« Je ne vois pas se dessiner une alliance PTr-MMM sur un projet de réforme électorale »

Interview: Sydney Selvon, journaliste et historien

“Le ‘lion’ est bien placé pour savoir que s’il ne mange pas les autres, les autres le mangeront”

“Ce qui déstabilise les gouvernements, c’est la guerre des places au sommet et c’était le cas lorsque Harish Boodhoo et Bérenger avaient des différends à ce sujet au sein de leurs gouvernements respectifs”

En politique, il semblerait que les remous cèdent la place au calme et au train-train quotidien. Mais que cachent les tractations politiques, les marchandages et les chantages avant les élections ?

Quelle est la marge de manœuvre de chaque homme ou femme politique dans ce processus ? Et comment réagit l’électorat face à ce genre de négociations ? Sydney Selvon, journaliste et historien, nous donne son point de vue.

Mauritius Times : Tout est rentré dans l’ordre, semble-t-il, que ce soit au niveau de l’alliance gouvernementale ou du Remake 2000. Xavier Duval a repris le chemin du Conseil des ministres vendredi dernier, et Pravind Jugnauth a conservé sa place sur le ‘front bench’ de l’alliance MMM-MSM. On a pu ainsi sauver les meubles jusqu’ici. Du moins en apparence… Qu’en pensez-vous?

Sydney Selvon : En apparence, oui, mais les blessures d’amour-propre restent ainsi que certaines dynamiques fondamentales de la politique à Maurice. Cela dit, je ne suis pas au courant de ce qui se passe concernant la composition du ‘Front Bench’ du Remake. De manière générale, les remous au sein des formations politiques à l’approche des campagnes électorales n’étonnent pas.

La dynamique de ce remue-ménage est essentiellement de nature mathématique car ce n’est pas par générosité spontanée que les alliances se discutent. C’est le souci des pourcentages escomptés à la prochaine échéance électorale qui domine les esprits. Et ensuite, chacun a l’œil sur la composition du ‘Front Bench’, du Cabinet, etc., et c’est inévitable et indissociable des manœuvres politiciennes pré-électorales.

Nous avons un système politique multipartite, dominé par un système électoral qui revient invariablement au bipartisme, le scrutin se jouant entre deux grandes alliances, l’une formant le gouvernement, l’autre l’opposition. Elles sont toutes les deux légitimes, constitutionnelles et légales. Elles sont, pour la plupart du temps, à 50:50, quelques fois à 50+, contre rarement moins de 40% (même en cas de 60-0, les Mauriciens ont voté presque 20% MSM en 1995 et à un tiers pour les Travaillistes en 1982). Les élections, en termes de pourcentage, peuvent se jouer dans un mouchoir, ce qui augmente les risques d’encore plus de marchandages, voire de chantages.

Dans l’ensemble, les deux alliances sont très populaires et elles sont fortement soutenues par une majorité écrasante de la population. Elles représentent, dans l’ensemble, plus souvent 90-95% de la population. Toutefois, elles sont obligées de se concentrer sur la meilleure ‘winning coalition formula’ et leurs dirigeants font alors un exercice d’anticipation très élaboré, surtout chiffré.

Ce sont donc ces mathématiques qui font réfléchir et agir, comme on l’a vu, ceux que j’ai appelé dans un blog sur mon website, «les trois Bolom Noël» de la politique à Maurice, trois anciens Premiers ministres rompus aux mathématiques électorales, Navin Ramgoolam, d’une part, et Sir Anerood Jugnauth et Paul Bérenger, d’autre part. Ils distribuent tickets et marocains ministériels, et aussi d’autres ‘honneurs’ qui comptent pour beaucoup dans la République: la présidence et la vice-présidence, ambassades, nominations diverses, et j’en passe.

L’Etat c’est eux! Et ils ‘distribuent’ aussi les alliances… ce qui a d’ailleurs amené Cehl Meah à déclarer à une radio, qu’il accepterait de s’allier avec soit le gouvernement, soit le Remake. Pratiquement, cela revient à dire que nous sommes, à Maurice, dans un système politique où toutes les permutations d’alliance sont possibles. Je crois que la population, même quand elle critique ce jeu d’alliances, en est, at the end of the day, partie prenante, rien qu’en se basant sur sa manière de voter.

