« Navin Ramgoolam est le leader du Parti Travailliste, point à la ligne»

Interview: Cader Sayed-Hossen

« The worst is yet to come »

« Chaque jour qui passe nous apporte son lot de bévues, de calamités et de « chimpanzerie ». Et ce n’est que le début… »

Etant donné les aléas de la situation économique mondiale, notre pays fait face à certaines difficultés telles que la perte d’emplois dans certains secteurs et l’augmentation du taux de chômage. Pourtant lors des dernières élections, les dirigeants actuels avaient parlé d’un deuxième miracle économique. Sommes-nous réellement prêts et compétitifs aujourd’hui ou souffrons-nous d’une crise de leadership et d’un manque de vision ? Cader Sayed-Hossen nous en parle…

Mauritius Times: Le Premier ministre présentera dans les prochains jours une ‘Economic Mission Statement’ dont l’enjeu consisterait à « faire la démonstration de la présence d’un leadership pour relancer la croissance, générer des emplois et augmenter la richesse nationale ». Donc, ce sera un deuxième programme économique quelques mois seulement après que le ministre des Finances a présenté son premier budget qui allait, nous disait-on, jeter les bases d’un « second miracle économique » ? Quelle interprétation donner à cela ?

Cader Sayed-Hossen: Voyons tout cela point par point. Un deuxième miracle économique ? Encore eut-il fallu qu’il y en ait eu un premier. Dans le discours politique du MSM, le spin-doctoring a transformé un décollage économique des années 1980 en un soi-disant miracle. Nous avons encore une fois affaire au spin-doctoring qui veut faire croire à la population que si Sir Anerood Jugnauth met la main à un programme économique, il transformera les cailloux de ce pays en or.

 

En fait, impuissant face aux problèmes économiques énormes auxquels le pays est confronté, le gouvernement essaie de gagner du temps : temporiser, recréer de faux espoirs, faire patienter le peuple en attendant que Pravind Jugnauth se dépêtre de ses problèmes, notamment sa condamnation par les tribunaux et l’épineux problème de la relève dynastiquetelle que conçue par le clan Jugnauth. Voilà la rationalisation de cette soi-disant ‘Economic Mission Statement’.

En fait, il ne s’agit pas maintenant d’un deuxième programme économique, mais d’un troisième : il y a le programme gouvernemental ‘Achieving Meaningful Change’ 2015-2019, ensuite le Budget 2015-2016 ‘At Crossroads’, qui se décrit lui-même comme étant un ‘véritable projet de société’, et maintenant le ‘Economic Mission Statement’ en gestation.

Un document s’intitulant ‘Economic Mission Statement’ peut être une littérature très savante, très ronflante, très sexy. Les tiroirs et les étagères des ministères et des entreprises sont bourrés de plans à long terme qui n’ont pas été mis en marche et qui ne le seront jamais.

Le but ultime de l’exercice en question est probablement de démontrer qu’il existe un leadership économique au gouvernement, alors qu’il y a nécessité de démontrer un leadership tout court.

En matière économique, tout le monde ajoute son grain de sel à la bouillabaisse qu’on nous présente en guise de politique économique – Roshi Badhain, Xavier Duval, Shawkatally Soodhun, tout le monde y va à qui mieux mieux, en accumulant les erreurs: BAI, DTAA avec l’Inde, etc. Celui qui parle le moins d’économie est le ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo. Fort probablement, il sait pourquoi il se tait.

Il y a un proverbe sénégalais qui dit : quand il y a le feu, d’abord, occupe-toi de ta hutte et ensuite de la brousse. Le bon sens commun nous dicte de parer à l’immédiat tout en gardant en tête les dispositions à prendre pour l’avenir.

Je ne nie pas du tout l’importance de la réflexion à long terme et du planning stratégique. Mais, tout cela alors que le pays brûle, alors que l’économie nationale tombe en lambeaux, ne vivant que sur la force d’inertie accumulée au cours des dernières dix années, alors que pas un job n’a été créé au cours des 8 derniers mois, que près de 7,000 personnes ont perdu leur emploi, que les entreprises n’investissent plus et ne recrutent plus car elles tournent au ralenti, que même les classes moyennes commencent à se paupériser, que la misère s’installe dans beaucoup de foyers moins favorisés ?

