‘Remakes’ et transfuges, il y en a eu plusieurs. Et ce n’est pas fini la danse des vampires va continuer

Interview : Jack Bizlall

« Ce qu’il faut, c’est une reforme de la politique, un engagement de personnes aux mains propres, qui savent utiliser leur intelligence et qui sont créatifs »

« Avec le départ du MSM du gouvernement le PMSD a pris le pouvoir dans les faits et applique la politique que Gaëtan Duval n’a jamais pu faire de son vivant »


Jack Bizlall syndicaliste et analyste des partis politiques et des problèmes de société ne voit pas d’un bon œil les remakes à tout bout de champ. Tous, ceux au pouvoir et ceux qui visent le pouvoir ces temps-ci ne font que brader le pays. Les braderies coûtent cher. Suffit de voir les catégories qui souffrent et celles qui s’enflent comme les grenouilles de la fable de La Fontaine. L’éclatement n’est pas loin, dit-il… 


Mauritius Times : Eternel recommencement que ces ‘remake’ – et d’autres ‘re-remakes’ demain, sans doute – au niveau politique, faits de politique-spectacle avec une démission présidentielle, des annonces d’autres démissions, des tentatives de débauchage de part et d’autre. Une politique-spectacle qui déforme la réalité et détourne l’attention de l’essentiel. Qu’est-ce que tout cela vous inspire ?

Jack Bizlall : Depuis 1983 nous avons eu plusieurs alliances politiques : MSM-PTr-PMSD (1983-1990) ; MSM-MMM (1990-1995 et 2000-2005) ; MMM-PTr (1995-1997) ; PTr-PMSD – (2005-2010) et ensuite PTr-MSM-PMSD (2010 …) avec quatre cassures. Des ‘Remakes’ il y en a eu plusieurs. Des transfuges, il y en a eu plusieurs. Et ce n’est pas fini. La danse des vampires va continuer.

Dans les faits, il n’existe aucune différence sur le fond entre le PTr, le MMM et le MSM. Ils se souscrivent à la même politique et ont les mêmes pratiques pouvoiristes, c’est la même famille politique dont les membres appartiennent aux mêmes loges de la Franc Maçonnerie pour la plupart, et sont au fond de grands manipulateurs, des acteurs de quatre sous, et il n’y pas un seul qui sorte du lot. Pas un seul !

Le problème réel, c’est le suivisme des agents et la dextérité avec laquelle ils font avaler leurs alliances de ‘retournement de vestes’ par les électeurs. C’est choquant.

Ils s’insultent, s’invectivent, s’accusent mutuellement de toutes les pratiques mafieuses et criminelles, pour ensuite s’accoupler entre eux sans aucune pudeur, sans aucune décence et sans vergogne. Il n’y a qu’à Maurice, uniquement à Maurice, que l’on peut assister à ces partouzes politiques.

Les citoyens mauriciens n’acceptent pas de telles situations dans leurs familles, dans leurs organisations syndicales ou autres et sont d’une grande moralité dans toutes les sphères de leur vie. C’est ainsi que je suis forcé de conclure que la politique est considérée à Maurice comme un monde à part, malpropre et pourri et qu’au fond nos citoyens pratiquent le voyeurisme.

Vous dites que cette façon de pratiquer la politique déforme la réalité et détourne l’attention de l’essentiel. Je crois que bon nombre de Mauriciens sont conscients de ce qu’ils ont comme dirigeants.

* Une politique nouvelle menée par une nouvelle génération de politiques qui réussira le divorce du spectacle et ses jeux-trompe l’œil pour revenir aux valeurs fondamentales, aux vrais enjeux, au vrais besoins des Mauriciens… il semblerait que ce soit un « tall order » dans les circonstances actuelles et avec les hommes actuels/sur l’échiquier ?

Personne ne semble prendre conscience que les choses changent à travers le monde. Nous avons des révoltés, des révolutions, des coups d’Etat, des pays qui se brisent en morceaux, etc. Les peuples réagissent. La nationalisation retourne dans les programmes de gouvernement comme en Argentine.

Il ne faut absolument pas croire que Maurice va échapper au changement politique qui s’impose. Absolument pas. La fracture sociale est derrière la porte.

