« Pravind Jugnauth gère déjà l’économie et le social de manière différente » 

Interview: Georges Chung Tick Kan

« La décision d’imposer et d’enlever la NRPT relève plus d’une décision politique. D’ailleurs, l’enjeu économique, voire financier est relativement négligeable »


« Ce ne sont pas les Singapouriens qui ont inventé les lois universelles du progrès. Mais elles finiront par atteindre Maurice » Georges Chung Tick Kan : Economiste de formation, industriel, fondateur de plusieurs entreprises et Président d’un certain nombre d’institutions gouvernementales. Présentement conseiller économique du Vice Premier ministre et ministre des Finances, il a participé à l’exercice de la préparation du premier budget de Pravind Jugnauth Très respecté dans le milieu de la gestion des affaires, à la fois privées et publiques, et surtout dans le domaine des finances et de l’industrie, notre interviewé se penche cette semaine sur le budget. Il explique le fonctionnement moderne d’un budget qui doit non seulement présenter une planification cohérente pour le long terme mais aussi expliciter les moyens pour atteindre les résultats escomptés. Et quoi de plus cartésien de ce qu’est le plan annoncé…


Mauritius Times: «Ce budget a ce qu’il faut pour mettre l’île Maurice sur une trajectoire de développement moderne… C’est un budget qui vise à renforcer la détermination d’une nation qui veut compter son PIB dans les « trillions of rupees » plutôt que dans les milliards ». Il parle aussi de la vision du gouvernement visant à éradiquer la pauvreté, assurer la sécurité alimentaire, démocratiser l’économie, etc… » Tout un programme de développement très ambitieux, sans doute, mais est-ce réalisable au regard de nos moyens et nos ressources ? 

Georges Chung Tick Kan : Un budget de l’Etat, c’est forcément tout cela. Il y a 30 ou 40 ans, le budget se limitait à un exercice comptable de prévisions de recettes et de revenus de l’Etat à la fois de nature courante et en capital. Au fil des années, le budget est aussi devenu le reflet de la philosophie économique et sociale du gouvernement en place. Il touche le coût et la qualité de la vie du citoyen, selon les limites des moyens que vous évoquez, tout en proposant d’autres moyens pour créer de la richesse. Le budget arrive aussi aujourd’hui à esquisser la vision de l’avenir du pays, envisagée par le gouvernement. Donc, il est devenu un véritable instrument de la politique économique et sociale à court et à long termes de notre pays. Il y tout cela dans ce budget 2011. C’est la raison pour laquelle à Maurice et dans de nombreux pays anglophones, le Budget Day est un jour très spécial et passionne toute une population. 

Cependant, je crois que c’est la première fois dans l’exercice budgétaire de Maurice qu’un ministre des Finances est allé aussi loin dans la vision du développement économique de son pays, tout en se souciant, bien entendu, des défis d’ordre économique et social du court et du moyen termes et de proposer en conséquence les moyens d’action pour atteindre ses objectifs. Mettons pour l’instant de côté le court terme. En se donnant l’objectif d’atteindre dans les années 2020 un PIB de mille milliards de roupies, le budget évoque longuement qu’il faut massivement investir dans les infrastructures, dans la formation des hommes, des femmes et de nos enfants ainsi qu’à partir d’une refonte complète dans la manière d’utiliser les ressources rares de la terre et du capital. Certes, il faudra mettre en œuvre, comme vous dites, ‘tout un programme de développement très ambitieux’. Il y donc dans le budget de Pravind Jugnauth une grande cohérence, partant du court terme pour aller jusqu’à la vision de notre pays.

* L’opposition est d’un avis contraire : le MMM parle de « fuite en avant » ; Vishnu Lutchmeenaraidoo est d’avis que ce budget appauvrira davantage les Mauriciens. Par ailleurs, comme d’habitude, les mauvaises nouvelles tombent toujours après la présentation du budget : augmentation du tarif de l’électricité… Il n’y a pas que la démagogie politique, la vérité des chiffres est là…

C’est toujours une question difficile à répondre surtout pour quelqu’un qui n’a pas l’habitude du jeu politique. Mais je pense que l’opposition joue son rôle d’opposition dans le contexte démocratique de notre pays, quelle que soit l’expression des mots pour qualifier le budget. Dire le contraire surprendrait à la fois les partisans des deux côtés. Si les rôles étaient inversés, cela ne changerait nullement l’équation. Et si tout le monde n’avait qu’une idée, pour reprendre ce proverbe français, ce serait dangereux pour l’humanité. Quant à l’augmentation du tarif de l’électricité, je pense que cela n’a pas grand-chose à voir avec le budget même si les prix des produits de l’alcool et celui des cigarettes ont augmenté de manière assez significative. Mais là, c’était voulu dans un objectif bien précis. 

