ICTA: ” On s’aventure là sur un terrain inconnu, dans un no man’s land juridique”

Interview: Catherine Boudet – politologue

* ‘Si l’Etat se propose de décrypter les contenus digitaux des citoyens, ce sera au tour des citoyens de décrypter le consultation paper de l’ICTA’

* Cancel Culture: une version moderne des bûchers de sorcières du Moyen-âge’


Avec Catherine Boudet, politologue, nous abordons une question affectant de plus en plus toutes les sociétés aujourd’hui, à savoir la place de l’éthique et de la morale en politique. En effet, les autorités régulatrices mauriciennes ont beaucoup à faire pour circonscrire les transgressions à la norme établie, notamment la violence engendrée par la cancel culture sur internet.  Notre invitée nous livre les résultats de ses longs mois d’observation de ce phénomène localement. Elle nous invite à réfléchir et à contribuer à ce débat complexe en même temps que les autorités concernées. Y a-t-il des principes à ne pas dépasser, que l’on appartienne à la classe politique ou citoyenne ?  Y a-t-il des valeurs à promouvoir afin que chacun respecte des limites implicites ou explicites ?


Mauritius Times: Vous avez fait une sortie sur différentes plateformes, sur votre blog et dans la presse, à propos des attaques et des lynchages verbaux que l’on retrouve massivement sur les réseaux sociaux ces derniers temps. Selon vous, ceux-ci font partie d’une cancel culture locale qui consiste à menacer et à injurier des personnes cibles pour essayer de les faire taire. Parlez-nous de cette cancel culture, de ses origines et ses méthodes.

Catherine Boudet: Le terme de cancel culture nous vient des Etats-Unis. C’est sans surprise puisque les Américains sont toujours en avance dans la théorisation et la conceptualisation. Il y a beaucoup de littérature sur Internet concernant ce phénomène à l’étranger, ses différents aspects et ses modes opératoires. A Maurice, pour le moment, cela existe déjà. Mais personne ne l’avait encore conceptualisé dans ses modes opératoires locaux.

La cancel culture que je choisirai de traduire par « culture de la suppression » parmi les différentes traductions possibles, est un phénomène typique de l’ère des réseaux sociaux. En résumé, il s’agit de cancel, c’est-à-dire de supprimer symboliquement une personne, en particulier une personnalité publique. En fait, c’est une version moderne des bûchers de sorcières du Moyen-âge. Au lieu de supprimer physiquement la personne, on le fait symboliquement par les mots sur le réseau social.

Pour cela, il y a toute une panoplie de techniques. Ce qui m’a intéressée en tant que politologue, c’est de constater que nous sommes en présence d’une cancel culture locale qui prend des formes particulières.

La cancel culture telle qu’elle est pratiquée ici, cherche à déshonorer une personne dans le débat public afin d’inciter à la haine contre cette personne. L’objectif est toujours de chercher à détruire la réputation de la personne ciblée afin de mettre dans la tête du public que ses idées, ses paroles ou ses actions n’ont aucune valeur, qu’elle ne mérite que le mépris ou la haine. La personne est ciblée parce que ce qu’elle dit ou représente dérange la vision que tentent d’imposer les cancellists.

Il y a, donc, deux aspects importants dans cette chasse aux sorcières : la haine et la norme. La haine devient un outil privilégié pour tenter d’imposer une norme. En supprimant la personne du débat, on tente de supprimer le débat d’idées.

* Est-ce un phénomène récent à Maurice?

Le phénomène a commencé à prendre de l’ampleur à Maurice depuis les dernières élections générales, mais je ne l’avais pas encore identifié en tant que tel à ce moment-là. Il a quand même fallu plusieurs mois d’observation sur les réseaux sociaux, pour identifier, analyser, comprendre et expliquer le phénomène.

L’observation est venue d’abord du fait que j’en ai été moi-même la cible à partir de la campagne électorale de 2019 suite à mes analyses politiques. J’en avais été extrêmement surprise d’ailleurs, surtout je ne fais pas de politique partisane. J’étais également surprise des pseudo-arguments utilisés, très inventifs, violents, injurieux, voire même mensongers.