Je ne sais pas qui a écrit le discours programme de Ramgoolam. Je constate deux choses dans ce programme de fin de régime. Le retour à la stratégie Keynésienne de grands travaux pour faire face à la destruction de l’emploi dans notre secteur de production (autant industriel qu’agricole) et le recrutement de 5,000 policiers pour réprimer autant la révolte des groupes sociaux en situation de survie au-dessous du seuil de pauvreté, que des groupes sociaux marginalisés qui vivent à partir de vols organisés.

Système de surveillance vidéo, utilisation optimale de prisons existantes, construction de nouvelles prisons, présence policière généralisée dans le pays, etc., sont des mesures qui sont appliqués conformément aux résultats d’un développement qui a provoqué la fracture sociale.

Aucune autre personne ne peut assumer la responsabilité de ce qui se passe dans le pays que Ramgoolam en personne. Et si quelqu’un me dit que Bérenger et Jugnauth ne sont pas les co-responsables, ce qu’il est un aveugle.

* Est-ce la faute à notre système électoral qui favorise la bipolarisation au niveau politique, la mise en place des alliances dites « naturelles » ou contre-nature, les « remakes »… ?

Dans une certaine mesure le système électoral qui favorise la bipolarisation en est la cause. Deux remarques cependant de ma part.

La première, c’est la tendance à dire qu’il faut créer une troisième force politique. J’affirme que les alliances MMM-MSM, PTr-MSM et PTr-MMM constituent la même force politique. Ces alliances pratiquent l’alternance depuis 1983. Avant 1983 nous avions deux forces politiques à Maurice. Si on vient me dire qu’il faut créer une troisième force d’alternance, je ne suis ni d’accord ni intéressé à aider à sa concrétisation. Ce qu’il faut, c’est une deuxième force qui propose une nouvelle politique différente, de changement, et de rassemblement.

D’autre part, cette nouvelle force ne peut être créée par un parti politique sectaire, centralisé et de nature bolchevique. Il faut un nouveau mouvement politique large qui propose une nouvelle politique, avec un programme concret et réalisable et qui rassemble l’ensemble de la population.

La création d’une deuxième force politique à Maurice est possible. On peut le faire et on doit le faire. J’investis, depuis 2003, dans tout ce que j’ai de meilleur en moi pour sa création.

Cependant on ne peut pas l’imposer. Il faut prendre son temps pour créer deuxième force politique. S’il y a une révolte des masses à Maurice il faudra assumer vite et bien la responsabilité du pouvoir. Autrement agir par la voie électorale sans être électoraliste et sans reproduire les pratiques qui ont réduit le PTr et le MMM à ce qu’ils sont aujourd’hui.

* Rama Sithanen avait voulu corriger les erreurs du Professeur Carcassonne dont le rapport représentait, selon l’ex ministre des Finances, « un danger pour le pays ». Mais les choses se sont compliquées lorsque le débat s’est déplacé du champ de la représentation adéquate des partis à celui des équilibres ethniques. On a, au final, choisi de « throw the baby out with the bath water ». Dommage ! N’est-ce pas ?

Le Rapport Carcassonne et le Rapport Sithanen sont bons à jeter à la poubelle.

J’ai longuement abordé la question d’une nouvelle Constitution et d’une Deuxième République. Le Mouvement Premier Mai a soumis ses propositions pour un nouveau système électoral au Premier ministre, au Président de la République, au Leader de l’Opposition, au Chef Commissaire de Rodrigues et au Minority Leader de l’ARR.

Ce qu’il faut faire aujourd’hui, c’est expliquer et dissocier la question de Best Loser de la question de l’identification ethnique. Il faut aller vers les gens et expliquer ce qui s’est passé depuis 1959. Il faut cesser avec la culpabilisation des gens. Il faut cesser de manipuler les gens. Il faut faire des propositions qui vont dans le sens de l’histoire à construire et non maintenir ce qui est dépassé par l’histoire.

* En attendant, l’ex Président de la République a réussi à avoir de l’Assemblée des délégués du MMM, samedi dernier, un vote « à la quasi-unanimité » en faveur du remake 2000. Remake qui lui donne, en cas de victoire de l’alliance MMM-MSM, le poste de Premier ministre pendant 3 ans en contrepartie des 30 tickets accordés au MMM – alors que son fils avait dû se contenter de 18 tickets du PTr en 2010. Sans doute M. Jugnauth va aussi s’assurer d’une majorité d’élus de son camp lors des prochaines législatives… Habile négociateur ce Anerood Jugnauth, n’est-ce pas, malgré ses 4 à 7% en termes de soutien électoral ?

