Bassin et de Port Louis de s’organiser. »

Je vais par ailleurs adresser une lettre au PM indien demain.

* Quel est le contenu de cette lettre ?

Je lui dis, entre autres : “ We are presently enduring the autocratic decisions of a dynasty which had NO possibility at all of being elected, had there not been in 2014 a proposal from the then Prime Minister and the then leader of the Opposition to replace our Parliamentary Republic by a Presidential Republic. You are the ONLY head of state supporting this Dynasty by financing: 1) The construction of an airport and a Port in Agalega North Island, WHEN the Republic of Mauritius has ENOUGH money to finance such works without putting at stake the demilitarisation of the Indian Ocean and the dismantling of the USA Diego Garcia Military Base; 2) The construction of a Metro line between Curepipe and Port Louis which is economically NOT viable, Socially NOT acceptable and Ecologically MOST damaging.

 You are kindly requested to send a delegation of your Government to meet interested parties in Mauritius to collect their opinion with a view to withdrawing India’s financial support. In fact, in case the Republic of India would like to support the people of Mauritius, it is most reasonable that assistance be given through a Housing Construction Trust that can be set up”

 

  • Published in print edition on 8 September 2017

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