Le problème mahorais

By Joseph JA Varondin

« Tout le monde à La Réunion a conscience du danger global que représente cette invasion insidieuse mais tout le monde ferme les yeux, les oreilles et la bouche par peur d’être accusé de racisme. Par les Français auteurs de ce cataclysme humain. Le résultat ne s’est pas fait attendre : pour se protéger, une partie des Réunionnais cherche ailleurs une défense qu’elle ne trouve pas du côté de ses élus naturels. Alors elle se jette dans les bras du Front National… »

Valérie Giscard d’Estaing, pour acheter leur voix à la présidentielle de 1975, promet aux Comoriens l’indépendance de leur pays – jusque-là colonie française. L’Archipel swahili est un tout : toutes les îles qui le constituent, relèvent d’une autorité coloniale centrale tant à Paris qu’à Moroni, sa capitale. Aucune d’entre elles n’est régie par une spécificité régionale. L’Archipel constitue un tout géographique, territorial, politique, administratif, religieux et ethnique, reconnu par toutes les nations.

Pour honorer sa promesse électorale, Giscard – élu Président de la France, organise un référendum sur l’indépendance des Comores, ce qui n’était nullement prévu dans ses promesses. A une majorité confortable, l’ensemble des électeurs comoriens vote en faveur de l’indépendance. Mais il se trouve que l’île de Mayotte, plus « francisée » que les autres pour avoir été la première colonisée, choisit de voter en majorité contre la dite indépendance, contre promesse d’une « assistance à la réunionnaise », sans garantie du respect de la légalité et de la démocratie car Mayotte n’a pratiquement pas d’état civil ou de listes électorales. Mais « impossible n’est pas français » depuis que Napoléon l’a décrété !

Moi indivisible, Toi Sécable : L’Anschluss de Mayotte

La France qui veut garder une « redoute » sur le Canal de Mozambique où passent des milliers de tankers, opère un tour de passe-passe, qui est – avant tout – un coup de force colonial, et décide de la scission et de l’annexion de Mayotte. Raison évoquée : cette île a voté contre l’indépendance. (Mais Giscard ne divise pas la France en deux parce qu’une moitié de ce pays n’a pas voté pour lui ! La France n’est ni divisible ni sécable.) Elle agit ainsi en puissance coloniale impériale, contre les règles fondamentales de l’ONU qui s’oppose à l’annexion de Mayotte . « à l’israélienne », comme à cette annexion parcellaire de La Palestine effectuée chaque jour avec l’intention avérée de la faire disparaître de la carte.

La France renie le principe du respect des frontières coloniales lors de l’accession d’une colonie à l’indépendance. Elle ignore tout : toutes les protestations régionales et internationales. Tous les drames humains qui en résultent : soudain, des familles sont divisées et les membres sont rendus étrangers les uns aux autres et interdits d’entretenir des relations réciproques. Elle, qui se proclame « République une et indivisible », s’autorise à l’encontre du droit universel à diviser l’archipel comorien pour approprier l’île de Mayotte. Le monde entier, après quelques « dénonciations » de principe, finit par entériner l’Anschluss. C’est l’application de la loi du plus fort comme l’ont pratiquée les Britanniques à propos des Chagos. Comme elle rêve de le faire encore dans la zone géographique des Iles Sœurs. Une petite île, c’est facile à soudoyer d’abord et à nourrir ensuite. La France est assez riche pour le faire et son peuple suffisamment hégémonique pour l’applaudir et en tirer gloire.

Métamorphose à la française

Voilà, donc, du soir au lendemain, une population, absolument pas francisée et encore moins française d’ethnie et de race, métamorphosée par la volonté de Paris en citoyens français et européens (quoique plutôt à part qu’à part entière puisque ne disposant que des droits « bâtards ») , départementalisée et intégrée d’office au territoire national français, munie d’une passeport franco-européen qui donne à ses ressortissants le droit de s’installer partout sur le sol français.

Donc à la Réunion, le sol français le plus proche et le plus parfaitement fourni en allocations sociales dont les Mahorais sont très friands. Celles-ci leur sont distribuées malgré ou à cause de leur citoyenneté fraîchement acquise.

Le tsunami mahorais

Depuis l’octroi de cette nationalité française à la « Frankenstein », la Réunion subit une arrivée massive de gens officiellement mahorais, en réalité, globalement d’origine comorienne. L’Etat civil étant particulièrement embryonnaire dans l’île swahilie, tout le monde peut troquer son identité en une minute. D’abord ils ont été « importés » par certains maires, comme Gabriel Macé et J.P. Virapoullé, pour se faire élire grâce à leur voix. Les dits Mahorais ont une spécialité sociale : le foyer multiple densément peuplé d’enfants. Ayant découvert la route des allocations sociales, ils ne cessent de débarquer dans l’île où, « pour gagner péniblement leur vie, ils suent abondamment entre leur chambre à coucher et la Caisse des Allocations familiales de la ville ».

Ils sont déjà 60,000 aujourd’hui pour environ 850,000 habitants. Communauté étrangère pas remarquablement paisible, accrochée à la CAF, refusant toute assimilation, accolée malgré elle au peuple réunionnais dont elle menace la survie ethnique déjà compromise par ailleurs, elle s’installe densément et durablement.

Le recours au Front National

Tout le monde à La Réunion a conscience du danger global que représente cette invasion insidieuse mais tout le monde ferme les yeux, les oreilles et la bouche par peur d’être accusé de racisme. Par les Français auteurs de ce cataclysme humain. Le résultat ne s’est pas fait attendre : pour se protéger, une partie des Réunionnais cherche ailleurs une défense qu’elle ne trouve pas du côté de ses élus naturels. Alors elle se jette dans les bras du Front National.

Il faut être de mauvaise foi ou idiot pour n’avoir pas remarqué la brutale éclosion de candidats « Yabs yeux gris-bleu » de la moyenne bourgeoisie, décidés à porter, par défaut, la flamme dévoyée du Front National pour sauver leur peau. Cinq au moins aux législatives de 2012. Des femmes en majorité. Et que l’on ne vienne pas leur en faire reproche ! Ils ne sont pas partisans convaincus des Le Pen. Ils ne sont ni xénophobes ni racistes, ils défendent leur existence menacée et cherchent à se protéger.

Le clash est à prévoir

La fraction de la communauté comoro-mahoraise, née dans l’île de tous les bonheurs, constitue désormais un groupe ethnique qui revendique et « pousse les autres » pour prendre leur place. Ils sont Français sur papier et cela leur suffit. Comme cela suffit à Paris pour le justifier. Aujourd’hui, elle revendique sans violence organisée mais avec arrogance vocale et physique. Et demain ? Quel sera le résultat du dévoiement mahorais, une fraction d’un peuple difficilement assimilable à un autre peuple qui lui est étranger ? On verra donc les malheurs qui s’abattront sur La Réunion quand il sera trop tard ?


* Published in print edition on 22 June 2012

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