* Admettons que l’opposition soit là pour critiquer, mais que faites-vous des professionnels dans le milieu de la haute finance, dans le secteur bancaire ? On aurait pu bien mieux faire, selon PW Coopers, alors que l’ancien Gouverneur de la Banque de Maurice Dan Maraye dit que c’est un « budget raisonnable ni plus ni moins »…

Ils ont certainement droit à leur opinion. Mais que dit PWC ? Ils disent d’abord qu’il fallait mieux faire pour réduire le déficit budgétaire à 3,5%, soit la norme des pays développés d’avant la crise, pour nous dire ensuite quelques lignes plus loin, qu’ils ne sont pas d’accord avec la hausse de la taxe et que l’impôt exceptionnel de la solidarité ferait fuir les capitaux. Or, le déficit du budget de Pravind Jugnauth se situe à 4,2%. Le réduire à 3,5% et ne pas taxer, comme le soutient PWC, impliquerait la recherche de plus de 2 milliards, voire 3 milliards de roupies de réduction des dépenses budgétaires ou, en revanche, la hausse du taux de l’imposition sous d’autres formes, telle que la TVA. La réalité de l’exercice budgétaire à court terme est qu’on ne peut réduire les dépenses essentielles de la santé et de l’éducation et que, dans le même souffle, dans une conjoncture de ralentissement, ce sont surtout vers ceux au bas de l’échelle qu’un budget qui se mérite doit essentiellement se tourner. Vous n’allez pas me dire qu’il faut couper les dépenses sociales au service des autres. Quant à Dan Maraye, il a aussi droit à ses opinions. C’est un bon professionnel que je connais depuis longtemps mais il peut aussi se tromper dans sa notation !

* Je vous cite textuellement ce qui suit du Budget: “Growth is expected to hover around 4.1 percent this year, going up slightly to 4.2 percent next year. On the expenditure side, as a ratio of GDP, Gross National Saving would be 15 percent and investment 25 percent this year. Total FDI inflows would be around Rs 11 billion by the end of this year. The trade and current accounts of the Balance of Payments, as a percentage of GDP, would show a deficit of around 20 percent and 8.6 percent, respectively this year. The overall Balance of Payments would show a surplus of around Rs 2 billion. Net international reserves of the country would be around Rs 99 billion, covering 8.8 months of imports, and unemployment rate: 7.5%; inflation: 2.7 percent.” En langage simple, qu’est-ce que tous ces chiffres nous apprennent sur l’état de santé, sur la résilience de notre économie?

En quelques mots, cela veut dire que chez les Mauriciens face à leur comportement sur leur lieu de travail, à leur habitude de consommation et par rapport à leur culture d’épargne et d’investissement, tout n’est pas parfait et que si nous faisons un peu plus d’efforts sur tous ces plans-là, on pourrait devenir une nation économiquement plus intéressante. Pravind Jugnauth a prononcé plus d’une dizaine de fois le mot ‘productivité’. Si, en effet, on pouvait être plus productif sur les lieux de travail, quel que soit l’investissement que cela requiert, la croissance pourrait être augmentée. Par conséquent, on pourrait en distribuer les fruits de manière beaucoup plus généreuse. Les 4,2 % de la prévision seront loin d’être suffisants pour éradiquer, par exemple, la pauvreté et satisfaire en même temps les exigences de la hausse du niveau de vie des Mauriciens. Il nous faut plus que ça. On en a les moyens et il faut tous s’y mettre, comme je vous le disais. Par ailleurs, les chiffres disent aussi qu’on a tendance à consommer au-delà de ce que nous permet notre budget et qu’on affecte ainsi négativement — de plus en plus — notre balance commerciale. Il nous faut ainsi rechercher un nouveau souffle pour fouetter davantage nos exportations de biens et de services. Tout cela va demander du travail de la part de tous les Mauriciens.

