Charles Edouard Brown-Séquard

Charles Edouard Brown-Séquard est parmi l’un des Mauriciens les plus célèbres au monde mais il est si peu ou mal connu à Maurice ! Il est le seul à avoir donné son nom à une rue parisienne notamment celle du 15e arrondissement non loin du quartier de Montparnasse.

Physiologiste et neurologue de renommée internationale, il a été professeur de physiologie et de neuropathologie à Harvard et à la faculté de médecine de Paris. Mais pourtant Brown-Séquard n’a pas eu une vie facile. Né en 1817 à Port-Louis au tout début de l’administration anglaise à une mère française Séquard et un père américain Brown disparu en mer avant la naissance de son fils, le petit Charles a été élevé seul par sa mère, ce qui explique peut-être pourquoi ce dernier aimait rajouter le nom de sa mère au surnom de son père.

Il a commencé à travailler à l’âge de 15 ans dans un dépôt colonial comme clerk et a fait une percée dans le monde littéraire, ce qui lui a valu un succès local. En 1838, il a quitté Maurice avec sa mère pour la France apportant avec lui un manuscrit.

Là-bas, il a rencontré Charles Nodier, un écrivain français qui l’a découragé de continuer dans le monde littéraire peut-être parce que cela rapportait peu d’argent à l’époque et lui a dit de faire un métier avec lequel il pourrait gagner sa vie. Il a mis du temps pour trouver un collège à cause de sa nationalité mais, finalement, il a pu se joindre au Collège de France après sa naturalisation française et la reconnaissance officielle de « Brown-Séquard ». C’est là où Charles s’est tourné vers la médecine.

Mais une blessure profonde et la mort de sa mère, avec laquelle il était vraiment très attaché et dévoué, allait bouleverser sa vie. Il a interrompu ses études pendant longtemps et n’a pu obtenir son diplôme de Doctor in Medecine qu’en 1846. Il est revenu à Maurice au courant de la même année pour pratiquer la médecine.

Lorsque l’épidémie de choléra a éclaté dans l’ile en 1849, il était au chevet des malades à l’hôpital militaire de Gros-Caillou. C’est à peu près durant cette période qu’il a fondé la société de Biologie. Il est ensuite rentré en France. Après le coup d’état de 1852, il quitte Paris pour les Amériques et il s’ensuit un long voyage dans différentes grandes villes du monde dont New York et Boston. Il a saisi cette occasion pour parfaire son anglais. Il a aussi pratiqué à Dublin et Edimbourg pour finalement atterrir à Londres en 1859. Il y devient médecin à l’hôpital national pour les paralysés et les épileptiques, où il s’est fait connaître pour ses cours sur les pathologies du système nerveux. Il a eu de la chance d’avoir comme voisin à Londres, l’écrivain R.L Stevenson, auteur du fameux Dr Jeckyll et M. Hyde. On raconte même que ce sont les travaux de Charles qui ont inspiré l’écriture de ce roman !

Brown-Séquard était un grand expérimentateur, et cela, tout au long de sa vie. Il n’hésitait jamais à se prendre lui-même comme cobaye pour ses expériences ! On raconte que durant l’épidémie de choléra de 1849 à Maurice, il a mangé des déjections de malades, puis a attendu les symptômes, et a pris du laudanum pour mesurer son efficacité. Quid de se faire traiter de savant fou par ses collègues du monde scientifique.

Mais Charles était un fonceur. Il a aussi travaillé sur le système nerveux, notamment la moelle épinière, montrant qu’elle est composée d’un faisceau de nerfs. Sa thèse de doctorat est basée justement sur la moelle épinière et c’est un sujet qui l’a fasciné tout au long de sa vie. On nomma, à la suite de ses travaux, le syndrome de Brown-Séquard, qui correspond à une hémisection de la moelle épinière.

Il est aussi le fondateur et le directeur du Journal de la physiologie de l’homme et des animaux, publié entre 1858 et 1863 à Paris. Brown-Séquard est mort à Paris en 1894 et son ile natale lui a rendu hommage quatre ans plus tard à sa manière en faisant installer son buste dans le petit square adjacent au jardin de la Compagnie à Port-Louis. Le dévoilement a été fait par le maire du Port-Louis, Thomas Pitot de la Beau jardinière. Ce buste a été malheureusement renversé en 1924 lors d’un grand cyclone.

En 1928, on a fait installer un autre buste, en bronze cette fois-ci. L’œuvre est signée Georges Clément de Swieccinski. Le buste peut être vu encore aujourd’hui pour témoigner de la reconnaissance que la nation mauricienne a envers ce grand monsieur. Bien plus tard en 1975, grâce au concours du Dr. Cader Raman, le nom de Brown-Séquard a été octroyé à l’hôpital mental, ancien asylum de Beau-Bassin, et ce, à juste titre.

Élu membre de l’Académie des Sciences en 1886, Charles Edouard Brown-Séquard forme partie de ces grands intellectuels que Maurice a produits et il faut que les jeunes d’aujourd’hui le sachent pour s’en inspirer et pour suivre la trace de ce fameux scientifique.

Références :

– Exposition sur Charles Edouard Brown-Séquard, Blue Penny Museum

– Memoirs of Charles Edouard Brown-Séquard, H.P.Bowditch

 

* Published in print edition on 15 January 2016

An Appeal

Dear Reader

65 years ago Mauritius Times was founded with a resolve to fight for justice and fairness and the advancement of the public good. It has never deviated from this principle no matter how daunting the challenges and how costly the price it has had to pay at different times of our history.

With print journalism struggling to keep afloat due to falling advertising revenues and the wide availability of free sources of information, it is crucially important for the Mauritius Times to survive and prosper. We can only continue doing it with the support of our readers.

The best way you can support our efforts is to take a subscription or by making a recurring donation through a Standing Order to our non-profit Foundation.
Thank you.

Add a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *