Formation, environnement et la bonne carte

By NitaChicooree-Mercier

L’oisiveté étant la mère de tous les vices, et les risques de filer un mauvais coton augmentant à chaque croisée de rue, le Mauritius Institute of Training and Development (MITD) veille à ce que le cerveau et les mains des désœuvrés de la période Covid soient occupés par une formation utile dans le domaine de la construction. Un secteur où tout le monde s’improvise ouvrier spécialisé – maçon, carreleur et maître d’œuvre à la fois -, une polyvalence inquiétante qui réserve parfois de mauvaises surprises à ceux qui font appel à leur service.

« Un baume au cœur du pays, la bonne nouvelle de la reconnaissance de la Cour internationale de Justice de la souveraineté mauricienne sur l’archipel de Chagos. Presque inaperçue, disons-le, dans le défilé des interventions tonitruantes dans la sphère médiatique, occupée à s’égosiller derrière le micro des radios et spéculer sur la série des faits ‘troublants’ locaux… Le dossier Chagos prenait la poussière au fond du tiroir pendant des années, comme d’autres dossiers importants qui méritaient d’avancer… »


Le crépissage des murs est souvent source de futurs ennuis car des craquelures apparaissent au bout de quelques mois. Outre le lundi cordonnier des ouvriers spécialisés ou non, après avoir empoché la paie le samedi, les horaires de travail varient selon le bon vouloir des uns et des autres. Peu nombreux sont ceux qui manient plus ou moins efficacement tôle et bois, mais grande est leur capacité de plumer ceux qui ont affaire à eux, comme une concertation entre compagnons pour prendre une revanche sociale…

Il en est de même en ce qui concerne la catégorie d’ouvriers qui fabriquent des murs en pierres taillées. Au MITD d’attirer davantage de jeunes gens vers cette voie afin de permettre un éventail de choix plus large au public. Faute d’une véritable politique d’encadrement visant à professionnaliser le métier de la construction, de nombreux ouvriers ont appris à travailler en travaillant sur le chantier.

Remédier à l’amateurisme est plus qu’indispensable. Les grandes compagnies de construction qui ont dispensé une formation aux apprentis afin de les embaucher ont vu ces derniers voler de leurs propres ailes, une fois la formation terminée. Les futurs propriétaires de maison dans la classe aux revenus moyens apprécieront si la technique de tracer une ligne droite est acquise après tant d’années de boom dans le domaine de la construction.

C’est un écart plutôt comique entre une compétence de base non maîtrisée et l’ambition de rentrer à pleins tuyaux dans la robotique ! Un cours sur l’éthique du travail sous les ailes de MITD, entre autres, « comment respecter le contrat passé avec un client » par exemple, ne serait pas superflu. Les braves gens qui économisent pendant des années pour s’offrir un toit se passeront bien des complications dans leur vie que le secteur de la construction, indispensable à tous, a tendance à leur apporter.

Tandis que le Metro Express, c’est-à-dire le tramway, continue à creuser son trajet en déterrant les roches et les arbres de leur demeure souterrain dans la poussière et le grincement de dents ici et là, les ingénieurs, fichés incompétents de par leur origine, comme le vaccin en cours, s’attirent les boulets rouges des mécontents par leur porte-parole dans les colonnes attitrées…. qui en profitent pour polir l’image des élus de leur cœur, une tâche à laquelle elles se livrent avec ferveur pour plaire à leur parrain idéologique dans les coulisses et mériter le salaire mensuel que leur verse le groupe patronal.

Loin d’être une œuvre d’art, l’architecturedes ponts convient aux mégapoles des grands pays. Faute de moyens financiers, Maurice est rentré tardivement dans la course à la modernisation du transport public. Un véritable métro souterrain aurait mieux convenu. Continuer avec la pollution sonore et la lenteur des bus – ce qui ne concerne pas directement ceux qui se déplacent en voiture climatisée et n’empruntent jamais le transport public — n’est pas viable à long terme.

Le projet de Smart City par les groupes issus de grosses propriétés sucrières qui ont déjà fabriqué des ghettos pour riches et fait monter en flèche le prix des terrains suscite peu de réaction dans les milieux où on décoche des flèches, par habitude, sur les projets initiés par l’Etat. Une prétention à décider de la configuration de ces ‘smart cities’ et l’architecture homogène des demeures que la classe aisée paiera à prix d’or, et empruntera à un taux élevé aux banques qui prêtent aux grands groupes à un taux bas.

Villes agrémentées d’une végétation parsemée pour consoler les nostalgiques des camphriers au doux parfum… Depuis quand les batmen des quartiers ghettoïsés des villes apprécient-ils la beauté de la Nature ? Quand on observe depuis des lustres la laideur de Beau Bassin-Rose-Hill, celle du centre-ville de Curepipe et la saleté du chaos commercial de Port-Louis nord et sud, il est évident que l’aménagement esthétique et verdoyant n’a pas été une priorité… Au programme des futurs ‘smart cities’, béton à gogo sur les terres fertiles et un pactole dans les mains des plus fortunés depuis des siècles.

Un baume au cœur du pays, la bonne nouvelle de la reconnaissance de la Cour internationale de Justice de la souveraineté mauricienne sur l’archipel de Chagos. Presque inaperçue, disons-le, dans le défilé des interventions tonitruantes dans la sphère médiatique, occupée à s’égosiller derrière le micro des radios et spéculer sur la série des faits ‘troublants’ locaux… Le dossier Chagos prenait la poussière au fond du tiroir pendant des années, comme d’autres dossiers importants qui méritaient d’avancer.

Remis à jour par un Sir Anerood vieillissant à la Haye, il y a quelques années, le dossier a pris du poil de la bête face à la puissante Angleterre et une Amérique en posture de wait and see. L’Oncle Sam sortira la bonne carte en temps et lieu, et ce n’est pas de sitôt qu’il lâchera prise d’une base militaire où des bombes peuvent être foncées et larguées sur tous les malfrats que compte la région… Maurice saura négocier sa carte, comptez sur les têtes pensantes du pays…

Pour l’heure, le dossier avance aux yeux des habitants de l’archipel, déportés à Maurice, et exilés dans les faubourgs peu attrayants de la capitale. Voilà un baume au cœur qui leur fait miroiter une lueur d’espoir d’un retour au pays natal, aussi certain que le nom du prochain gagnant de la loterie…

Autre cas de figure, une manne financière en billets verts ‘In God We Trust’ dans les coffres de l’Etat, ce qui devrait énerver ceux qui ne sont pas au poste de commande du navire à Port-Louis et qui, ces jours-ci, rêvent que ce dernier subisse le sort du Wakashio sur les récifs à Blue Bay.

Ayant une compassion certaine pour les Ilois, les Mauriciens, dans les milieux où l’on pense, c’est-à-dire à peu près partout, sont aussi conscients des enjeux, d’une part,économique de ce vaste territoire, dont ils espèrent tirer profit un jour, et d’autre part, géopolitique où ils sauront choisir leur camp dans une nouvelle guerre froide entre un modèle capitaliste d’Etat totalitaire et ses alliés du vivier néofasciste mêlant Dieu à tous les combats, et un modèle capitaliste protégeant les valeurs communes.

Et, au diable, les Maldives ! Pour l’instant, ils ne peuvent que se réjouir de la bande bleu turquoise dans l’océan Indien affichée comme partie intégrante de la carte en extension sur l’écran de leur journal télévisé.


* Published in print edition on 9 February 2021

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