Interview : Vijay Makhan, ancien Secrétaire aux Affaires étrangères — « La souveraineté n’a pas de prix! »

* Chagos et recours à la Cour internationale de justice : ‘Tous les éléments sont réunis en notre faveur’

* ‘Monsieur Bancoult, autant que je sache, est citoyen mauricien de souche chagossienne. Pour le reste…’


Cela fait plusieurs années que la République de Maurice tente de maintenir la pression sur la Grande Bretagne au moyen de revendications pour trouver une solution en ce qui concerne les Chagos. Plusieurs organismes internationaux ont été sollicités pour soutenir la cause mauricienne. Toutefois, la Grande Bretagne et les Etats-Unis semblent impitoyables dans leur intransigeance. Le Gouvernement de Maurice pourra-t-il faire de la résistance ? Vijay Makhan, ancien Secrétaire aux Affaires étrangères et qui a aussi été le secrétaire général adjoint de l’OUA et commissaire à l’Union africaine, nous en parle.

Mauritius Times : Qu’est-ce qui vous paraît le plus compliqué, sinon le plus inquiétant, pour notre pays dans les semaines et les mois à venir : la gestion de l’après-Brexit, ou celle des conséquences qui découleraient d’un recours par le gouvernement mauricien, comme envisagé précédemment par Sir Anerood Jugnauth, à la Cour internationale de justice en vue de rechercher une ‘Advisory Opinion’ sur la souveraineté de notre pays sur les Chagos ?

Vijay Makhan : Dans les deux cas, on gagnerait à réfléchir en profondeur et anticiper nos actions et notre stratégie en prévision des retombées de ces deux actes.

S’agissant du Brexit, au moment où on se parle, la Grande Bretagne est prise dans une situation tumultueuse qu’elle n’a plus connue depuis la Seconde Guerre Mondiale, comme me le confirmait un ami britannique. Les épouvantails qu’ont utilisés les leaders du vote ‘exit’ dans leur campagne de frayeur (en particulier l’immigration/les réfugiés) en mettant en avant des faits erronés (contribution de 350 millions de livre sterling par semaine à la Commission qui pourraient servir à renflouer le National Health Service en net déclin) ont fini par convaincre l’électorat britannique, dans une large mesure, à voter plutôt avec émotion et pas nécessairement en toute connaissance de cause.

Avec les discours que tiennent maintenant les Boris Johnson et autres Nigel Farage, se dissociant de ces mêmes faits, plusieurs Brexiters sont en train de remettre en question leur choix ! Ce que l’Anglais appelle “Buyer’s remorse”. Mais la balle est partie, et l’UE se braque. Ceux qui croient que ce sera ‘business as usual’ à Maurice sont en train de se berner et font fausse route.

Nous sommes étroitement liés à la Grande Bretagne dans plusieurs secteurs par la force de l’histoire. Son retrait de l’UE, avec laquelle nous entretenons des relations économiques et commerciales très favorables, aura certainement des incidences négatives sur nous. Aussi compliqué et inquiétant que cela puisse paraître, il faut nous jeter à l’eau, prendre la mesure de toute la problématique et adopter des solutions qui nous seront bénéfiques à court, moyen et long termes.

Autant le Brexit est un choix des Britanniques, autant un recours à la Cour internationale de justice pour rechercher une ‘Advisory Opinion’ sur la question des Chagos est un choix de Maurice par le biais de son Gouvernement. Devant la tournure des choses, Maurice a pris cette décision. Donc, les tenants et aboutissants de cette démarche, j’ose espérer, ont dû être mûrement réfléchis à l’hôtel du gouvernement.

* C’est bien la première fois que le Royaume-Uni et les Etats-Unis communiquent conjointement sur la revendication de Maurice sur les Chagos, et cela en des termes menaçants – « most undiplomatic » même, pourrait-on dire, à voir la menace de « lasting damage to Mauritius’ bilateral relations with both the UK and the USA ». Qu’est-ce qui expliquerait cette nouvelle attitude des Anglais et des Américains, jugée « totally unacceptable » et « hostile » par le Premier ministre ?