Dans ce contexte, cet exercice annoncé en fanfare est une sinistre plaisanterie aux dépens de la population et cela ne fera que la joie des rédacteurs de rapports.

* Il faut quand même reconnaître que les conditions tant endogènes qu’exogènes et le contexte étaient différents au début des années 80’ lorsqu’il y avait eu le boom économique. Aujourd’hui, les données ont-elles changé tant sur le plan de la compétitivité globale que les conditions présentes dans le pays ?

Je suis entièrement d’accord avec vous. Il y a eu dans ces années-là une accumulation de facteurs positifs qui ont favorisé ce décollage, ou ce boom comme vous le dites : le faible coût du pétrole, la faiblesse relative du dollar américain et la disponibilité d’une masse de chômeurs à Maurice prête à accepter tout emploi, et surtout, l’arrivée d’industriels chinois du textile en provenance de Hong Kong qui, appréhensifs de l’issue des négociations entre la Chine et la Grande Bretagne sur la rétrocession de Hong Kong à la Chine, préparaient pour eux-mêmes un fallback position, une terre d’asile.

Evidemment, aujourd’hui, la situation est totalement différente. Non seulement les termes du commerce international sont devenus beaucoup plus compétitifs, non seulement Maurice est concurrencée par un nombre de plus en plus élevé de pays avec des avantages compétitifs, non seulement nos facteurs de production (matières premières, énergie, logistique et main d’œuvre entre autres), mais les attentes de la population ont changé radicalement, parce que nos demandeurs d’emploi aujourd’hui sont plus instruits, mieux formés et surtout plus exigeants non seulement dans leurs conditions d’emploi, mais surtout dans leur mode de vie.

Dans les années 1980, l’objectif du travail était de complémenter le revenu familial pour assurer les vivres et l’éducation. Aujourd’hui, il ne s’agit ni de complémentarité ni de survie, mais simplement du droit au travail et du droit de mener une vie autonome par le travail.

* On ne voit pas le Premier ministre vouloir faire de l’ombre à son ministre des Finances, mais lorsqu’on apprend que cet exercice par rapport à cette ‘Economic Mission Statement’ consisterait principalement à transmettre « la volonté du leadership politique de relancer l’économie sur de nouvelles bases, générer des emplois et augmenter la richesse nationale», il y plusieurs sous-entendus dans cette démarche : impatience devant l’absence de résultats immédiats, ou une graduelle dégradation du ‘mood’ dans le milieu des affaires… Mais tout boom ou « miracle économique » prend du temps, non ?

Je pense que le Premier ministre est suffisamment et largement rassuré sur sa prépondérance au sein de la majorité, surtout avec un groupe MSM à l’Assemblée nationale qui constitue, à lui tout seul, une majorité absolue. Pour cette raison, je ne pense pas que Sir Anerood Jugnauth pense à faire de l’ombre à Vishnu Lutchmeenaraidoo.

Le Premier ministre n’a pas d’agenda économique propre à lui pour le pays – à mon avis, il a laissé ces choses d’intendance à Vishnu Lutchmeenaraidoo, qui, lui, sort d’une hibernation d’un quart de siècle.

Cependant, le Premier ministre a un agenda politique, celui d’installer Pravind Jugnauth dans le fauteuil de Premier ministre, d’où son acharnement contre Navin Ramgoolam, d’où son désarroi à la suite du jugement de la Cour contre Pravind Jugnauth, d’où la tentative de son gouvernement de faire partir le DPP, qui pourrait éventuellement faire appel contre un jugement de la Cour Suprême en faveur de Pravind Jugnauth.

Dans le cas précis de cette ‘Economic Mission Statement’ qui consisterait principalement à transmettre ‘la volonté du leadership politique de relancer l’économie sur de nouvelles bases, générer des emplois et augmenter la richesse nationale’, le Premier ministre et ses spin doctors veulent faire jouer l’aura Jugnauth, le mythe Jugnauth selon lequel Jugnauth signifie « Prospérité pour tous ».

C’est aussi un moyen de calmer la colère de la population dont il entend déjà le grondement et de gagner du temps en lui faisant avaler encore de fausses promesses.

* Vous parlez de colère de la population qui gronde. Mais, par ailleurs, les institutions financières, autant publiques que privées, prévoient un taux de croissance du PNB qui sera sensiblement le même que celui de l’année dernière quand le Parti travailliste était au pouvoir. Comment réconciliez-vous ces deux aspects ?

