« Nous perdons notre innocence. Notre société perd ses repères…

Interview : Jack Bizlall

… et la vie devient pulsionnelle, angoissante, insécurisante et dangereuse »

« Je remets en question toutes les alliances politiques possibles entre le PTr, le MMM, le MSM et le PMSD comme solution pour notre pays »


Jack Bizlall, syndicaliste, est affolé par les plaies qui gangrènent notre société. Pas de cure superficielle qui ne fera que conduire à la disparition de ce milieu. Quel avenir y a-t-il donc ? Faire table rase de tout ce qui constitue une grave menace pour le pays. La réflexion est plus que nécessaire à tous les niveaux et dans tous les secteurs…


Mauritius Times : Vous connaissez sans doute la dernière : grâce à l’expertise et l’expérience acquise durant ces dernières années, en particulier dans l’affaire Boskalis, on envisagerait de faire appel à l’ICAC pour enquêter dans cette affaire d’îlots et d’Agalega qui, selon le Times of India, allaient être cédés aux Indiens en contrepartie de concessions du gouvernement du sous-continent par rapport au DTAT… Qu’en pensez-vous ?

Jack Bizlall : Vous rigolez sans doute. Ce n’est pas la première fois que Times of India parle du transfert d’Agaléga qui serait sous le contrôle de l’Inde ou d’intérêts indiens. On parle dans les faits de ‘handing over the Agalega island to India’. C’est grave. Permettez-moi de faire trois commentaires :

Primo, dans la mesure où on est en train de tout vendre : terrains, maisons, nationalités, permis de résidences, permis d’opérations, etc., il n’est pas exclu qu’un jour ou l’autre on décide de vendre Agaléga.

Secundo, personne ne semble prendre conscience que l’Inde fait des recherches intensives dans l’océan Indien concernant les nodules métalliques, le pétrole et autres ressources naturelles. Or Agaléga se trouve dans une position géographique idéale en ce qui concerne ces trois potentialités. La République de Maurice a un contrôle sur 1.9 millions de km2 d’océan et a fait une application ensemble avec les Seychelles à l’UNCLOS (United Nations Conventions on the Law of the Sea) pour avoir un contrôle sur une superficie additionnelle de 396,000 KM2.

Tertio, jusqu’où un gouvernement (ici celui de Maurice) peut-il disposer des biens de l’Etat jusqu’à vendre une partie de son territoire et ses habitants et jusqu’où un gouvernement (ici celui de l’Inde) peut-il exercer un chantage sur un autre Etat (celui de Maurice) pour s’approprier d’une partie de son territoire ? On déclare à haute voix que l’Inde est un pays ami. L’est-elle vraiment ?

Je crois que les démentis de Ramgoolam et de Boolell n’ont pas satisfait la population. Boolell a fait, d’après moi, une erreur grave en sous-estimant le potentiel de Times of India de pouvoir foutre la merde dans notre pays. Aucune enquête n’est nécessaire. L’affaire doit être portée à l’Assemblée nationale pour un débat et un vote soutenant une motion à l’effet qu’aucune partie de notre territoire ne peut être vendue, transférée ou cédée à un autre Etat ni à des firmes privées, et que là où cela a été le cas, comme à Jin Fei, l’Etat doit reprendre ses terres.

* Je constate que vous aussi vous n’y allez pas de main morte en ce qui concerne toutes ces autres affaires qui on fait la une de la presse locale et qui ont agité les parlementaires des deux côtés de la Chambre ces derniers temps. Qu’attendez-vous en définitive de cette nouvelle initiative ?