De mémoire, je peux effectivement dire que c’est pour la toute première fois que le Royaume-Uni et les États-Unis communiquent conjointement de cette façon, surtout en terre mauricienne, sur cette question de notre souveraineté sur l’Archipel des Chagos. Dans le passé, les échanges sur cette question ont toujours été faits par voie diplomatique, soit entre nos ministères des Affaires étrangères respectifs par Note Verbale, soit en dialogue entre les responsables politiques, au niveau des ministres ou des Premiers ministres, mais jamais de cette façon, c’est-à-dire une guerre ouverte à travers des communiqués publics.

D’autre part, les missions diplomatiques ont toujours été une courroie de transmission des instructions émanant de leur capitale de façon confidentielle. Or, cette fois-ci, le communiqué a été rédigé, semble-t-il, conjointement à Port Louis. Est-ce que la teneur du communiqué émis par les deux missions a eu l’aval des Gouvernements britannique et américain? Si oui, à quel niveau, que des bureaucrates?

Il faut se rappeler que les autorités politiques britanniques étaient prises jusqu’au cou par le référendum et que le gouvernement américain, lui, nous a religieusement et toujours dit que cette question de souveraineté ne concernait que Maurice et le Royaume-Uni !

En prenant lecture du communiqué émis par les deux missions, je ne peux que m’offusquer du langage utilisé, menaçant, honteux. C’est du ‘arm twisting’, sinon carrément du ‘strong-arm tactics’. Entre pays amis, on ne se sert pas d’un tel langage, surtout que Maurice et le Royaume-Uni appartiennent à la même famille du Commonwealth.

Si ce communiqué n’avait pas été émis, on n’aurait jamais su que ces deux fonctionnaires étaient à Maurice et avaient été reçus par SAJ. À juste titre, le PMO n’a eu d’autre choix que de rétorquer en publiant le sien. Mais qu’est-ce que ces deux missions ont voulu atteindre par là ? Remonter le citoyen mauricien contre les autorités locales ? Effrayer nos opérateurs économiques ? Si tel était le but, c’était vraiment mal inspiré !

* Se pourrait-il que le Royaume-Uni et les Etats-Unis appréhendent le risque d’une ‘Advisory Opinion’ défavorable de la Cour internationale de justice par rapport à leurs intérêts dans les Chagos du fait de la décision de la UN Arbitral Court en faveur de la souveraineté de Maurice ? L’ancien Haut Commissaire britannique David Snoxell nous disait, fin mai, que “this time Mauritius’ claim to sovereignty has been much strengthened by the Tribunal Award. I think that the British Government would take serious note of a GA resolution with a two thirds majority which supported Mauritius…” Qu’en pensez-vous?

Je pense que c’est effectivement une réaction de faiblesse de la part de ces deux ‘grands’ Etats. Ils se rendent compte de la justesse de la revendication de la ‘petite’ île Maurice. David Snoxell a raison. Personnellement, je n’ai aucun doute qu’avec un dossier bien ficelé et se prévalant du soutien de nos amis au niveau international, une résolution introduite à l’Assemblée générale de l’ONU, par Maurice, co-parrainée par l’Union africaine et d’autres pays amis n’aura aucune difficulté de recueillir la majorité nécessaire pour approcher l’ICJ en vue d’obtenir une ‘Advisory Opinion’.

Je pense aussi que tous les éléments sont réunis pour une opinion de la Cour internationale de justice en notre faveur. Il faut se rappeler que, déjà, le Royaume-Uni a agi de façon cavalière, le terme n’est pas fort, en faisant fi des résolutions onusiennes 1514 et 2066 en particulier qui, entre autres, exhortaient les Etats coloniaux, à ne pas exciser un territoire avant de lui octroyer son indépendance. La 2066 invitait spécifiquement le Royaume-Uni à n’entreprendre aucune action qui démembrerait le Territoire de Maurice et violerait ainsi son intégrité territoriale. On connaît la suite !

* L’opposition viendra décrier la manière dont le dossier Chagos a été géré par l’actuel gouvernement, cela depuis le discours de SAJ le 1er mai dernier ou les termes utilisés lors de son intervention au Parlement, mais faut-il aussi reconnaître que la diplomatie n’a vraiment rien donné ces 45 dernières années, ni les démarches mauriciennes visant à sécuriser les Américains et les Britanniques par rapport à la base américaine à Diego Garcia, n’est-ce pas ?

Ce n’est pas uniquement à partir de mai dernier. Nous avons dit et maintenu que le dossier n’a pas été géré de façon judicieuse depuis l’arrivée aux affaires de ce gouvernement. J’ai dit et écrit à maintes reprises que s’agissant des questions telles que notre souveraineté, elles devraient dépasser le cadre de la politique partisane.