La situation économique du pays, en termes de grands agrégats et d’indicateurs macro-économiques, en elle-même ne veut rien dire sans que soit aussi prise en ligne de compte la situation économique de la Nation et des citoyens.

Or, quel symptôme constatons-nous ? Nous vivons sous le gouvernement le plus impopulaire que ce pays ait connu de toute son Histoire, hormis évidemment le gouvernement colonial. Et ils en sont arrivés là après même pas 8 mois d’exercice du pouvoir. L’on devient impopulaire parce que l’on prend des mesures que la population ou une partie de la population n’accepte pas.

Par exemple, les lois sur la réglementation de la circulation routière que nous avons passées nous avaient rendu impopulaires parmi beaucoup de conducteurs et de chauffeurs de taxi, entre autres. Et pourtant, nous pensions bien faire et agir dans l’intérêt supérieur de nos citoyens. Mais on est honni parce qu’on n’a pas de compassion, parce qu’on prend des décisions qui affectent le vécu quotidien des gens alors qu’on est assis dans une tour d’ivoire et sans une seule pensée ou seul regard sur l’impact de ces décisions sur les personnes.

Alors, on prend des décisions à la hache sans aucune réflexion ni aucune analyse, on licencie, on cause la fermeture de multiples entreprises, on casse le ressort de la croissance économique et on pousse les gens au désespoir.

* Vous faites référence sans doute au cas de la BAI – qui revient encore au-devant de la scène avec l’autogestion d’Iframac et le rachat de Courts par le consortium David Isaacs et la contestation par Courts Asia ?

Tout à fait. Prenons uniquement le cas BAI. Sans aucune réflexion autre que la rage de la vendetta politique, on détruit un conglomérat qui employait plus de 6,000 personnes pour supposément remettre à flot les finances de la BA Insurance et de la Bramer Bank. A-t-on vu plus grande erreur en termes de décision économique que la fermeture d’entités économiques qui n’avaient à ce jour jamais été prises en défaut de paiement ?

Quel est le résultat de tout cela ? L’Etat ‘vole’ Rs 1,8 milliards à la Bramer parce que les administrateurs nommés par le gouvernement avaient estimé la Bramer Bank à Rs 2 milliards, mais l’Etat nationalise la Bramer en y injectant Rs 200 millions seulement.

L’Etat détruit Iframac en y « perdant » Rs 40 millions de l’argent public – car Iframac va supposément devenir une entreprise autogérée ; l’Etat va supposément investir Rs 40 millions de l’argent des contribuables dans la nouvelle entité, car la nouvelle entité – sans aucune représentation de marque de voiture – ne vaudra pas un clou rouillé car, par rapport à tout ce qui précède, la nouvelle entité ne tiendra pas la route et coulera rapidement.

Apollo Bramwell sera apparemment repris par l’Etat, encore avec l’argent public. Et il y a encore toutes ces zones obscures qui entourent la vente de Courts à un groupe dont fait partie David Isaacs.

Tout cela est le résultat des bafouillements d’un groupe d’apprentis sorciers et d’un fou furieux qui se prend pour l’incarnation contemporaine du génie mauricien.

* On peut certes critiquer la gestion de cette affaire aux multiples soubresauts dont la dernière concernait le limogeage de Mushtaq Oosman, un des Special Administrators du Groupe BAI dans le sillage de la reprise controversée de Courts. Mais toute cette affaire était, paraît-il, un « disaster waiting to happen » eu égard à la « systemic failure » par rapport à la supervision du secteur financier durant de nombreuses années, au parrainage politique sinon à un nexus politico-financier ?

Give your dog a bad name and hang it. Vishnu Lutchmeenaraidoo n’a-t-il pas dit que la BAI était un « disaster in waiting » ? Le Premier ministre a parlé de Ponzi Scheme, d’autres encore de scam, etc.

Mon rôle n’est pas de défendre la BAI et je résume ma pensée en deux points.

Premièrement, les sociétés du groupe BAI ne se sont jamais retrouvées en situation de default of payment. Deuxièmement, la façon dont la BAI a été démantelée démontre clairement que c’était une mise à mort annoncée et planifiée.

Quant au nexus politico-financier, je vous invite à poser la question au MSM qui, selon les dires publics de Dawood Rawat, a reçu le plus d’argent de la BAI.