Xavier-Luc Duval ou encore Eric Guimbeau, Cehl Meah, ou encore, Navin Ramgoolam, SAJ, Bérenger ou Pravind Jugnauth sont tout simplement pragmatiques et ils jouent, et ils font ce qu’ils font dans les paramètres d’une démocratie multipartite et d’un système électoral bipartite. A la rigueur, on peut s’en donner à cœur joie pour rire de leurs agissements… mais nous n’avons malheureusement pas la liberté nécessaire pour faire un ‘muppet show’ politique à la télé. Soit dit en passant, en vérité, un tel show les rendrait plus sympas, populaires et familiers, et moins coincés et raides dans leur comportement comme les médias les montrent.

* On ne sait pas ce que Xavier Duval a obtenu en contrepartie du soutien qu’il s’est résigné à réitérer au gouvernement de Navin Ramgoolam. Michael Sik Yuen reste en place, et on saura le jour du Nomination Day s’il sera maintenu sur la liste des candidats d’une éventuelle alliance PTr-PMSD à la veille des élections de 2015. Robert Desvaux est maintenu sur la touche… Donc, a-t-il vraiment “craqué”, comme l’affirme Paul Bérenger?

Vous avez bien dit: le jour du Nomination Day. Mais venons-en à l’aspect plus terre à terre des marchandages et, il ne faut pas avoir peur des mots, des chantages. Le PMSD s’est mis sur le marché des alliances. Qu’on l’ait invité ou non à le faire, il avait ses raisons de le faire surtout que les élections auront lieu dans un certain nombre de mois et non plus d’années.

L’autorité sans partage au gouvernement semble avoir dérangé profondément Xavier Duval, surtout en ce qui concerne la révocation de ses amis politiques et le rapprochement Sik Yuen-PTr dans son dos. Peut-être, comme disent certains au PMSD, dans les coulisses, un Duval humilié par tout cela a eu, à un certain moment, le désir d’adhérer au Remake pour faire élire tous ses députés et dépendre moins du système Best Loser, étant donné l’effet de ce changement d’alliance sur l’électorat urbain. Mais il a fait beaucoup de tort au PTr dans la mesure où des électeurs du PMSD qui ont eu vent de ses déboires, allégués ou non, au gouvernement, pourraient refuser de voter en faveur des candidats travaillistes et pratiquer le panachage, c’est-à-dire, ne mettre une croix qu’à côté du nom du candidat du parti, et redistribuer au Remake les deux autres ailleurs, comme l’ont fait les électeurs de la circonscription No. 3 en 2010.

Ramgoolam contrôlera mieux son parti le jour où il dissoudra l’Assemblée nationale. Aucun transfuge, ministre, député ou allié ne pourra alors se permettre le luxe de le faire chanter. Comme toujours, il fera la liste qu’il voudra et cette liste reste souvent inachevée jusqu’au jour même du Nomination Day. C’est une tradition qui peut paraître curieuse pour certains, mais c’est entré dans les mœurs travaillistes depuis belle lurette. S’il met Sik Yuen au dernier moment, après l’enregistrement des deux alliances et le jour du Nomination Day, Duval n’y pourra rien changer.

Du côté du Remake, la liste est complétée plusieurs mois à l’avance, ce qui est une tradition différente et ce qui fait elle aussi certains dégâts (départs ou menaces de départ, colères, etc.), mais l’électorat est très acquis à l’avance également et ne semble pas en tenir compte, ayant eu le temps d’ingurgiter la potion de la fameuse ‘winning formula’ bien à l’avance.

* Il est évident que le leader du MMM s’est laissé aller vite en besogne dans toute cette affaire, fidèle à son habitude, pour se retrouver, au bout du compte, contraint dans une tentative pour sauver la face de jeter le blâme sur Xavier Duval : il ne jouera pas au ‘Bolom Noël’, a-t-il déclaré, comme pour expliquer que le ‘deal’ avec le leader du PMSD n’a pas marché en raison de ses « demandes inacceptables » selon Rajesh Bhagwan. Votre opinion?

Il y a eu marchandage des deux côtés de la barrière séparant le gouvernement et l’opposition. Duval a joué l’un contre l’autre. Le Remake n’avait pas beaucoup à perdre et le gouvernement avait plus à gagner concernant Duval.