Notre pays est secoué depuis des années par des scandales qui affectent considérablement notre vie politique. On fait quelquefois appel à moi dans des cas de fraude et de corruption. J’ai pris l’initiative de créer un Collectif des Secteurs Libérés constitué de toutes les corporations d’Etat et des compagnies contrôlées par l’Etat. Aucun secteur ne sera exclu et pour l’instant 26 syndicats sont membres du Collectif. Aucun syndicat n’est exclu. Tous les syndicats concernés sont libres de se joindre au Collectif.
Le Collectif, en collaboration avec l’Observatoire de la Démocratie, compte déclencher une véritable guerre contre la privatisation directe et indirecte et surtout contre toutes les pratiques mafieuses au sein de ces entreprises. Nous démarrons avec une manifestation à 14 heures le 14 juillet à Rose Hill (Place Margéot) et un meeting au Plaza le même jour à 15 heures.
Nous allons dénoncer les effets de ces magouilles certes, mais surtout en dénoncer les causes et les responsables. Il faudra mentionner les noms. C’est ce que je vais faire personnellement. Nous avons un problème à régler pour assainir la situation. C’est la définition que l’on donne au terme diffamation. Une information exacte qui est interprétée de bonne foi et dans l’intérêt public ne devrait aucunement être l’objet de poursuites en diffamation. Il faut construire un mécanisme anti-diffamation sur le plan juridique et sur le plan judicaire.
Chaque contrat public est porteur de paiement de commission. Les dirigeants qui apparaissent les plus honnêtes peuvent s’enrichir et plaider l’innocence quand la commission est offerte et non réclamée. Ce n’est pas acceptable. Il faut donc prendre l’initiative de passer à l’action. L’attaque reste la meilleure défense.

* Il se pourrait qu’on ait tort de focaliser notre attention et nos attaques sur les hommes politiques. Le dernier rapport du directeur de l’Audit vient encore une fois décrier l’absence de rigueur dans la gestion des finances publiques dû au gaspillage, au laxisme et aussi sans doute en raison de maldonnes ou des procédés condamnables de quelques grands et petits potentats. Que faire ? ‘Name and shame’ ?

Notre Constitution ne donne pas un pouvoir excessif au Premier ministre mais la tradition a été de l’identifier comme le principal responsable de l’administration des affaires publiques. Le public doit poser trois questions pertinentes pour déterminer à quel degré Ramgoolam est responsable.
1. Est-il au courant de ce qui se passe dans notre pays et est-il intéressé à le savoir ? Si la réponse est non, de mon point de vue il doit partir. On ne peut laisser ce pays s’écrouler sous des scandales à répétition.
2. Est-il incapable d’intervenir pour que les responsables soient sanctionnés ? Nita Deerpalsing a sans doute, dans une certaine mesure, mis le doigt dans la plaie en dénonçant les groupes socioculturels. Si la réponse est dans l’affirmative, que Nita Deerpalsing soit en accord avec elle-même et dépose une motion de blâme contre son Guru chéri, à être débattue dans les instances du PTr si ce parti existe encore. Le PTr n’a qu’à changer de leader.
3. Est-il possible que les politiciens et les fonctionnaires soient impliqués eux-mêmes dans ces scandales ? Si Ramgoolam dit qu’il n’est pas responsable, je ne lui demande qu’une chose : qu’il mette toutes les informations sur les allocations des terres de l’Etat à des particuliers à la disposition des parlementaires, des medias et du public pour en démontrer le contraire.
Jusqu’à preuve du contraire ils sont tous responsables. C’est mon opinion. Je me base sur quatre choses pour affirmer cela : 1) la logique des probabilités en analysant les cas connus ; 2) l’enrichissement inexpliqué ou inexplicable des politiciens et des fonctionnaires par rapport à leurs revenus et aussi leur train de vie ; 3) la pratique corruptive du privé, et 4) les failles dans le système de contrôle et les structures conspiratrices qui existent.
Faut-il parler de la franc-maçonnerie, des organisations socioculturelles en passant par les banques et les firmes de l’audit? C’est ce que l’on fera. Le public saura qui dans le judiciaire, dans le gouvernement et dans l’opposition parlementaire, et qui sont les notables, etc., qui sont membres des loges maçonniques.