* Revenons à la gestion du dossier économique : il se peut aussi que la méthode Lutchmeenaraidoo diffère profondément en termes d’approche et de philosophie de celle prônée par Rama Sithanen. Méthode qui avait donné des résultats concrets dans les années 80 ?

Vous parlez de ‘méthode Lutchmeenaraidoo’. Où est la méthode ? Vous me demandez de faire le point sur la situation économique. En fait sur quoi ? Sur quelles décisions ? Sur quels ‘policy measures’ ? Sur quelle vision ? Sur quel projet de société ? Et en plus, la méthode de qui ? Lutchmeenaraidoo ou Badhain ?

Ce gouvernement s’est retrouvé à la tête du pays par le mensonge tout simplement et essaie de s’y maintenir par des faux fuyants, en essayant en permanence de noyer le poisson. Mensonge sur la création d’emplois quand ils ont fait miroiter à la population la création de, tenez-vous bien, 15,000 emplois par an : en 8 mois ils ont détruit plus de 7,000 emplois et ils ont causé la fermeture de dizaines d’entreprises…

* Le mot « mensonge » est un mot bien fort, n’est-ce pas ?

En effet. Mais écoutez, je crédite le Premier ministre et toute son équipe d’intelligence. Et quand on a un minimum d’intelligence, on sait très bien qu’on ne peut pas créer 15,000 emplois par an dans les conditions actuelles. Et quand on promet délibérément quelque chose dont on sait pertinemment qu’on ne peut pas le faire, quel sens pourrait-on donner à ces paroles ?

Mensonge encore sur le taux de croissance car ils savent très bien qu’ils ne pourront pas le réaliser. Mensonge encore sur le contrôle des prix et du coût de la vie. Dès leur arrivée au pouvoir, ils déprécient la roupie de 15% en 2 mois et nous sommes arrivés maintenant à près de 18% par rapport à décembre 2014 – avec un impact dramatique sur les prix des biens de consommation principalement.

Mensonge encore sur le paiement universel par l’Etat des frais d’examens de la SC et de la HSC promis pendant la campagne électorale. Par la suite, la ministre de l’Education a annoncé que cette mesure est valable uniquement pour l’année 2015. Mais ne savaient-ils pas parfaitement qu’ils ne pourraient soutenir une telle mesure indéfiniment ?

* Revenons à la methode Lutchmeenaraidoo. Peut-être que ce qui avait marché dans les années 1980 ne s’applique pas au contexte actuel surtout en ce qui concerne l’ambition de créer un « second miracle économique »?

L’approche libérale que Vishnu Lutchmeenaraidoo avait adoptée dans les années 1980 consistait à créer les conditions propices pour laisser le secteur privé intervenir. L’Etat a mis en place les zones franches et le cadre juridique et fiscal nécessaire. Cela a évidemment bien fonctionné. Les investisseurs sont venus et ils ont construit des usines de textile. Ils ont fabriqué des vêtements pour les exporter à l’époque.

Aujourd’hui, la situation est radicalement différente. Même si notre industrie du textile et de l’habillement est encore très importante et est le plus gros contributeur au PNB, il s’agit maintenant de prendre de nouvelles directions de développement économique. L’informatique, les services financiers, la biotechnologie, la logistique, l’économie bleue, les dispositifs médicaux, etc. Et c’est là qu’il n’y a aucune réflexion nouvelle, aucun sens de direction.

En fait, il n’y a pas de capitaine à bord, comme le démontre le fait que plusieurs ministres trempent le doigt, certains carrément le bras jusqu’au coude, dans la marmite économique.

Prenons les épisodes Roshi Badhain par exemple. Non content d’avoir mis en pièces la BAI, Badhain, lui-même ignare des mécanismes et des subtilités du global business, et accompagnée d’un petit groupe de jeunes totalement inexpérimentés d’un cabinet de comptables privé, se rend à New Delhi et brade en 2 jours les intérêts de Maurice dans ledit DTAA.

Et ce n’est pas fini. Il rentre à Maurice et claironne aux quatre vents qu’il a réglé en 2 jours ce que 3 ministres des Finances n’ont pu régler en 11 ans.

Mais le pire dans tout cela, c’est qu’il croyait vraiment qu’il avait réussi un grand coup d’éclat: c’est vous dire l’énormité de l’ignorance et de l’incompétence de celui qui semble lui aussi diriger la politique économique du pays, si toutefois il y en a une.