Et nous, au MMM, nous sommes prêts à apporter notre soutien à ce combat national que nous menons depuis toujours. L’enjeu et l’objectif sont les mêmes. Tout est une question d’approche. D’ailleurs, c’est ainsi que nous avons milité pour la mise en place d’un comité multipartite sur cette question, surtout dans le sillage de la reconduction imminente du bail octroyé aux États-Unis. Ce comité ne s’est réuni qu’à deux reprises et n’a rien produit de concret, autant que je sache.

Le moment n’est-il pas venu pour le Premier ministre et le Leader de l’opposition de se réunir en tête à tête pour dégager une stratégie nationale, car nul ne peut contester la maîtrise par Bérenger de cette question, la documentation dont il dispose et son patriotisme concernant notre intégrité territoriale. Notre indépendance n’est pas complète sans le recouvrement complet de notre territoire excisé, quitte à discuter du statut de Diego Garcia.

* Paul Bérenger affirme qu’on serait arrivé loin « si Ramgoolam n’avait pas abandonné » l’initiative prise par le gouvernement MSM-MMM en 2001. Il a peut-être raison, mais il ne dit pas plus sur les détails par rapport à cette initiative, mais faut-il reconnaître que la seule initiative mauricienne qui a donné un résultat favorable et tangible, c’est le recours à la UN Arbitral Court ? Et la recherche d’une ‘Advisory Opinion’ de la Cour internationale de justice serait donc une suite logique. Qu’en pensez-vous ?

Vous n’est sûrement pas sans savoir, et là, je ne crois pas déroger d’une quelconque règle de confidentialité, que l’initiative à laquelle vous faites référence est connue à Londres comme à Washington comme le ‘Bérenger Proposal’.

Évidemment, c’était une position du gouvernement d’alors et Bérenger a continué à pousser dans cette direction quand il est devenu Premier ministre. La proposition était que nous recouvrions toutes les îles de l’archipel des Chagos et que sur Diego Garcia nous maintenions les discussions sur la base du principe ‘agree to disagree’ jusqu’à ce qu’une solution mutuellement satisfaisante soit trouvée.

Cette question a aussi été prise par Bérenger directement avec le Président Bush en mai 2004 au Bureau ovale au White House. Il voulait aussi en discuter avec Tony Blair, Premier ministre britannique d’alors. Mais ce dernier avait affiché une fin de non-recevoir que le Secrétaire général du Commonwealth d’alors Don Mackinnon avait décriée.

Devant une telle attitude arrogante, vous vous souviendrez de l’initiative prise pour mener cette question de souveraineté devant la Cour internationale de la Haye en nous retirant temporairement du Commonwealth. Vous connaissez le reste. Souvenez-vous en aussi, qu’en 2005, Maurice se préparait déjà en vue d’une ‘Advisory Opinion’ de l’ICJ.

Et puis, il y a eu les élections générales à Maurice, avec le résultat qu’on connaît. Quant à Ramgoolam, il avait mené campagne contre cette prise de position et l’initiative de 2001 disant que Tony Blair était son ami et il allait vite régler la question des Chagos une fois arrivé au pouvoir. Cette suite-là aussi, on la connaît. Maintenant que les dés sont jetés, il faut y aller. Ce n’est pas la menace de nos amis qui devrait nous faire reculer. Ce chantage ne leur fait pas honneur.

* La question qui se pose toutefois, c’est de savoir si Maurice dispose de moyens diplomatiques et financiers pouvant faire du ‘lobby’ auprès d’un grand nombre d’Etats-membres en vue de satisfaire l’exigence d’une résolution avec une majorité des deux-tiers de l’Assemblée générale des Nations-Unies pour que la question soit référée à la Cour internationale de justice. Est-ce réalisable ?

Je répondrai oui à cette question. Mais bien sûr, il faudrait que l’on s’y attèle de façon très nette et claire. Il faut entreprendre des missions diplomatiques ciblées, mais surtout il faut que le monde extérieur sache, à ne point en douter, que toute l’île Maurice est solidaire derrière cette démarche. Comme on le dit, il faut y mettre tout le paquet et surtout ne pas lésiner sur l’aspect financier. La souveraineté n’a pas de prix!