Quant à notre balance des paiements et du niveau de nos réserves, ils procurent un certain réconfort. Mais dans un monde aussi incertain, tout peut basculer très vite. Vous savez que nos principaux marchés sont plus que jamais en pleine crise et que l’avenir de l’Euro, la principale devise de nos exportations est sous une réelle menace d’éclatement! Si d’aventure cela arrive, j’avoue ne pas trop savoir ce qui peut se passer par rapport à nos exportations. Le budget Jugnauth, là aussi, a le mérite de mettre beaucoup d’argent vers une diversification de nos exportations, surtout en ce qui concerne le tourisme. Mais en parlant de tourisme, il faut accélérer davantage l’accès aérien pour permettre aux compagnies aériennes asiatiques de desservir le pays. Ce sont eux qui vont nous apporter ce que nous recherchons. Ils connaissent mieux ces touristes que quiconque. La libéralisation de l’espace aérien aura inévitablement lieu. Le Premier ministre a aussi signé de nouveaux accords avec Singapore Airlines. Quant au taux de chômage, il est raisonnable et par rapport à l’inflation, dans votre question, en effet, le taux n’a jamais été aussi bas. Et c’est tant mieux.

* En d’autres termes, vous êtes en train de nous dire que Rama Sithanen n’a pas vraiment légué un héritage lourd à l’actuel ministre des Finances?

On ne peut parler d’héritage quand le contexte n’est plus le même et que, comme en politique, l’économie est soudainement devenue ‘time sensitive’, quand un mois peut être long. Qui aurait pu prédire, il y quelques semaines, que la crise irlandaise pourrait contaminer des grandes nations comme l’Espagne et le Portugal au risque de mettre en péril l’existence même de l’Europe des Nations telle qu’on l’a dans sa forme actuelle ? Pravind Jugnauth gère déjà l’économie et le social de manière différente. Personne ne peut lui disputer ce qu’il fait pour que la main-d’œuvre de demain puisse être plus performante au travail. Il dit que les pauvres doivent pouvoir aller aux examens de la SC et de la HSC sans devoir payer les frais. Ils sont de l’ordre de 19,000. Il prévoit un deuxième câble afin que le coût à l’accès à la bande passante de l’internet puisse baisser rapidement. Je sais qu’il veut que chaque foyer, surtout les plus pauvres, soit doté d’ici quelques années de la bande passante parce que cela va beaucoup aider pour améliorer ou développer la créativité des jeunes. Son budget prévoit d’aider les Mauriciens qui veulent construire leur maison pour la première fois pour réduire la pression financière sur leur salaire trop modeste. Donc, il vise forcément les jeunes, à se prévaloir d’une déduction jusqu’à Rs120,000 d’intérêts de leur assiette fiscale. 

Le budget prévoit que tous les métiers associés aux gens exerçant un métier plus modeste, tel que la profession dans la maçonnerie, l’électricité, la mécanique, du jardinage à la plomberie en passant par les métiers de l’artisanat… feront l’objet de cours de formation professionnelle au sein de ce qu’il appelle ‘Centre de Formation des Métiers’ où, selon le discours du budget, les participants auront aussi la chance d’apprendre à manier l’outil informatique, à compter et à écrire. Cela n’étonnera guère que, dans quelques années, des entrepreneurs de la plomberie se manifesteront. Tous ces métiers sont appelés à se joindre au ‘value chain’ de l’économie à travers leur valorisation. Et sur cela, personne n’en a fait de commentaire.

Le transport de masse qui va révolutionner la manière de transporter la main-d’œuvre mauricienne, dont le Premier ministre a fait aussi état, il y a quelques semaines, à son retour de Singapour est une nouvelle fois dans le plan Maurice Ile Durable écrit en lettres majuscules, la refonte de l’utilisation des lopins de terre et ses incitations fiscales… C’est pour dire qu’on n’a pas vraiment décortiqué, analysé ce que le budget contient vraiment en termes de messages forts. 

* Personnellement, êtes-vous d’avis que la NRPT était un non-sens et que c’était « unfair » d’imposer une telle taxe ?

La décision de l’imposer et maintenant de l’enlever relève plus d’une décision politique. D’ailleurs, l’enjeu économique, voire financier est relativement négligeable.