J’ai constaté que les stratégies étaient les mêmes concernant d’autres personnes ; j’ai aussi constaté qu’il y avait des ciblages organisés. A partir de là, je me suis mise à étudier en détail le phénomène et je me suis même mise à faire des tests sur Facebook pour vérifier mes hypothèses. Ma démarche a donc été celle qu’on appelle en anthropologie, l’observation participante, un peu comme chez Levi Strauss ou Marcel Mauss.

Donc j’ai pu constater qu’il y a une cancel culture mauricienne qui s’exprime de façon spécifique et qui est en rapport avec une recomposition du champ politique mauricien dans le sillage des dernières élections générales. Et, c’est en fait une technique de guérilla politique sur les réseaux sociaux.

* Qui ont été les cibles de cette cancel culture sur le plan local ces derniers temps ? Et quelle opinion faites-vous des mesures prises par ceux ciblés en vue de protéger leur réputation?

On remarque que les principales cibles de cette guérilla politique, qu’est la cancel culture, ont surtout été de jeunes politiciens du bord gouvernemental. Parmi eux, deux cibles de choix ont été Tania Diolle d’abord, puis Oliver Thomas. Deux critères en ont fait des victimes sacrificielles pour les cancellists. D’une part, il y a leur jeunesse donc leur fort potentiel politique ; d’autre part, il y a le fait qu’ils portaient l’étiquette de « transfuge » ou d’« opportuniste » ayant rejoint récemment le camp gouvernemental, autrement dit le fait qu’ils représentaient un capital politique qui avait échappé à l’opposition parlementaire ou extra-parlementaire.

Après son entrée au Parlement dans la majorité gouvernementale, Tania Diolle a subi une campagne de lapidation intense, régulière et répétée pendant plus de six mois, à la fois dans les medias et sur les réseaux sociaux. Ensuite, à partir d’août 2020, cette campagne de lynchage a été  transférée sur Oliver Thomas quand il a rejoint le parti au pouvoir.

Face à ces attaques de la cancel culture, chacun a adopté une stratégie différente. Tania Diolle a choisi de les ignorer et de continuer son travail de PPS sur le terrain, tandis qu’Oliver Thomas a adopté la technique des judokas en confrontant ses détracteurs sur les réseaux sociaux. Dans les deux cas, on remarque que les deux cibles ont fait peu de cas de leur réputation justement, c’est ce qui leur a permis de ne pas tomber dans le piège de la cancel culture.

La dernière cible en date, c’est Joanna Bérenger la semaine dernière, pourtant député de l’opposition, qui a été visée par un post Facebook extrêmement violent et sexiste relevant de la cancel culture venant des mêmes quartiers. Ce qui montre bien que les cibles de cette guérilla politique virtuelle sont mouvantes en fonction des enjeux et, surtout, en fonction de conceptions relativement instables de la notion d’ennemi politique.

* Quelles mesures devrions-nous prendre pour nous protéger ? Comment devrions-nous réagir à ce phénomène?

Les pratiquants de la cancel culture ne s’attaquent pas qu’aux politiciens. Ils choisissent des boucs émissaires au gré des circonstances. Les cancellists cherchent à imposer un ordre établi. Dès lors qu’une personne dit ou représente quelque chose qui dérange cet ordre, elle peut devenir leur cible.

Ainsi, le 7 avril dernier, c’est Anishta Seesurrun, connue pour son implication dans le travail social et les socioculturels, qui a été ciblée parce qu’elle allait participer à un débat en ligne avec l’un des Avengers de l’opposition, Me Rama Valayden.