* La Cour suprême de la Grande Bretagne a rendu son jugement dans l’affaire O. Bancoult vs Secretary of State for Foreign and Commonwealth Affairs, ce mercredi 29 juin. Bancoult a publiquement fait savoir qu’il ne combat pas les causes qui ne sont pas les siennes, dont la souveraineté de Maurice sur les Chagos. Faut-il donc séparer la question de la souveraineté de celle qui se rapporte aux gens qui ont subi des violations des Droits de l’Homme quand ils ont été expulsés des Chagos ?

Personnellement, je ne suis pas de cet avis.

On attendait le jugement de la Cour suprême de Grande Bretagne avec beaucoup d’intérêt. Je dois faire ressortir que la Cour a été appelé à statuer sur la légalité du jugement de 2008 donnant gain de cause à l’interdiction d’un retour de nos compatriotes sur les Chagos, vu que certains documents qui auraient pu avoir une incidence sur le jugement n’avaient pas été produits devant les Law Lords.

La Cour vient de rendre un jugement majoritaire en faveur des Law Lords. Mais, quand même, je pense que devant la particularité de ce drame humain, la Cour a raté une occasion en or de donner de la substance au dicton ‘British sense of fair-play and justice’ surtout s’agissant de la façon brutale et inhumaine dont nos compatriotes ont été expulsés de notre territoire.

Au fil des ans, nous avons été témoins et victimes des subterfuges dont s’est servi le Royaume-Uni concernant ce malheureux épisode dans nos relations qui, au demeurant, sont excellentes. Quant à Monsieur Bancoult, autant que je sache, il est citoyen mauricien de souche chagossienne. Pour le reste…

* Par ailleurs, le communiqué conjoint du Royaume-Uni et des Etats-Unis soutient que « the UK and USA are absolutely clear about UK sovereignty of these islands, which have been British since 1814, » et ajoute qu’ils ont “respectfully sought the Prime Minister of Mauritius’ assurance that he… will return to a constructive path from which Mauritius will gain the benefit of friendly bilateral relations”. En termes diplomatiques, qu’est-ce que ce “constructive path” sous-entend?

Dois-je rappeler à nos amis britanniques que le soi-disant British Indian Ocean Territory (BIOT) n’a été créé qu’en 1965, par voie de prérogative royale, ‘Order In Council’, rien à voir avec la démocratie, après l’excision illégale de l’Archipel des Chagos du territoire mauricien ? Cela après un chantage vulgaire par le Premier ministre travailliste britannique d’alors, Harold Wilson, dans le cadre des négociations pour l’indépendance de Maurice, suivie par l’épisode douloureuse de l’éviction brutale de nos compatriotes de souche chagossienne.

D’ailleurs, plusieurs sommités politiques britanniques ont qualifié de honteux cet épisode fort sombre et déplorable de leur histoire. Affirmer que ces îles ont été British depuis 1814, c’est faire preuve de naïveté historique et faire l’économie de toute la vérité.

Quant au terme ‘constructive path’ utilisé, c’est du chantage à peine voilé. Maurice a depuis toujours suivi un ‘constructive path’. Les pourparlers amicaux que nous avons toujours consentis d’avoir avec nos amis, notre acceptation qu’ils aient une voix au sein de l’Indian Ocean Tuna Commission, alors que la responsabilité de représentation de ses Etats membres en matière de l’agriculture et de la pêche incombe à la Commission de l’UE, la mise en place du British Mauritius Fisheries Commission, les différentes initiatives prises en termes de mesures de ‘confidence-building’, entre autres, au fil des ans, relèvent tous de ce ‘constructive path’ dont ils parlent. On pourrait leur retourner la question, seulement voilà, c’est du David versus Goliath.

* Dans un discours qu’il a prononcé lors d’une conférence sur les Chagos, organisée à Maurice en 2013, David Snoxell avait parlé en faveur de la participation de Maurice dans la gestion des îles Chagos et de la zone marine protégée (MPA), « leading to a timetable for either joint sovereignty or a gradual ceding of sovereignty which may or may not include Diego Garcia ». Cette proposition est-elle toujours valable, selon vous, et surtout au regard du communiqué conjoint du Royaume-Uni et des Etats-Unis?

David Snoxell connaît bien la situation. D’ailleurs c’est lui qui, à Westminster, coordonne les travaux de l’All Party Parliamentary Group du parlement britannique sur les Chagos. Il s’exprime souvent sur ce sujet.