* Les rapports accablants du directeur de l’Audit, d’année après année, peuvent aussi s’expliquer probablement d’une volonté politique laissant à désirer, d’un engagement insuffisant pour endiguer le gaspillage des fonds publics. Comment faire naître cette volonté politique ?

Je crois que l’on fait une erreur grave que de croire que l’on peut changer les choses sans changer de système et sans changer les personnes qui sont au pouvoir.
Nous avons atteint une limite qui exige un changement total sur le plan politique. D’autre part, le rapport de l’audit dénonce surtout le gaspillage et la mauvaise gestion des fonds publics. Il y a un lien de cause à effet entre une mauvaise administration incluant de mauvais administrateurs et le gaspillage.
Il faut former et responsabiliser les décideurs et surtout appliquer un mécanisme qui permet le double contrôle et la mobilité des ressources. La flexibilité en ce qu’il s’agit des commandes et il faut laisser les exécutants (comme c’est le cas dans les entreprises privées dans les pays développés) prendre charge de ce dont ils ont besoin pour assumer leurs responsabilités.
Il faut suivre ce que dit le Directeur de l’audit et rectifier en permanence les choses. Si on est pour utiliser son rapport a posteriori, cela ne servira à rien. Je crois que le rôle du Directeur de l’Audit est d’appliquer la prévention, d’imposer des corrections en permanence et il doit avoir le pouvoir d’arrêter toute activité d’un fonctionnaire quand il constate que le fonctionnaire a perdu contrôle sur ses actes, volontairement ou pas.
Mais il faut développer une autre politique qui interdit le paiement des commissions de quelle nature qu’elle soit. La commission tue l’honnêteté des gens. Mais la commission est le moteur de la compétition entre entreprises capitalistes. Ce qui fait que le capitalisme est la plus grande force corruptrice qui existe. Je voudrais bien que quelqu’un démontre le contraire. Le vol, la corruption et la fraude sont de deux, trois fois plus graves que dans les secteurs contrôlés pas l’Etat.

* Etes-vous cependant satisfait avec la gestion de l’affaire Bois de Rose, Boskalis ou, même celle concernant l’acquisition de la Clinique MedPoint ?

Ces trois cas indiquent quoi ? Sinon l’enrichissement malhonnête de certains au détriment de la nature, des travaux publics et de l’argent de l’Etat.
Depuis l’indépendance du pays la politique a évolué vers une appropriation du pays par le parti politique au pouvoir. Une fois au pouvoir un parti politique prend contrôle des biens de l’Etat, etc. Il distribue les terres de l’Etat à ses protégés, nomme ses protégés à tous les postes de contrôle qui voyagent ‘plin tink’, et utilisent gratuitement tout ce qui est disponible. C’est une véritable razzia de pirates du dix-septième siècle.
C’est le PTr qui a commencé et ceux qui sont venus après ont continué à jouir. Jugnauth a augmenté les allocations des députés et fait payer des pensions à des députes alors qu’ils n’ont m
ême pas atteint l’âge de la retraite. Allez voir ce que perçoivent les anciens Présidents de la République.
Sous l’actuel gouvernement j’ai l’impression que cet accaparement n’a plus de limites. Ce n’est pas drôle que nous ayons des scandales qui se suivent et se ressemblent et il y en a d’autres qui couvent sous le feu.
Aucune des enquêtes importantes n’a donné des résultats probants. On tourne en rond. Le temps passe et tout s’oublie. Le scandale du siècle est celui de la MCB. Qui en parle aujourd’hui ? Plusieurs familles se sont enrichies, y compris certains décideurs et aucun des responsables n’a été condamné à la prison jusqu’ici.
Nous sommes dans une situation paradoxale où l’enquête fait disparaître le délit, et fait des fraudeurs des notables respectés.

* Décelez-vous une volonté politique pour aller jusqu’au fond de toutes ces affaires ? Pourquoi ?

