D’un devoir de mémoire

À part la question de souveraineté et du retour des Chagossiens dans l’archipel, il y a aussi celle concernant la mémoire des gens qui sont natifs des îles de l’archipel et de leur vécu.

Et c’est là où le livre de Fernand Mandarin, « Retour aux Chagos » est une initiative à saluer. 

Il est le narrateur de ce magnifique ouvrage rédigé par Emmanuel Richon, curateur du Blue Penny Museum où le livre a été lancé le mois dernier. « C’est pour que tout ne disparaisse pas, à jamais, avec les derniers des Chagossiens, que ce Mémorial de Fernand Mandarin se devait d’être publié », le dit bien Philippe Forget dans la préface du livre.

Divisé en treize chapitres, c’est un véritable voyage aux Chagos auquel nous invite le narrateur. Il raconte son enfance, les générations de Mandarin, la vie dans les îles, l’étymologie de « Chagos » et aussi la belle faune et flore de son archipel pour ne mentionner que ceux-là. Ces témoignages viennent apporter un démenti à ce que les Anglais ont voulu faire croire à la communauté internationale au début des années 1960 notamment à l’effet que les îles Chagos n’étaient habitées que par des travailleurs saisonniers.

En Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, les souvenirs des vétérans de guerre sont enregistrés et répertoriés et très souvent les réalisateurs de films basés sur la guerre consultent ces témoignages pour que leurs films soient le plus authentique possible. C’est vraiment dommage qu’à Maurice on n’a pas entrepris ce genre de travaux pour aller à la rencontre des gran dimunn et d’enregistrer leurs souvenirs. Et ils auront sûrement beaucoup de choses à raconter ! Des zistwars letan lontan dans les camps sucriers jusqu’aux réminiscences des anciens combattants mauriciens durant la Première guerre mondiale et la Deuxième guerre mondiale en passant par les années pré et post-indépendance, il y a des millions de choses de leur quotidien qui doivent être transmises à la jeune génération. Et plus nous laissons le temps passer, plus il devient difficile de recueillir ces témoignages. Ces personnes, des « bibliothèques vivantes », sont en train de tirer leur révérence et des recherches sont nécessaires maintenant sinon nous allons perdre un pan de notre histoire sans jamais pouvoir le récupérer !

C’est réconfortant de voir le gouvernement et l’opposition accorder leur violon pour porter le dossier Chagos devant les Nations Unies, et cela, afin d’obtenir une majorité pour ensuite avoir un avis de la Cour de justice internationale (CIJ) à la Haye. La bataille est loin d’être gagnée mais au moins tous les partis sont d’accord sur un point fondamental : Que les îles appartiennent à la République de Maurice et quand sans elles notre indépendance ne sera jamais complète ! Cela nous démontre qu’au-delà des considérations politiques, nos dirigeants savent mettre de côté leurs différends prenant en considération l’intérêt du pays. On aurait aimé que cela se fasse plus souvent notamment sur d’autres dossiers comme cette bataille qui doit être mené contre les drogues de synthèse dans les collèges de la République. On parle là de l’avenir de Maurice.

* Published in print edition on 22 July 2016

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