* Restons dans le discours sithanenien à l’effet que « the devil is in the details » : le ministre Jugnauth parle de la volonté gouvernementale de faire de sorte à ce qu’on arrive à « triple per capita income by 2020 », ce qui sous-entend le triple de notre PIB, qui se situe actuellement autour de Rs290 milliards, pour le porter à Rs900 milliards. Pour y parvenir, Maurice devra connaître un taux de croissance annuel et constant de 13%. Faramineux, n’est-ce pas ? Vous disiez que la Chine est arrivée à produire une telle performance économique…

La Chine et l’Inde ont réalisé, tout au long de la politique d’ouverture de leur économie, des taux de croissance de 10%, parfois un peu moins, parfois beaucoup plus, ainsi que les petits pays comme Singapour et Hong-Kong. Singapour réalisera cette année un taux de croissance de 17% en ce temps de marasme dans le monde. La formule ne relève pas de la sorcellerie. Comme dans le cas des deux grands géants et aussi pour Singapour et Hong-Kong, il y a 25 ou 30 ans, la croissance rapide repose surtout sur trois axes essentiels. 

D’abord, l’investissement d’ordre infrastructurel reposant sur la grande mobilité de la population. La construction du système de transport de masse à Singapour et à Hong-Kong a été la clef de voûte de la transformation économique de la Nation. Imaginez l’effet d’entraînement sur l’économie de la construction autour des gares, celle du commerce et du tourisme ainsi que le coup de pouce donné au secteur des services financiers à forte valeur ajoutée en provenance de l’étranger et l’amélioration de la qualité de la vie parce que le transport de masse permet de gagner beaucoup de temps. L’industrie des loisirs n’a jamais été aussi florissante. Maintenant, imaginez que tous les foyers et toutes les entreprises soient dotés de la bande passante à l’internet et que la main-d’œuvre mauricienne fasse l’objet d’une bonne politique de formation soutenue et que demain les compagnies d’aviation asiatiques nous ramènent chaque jour des milliers de touristes de loisirs et d’affaires…

Je peux vous en faire le calcul économique, si vous le voulez, de chacune de ces pistes de développement économique. Chaque piste nous apportera 2 ou 3 points de croissance avec leur effet d’entraînement. On nous dit qu’il ne faut pas copier les Singapouriens. Ce ne sont pas les Singapouriens qui ont inventé les lois universelles du progrès. Mais elles finiront par atteindre Maurice, peut-être un peu plus lentement si on résiste, de part et d’autre. Vous savez que beaucoup de nos syndicalistes n’aiment pas entendre le mot productivité et ils ne sont pas en faveur du métro léger au nom de la défense des intérêts de groupes alors que là nous parlons de choses par rapport à l’avenir de tous nos enfants et des générations à venir. On doit tous essayer de changer d’horizon temporel et penser plus au futur plutôt que du passé, voire du présent.

* Ceux qui affirment que c’est un « political rather than an economist budget » font valoir que de nombreux projets mentionnés dans le présent budget auront des « future recurrent costs » et que les « accompanying measures/reforms » pour répondre à ces coûts ont été totalement ignorés. Qu’en pensez-vous?

Il y une règle d’or à suivre dans notre raisonnement par rapport aux dépenses. Et là, c’est aussi valable pour nous les individus ou chefs de famille. Les dépenses à caractère d’investissement en opposition aux dépenses de consommation sont, comme on dit en anglais, ‘two different kind of animals’ Si on emprunte pour consommer, on est mort, foudroyé à moyen terme par l’animal du cercle vicieux de la dette. La solution, bien entendu, consiste à chercher du travail ou à améliorer la qualité de son travail. 

Le budget du gouvernement, comme dans le cas d’un ménage, ne peut pas emprunter pour payer les salaires des fonctionnaires ni pour les dépenses courantes du service civil. Par contre, les dépenses qui serviront à améliorer la productivité de la main-d’œuvre, de la terre ou du capital, ça c’est autre chose. Ceux qui n’épargnent pas assez et ont peur de prendre des risques pour financer les études de leurs enfants seront condamnés à la misère. Une nation qui ne prend pas de risques calculés pour l’éducation, la formation de sa population et pour la mise en place de ses infrastructures, est condamnée au sous-développement. Les risques calculés sont à la base même de la réussite des hommes et des nations.