Il n’y a aucune volonté pour changer les choses. Aucune ! Nous avons atteint d’ailleurs une situation sans avenir si on est pour rester dans l’alternance politique se construisant autour du PTr, du MMM, du MSM et du PMSD.
Ce qui n’est pas compris, c’est qu’il existe quatre à cinq grandes familles de notre ancienne économie de plantation et quelques familles qui se sont enrichies depuis l’indépendance, qui contrôlent tout et qui s’enrichissent scandaleusement. Leurs biens ne sont pas en termes de millions mais de milliards de roupies.
Ensuite, nous avons des centaines de familles qui se sont enrichies en mettant le grappin sur les biens de l’Etat et les contrats. Je connais personnellement des familles qui n’avaient rien avant les années 70 et 80 et qui sont aujourd’hui des gens très riches.
Depuis 2005-06 l’enrichissement d’autres familles se fait en collaboration avec les étrangers qui viennent habiter ou investir à Maurice. Des permis de résidence et d’opération ont été distribués contre de l’argent et il existe actuellement un nombre important de ces étrangers, en collaboration avec les fonctionnaires, les politiciens, les professionnels, qui achètent tout. Corps et âme.
Nous entrons depuis quelques années dans une phase encore plus grave. On est en train de développer une industrie de jeu et de la prostitution.
J’ai un jour soulevé la question avec un intellectuel qui est au courant de ce qui se passe et il m’a dit ceci : ils ont tous faim, le MMM, le MSM et le PTr. Ils finiront par s’asseoir autour d’une table pour tout manger sans s’entretuer comme des chiens. Il y a de quoi manger pour tous.

* Air Mauritius va tenir son Assemblée générale dans quelques jours, et les représentants des petits actionnaires comptent bien réclamer des comptes – et des têtes – de la direction de la compagnie. Est-ce suffisant ?

En effet, l’assemblée des actionnaires est pour bientôt. J’espère que tous les actionnaires seront présents parce que la direction actuelle va prendre des dispositions pour liquider les biens de cette compagnie et la valeur des actions va chuter considérablement.
On compte vendre le bâtiment de Port Louis et l’hôtel se trouvant à Rodrigues. Je me demande de quel droit le CEO peut s’octroyer le pouvoir d’en parler lui. Après on vendra les hélicoptères et les avions. Air Mauritius compte continuer ses opérations en louant bâtiments et avions. Cela va placer cette compagnie dans une situation de faiblesse qui attirera des vautours venant du Moyen Orient.
J’ai l’impression que les choses évoluent dans le mauvais sens à Air Mauritius. Cette compagnie a atteint un seuil critique de dégénérescence. Elle doit de l’argent à ses propres employés, aux fonds de pension, aux banques et a accumulé un déficit qui semble perdurer.
Fort heureusement, il y a quelques actionnaires qui se battent et trois syndicats qui résistent.

* Il y a un autre phénomène qui prend de l’ampleur à Maurice – du moins c’est la perception – c’est la criminalité, malgré ce que nous disent les statistiques. Ce sont souvent des crimes impliquant des proches des victimes et on ne peut pas par conséquent tout mettre sur le dos du gouvernement et de la police. Mais un crime chaque semaine…

Un crime sur trois est de nature sexuelle. De plus en plus des enfants sont agressés sexuellement et la prostitution semble gagner du terrain. Par ailleurs, les vols continuent et le nombre de meurtres est de 30 à 35 annuellement selon les chiffres.

Quand on analyse la criminalité à Maurice, il faut faire attention. Le nombre de crimes n’augmente pas excessivement par rapport à la croissance de la population, mais la nature des crimes change. On a la nette impression que le problème touche la cassure sociale, la promiscuité qui se renforcit dans les habitations, une mauvaise gestion de nos prisons en termes de réhabilitation et une inégalité dans le traitement des crimes.

