Sortir les peuples des ténèbres

Chronique de Jean-Baptiste Placca

Un demi-siècle d’indépendance, et jamais l’Afrique n’a été autant dans le noir… Ecrasée par le soleil, mais toujours incapable de comprendre que l’astre de feu est non seulement source de lumière, mais aussi d’énergie, électrique, en l’occurrence. Baignée par les fleuves les plus tumultueux, mais inapte à en exploiter la puissance pour nourrir son développement.

Ne pas comprendre que l’énergie solaire, maîtrisée, est probablement une des plus sures sur laquelle compter, est un aveu de pénurie de leadership… disons éclairé. Et ne pas entendre les messages du rugissement du fleuve Congo est, au moins, le signe d’une incurable surdité. Mais comment demander à des dirigeants qui n’ont rien su tirer de l’énergie et de la vitalité de leur jeunesse de faire accoucher à la nature le courant pour irradier une économie qui en réclame pour décoller ?

Dites-moi combien de barrages vos
dirigeants ont construits 

Certes, il arrive à des Etats relativement bien gérés, telle l’Afrique du Sud, d’être durement atteints par les pénuries, et donc les délestages. Mais tous ne sont pas touchés de la même façon. Au fond, le taux de couverture d’un pays, en termes d’énergie électrique permanente, pourrait être un critère de mesure, sinon de bonne gouvernance, du moins de la volonté des dirigeants de développer leur nation.

Dites-moi combien de barrages vos dirigeants ont construits, et je vous dirai quels rêves ils nourrissent pour votre peuple ! Dès 1961, Kwame Nkrumah, à qui l’on a beaucoup reproché ses rêves de grandeurs, a fait construire sur la Volta, dans les gorges d’Akosombo, le fameux barrage hydroélectrique du même nom. Les principaux voisins du Ghana dépendent encore aujourd’hui de l’électricité produite par cet ouvrage.

Abidjan, Brazza, Dakar… Telle une maladie honteuse, l’épidémie de délestage gagne les capitales africaines, les unes après les autres. La présence du courant électrique est devenue un luxe dans les maisons, et les entreprises, surtout les plus petites, n’en finissent pas de dépérir, du fait de l’incapacité à produire de manière régulière.

A quoi sert-il de parler de développement, si l’Afrique ne peut s’offrir l’énergie nécessaire à son industrialisation ? Voilà cinquante ans que l’on nous vante le site d’Inga, où le débit exceptionnel du fleuve Congo suffirait à alimenter toute l’Afrique subsaharienne en énergie électrique. Eternel projet, dont le seul handicap est d’être situé en Afrique noire, et pas en Occident ou en Asie !

Inga, ton nom résonne dans nos têtes comme une affligeante preuve de l’incapacité des dirigeants africains à se mettre réellement ensemble pour sortir leurs peuples des ténèbres !

Jean-Baptiste Placca
MFI


* Published in print edition on 8 October 2010

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