* L’un des principaux axes de ce budget est le rééquilibrage de la croissance en réduisant la dépendance lourde de notre économie sur l’Europe, en faisant une plus grande utilisation de la diplomatie économique pour ouvrir de nouveaux marchés, etc. Notre salut, selon le ministre de Finances, se trouve dans l’Est, dans les pays BRIC… That’s a long shot, n’est-ce pas ?

La réponse, je vous le disais, repose sur un certain nombre de choses. Il ne faut plus surprotéger notre compagnie d’aviation nationale. Il faut permettre aux autres de transporter les touristes asiatiques. Ils savent comment le faire. Mais en même temps, comme le dit le ministre, il faut continuer avec nos marchés traditionnels qui resteront pendant fort longtemps une source de revenus essentiels. 

Il ne faut perdre de vue que nous avons toujours joué un rôle de pont entre le Nord et le Sud, entre l’Est et l’Ouest, et ce, depuis que Maurice a été découverte. La stratégie du jour consiste à exploiter davantage la position géographique de notre pays ainsi que ses fuseaux horaires. Il n’y a rien de ‘long shot’ dedans sauf qu’il faut faire travailler tout le monde et faire en sorte que la qualité du travail soit meilleure. Il nous faut faire profiter le pays en faisant jouer toutes nos forces acquises depuis l’indépendance avec l’Ouest et aussi avec l’Inde et la Chine avec lesquels nos relations sont uniques dans le monde.

* La question a été soulevée dans certains milieux sur l’opportunité de réintroduire un système progressif au lieu d’imposition forfaitaire…

La taxe directe est certainement un facteur de découragement à l’effort au travail. Il fut un temps où il fallait taxer au grand maximum les salaires élevés et les profits au nom du concept du ‘welfare society’. L’ironie de la situation est que le plus souvent on avait des taux de croissance faibles et pas suffisamment d’argent pour mener à bien les projets sociaux. Avec la baisse du taux d’imposition sur les salaires et les profits des entreprises, jamais les revenus du fisc n’ont été aussi élevés parce que la fiscalité directe légère a accéléré le processus de la création de la richesse économique et a apporté ainsi bien plus d’argent dans la caisse de l’Etat. Le budget de Pravind Jugnauth assure cette continuité tout en demandant à ceux qui sont très nantis d’être solidaires par ces temps de ralentissement économique selon une formule de plancher qui est quand même élevé. Ce n’est pas pour autant que la taxe soit devenue progressive dans le fond. Moi, je ne vois pas de problème par rapport à cela. Payer un peu par solidarité ne me rend pas malheureux. Le système reste foncièrement celui de fiscalité légère et l’offshore continue d’opérer avec le même niveau d’imposition.

* Et pourquoi donc autant de taxe pour l’alcool, la cigarette et les jeux ?

La situation sociale par rapport aux effets de l’alcool et surtout les jeux est devenue intenable. Le ministre a attiré notre attention que pour chaque 150 personnes dans notre pays, y compris les enfants et les collégiens, il y a un endroit pour se procurer une boisson alcoolisée. En 2009, selon les statistiques, on a vendu 35 millions de litres de bière, 17 millions de whisky et 7 millions de rhum. 20% de consommateurs de produits alcoolisés s’y adonnent à l’excès et sont classés « alcooliques ». Un jour, un chercheur de l’université devra nous dire quels sont les coûts sociaux de leur hospitalisation ainsi que ceux des malades dûs à la cigarette pour les contribuables, les coûts par rapport aux comportements anti-sociaux, la violence et la dégradation des mœurs à la suite de la prolifération de l’alcoolisme et des jeux. 

Dans les pays asiatiques avec des taux de croissance spectaculaires, on ne permet pas autant d’excès. C’est de l’anti-progrès. On peut mesurer ainsi les dégâts causés au progrès de la société, a contrario, par la culture de la boisson dans certains pays de l’Europe de l’Est. Il n’y a pas d’autres solutions que les taxes dans un pays démocratique. L’Interdiction, même partielle, s’apparenterait à la dictature, qui est contraire à notre démocratie. Certains disent que la taxe ne va pas faire diminuer la consommation. Bien au contraire, disent-ils, les gens diminueront la consommation des aliments pour continuer à se soûler, comme l’a démontré cette caricature amusante dans un journal. Il n’est pas possible de croire que le Mauricien se comportera de cette manière, aujourd’hui et en l’An 2020 !


* Published in print edition on 3 December 2010

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