Pour le Remake, Duval aurait été la cerise sur le gâteau, mais pour le PTr, il est une pièce nécessaire à la mécanique gouvernementale aux prochaines élections générales. Bien sûr, si le Remake espérait un deal, il ne l’a pas obtenu de Duval.

Pour ce qui est de ce que demandait Duval, je crois me rappeler qu’il a déjà publiquement déclaré qu’il veut 10 tickets. Il a dû hausser les enchères des deux côtés, chez les trois ‘bolom Noël’. Chez le Remake, ses bottes sont sans doute restées à moitié vides au pied de l’arbre de Noël et chez le gouvernement, elles sont toutes pleines… de promesses pour après la dissolution de l’Assemblée nationale.

Mais je crois que Ramgoolam n’est pas en position de lui refuser trop de choses, à moins d’avoir d’autres cartes en mains: un cocktail constitué de Guimbeau, Cehl Meah, d’abord, et, qui sait, des frères Michel (Sylvio et Elie), du parti que projetterait de faire le Père Grégoire, et des personnalités qui pourraient atténuer l’ardeur marchande du PMSD.

Ramgoolam n’est pas né de la dernière pluie et il est trop fin pour que Duval soit en mesure de vraiment lui faire la leçon lorsque le Parlement sera dissout.

* Fait intéressant à noter quand même: l’appel lancé directement au leader du PMSD par Paul Bérenger en vue de rejoindre les rangs du Remake 2000 “pour sauver le pays”. Vivement la fin des idéologies ! Gaëtan Duval aurait été un homme heureux, n’est-ce pas?

Je ne sais pas si Sir Gaëtan Duval (SGD) aurait été heureux mais la seule idéologie dominante aujourd’hui c’est un néo-libéralisme qui se distingue par la ‘jobless growth’. Le pays ne sera sauvé que par la création de dizaines de milliers d’emplois et une remontée d’une croissance économique aujourd’hui considérablement ralentie.

Gaëtan Duval et Vishnu Lutchmeenaraidoo, des néolibéraux convaincus, le premier avec le soutien de Sir Seewoosagur Ramgoolam d’abord, de 1969 à 1974, puis d’Anerood Jugnauth (1983-1989), étaient acquis à la création d’emplois, ce dernier utilisant à fond le modèle prôné par SGD, et qui avait résulté en la création de quelque 100,000 emplois dans les années 70 et encore plus durant les ‘années Jugnauth’. Arrivé au pouvoir en 1982, SAJ avait fait bénéficier nos produits et services exportés d’un réalignement de la roupie par le premier budget Bérenger, puis les années suivantes, avec SGD à ses côtés, par les divers budgets Lutchmeenaraidoo, ensuite Sithanen, qui était ministre de l’Alliance MSM-MMM.

Le modèle de SGD prônait également la création de nouveaux secteurs économiques, une politique que Sir Anerood Jugnauth (SAJ) et Lutchmeenaraidoo ont suivie, créant le Stock Exchange, le secteur offshore, une reprise fulgurante de la zone franche et une croissance fantastique du tourisme générant des milliers d’emplois. Puis c’étaient SAJ et Bérenger, avec la création de la Cybercité d’Ebène, où environ 25,000 jeunes travaillent aujourd’hui et dont dépendent aussi quelques dizaines de milliers d’emplois connectés, et le développement du Fishing Hub, etc. Navin Ramgoolam et Rama Sithanen ont, au début, réussi à freiner les effets de la crise mondiale, mais – aujourd’hui – nous reculons par rapport à ce qui avait été un miracle économique mondialement salué.

Sauver le pays, c’est lui rendre cette dynamique perdue, voire peut-être aussi le temps perdu car, à part quelques rares exceptions, le reste du gouvernement semble être à la traîne pour ce qui est du potentiel régional et africain, l’Afrique se hissant de plus en plus au niveau de l’Inde en termes de marché de consommation et de classes moyennes avides de produits et de services importés. Xavier Duval a timidement essayé de stimuler nos exportations vers l’Afrique, mais ce n’est pas suffisant, car il nous faut une politique d’exportation plus agressive et de plus grande ampleur pour vendre nos produits et services sur le continent.

Je suis au courant qu’au Remake, deux anciens ministres des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo et Pravind Jugnauth, ainsi que divers autres cadres des deux partis, vont préparer un programme de redressement économique commun qui sera différent des politiques du gouvernement et de l’actuel ministre des Finances qui ont été énoncées dans le dernier budget. L’électorat ne sera pas privé de programmes, en tout cas, d’un côté comme de l’autre.