Comme je le dis régulièrement, les Britanniques n’ont jamais joué carte sur table. On ne se souvient que trop bien de l’évolution du projet de Chagos Marine Protected Area. WikiLeaks avait même fait état du fait qu’un câble confidentiel échangé à l’époque mettait en exergue la finalité de ce subterfuge.

Dans le cadre d’une soi-disant protection de l’environnement marin, c’était pour empêcher effectivement nos compatriotes de retourner sur les îles des Chagos. C’était cela l’objectif de tout ce charabia concernant le MPA, qui en soi est une idée valable mais uniquement pour des raisons de préservation environnementale tout court. Tout projet de ce genre devrait être chapeauté par Maurice et étendu à nos amis de la région, Etats membres de la Commission de l’océan Indien.

* Maurice devra-t-elle en fin de compte prendre ce “constructive path” dans le sillage de Brexit ? Dilemme cornélien pour le pays, n’est-ce pas au regard de la dépendance de notre économie sur nos exportations de sucre, du textile et d’autres produits vers l’Europe, dont une grande partie vers le Royaume-Uni, et les Etats-Unis ?

Écoutez, nous sommes des pays amis et nous avons des liens solides et amicaux qui trouvent leur origine dans l’histoire. Nous partageons les mêmes valeurs démocratiques. Nous sommes des Etats de droit.

Nous avons toujours été ouverts au dialogue et, de ce fait il n’y a aucune raison qui nous empêcherait de nous asseoir autour d’une table et reprendre le dialogue. Mais cela dépend également de nos amis anglais et américains. C’est vrai, ils ont la possibilité de nous rendre la vie économique difficile mais est-ce que ce serait à leur avantage ?

Ne l’oublions pas, nous vivons dans un monde interdépendant, global où tout se sait à la minute près. Nous avons à notre disposition les instruments de la technologie moderne qui nous permettent d’alerter le monde extérieur de façon quasi-immédiate. Nous sommes tous régis par les règlements du commerce international. Le monde ne saurait tolérer des actions coercitives et punitives.

* Que représente Brexit pour Maurice, selon vous, en termes de dangers mais aussi d’opportunités ?

Comme j’ai eu à le dire, cela dépendra des négociations que mènera la Grande Bretagne avec l’UE pour sa sortie éventuelle de l’UE. Et ce qu’elle fera pour ce qui est des échanges commerciaux avec les pays tiers, dont Maurice. Est-ce qu’elle sera prête à reconduire les mêmes conditions qui régissent nos exportations vers son marché que nous avons négocié et signé avec l’UE, sous l’Accord de partenariat économique intérimaire ?

Allons-nous devoir renégocier, et si oui sous quelle configuration ? Bilatéralement, régionalement, au sein des ACP ou encore comme pays en développement du Commonwealth ? Les possibilités de perte de marché préférentiel pour nos exportations hors taxes et hors quotas existent, aussi bien qu’une baisse de revenue découlant d’une livre sterling affaiblie et une réduction conséquente dans les arrivées de touristes de cette source. Mais le Brexit nous offre aussi la possibilité d’explorer d’autres avenues et marchés pour nos échanges commerciaux et la diversification de nos sources d’approvisionnement. Soyons prêts à toute éventualité.

* L’ancien ministre des Finances Rama Sithanen prévoit des difficultés pour l’économie mauricienne, mais estime toutefois qu’il ne faut pas céder à la panique car nous avons du temps (un breathing space de deux ans, parait-il) pour réagir ». A-t-il raison, selon vous ? Un breathing space de deux ans, donc, pour gérer les conséquences de Brexit… et l’affaire Chagos ?

Je suis d’accord avec Rama Sithanen qu’il ne faut pas céder à une panique quelconque. Ceci dit, je ne crois pas qu’un vent de panique souffle sur notre pays. Mais on doit se mettre au travail tout de suite pour parer à toute éventualité.

Je dois aussi faire ressortir que dans un contexte de négociations, deux ans sont vite passés. Qui l’aurait cru? Le cycle de Doha débuté en 2001 et qui devait être complété en trois ans est toujours en mode de négociations 15 ans plus tard !

Et les Chagos? Cela fait plusieurs décennies que nous recherchons une issue. Troussons-nous donc les manches !

* Published in print edition on 1 July 2016

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