Il existe 6500 familles au sein desquelles personne ne travaille. Ce qui fait que si le vol demeure un crime, pénalement parlant, il n’est pas moralement condamnable dans une situation où 7500 de familles ont besoin de voler pour vivre. Par ailleurs, il doit exister 4000-4500 familles fort riches qui vivent dans notre pays et au sein desquelles tout le monde travaille dans le but de s’accaparer des biens publics, des biens d’autrui et qui s’enrichissent comme personne ne peut l’imaginer. Dans leur cas la fraude et la corruption demeurent tout à fait légales et acceptables, bien que moralement condamnables. Nous vivons conséquemment une crise morale.

Je pense que nous perdons notre innocence. Notre société perd ses repères et la vie devient pulsionnelle, angoissante, insécurisante et dangereuse. Les crimes sont commis dans cet environnement et il n’est certainement pas étrange qu’ils touchent la famille, les parents, les amis, les voisins et lorsqu’un crime sur trois est de nature sexuelle, il est évident que la vengeance se termine par des meurtres.

* Certains sociologues et hommes politiques vont mettre tout le problème de criminalité et de l’insécurité sur le compte de la pauvreté. Il semblerait toutefois qu’il y ait aujourd’hui des bandes organisées qui auraient choisi la voie de la facilité pour se faire de l’argent à coups de vols avec violence aux dépens de paisibles citoyens. Qu’en pensez-vous ?

Il est certain que la vie simple ne génère pas la criminalité et l’insécurité. Quand on lie les crimes à la pauvreté ce n’est pas exact non plus. En société, le vol et les délits liés à la sexualité sont chose courante qu’il faut aborder de différentes façons.

Mon questionnement va beaucoup plus loin. Je trouve que la société humaine commence à déraper culturellement. Il y a un effet boomerang de la culture qu’il faut analyser. La société moderne sous le capitalisme, dans sa forme mondialisée, bouleverse tout.

Si nous analysons ce qui se passe en Egypte, en Tunisie, en Syrie, en Libye, en Irak, au Mali… et bientôt en Algérie, au Maroc, au Pakistan et partout ailleurs où l’Islam est la religion dominante, nous constaterons que l’échec de la société bourgeoise crée des conditions pour un retour à la Charia, comme loi stabilisatrice. Dans ces sociétés ils ne veulent pas de bond en avant.

Analysons le cas de Mohamed Merah, que les autorités françaises ont qualifié de forcené, qui a été l’auteur de sept assassinats. Il a été tué. Un forcené est quelqu’un qui n’a plus le contrôle de soi, dont la violence est intense, et qui dépasse toute mesure dans ses attitudes. Qui est Mohamed Merah? Est-il un islamiste intégriste? Est-il un détraqué? Est-il un manipulé?

Ce sont des questions que tout le monde doit se poser. Des questions normales. Mais est-ce suffisant ? Nous nous référons à un texte de Kenyan Malik intitulé ‘Rethinking the idea of Christian Europe’. Ce texte a été écrit suite au massacre sur l’île d’Utoeya en Norvège. Actions d’un autre forcené qui porte un nom célèbre aujourd’hui: Anders Behring Breivik.

Ce qui a retenu notre attention dans ce texte, c’est la déclaration de Breivik à l’effet que son action n’avait rien de religieux, soutenu par un extrait de son manifeste. Sous le chapitre ‘Distinguishing between cultural christendom and religious christendom’, il écrit ceci :

‘Myself and many more like me do not necessarily have a personal relationship with Jesus Christ and God. We do however believe in Christianity as a cultural, social, identity and moral platform. This makes us Christian.

Mohamed Merah aurait pu écrire ce même texte biffant le mot ‘Jesus Christ’ et en remplaçant le mot ‘Christianity’ par ‘Islam’ et le mot ‘Christian’ par le mot ‘Muslim’.