Il est difficile de préconiser des mesures spécifiques contre la cancel culture. Le premier réflexe est de se tourner vers la CyberCrime Unit pour porter plainte, car ces attaques, de par leur violence, leur caractère insultant, diffamatoire et calomnieux relèvent de la cybercriminalité. Cela dit, la CyberCrime Unit est débordée et leur action est limitée en raison de l’usage intensif de fake profiles par les cancellists, surtout que ces derniers, tels des prédateurs, marchent en meute pour mieux s’exciter et se soutenir les uns les autres quand ils s’acharnent sur leur proie.

Personnellement, je crois davantage dans l’importance et l’efficacité de la sensibilisation ou l’awareness. C’est d’ailleurs dans cet esprit que j’ai commencé ma campagne #SayNoToCancelCulture en février dernier, avec une déposition suivie d’une conférence de presse. J’aurais pu faire cette déposition bien avant, vu le nombre d’attaques injurieuses des cancellists envers ma personne depuis novembre 2019. Mais ma démarche n’était pas à but personnel.

Et puis la finalité n’était pas la déposition puisque la portée des actions de la CyberCrime reste limitée. L’important pour moi, à mon niveau, était d’arriver d’abord à analyser le phénomène pour être ensuite en mesure de l’expliquer, afin d’aider les victimes à se défendre et surtout de sensibiliser l’opinion publique.

* Après l’affaire impliquant Pierre Noël, l’Agricultural Development Manager d’Alteo Ltd, et sa “blague” controversée dans une vidéo qui avait circulé sur les réseaux sociaux, ce qui lui avait valu une convocation au CCID, voilà Aruna Gangoosing qui répond d’une accusation provisoire de Breach of ICTA suite à ses propos tenus sur Facebook. Arnaud Lagesse, CEO d’IBL Ltd, considère que ces propos sont “insultants envers la population” et il a déposé une plainte. Quelle analyse faites-vous de ces deux cas?

Ces deux cas que vous citez ne relèvent pas de la cancel culture.

  1. Dans le cas de Pierre Noël, il s’agissait d’une blague à relent communal, qui était faite dans une sphère privée, et qu’un leak a fait atterrir dans le domaine public, à l’insu d’ailleurs de l’intéressé. Il a dû répondre de ses propos devant le CCID et il a présenté des excuses publiques. Mais il n’y avait pas une intention de nuire à la base de ses propos, qui d’ailleurs faisaient bien rigoler le public présent.

Le problème posé ici c’est plutôt le décalage qui peut exister entre les normes sociales et les normes en vigueur à l’intérieur des groupes ethniques. Certaines blagues et jugements à teneur raciste ou communaliste envers les autres groupes ethniques circulent dans des cercles privés, mais évidemment ces mêmes propos exposés dans l’espace public deviennent inacceptables. Pierre Noël a fait l’amère expérience de ce décalage.

  1. Concernant Aruna Gangoosing, c’est encore différent. Elle a choisi volontairement et délibérément l’exposition sur les réseaux sociaux pour pousser des coups de gueule. Et son concept a eu du succès : elle dit tout haut et avec une certaine verve ce que beaucoup pensent tout bas, surtout qu’elle dénonce différentes choses, que ce soit des lenteurs administratives, des aberrations politiques ou des injustices.

Le problème, c’est qu’en plus de commettre des breaches of ICTA à répétition, ce qui lui a valu plusieurs arrestations, il y a une grande violence dans ses propos… amplifiés par le caractère viral et répétitif des vidéos.

Au final, son cas est emblématique d’une étape importante que traverse actuellement la démocratie mauricienne, une phase de transition impulsée par les réseaux sociaux. On est passé rapidement d’une période postindépendance où les élites politiques et économiques décidaient tout d’un commun accord et où la population avait finalement très peu voix au chapitre, à un début de modernité politique où les réseaux sociaux permettent l’émergence d’une démocratie délibérative.

La parole des citoyens est ainsi soudainement libérée. Du coup, les revendications explosent… tout comme les façons de les exprimer. Quand on passe d’un extrême à l’autre, c’est encore difficile de trouver un juste équilibre. Il faudra certainement du temps avant que l’exercice de la parole citoyenne trouve une certaine modération d’expression.