* Il faut aussi reconnaître que les conditions propices à la réalisation de ce « second miracle économique » ont déjà été jetées dans le premier budget de Vishnu Lutchmeenaraidoo : mesures positives destinées à booster le secteur des PME; création de 8 ‘Smart Cities’ et de cinq ‘Technopoles’, ce qui va créer une certaine dynamique dans le pays dans le moyen et long termes; transformation du port en un ‘hub régional’ et le développement de notre économie océanographique, etc. Ceux-là devraient suffire, n’est-ce pas, du moins pour le moyen et le long termes, la dévaluation de la roupie se chargeant d’assurer la croissance sur le court terme ?

Disons que ces conditions ont été annoncées seulement – pas jetées. Prenons ces conditions, comme vous les appelez, une par une.

Les PME : tout le monde sait que ce dont les PME ont besoin, c’est l’accès à un financement à un coût raisonnable, la facilitation de l’accès à des marchés rémunérateurs et l’assistance technologique afin d’assurer à leurs produits et services une qualité internationale. Or, rien dans le budget Lutchmeenaraidoo ne va dans ces directions.

Les 8 Smart Cities et les 5 Technopoles, à être mis sur pied par le secteur privé: allez raconter cela aux 7,000 et plus de personnes qui ont perdu leur emploi depuis janvier de cette année !

Allez raconter cela aux 15,000 diplômés chômeurs auxquels ils ont promis un emploi dans les semaines suivant les élections de décembre 2014 !

Allez demander aux grandes sociétés du secteur privé si elles sont disposées à investir des dizaines de milliards de roupies dans de tels projets !

Allez demander où sont les clients/investisseurs/sociétés de service qui occuperont ces Smart Cities et ces Technopoles alors que la politique de ce gouvernement fait fuir les capitaux étrangers de la Bourse (plus de Rs15 milliards depuis le début de l’année), alors que des propriétaires de villas IRS cherchent à vendre et à quitter Maurice.

Autre projet : le développement du port en hub régional. C’est le gouvernement travailliste qui a commencé et qui a mis en marche ce projet depuis plusieurs années.

L’industrie océanique : c’est encore nous qui l’avons conçue et mis en marche, tout en sachant très bien que cela prendra des années avant de se concrétiser. Par ailleurs, et avec tout le respect que je dois au ministre Koonjoo, le fait que l’industrie océanique soit associé au ministère de la Pêche veut tout dire sur leur conception primaire de cette industrie.

* Faut quand même être raisonnable : il faut compter sur les « intended consequences » de l’affaire BAI, ce qui va plomber les finances publiques ?

Evidemment, les retombées de l’affaire BAI vont plomber de manière très sérieuse les finances publiques, alors que le Premier ministre, et les ministres Lutchmeenaraidoo, Badhain et autres avaient présenté l’affaire comme un « nettoyage ».

Faisons ensemble un compte indicatif potentiel de ce que tout cela pourrait coûter aux contribuables.

–       L’Etat a dépensé Rs 200 millions pour nationaliser la Bramer Bank.

–       L’Etat annonce vouloir injecter Rs40 millions dans le nouvel Iframac,

–       Peut-être que l’Etat paiera Rs 1,5 milliards à Rs 1,8 milliards pour racheter Apollo Bramwell – si un Medpoint rouillé et avec des équipements vétustes juste bon pour la casse vaut Rs 144 millions, Apollo Bramwell, à vue de nez, devrait aller chercher plus de Rs 2 milliards.

Ajoutez à cela la compensation que l’Etat devra payer à ceux qui auront perdu leur emploi dans ces sociétés. Ajoutez encore à cela le US$ 1 milliard que Dawood Rawat annonce qu’il va réclamer en dédommagement au gouvernement mauricien : cela vous fait potentiellement Rs 38-40 milliards.

Ajoutez encore à cela les Rs 5 milliards que Betamax réclame comme dédommagement pour rupture de contrat. Ajoutez à cela les milliards que l’Etat devra forcément rembourser aux dizaines de milliers d’épargnants dont les fonds sont bloqués au sein de la BA Insurance, cela vous fait un chiffre aux alentours de Rs 60 milliards, soit l’équivalent approximatif d’une année de dépenses courantes du budget de l’Etat.