Quoi que l’on enseigne, quoi que l’on veuille transmettre et quoi que l’on veuille faire passer comme étant l’idéal, comme étant la perfection, comme étant matériellement nécessaire, dialectiquement incontournable ou politiquement imposables…les rapports avec les jeunes, avec les adhérents ou avec les sympathisants ne doivent jamais être pernicieux.

Je regrette de constater que nos dirigeants brouillent les cartes et nous allons payer très cher ce qu’ils font. Quand je dis qu’il faut les foutre dehors, je sais de quoi je parle.

* Les bruits courent à l’effet que de nouvelles négociations ont été engagées entre la direction du PTr et du MMM en vue d’un arrangement politique et éventuellement électoral. Cette fois-ci, ce sera la bonne, dites-vous ?

Je voudrais bien entrer dans l’inconscient de nos dirigeants pour savoir quelles sont les pulsions qui les animent. J’ai toujours dit que c’est dangereux d’établir des alliances avec la famille Jugnauth. Elle ne pense que dans ses intérêts. Cette alliance ne tient pas la route. Mais le MMM et le PTr se sont discrédités. Il faut penser plus loin.

En animant un forum à la Plaine Verte sur le Best Loser le 9 juin dernier, j’ai dit que la bipolarisation politique gauche-droite a pris naissance en 1953 avec la création du Ralliement Mauricien qui deviendra plus tard Parti Mauricien et ensuite en 1965 le PMSD. La bipolarisation politique s’est effacée avec la coalition en 1990 entre le MMM et le MSM; avec, en 1994 l’alliance entre le MMM et le PTr, la recomposition de l’alliance en 2000 entre le MMM et le MSM, avec l’alliance en 2010 entre le PTr, le MSM et le PMSD.

Nous sommes en pleine décomposition politique. Il faut tout revoir, tout repenser et surtout briser dans le conscient et l’inconscient de la population cette plaie majorité-minorité qui nous fait un grand tort avec ces alliances politiques insalubres qui nous gouvernent depuis 2000.

Le syndrome, en médecine ou en psychologie, est l’association de plusieurs pathologies, faite par quelqu’un à partir des symptômes rapportés par le malade. Les causes d’une maladie peuvent être connues ou pas. Mais quand les causes ne sont pas connues, c’est un syndrome.

Le terme syndrome de la majorité est ici utilisé politiquement comme un ensemble de comportements, de préjugés, de traumatismes, de peurs, de racisme, etc., que l’on décèle chez les personnes qui pensent appartenir à des groupes qui se disent minoritaires. Savoir quelles en sont les causes, pose deux problèmes : 1) on peut inventer n’importe quoi et terroriser encore plus ces personnes, ou 2) entreprendre des recherches sérieuses pour les identifier l’une après l’autre et savoir pourquoi elles sont associées. C’est dans ce contexte qu’il est dangereux de tout réduire au communalisme. C’est la pratique du réductionnisme politique.

Le syndrome de la majorité est lié étroitement au système républicain et à sa démocratie. Si ce syndrome n’est pas démantelé, il peut nous mener vers l’acceptation des régimes autoritaires, à des coups d’Etat, ou encore à des bagarres ethniques. Maintenir le best loser, c’est maintenir la dualité Majorité-Minorité. C’est pour cela qu’il faut adopter une nouvelle Constitution et passer à la Deuxième République sans faire une fixation pathologique sur le système best loser.

* En d’autres mots, vous avez déjà ‘written off’ le remake 2000. C’est ça ?

Je remets en question toutes les alliances politiques possibles entre le PTr, le MMM, le MSM et le PMSD comme solution pour notre pays. Je demande aux lecteurs de votre journal de réfléchir beaucoup plus loin et de ne pas se laisser emporter par des alliances sans lendemain pour nos enfants et nos petits-enfants. En nous assurant que tout marche bien sur trois générations, cela marchera aussi bien pour les générations d’après.


* Published in print edition on 13 July 2012

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