Il y a eu cinq grandes manipulations politiques dans cette affaire :

(1)        Accuser la famille Jugnauth d’être responsable et bénéficiaire de l’affaire MedPoint pour faire le MSM sortir du gouvernement pour ensuite affirmer que cette famille n’est aucunement concernée et faire une alliance politique avec elle.

(2)    Vivre confortablement au Réduit comme un Roi, se taire et soutenir le gouvernement pendant des années pour ensuite partir et dénoncer les responsables quand le mal a été fait à notre société et que le parti politique dont on est le propriétaire a été membre et instigateur de cette politique.

(3)        Vendre le pays et laisser quatre familles de l’oligarchie sucrière s’enrichir encore et encore, laisser pourrir les choses pour ensuite se placer en sauveur et venir avec un projet pour devenir un Président Monarque de la République.

(4)        Affirmer que l’on veut sauver le pays, acheter la roupie qui manque pour compléter le billet de mille roupies que l’on croit posséder pour se retrouver au pouvoir, conclure des accords jusqu’au moindre détail pour ensuite faire approuver cette décision par des instances du parti et crier que ce parti a une pratique démocratique.

(5)    Briser le pays en deux, vendre le pays au plus offrant, démanteler sa base économique, démanteler les acquis sociaux, acheter des transfuges pour ensuite venir avec un projet gouvernemental qui ne rectifie rien et dont les deux axes principaux sont la répression et le pouvoir présidentiel.

Quel exemple veut-on donner aux jeunes déjà dépolitisés sinon que la politique est une manipulation abjecte pour s’accaparer du pouvoir et jouir de la vie comme un roi sans se soucier du sort de la population ! Voila ce que je constate.

* Paul Bérenger concède 30 tickets au MSM alors même qu’il disait sa conviction que, dans une lutte à trois, le MMM l’aurait emporté « haut la main ». Il justifie toutefois le remake de 2000 par « l’urgence de provoquer au plus vite des élections générales ». MM Bérenger et Jugnauth se doivent cependant de faire tomber le gouvernement au plus vite afin d’éviter un remake de la Fédération MMM-MSM. Qu’en pensez-vous ?

Le partage des tickets n’est pas la question essentielle de ce qui se passe actuellement. Autant pour la question de savoir si on aura les élections générales anticipées ou s’il faudra attendre jusqu’au 2015. L’essentiel n’est pas si le gouvernement Ramgoolam va tomber ou quelle forme de remake on nous imposera dans le cadre des prochaines élections.

Les questions les plus importantes sont : Pourquoi et comment construire une deuxième force politique de changement ? Quelle est notre analyse de la situation économique et sociale dans le monde et à Maurice ? Comment engager les masses dans la construction de ce pays et partager les richesses que nous produisons tous ? Comment assurer notre vie ensemble sans exclusion des uns et l’enrichissement inacceptable des tenants du pouvoir économique et politique ? Comment briser chez les électeurs la soumission volontaire et le suivisme pour que nous soyons tous des égaux en tant que citoyens dans une deuxième république à construire ensemble ?

* Par ailleurs le gouvernement PTr-PMSD se trouve également en face de grands défis tant sur le plan politique que sur le plan économique. Navin Ramgoolam dispose d’un allié important dans les circonstances actuelles – c-à-d s’il parvient à maintenir la cohésion gouvernementale et préserver sa majorité : le temps, du moins trois ans avant les prochaines législatives. The die is not yet cast, diriez-vous ?

Ce n’est pas à des alliances politiques et à des pouvoiristes qu’il faut confier notre vie, notre sort, notre devenir dans un monde qui traverse des contradictions insoutenables avec ses crises alimentaires, énergétiques, d’endettements, écologiques et politiques.

C’est à nous tous qu’incombe cette responsabilité. Il faut bien comprendre cela. Le monde change et les peuples se battent pour leurs libertés. 10,000 Syriens sont morts sous les balles de leurs dirigeants et ils continuent à se battre. Ici autant de familles meurent lentement dans le besoin, par des maladies transmissibles, dans l’incertitude de ce que demain sera, sous l’endettement, par l’augmentation du coût de la vie, par l’augmentation des prix alors que les salaires sont en dessous de seuil de pauvreté.