* Par ailleurs, on apprend le report du congrès du PTr dont la tenue avait été annoncée en septembre prochain. On aurait cru que le plus vieux parti du pays aurait trouvé les moyens et l’espace nécessaires, avec ou sans l’auditorium Octave Wiehe pour s’adresser à ses supporters ? Même les « Patriotes » du Mouvement de Ganoo et de Lesjongard parviennent à occuper l’espace médiatique même s’ils sont parfois traités de ‘lèche-bottes’…

Nous avions initialement prévu d’organiser le congrès du Parti le 20 septembre prochain. L’Auditorium Octave Wiehe nous a fait savoir que les lieux n’étaient pas disponibles ce jour-là. Nous avons alors demandé l’Auditorium pour le 27 septembre. L’Auditorium nous a répondu positivement et a fait suivre sa lettre le lendemain par une autre lettre dans laquelle il nous annonçait que les lieux n’étaient pas disponibles le 27 non plus.

Nous avons donc pris la décision d’organiser pour le 20 septembre un rassemblement national du Parti Travailliste à Kewal Nagar, pour coïncider avec le 115e anniversaire de la naissance de Sir Seewoosagur Ramgoolam le 18 septembre 1900. Nous avons choisi la date du 20 parce que le 18 septembre est jour de Ganesh Chaturti.

Ce sera la première sortie du Parti Travailliste et du Dr Navin Ramgoolam après les élections de décembre 2014. Le congrès du Parti Travailliste aura lieu un peu plus tard dans l’année.

* Passons sur cette question de l’absence d’une opposition travailliste ou plutôt d’absence de leadership du PTr– celle du MMM, elle, est bien présente sur l’échiquier. Partagez-vous l’opinion de ceux qui soutiennent que « the worst is yet to come », politiquement parlant, et que le PTr fait ce qu’il y a de mieux dans les circonstances actuelles : attendre ?

Effectivement, pendant quelques mois, il y a eu une absence de l’opposition travailliste extra-parlementaire. Mais vous vous trompez sur deux choses.

Premièrement, le leadership du Parti Travailliste. Il n’y a pas d’absence de leadership au Parti Travailliste : Navin Ramgoolam est le leader du Parti Travailliste, point à la ligne.

Deuxièmement, l’absence de l’opposition travailliste. Nous sommes en permanence présents sur le terrain, dans toutes les circonscriptions. Nous rencontrons la population et nous mettons en exergue les excès du pouvoir et l’incompétence de ceux qui nous gouvernent.

Nous sommes largement aidés et épaulés dans cette tâche par le gouvernement lui-même qui accumule chaque jour des bourdes de plus en plus dramatiques:

–       l’acharnement contre Navin Ramgoolam,

–       le harcèlement du DPP,

–       les licenciements massifs touchant à ce jour plus de 7,000 familles,

–       la morosité généralisée du monde des affaires,

–       les incohérences des ministres –

Badhain qui dit qu’il n’y a pas de problème de chômage à Maurice, suivi de Lutchmeenaraidoo deux jours après qui dit que Maurice atteindra le plein-emploi en 2017, suivi deux jours après de lui-même encore qui vient se corriger pour dire que le plein emploi « commencera » en 2018, suivi de Soodhun qui annonce que, dans un an, donc à compter du 1er aout 2016, il y aura pour chaque Mauricien, non pas 1 mais 2 emplois.

Puis, il y a Collendaveloo qui annonce que le pays connaîtra des blackout en 2016. Ensuite prenons les querelles internes : Soodhun contre Duval sur cette ridicule affaire de banderoles pour la Eid, Lesjongard du Mouvement Patriotique, allié objectif et partenaire putatif du MSM qui tire à boulets rouges sur Duval.

Voilà Duval qui, pour défendre sa basse-cour, prend Ganoo, chef de file du Mouvement Patriotique dans sa ligne de mire, Collendaveloo of ‘black-out fame’ demande publiquement à Duval le nom des lèche-bottes.

Enfin, Sawminaden des Sports qui pique une crise avec nos boxeurs nationaux et risque de se faire knockouter par l’équipe mauricienne de boxe aux JIOI à la Réunion.

Chaque jour qui passe nous apporte son lot de bévues, de calamités et de « chimpanzerie ». Et ce n’est que le début. The worst is yet to come for them, et, malheureusement, pour le pays aussi.

 

  • Published in print edition on 14 August 2015

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