* Mais il n’y a pas que sur les réseaux sociaux que le bât blesse, au Parlement aussi, non? Il y a quand même des décisions inacceptables, comme le refus d’octroyer le WAP aux parlementaires de l’Opposition, la disproportion des sanctions du Speaker contre Arvin Boolell, Paul Bérenger et Rajesh Bhagwan dans le sillage de l’incident survenu au Parlement récemment…

La cancel culture locale a un lien de parenté certain avec la violence politique. La violence qui s’exprime sur les réseaux sociaux fonctionne en vases communicants.

D’une part, avec la violence virtuelle qui est pratiquée sur les réseaux sociaux à l’extérieur, d’autre part avec la violence physique qui existe dans le tissu social local, et enfin, avec la violence structurelle qui s’exerce à partir des instances politiques de l’Etat.

Vous en citez certains exemples récents qui interviennent comme des biais dans le fonctionnement de la démocratie parlementaire, comme le refus initial d’accorder des WAP et l’application de sanctions disproportionnées envers les députés de l’opposition. (Il faut noter que l’interdiction du WAP pour les députés de l’opposition sera finalement levée cette semaine après un bras de fer juridique).

Tout cela alimente des sentiments d’injustice, de colère et d’impuissance chez les citoyens qui vont trouver leur exutoire sur les réseaux sociaux.

De plus, les petits jeux de pouvoir au sein de l’hémicycle – évitement d’un côté, provocation de l’autre – ne datent pas d’hier. Mais ils ont pris une ampleur inédite depuis la diffusion en direct à la télévision et sur les médias en ligne. Le jeu parlementaire est ainsi devenu un véritable théâtre qui, par effet de vases communicants, crée un impact émotionnel fort sur la population spectatrice.

Ajoutez à cela les stratégies politiciennes qui se greffent dessus, puisque les réseaux sociaux sont devenus une annexe du Parlement pour les députés et surtout ceux de l’opposition.

Il ne faut pas oublier que les premiers à faire usage de mots stigmatisants, y compris racistes et sexistes, ont été les politiciens eux-mêmes dans le cadre de leurs stratégies de déstabilisation de l’adversaire et de conquête d’électorat. Les adeptes de la cancel culture n’ont fait que reprendre et raffiner ces pratiques politiciennes de la violence verbale et psychologique. Ils tirent un capital politique des sentiments de colère et frustration des citoyens en canalisant et en redirigeant la haine comme nous l’avons expliqué tout à l’heure, avec des agendas bien précis.

* Un Consultation Paper circule sur un projet d’amendement de The Information and Communication Technologies Act 2001 en vue de “regulating the use and addressing the abuse and misuse of Social Media in Mauritius“. Parmi les incidents rapportés au Mauritian Cybercrime Online Reporting System (MAUCORS) durant la période janvier 2020-janvier 2021, il y a eu parmi d’autres 379 cas de Offensive Contents. Pensez-vous que la situation est suffisamment inquiétante pour que l’Etat décide de renforcer le dispositif légal?

La situation est certes inquiétante car la prolifération des dérives sur les réseaux sociaux contribue à rendre le contexte sociopolitique particulièrement inflammable, par effet de vases communicants. Parmi les offensive contents (qui ne sont qu’une petite partie de la cybercriminalité), on retrouve pêle-mêle : contenus à caractère sexuel et pédophile, diffamation et calomnies, incitations à la violence, à la haine raciale et à la haine tout court, et même, je rajouterai, incitation à la sédition.

Dans tous ces contenus à fort potentiel destructeur,

  1. il y a une violence sociale qui s’exprime liée à la conflictualité des relations sociales et interethniques dans le pays, amplifiée par les réseaux sociaux ;
  2. ensuite, il y a un certain nombre de perversions à l’œuvre, notamment sexuelles, qui y trouvent un terrain privilégié ;
  3. troisièmement, on trouve également des formes de mécontentement, de frustration et de colère venant des citoyens, qui sont légitimes mais s’expriment souvent de façon débridée avec le recours aux propos agressifs voire haineux ;
  4. enfin, quatrième facteur, c’est la guérilla politique menée sur les réseaux sociaux par les partis politiques eux-mêmes ou par des groupuscules à vocation politique et qui sont les pratiquants d’une cancel culture massive, organisée avec des moyens financiers et des stratégies bien définies.