Ce qu’il faut, c’est une reforme de la politique, un engagement de personnes aux mains propres, qui savent utiliser leur intelligence et qui sont créatifs. Il faut que des personnes libres, indépendants et qui ont le sens de l’intérêt commun sortent de leur léthargie, et s’engagent en politique. La politique nous concerne tous et nous devons tous nous engager en politique.

* A voir l’influence grandissante du PMSD et de son leader, au sein du gouvernement — la composition du Monetary Policy Committee et la récente baisse du taux repo en disent long –, maintenir la cohésion gouvernementale pourrait constituer un casse-tête pour le chef du gouvernement. Qu’en pensez-vous ?

Avec le départ du MSM du gouvernement le PMSD a pris le pouvoir dans les faits et applique la politique que Gaëtan Duval n’a jamais pu faire de son vivant. Il suffirait d’établir la richesse de la famille Dallais, Espitalier Noel, Harel et surtout la famille Lagesse pour comprendre ce qui se passe au su et au vu de tout le monde.

Le PMSD dans le passé a toujours voulu vendre le pays et c’est le fils qui le fait aujourd’hui. Jamais, et je dis bien, jamais Seewoosagur Ramgoolam n’aurait confié le ministère des Finances au dirigeant du PMSD. C’est un choix politique que son fils a fait qui aura des répercussions catastrophiques pour la politique et pour la population. Les décisions du PMSD dans notre orientation de développement sont anti- Maurice.

Nous sommes en plein dans un choix politique pour développer notre secteur hors production au détriment de notre secteur de production, dans la vampirisation de nos ressources par les banques, dans la privatisation de nos entreprises d’Etat, dans la vente de nos terres aux multimillionnaires qui affaiblissent l’économie de leur propre pays par la fraude fiscale.

Nous sommes en train de détruire notre économie réelle, d’installer une industrie de prostitution à Maurice, d’encourager la vie extravagante d’une certaine jeunesse au détriment du patrimoine laissé par leurs parents. Nous sommes en plein dans la débauche et du plaisir facile. C’est ce que le PMSD de Gaëtan Duval avait voulu et que le PMSD d’aujourd’hui impose dans la réalité de notre vie qui autrement aurait été agréable.

* Certains observateurs affirment que la gestion de l’économie par l’actuel ministre des Finances est dans la même ligne que celle de Rama Sithanen qui lui prône davantage de détente monétaire, une nouvelle génération de réformes par rapport au climat des affaires, aux corps para étatiques, l’infrastructure, l’amélioration de l’efficience et de la compétitivité, aux corps para étatiques, etc. A-t-il raison ?

Xavier Duval et Rama Sithanen sont de la même école de libéralisme. Ils ont la même vision des choses, les mêmes interprétations de la lecture de ce qui se passe dans le monde. Ils sont tous les deux dangereux politiquement, parlant pour le présent et l’avenir du pays.

Mais en tant qu’humains ils sont différents. Que vos lecteurs établissent eux-mêmes les différences qui existent entre les deux. Je ne suis pas le seul à avoir des yeux pour voir et des oreilles pour entendre.

* Mme Monique Ohsan-Bellepeau a donné lecture lundi dernier du nouveau discours-programme du gouvernement PTr-PMSD. Voyez-vous dans ce discours les prémisses d’un nouveau dynamisme et d’une nouvelle impulsion dans la gestion des affaires du pays?

Franchement je ne vois rien de novateur, de marquant et de mobilisateur. Tout programme doit mobiliser la population à laquelle il est adressé.

On le qualifie de programme de continuité. Dans les faits il l’est. Pour qu’il soit autrement il faut faire une analyse critique de ce qui a été fait jusqu’ici au détriment de la population et du pays. Sans la critique de ce qui est mauvais aucun programme ne mobilise. L’opposition MMM-MSM confrontera le même problème. Il ne suffit pas de parler des effets sans parler des causes et établir les responsables.