* Qu’en est-il des “militants coaltar” ? Pensez-vous qu’ils auraient été à l’aise avec Xavier Duval aux côtés de leur leader historique sur la même plateforme politique ? La fin ne justifie pas pour autant tous les moyens ?

Bérenger, comme Ramgoolam, sont adulés par leurs militants et sympathisants de longue date. Je ne vois aucun problème pour l’un ou l’autre pour faire accepter n’importe quelle alliance. Les militants travaillistes avaient d’ailleurs les bras tendus vers Bérenger et j’ai entendu Abdoola Hossen, sur une radio, traiter Ramgoolam et Bérenger de ‘très grands patriotes’, lors des fameux « koz kozé »…

Les militants du MMM ont bien accueilli le MSM et la dynamique recherchée a été retrouvée au niveau des bases qui sont en contact depuis des mois sur le terrain, grâce à de nombreuses réunions publiques et privées. Je ne pense pas qu’il y aurait quelque gros problème pour une alliance comprenant le PMSD. Côté gouvernement également, toutes les nouvelles alliances avec d’autres groupes que le PMSD seront facilement acceptées.

* Au-delà de ce qu’aurait pu obtenir Xavier Duval de Navin Ramgoolam pour continuer à soutenir l’Alliance sociale, il semblerait que la fronde de Pravind Jugnauth par rapport à sa relégation au 5e rang sur le ‘front bench’ du Remake 2000 aurait, dans une certaine mesure, contribué à sauver les meubles pour Navin Ramgoolam. Le pensez-vous également?

D’abord, je ne sais pas à quel rang Pravind Jugnauth aurait été placé dans une alliance, avec ou sans le PMSD. De toute manière, Pravind Jugnauth est encore jeune et il continuera à cheminer et subit en ce moment la même situation, ou pire, qu’avait subie Ramgoolam à ses débuts où on le tournait en ridicule alors que je prédisais dans le journal Le Mauricien, en éditorial, qu’il serait un jour Premier ministre.

Plus Pravind Jugnauth sera ‘targeted’ par Ramgoolam, plus il s’engagera au combat, plus sa personnalité s’endurcira comme cela a été le cas auparavant pour l’actuel Premier ministre. C’est la loi de la jungle.

Et le ‘lion’ est bien placé pour savoir que s’il ne mange pas les autres, les autres le mangeront lorsque sa force faiblira. Ce sont les lois de la nature. C’est un intéressant combat à suivre…

Mais Ramgoolam n’a ni perdu ni sauvé ses meubles, car c’est l’électorat qui prendra la décision finale, soit le porter à nouveau au pouvoir, soit le renvoyer purement et simplement au fauteuil de chef de l’Opposition – ce qui n’est pas nécessairement un déshonneur dans un système démocratique.

* N’empêche que cette fronde de Pravind Jugnauth a ramené à la surface un problème sous-jacent: le rôle et le poids du leader officiel du MSM dans un gouvernement MMM-MSM en cas de victoire. Ce qui serait ‘compounded’ du fait que Paul Bérenger, selon la presse proche du MMM, ne tiendrait pas Jugnauth Jnr en grande estime – ce qui serait aussi réciproque – depuis le temps où Paul Bérenger avait porté son choix sur Ashock Jugnauth pour diriger le MSM, après la défaite de 2005…

Il m’a semblé, depuis le congrès-anniversaire du MSM, que les relations entre les leaders du MSM et du MMM se sont renforcées. Ils se rencontrent régulièrement. Récemment, la presse a parlé de tête-à-tête entre les deux hommes pour finaliser une liste commune de candidats. Ashock Jugnauth semble bien être oublié dans tout cela, du fait que ce dernier est aujourd’hui très intégré dans son alliance avec les Travaillistes.

* Un leader de parti qui se voit sacrifier sur l’autel de l’‘ethnic politics’ pour céder la place à Reza Uteem et Xavier Duval sur le ‘front bench’ du Remake 2000… on aura tout vu dans la course pour le pouvoir !

