Les cancres vont-ils continuer à jeter le discrédit sur tous ? 

Par Jean-Baptiste Placca

A ceux qui doutaient encore de l’importance de la solidité des  institutions dans l’instauration de l’état de droit et de la démocratie, notre actualité sonne comme un rappel accusateur. Jamais les Africains n’ont eu autant conscience de l’incidence de la crédibilité de ceux qui incarnent les institutions sur la préservation de la paix civile en Afrique ! Il ne s’agit pas, ici, que de seule la Côte d’Ivoire. La Guinée aussi est en cause, comme bien des pays où le sang coule fatalement à chaque élection.

Que dire du courage insoupçonné de la Cedeao et de l’Union africaine par rapport à la crise née de la présidentielle ivoirienne, sinon qu’il appelle une réflexion sérieuse et approfondie sur les règles du jeu électoral, pour s’assurer que, partout, ces règles soient suffisamment transparentes pour ne plus laisser aucun espace à la ruse, au mensonge, à l’imposture ?

Pour que l’ère des élections volées en Afrique soit révolue, comme l’a décrété le sous-secrétaire d’Etat américain Johnnie Carson, la certification doit démarrer en amont, par les institutions qui organisent et valident les scrutins.  

Kéba Mbaye avait préféré démissionner 

Etre arbitre implique de l’impartialité et de la probité. Nous parlons donc de femmes et d’hommes intègres, valeureux, courageux, dont la carrière ne dépende pas des tenants du pouvoir, dont l’intégrité physique ne soit pas être à la merci de politiciens pour qui les délices du pouvoir ont plus de valeur qu’une vie humaine.

Ces exigences de rigueur ne requièrent pas des qualités surhumaines. En mai 2009, et en dépit des pressions, la Cour constitutionnelle du Niger, présidée par la magistrate Salifou Fatimata Bazeye, s’est bien prononcée contre le référendum que voulait organiser Mamadou Tanja, pour proroger son mandat ?

Lors de la présidentielle de 1993 au Sénégal, le magistrat Kéba Mbaye a préféré démissionner de la présidence du Conseil constitutionnel, plutôt que d’avoir, selon son expression, à violer la loi. Ces personnalités ont conquis le respect de leurs concitoyens. Comme ceux qui, depuis douze, vingt, trente ans et plus, organisent des élections crédibles en Afrique du Sud, au Botswana, au Bénin, au Cap-Vert, au Ghana, en Namibie, en Tanzanie, en Zambie. Et dont le verdict est accepté par le vaincu, y compris lorsque celui-ci est le président sortant, comme en 1996 au Bénin.

La seule et unique question, aujourd’hui, est de savoir si toute l’Afrique veut se hisser au niveau de ces bons élèves, ou si elle veut laisser les cancres continuer à jeter le discrédit sur tous. 

Jean-Baptiste Placca
MFI


* Published in print edition on 17 December 2010

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