Le programme n’a aucun élément dynamique. Seule une analyse émanant du matérialisme dialectique aurait pu révéler les contradictions propres à notre société en matière de macro économique et de micro économique, identifier les causes qui affectent notre industrialisation de substitution à l’importation et à l’exportation, les failles dans la compréhension de ce qui est l’économie d’échelle et l’économie réelle ; notre politique monétaire et notre politique financière, l’affaiblissement structurel de notre secteur touristique et hôtelier, et ses effets sur notre société dans son ensemble (plan écologique, plan foncier, plan agricole, plan social, etc.,) résoudre les contradictions entre la nécessité d’épargner, d’attirer des financements de l’étranger et d’investir d’une part et la pression grandissante entre nos importations et nos exportations (la balance des paiements) et les effets de la vente de notre pays et la destruction de son agriculture.

Par ailleurs il n’y a pas d’engagement de la population puisque nous sommes en fracture sociale et les travailleurs, les petits planteurs, les pêcheurs, etc., sont exclus du projet gouvernemental.

* Est-ce, à votre avis, un Discours-Programme comme les autres, ou voyez-vous dans ce Discours la détermination d’un gouvernement qui entend bien poursuivre son programme jusqu’à la fin de son mandat… s’il parvient à se maintenir au pouvoir jusqu’à 2015 ?

La survie du gouvernement ne dépendra pas uniquement de sa majorité parlementaire. Nous sommes dans une situation anti- républicaine dans le sens que la totalité des députes travaillistes et de ses alliés est engagée dans l’Exécutif. Ce qui fait que le pouvoir législatif a été rétrogradé au bénéfice du pouvoir de l’Exécutif.

Dans une situation pareille il faudrait changer de Constitution et organiser des élections générales après. Ces deux cartes sont entre les mains de Ramgoolam. Il sera obligé d’organiser les élections générales s’il perd sa majorité ou s’il est confronté à la pression à l’intérieur de PTr.

Peut-il tenir jusqu’au 2015 ? Cela dépendra non pas de l’opposition sans programme différent (de l’alliance MMM-MSM) mais de la contestation populaire. Ramgoolam aura à choisir entre la répression et les élections générales.

Personnellement je suis en faveur d’un exercice sérieux pour l’adoption d’une nouvelle Constitution et le passage à la Deuxième République et ensuite il faudra aller aux élections. La conjoncture est idéale pour ces deux exercices qui répondent à deux objectifs politiques différents. Le premier (la nouvelle Constitution) est contradictoire et le second (la deuxième république) unificateur et met en marche un changement dans le temps.

* Quelle opinion faites-vous de la proposition en faveur du principe de référendum et de l’élection du Président de la République au suffrage universel ?

Question intéressante. Contrairement à ce que j’ai entendu sur une radio, notre Constitution n’interdit pas le pratique référendaire.

Ce qu’il faut prendre en ligne de compte, c’est que nous entrons dans la démocratie directe avec le système référendaire et c’est une avancée considérable. Nous avons la pratique de la démocratie indirecte et sans le réaliser beaucoup d’institutions opèrent en dehors de ces deux cadres. Le judiciaire, par exemple, dans la mesure où les juges sont nommés et non élus et ils ne rendent pas compte de leurs actions dans le cadre d’une république où le peuple a le dernier mot.

Il faut savoir quelles sont les questions qui seront posées aux citoyens, quel débat sera ouvert, quel accès on aura aux médias afin que le référendum sur les changements constitutionnels ne soient pas détournés par le pouvoir et les forces réactionnaires.

Quant à savoir si le Président de la République doit être élu au suffrage universel, je ne suis pas d’accord avec l’actuelle pratique en France où le Président décide de tout et n’a pas à en rendre compte devant l’Assemblée nationale, et que le Premier ministre doit rendre compte devant l’Assemblée nationale et n’a pas de pouvoir de décision sur les grandes questions politiques sauf dans la situation de cohabitation.

Je pense qu’il faut maintenir la pratique de nommer le Président par l’Assemblée nationale mais de revoir les règles de sa révocation et de son remplacement. Il ne faut pas qu’il continue à garder son poste si l’Assemblée nationale, qui est l’instance suprême dans notre Constitution actuelle, décide autrement. Sa nomination par l’Asemblée nationale pourrait être entérinée par voie référendaire. Ce qui obligerait le pouvoir en place à nommer quelqu’un qui soit indépendant des partis politiques et crédibles.


* Published in print edition on 20 April 2012

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