Bonjour l’ethnic politics: les deux alliances sont contraintes de faire ce qui se fait depuis longtemps déjà: avoir un pot-pourri de communautés ethno-religieuses pour «rassembler» toute la population derrière elles. Mais je ne sais pas vraiment quelle est la formule trouvée pour le ‘front bench’ fantôme du Remake. Je spécule comme tout le monde. Tenant compte de la limitation du nombre de sièges du ‘front bench’, un problème devrait se poser pour une alliance où il y aurait quatre leaders, tout au moins au niveau des mathématiques sinon d’une chaise musicale qui doit impérativement obéir aux règles de l’‘ethnic-politics’ selon nos traditions parlementaires non-écrites.

Mais Pravind Jugnauth se retrouvera vite sur le ‘front bench’ s’il n’y est pas, au départ d’une éventuelle victoire, lorsque son père se retirera comme en 2003 vers la mi-mandat. Je ne cite pas de noms du fait que je ne sais vraiment pas ce qui se prépare et je crois que les spéculations sont inévitables.

* En tout cas, la guerre des places – pas sur des questions d’ordre idéologique ou programmatique – qui se fait déjà sur la place publique ne promet pas un exercice de pouvoir serein et stable d’un éventuel gouvernement MMM-MSM. Votre opinion?

Le gouvernement MSM-MMM de 2000 a bien tenu cinq ans. Ce qui déstabilise les gouvernements, c’est la guerre des places au sommet et c’était le cas lorsque Harish Boodhoo et Bérenger avaient des différends à ce sujet au sein de leurs gouvernements respectifs.

Le Remake est basé sur un partage de ce pouvoir au sommet entre deux anciens Premiers ministres. Je pense que leurs électorats respectifs leur feront encore une fois confiance. Comme je l’ai dit, les deux alliances se ressemblent structurellement. Les leaders qui sont au sommet, Ramgoolam, d’un côté, et SAJ et Bérenger de l’autre, ont une forte autorité et il s’agit de gérer la discipline gouvernementale pour se maintenir au pouvoir. SAJ transmettra le ‘prime ministership’ à Bérenger à un moment donné pour prendre d’autres responsabilités, ce qui avait été l’essence de l’accord du Remake en 2000-2005, ce qui a assuré la stabilité pendant 5 ans de pouvoir. De son côté, Ramgoolam a bien géré sa majorité durant deux mandats mais, pour parler franc, il s’est tiré une balle dans le pied en faisant partir le MSM.

* Navin Ramgoolam cherchera à vendre à l’électorat l’instabilité qui paraît intrinsèque au Remake 2000 pour mieux le combattre. Est-ce un pari gagnant?

Difficile à dire, tant les électorats des deux alliances sont figés déjà dans leur fidélité respective. Instabilité contre instabilité, chacun a un ‘skeleton in the cupboard’. Chaque alliance accuse toujours l’autre d’instabilité et cela se répètera. Mais ce serait de bonne guerre pour les deux camps.

* Mais faut-il que Navin Ramgoolam parvienne toutefois à maintenir le cap jusqu’en 2015 ou même jusqu’à la limite de ce qui lui permet la Constitution… sauf si le leader du MMM et lui-même se remettent à « koz kozé » et s’accordent sur une “winning formula” ?

Après l’épisode Xavier Duval, je crois qu’il est prêt à s’engager dans la préparation de sa prochaine campagne électorale. L’approche des élections a même fait dire à Pravind Jugnauth qu’il ne pense pas à se venger pour avoir été victime de certains actes commis à son égard dans une déclaration à la presse récemment.

Ramgoolam, de son côté, apprend-t-on, parle de donner et de refuser des tickets et il évoque, lui, l’horizon 2015. Je crois que nous sommes entrés cette année en pré-campagne électorale. Le mandat du gouvernement se termine le 4 mai 2015, date au-delà de laquelle l’actuel Parlement ne peut continuer à exister. Cela nous place donc aujourd’hui à environ 12-14 mois de la dissolution de l’Assemblée nationale.

Quant au retour du « koz kozé », on en parle encore surtout dans certains milieux proches du gouvernement, surtout du fait que Navin Ramgoolam a une nouvelle fois refait sa promesse de publier un livre blanc. Je ne vois pas se dessiner, dans les circonstances présentes, une alliance PTr-MMM sur un projet de réforme électorale dont on ne sait rien à l’heure actuelle.

 


* Published in print edition on 16 January 2014

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