Donc, face à cette situation complexe et hors de contrôle, les actions de l’Etat, via ses institutions telles que la Cyber Crime Unit, l’ICTA et le MAUCORS trouvent leurs limites pas seulement légales, mais aussi techniques, d’où effectivement l’initiative de l’ICTA de procéder à une consultation populaire en vue d’amender la loi.

* L’intention du Gouvernement est clairement d’imposer des limites à ne pas franchir. Mais il faut veiller à ce que la protection contre les Offensive Contents et Hate Speech soit soigneusement mise en balance avec le droit fondamental à la liberté d’expression et nos valeurs démocratiques, n’est-ce pas? Exercice délicat, non?

Exercice d’autant plus délicat que les éléments qui pèsent dans la balance ne sont plus seulement la liberté d’expression vs la protection contre les abus. Désormais la technologie mondialisée s’est invitée comme limite importante à l’action légale de l’Etat.

Du coup, la démarche de l’ICTA dans son consultation paper part du constat selon lequel l’outil légal ne suffit plus, et qu’il faut aussi des moyens techniques pour l’exercice de la justice en ce qui concerne les réseaux sociaux.

L’ICTA cherche donc à mettre en place un cadre régulateur et opérationnel, en plus du cadre juridique traditionnel. L’intention du législateur ici, plus que de poser des limites, est de chercher à intervenir en amont contre les dérives, et pour cela à renforcer la capacité d’intervention de l’Etat.

Du coup, cela pose aussi des questions non seulement légales et techniques, mais également éthiques, et c’est ce que ce consultation paper de l’ICTA cherche à prendre en considération.

A ce stade, l’exercice se veut une démarche consultative, avant tout dans le but affiché de dissiper à l’avance les perceptions selon lesquelles l’amendement serait de nature répressive. L’ICTA a certainement tiré des enseignements par rapport à l’introduction en 2018 de l’amendement précédent sur la notion d’annoyance. C’était un outil législatif qui visait à renforcer la protection des victimes et à permettre aux autorités d’agir plus vite, mais qui a fait grincer beaucoup de dents en raison de son caractère subjectif, ce qui ouvrait la porte à des répressions de nature politique.

Cette fois, l’approche consultative adoptée par l’ICTA s’inscrit dans une démarche de démocratie délibérative en entendant associer le public et les stakeholders à l’élaboration de l’amendement. Cette philosophie consensuelle présente un double bénéfice. D’une part, cette participation du public, déjà demandeur de démocratie délibérative, devrait permettre une meilleure conscientisation, essentielle pour lutter contre la cybercriminalité et la cancel culture.

D’autre part, des apports techniques, légaux et éthiques de la part des stakeholders seront très utiles pour éclairer tous les aspects du problème posé à la fois par les abus et par le remède proposé.

Reste à savoir si cette philosophie consensuelle se poursuivra lors des étapes ultérieures de l’élaboration de l’amendement, d’autant que ce consultation paper n’équivaut évidemment pas à un référendum sur la question, surtout que cet amendement pose un grand risque de violation des libertés et de la vie privée. Cet amendement propose de permettre à l’Etat d’accéder aux contenus des internautes en amont et de juger, en amont de toute procédure juridique, de leur caractère éventuellement répréhensible et dangereux.

Si l’Etat se propose de décrypter les contenus digitaux des citoyens, ce sera au tour des citoyens de décrypter ce consultation paper. On s’aventure là sur un terrain inconnu, dans un no man’s land  juridique, alors autant que l’Etat et la société civile s’y aventurent ensemble afin que l’un n’y plante pas son drapeau de conquête au détriment de l’autre.


* Published in print edition on 20 April 2021

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